La notion de la propriété ecclésiastique du IXe au XIe siècle - article ; n°110 ; vol.26, pg 14-34
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1940 - Volume 26 - Numéro 110 - Pages 14-34
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1940
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Auguste Dumas
La notion de la propriété ecclésiastique du IXe au XIe siècle
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 26. N°110, 1940. pp. 14-34.
Citer ce document / Cite this document :
Dumas Auguste. La notion de la propriété ecclésiastique du IXe au XIe siècle. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome
26. N°110, 1940. pp. 14-34.
doi : 10.3406/rhef.1940.2901
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1940_num_26_110_2901•
La notion
de la propriété ecclésiastique
du IXe au XIe siècle*
I. Les déni notions de l'Lqhse. — 1° L'enlisé, corps des fidèles. Peu
d'importance de cette notion au V siècle. — 2° L'église, édifice con
sacré à Dieu. Ses appartenances.
IL Les propriétaires de l'église. — Notion du « dominium ». — 1° Les canoniques : a) Dieu et le saint patron; b) le clergé»
L' « honneur » ecclésiastique et la messe comentuelle. — 2° Le pro
priétaire séculier : a) la secularisation partielle; /;) la disposition de
1' « honneur »; c) la patrimonialité de l'église. — Conséquences de ce
régime.
Dans le désarroi général qui marque la fin de l'époque
carolingienne et les débuts de la féodalité, les Églises fa
isaient encore figure d'institutions1. Malgré les \icissitudes
d'un temps où il y aviit peu de stabilité dans les choses
humaines, elles donnaient une impression de durée, parce
que, fondées pour piocurer le io\aume de Dieu sur la terre,
elles demeuraient au service d'un idéal supérieur et perma
nent : c'étaient des établissements qui se perpétuaient à
tra\ers les générations successives.
Il convient d'étudier sous quelles formes se manifestait
cette continuité. Tant bien que mal les hommes du temps
s'y accommodèrent. Répugnant au\ abstractions, ils étaient
palmes d'idées juridiques. Sans doute, la tradition leur four-
* Le présent ai tide pounait senir d'introduction à l'ou\rage que
l'auteui a iéctmment puhlié, en collahoration a\ec Mgr Amann, sous
le titre l'i glise au pouvoir c/es laïques {Histoire de l'Lglise ... publiée
sous la direction de A. Tliche, et V. Martin, t. VII) [N. D.L. R.].
1. Qu'on paidonne à un historien de se léférer à une théoue socio
logique. La théorie de l'institution a été élaborée par M. Hauiuou dans
plusieurs de ses ou\ rages, notamment : Principes de droit public, 2" édit.,
p. 109 et suiv , 164 et s.; la Théorie de l'institution et de ht fondation
(dans Cahier? de la nouvelle journée, n° 4). Cf. G. Renaud, la Théorie
de l'institution. Fssai d'ontologie juridique (1930); la Philosophie de
l institution (1939). PROPRIÉTÉ ECCL1SI\STIQUE DU IXe AU XIe SIÈCLE 15 L\
nissait deux conceptions de l'Église qui se complétaient, à
l'eiîet d'assurer la permanence et la liberté des établissements
religieux. Mais, négligeant' presque totalement la plus éle"\ée,
ils préférèrent d'instinct la plus concrète, qui certes saine-
gaidait le iespect dû à la Dhinité, mais malheuieusement
laissait un trop libre jeu aux comoitises des puissants- du
siècle.
I. ~ LES DEUX NOTIONS DE L'EGLISE.
L'église corps des fidèles.
Peu d'importance de cette notion au Xe siècle.
Dans l'acception primithe, ecclcsia signifiait assemblée.
On appliqua ce terme à la réunion des fidèles du Christ, que
ce tût le gioupe particulier établi en un lieu déterminé ou
l'ensemble des chrétiens îépandus dans le monde. Théolo
giens et jurisconsultes suient, à l'époque romaine, l'enrichir
par leurs spéculations fécondes.
Dès les piemiers siècles, les théologiens posaient les. bases
de la doctiine.de l'Église unherselle. Dans le langage mysti
que de saint Paul, était emisagée comme le corps
du Christ : le Christ et ses fidèles ne taisaient qu'un corps;
il était la tète et ils étaient les membres. Aussi l'apôtre en
^enait à diie que le Christ et l'Église n'étaient qu'une seule
chair comme deux époux, en sorte qu'une autre allégorie
représentait l'Église comme l'épouse du Christ et la mèie
des fidèles2.
Après la îeconnaissance légale du christianisme, ces Mies
théologiques inspiièient les juiisconsultes qui s'eiîorçaient de
donner un statut à la religion nom elle; en laison des nécess
ités de la \\e juridique, ils fuient amenés à les transporter
aux églises paiticulièies, églises des cités, églises monasti
ques, rurales, qui se multipliaient de plus en plus et
à chacune desquelles il paraissait utile d'atïecter un patr
imoine piopre. Rejoignant la doctrine du droit romain qui
2. Sur l'içlise cmisaçéc comme corps des chrétiens : saint Pall,
I Cor., mi, 12-14, 37; Eph., i, 22-23; iv, 15-16, v, 23-30; Col., i, 18; Rom.,
mi, 3; OhuiÈne, Contra Celsum, lh. \i, §48, In Johannem, lh. \, §30.
— Notion de l'f^lise, épouse du Christ ou mèie des fidèles : saint Pallx
Eph., v, 23-24; // Cor., \i, 2; Gai., iv, 26; Origine, In Genesim ho nul ,
liv. m, ch. 6; lh. \, th. 1; saint Ophien, De imitate ecclesiae, ch. (5. —
Cf. P. BATirFOL, Viqlise naissante et le catholicisme, p. 90-92, 389-391,
431 ; 0. GieriyE, ZJns deutsche Genossenschaftsrecht, t. II, p. 54()-547^
n. 61-62; t. III, p. 106-110. REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE TRANCE 16
concevait toute collectivité organisée comme un corpus, ils
virent dans chaque église un corps de chrétiens apte à possé
der des biens à part de ses membres3. Il suffisait de cette
constatation pour admettre que l'église fît fonction d'une
personne. On y était encore plus autorisé si on se la figurait
comme une épouse ou une mère4. Couramment, aux Ve et
VIe siècles, les bienfaiteurs adressaient leurs libéralités entre
vifs ou à cause de mort à une église, comme ils auraient fait
à une personne physique5. Mieux encore, il était bon que
l'épouse du Christ reçût une dot : aussi, dès le vie siècle, les
conciles recommandaient à quiconque fondait une église de
la doter convenablement, afin qu'elle pût supporter les char
ges du service divin6.
Cette notion, qui) faisait de l'église un corpus, ne disparut
pas, même aux temps de la plus grande décadence. Elle se
maintint principalement dans la spéculation théologique. Le
pape Léon VII était dans la droite ligne de l'apôtre saint
Paul quand, en 938, il éciivait au duc des Francs, Hugues le
Grand : « Fondateur et oidonnateur de l'univers, le Chiist,
notre Seigneur, a daigné par le saint mystère de son Incarnat
ion s'unir l'Église universelle; il a disposé des saints divers
dans ladite Église comme des membres divers dans un seul
3. On lit dans la constitution impériale de 313, couramment appelée
« édit de Milan » : « Quoniam idem Christiani non [in] ta loca tantum,
ad quae con\enire consue\eiant, std alia etiam habuisse noscuntur ad
jus torporis eorum, id est ccclcsiarum, non hominum sinçulorum perti-
nentia » (Lactancl,. De morlibus persecutorum, ch. \l\ui, § 9). Cf.
Euslbl, Vita Constantini, li\. ii, ch. 39; Histonn ecilcuastua, li\. i\,
ch. 10. — Voir O. Gierkc, Das deutsche Genossenschaftsrecht, t. III,
p. 113-122.
4. O. Gicrke, Das deutsche Genostenschaftsrecht, t. II, p. 546, n. 61;
p. 347, n. 62; p. 548, n. 66.
5. Les églises étaient sou\ent instituées héritières par des testaments
faits suivant le droit romain : H. Auffr.o\, Lvolution du testament en
France des origines au XIIIe siïcle, p. 124, n. 2; l'.m. Lesnt, La propriété
ecclésiastique en France, t. I, p. 136 tt suiv. L'un des plus caractéiisti-
ques est le testament d'Hadoin, évtque du Mans (642) : il fait icssortir
la personnalité de l'église par cette interpellation: « Tu sacrosancta atc-
clesia venerabilis, hères mea esto haeredemque mcam te esse constituo. »
<Pardessus, Uiplomata, n° 300, t. II, p. 198). — Cf. Salmen, Epist., i\.
6. La plus ancienne mention de la dos ecclesiae remonte au concile
de Braga, can. 5 (572) ; le concile de Tolède de 589 en fit également
usage. — Cf. P. Thomas, le Droit de propri

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