La « religion civile ». Introduction au cas brésilien / Civil Religion. Introduction to the Brazilian Case. - article ; n°1 ; vol.47, pg 7-22

Thales Deazevedo.

Description

Archives des sciences sociales des religions - Année 1979 - Volume 47 - Numéro 1 - Pages 7-22
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Philosophie et théologie

Informations

• Publié par: Archives-des-sciences-sociales-des-religions
• Publié le: 01 janvier 1979
• Nombre de lectures: 33
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Thales De Azevedo
La « religion civile ». Introduction au cas brésilien / "Civil
Religion". Introduction to the Brazilian Case.
In: Archives des sciences sociales des religions. N. 47/1, 1979. pp. 7-22.
Citer ce document / Cite this document :
De Azevedo Thales. La « religion civile ». Introduction au cas brésilien / "Civil Religion". Introduction to the Brazilian Case. In:
Archives des sciences sociales des religions. N. 47/1, 1979. pp. 7-22.
doi : 10.3406/assr.1979.2171
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/assr_0335-5985_1979_num_47_1_2171Are/i 5c soc des Rel. 1979 47/1 janvier-mars) 7-22
THALES DE AZEVEDO
LA RELIGION CIVILE
Introduction au cas brésilien
In order to study the formation of civil religion in Brazil
two fundamental facts should be taken into account first that
has always been considered Catholic country and secondly that
close ties have linked Church and State since the XVIth century
The considers three moments of Brazilian history as decisive
in the formation of an official religious value system the long
submission of Church to State before and after the inde
pendence the proclamation of the Republic 1891) and the revolu
tions of 1930 and particularly of 1964
invocation du nom de Dieu dans la loi emploi du langage religieux la
participation des rites liturgiques ou leur promotion la présence de prêtres aux
côtés des fonctionnaires laïques lors des cérémonies civiles ou militaires obser
vance des jours fériés exposition images ou de symboles religieux dans les
locaux et les lieux publics les déclarations de respect égard de Eglise et de la
papauté de la part de Etat sont généralement interprétés comme des manifesta
tions un Etat religieux et même confessionnel qui observe ou appuie la
religion de la population ou comme preuves évidentes de bonnes relations avec
Eglise et les institutions religieuses Rarement dans interprétation de ces faits
on utilise le modèle analyse fondé sur le concept de religion civile On
préfère admettre que Etat se rattache sinon de droit au moins de fait une
Eglise déterminée ou que la culture nationale est tel point imprégnée par la
religion que Etat séculier est un des véhicules expression et de manifestation
des croyances et des valeurs religieuses Il est certain que des situations de ce
genre peuvent être observées travers histoire et constituent encore de nos
jours une réalité Des Etats liés telle Eglise par décision constitutionnelle et
obligés de maintenir ou de protéger le culte religieux comme en Argentine par
la force de la Constitution et en Espagne en raison du Concordat ou dans lesquels
le souverain est en même temps le chef de Eglise comme dans Angleterre angli
cane sont des réalités contemporaines Dans les deux cas il agit une religion
Etat une religion révélée et de salut qui trouve dans appareil de Etat
un soutien séculier Dans ces cas la religion conserve entièrement son caractère
transcendant et surnaturel même si comme dans les anciens régimes gallicans et
joséphistes de la France de Autriche du Brésil monarchique ses activités ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS
pastorales et ministérielles et souvent sa doctrine restent soumises des restric
tions et interventions des organes de Etat Ce ne sont pas là les seules situations
possibles Deux exemples de situations sui generis où la religion et le gouverne
ment laïque se confondent sont offerts par les pays musulmans et le Japon
impérial avant la guerre de 1939-1945 Dans les islamiques où il existe
pas de sacerdoce ni Eglise proprement parler est par intermédiaire de
Etat que la religion se réalise de telle sorte que la loi civile consiste en plusieurs
circonstances dans application des préceptes moraux du Coran De même
époque des Croisades ou sous Inquisition au Portugal et en Espagne infidèle
est considéré comme un ennemi de Etat et de la nation et frappé de dures sanc
tions séculières Tout récemment en octobre 1977 la presse mondiale publiait la
nouvelle suivante
Le Caire Réunis dans la capitale égyptienne cent cinquante humanistes
musulmans non seulement ont défini le marxisme comme le pire ennemi de
Islam mais encore ils ont exhorté les pays arabes se préparer au Jidah la
guerre sainte pour libérer Jérusalem et les territoires arabes occupés par Israël
pendant la guerre des six jours en 1967 Dans leur exhortation les humanistes ont
demandé aux pays arabes appliquer la loi de Islam qui prévoit amputation
des mains pour les personnes accusées de vol la lapidation des femmes adultères
et exécution des apostats de Islam
Jornal do Brasil Rio 21 octobre 1977)
Les coptes de leur côté se plaignent de ce que en Egypte en Lybie et dans
le Moyen-Orient quand un membre une famille se convertit au christianisme
toutes ses propriétés lui sont retirées comme il était un criminel Or il est pas
étonnant que cela se produise dans ces pays où Islam réalise exemple classique
une culture et un système social qui se confondent et qui dépassent depuis des
siècles les limites géographiques et raciales étant la fois une religion mondiale
et une religion culturelle 1)
En Israël où le mariage et le divorce sont comme les autres institutions
réglés par la loi mosaïque selon son interprétation orthodoxe le mariage civil
existant donc pas la citoyenneté est soumise des restrictions analogues comme
cela est produit en Angleterre depuis la rupture Henri VIII avec Rome jus
au début du XXe siècle et comme cela se passe toujours en Irlande du Nord
avec les limitations au droit de citoyenneté pour les catholiques du fait de la Loi
de Suprématie En ce qui concerne le Japon le shintoisme est la religion Etat
qui ne se confond pas avec le bouddhisme le confucianisme ou toute autre reli
gion existant dans le pays Là ce qui est séculier est sacré selon le principe du
saisei itchi où sai signifie culte ou rite sei gouvernement ou administration et
itchi unité ou identification Cette intégration réalise le prototype de la religion
établie et de plus la sacralisation de la terre du peuple et de empereur du
Japon informés par amato âme nationale tout cela peut être rapproché de
Christopher DAWSON Religion Cultura trad de Margarita Amalia Villalonga)
Buenos Aires Editorial Sudamericana 1953 66 RELIGION CIVILE LA
ce qui se passait dans la Rome impériale et dans plusieurs pays de Occident
chrétien et aussi des concepts de Nation et Etat chers Mazzini et Garibaldi
en Italie Rousseau Michelet et Victor Hugo en France ou encore de ceux de
anglicanisme de orthodoxie russe de Byzance et de leurs prédécesseurs dans
le monde ancien et primitif 2)
Une interprétation il faut prendre en considération dans le cas de ces
manifestations est celle qui voit souvent dans les gestes religieux de Etat la seule
intention obtenir la légitimation sacrale des gouvernements et des régimes par
les institutions et hiérarchies religieuses Ce besoin de légitimation sacrale déter
mine un côté les gestes religieux mentionnés ci-dessus et de autre la formation
une religion civile comme produit une élaboration spontanée et graduelle
ou une détermination politique consciente presque toujours aux moments de
crise comme est le cas avec les nationalismes Dans cette dernière caté
gorie on trouve surtout les révolutions politiques et sociales et les coups Etat
autoritaires qui transforment leurs doctrines en dogmes obligatoires pour les
citoyens
En réalité tous les régimes politiques les démocraties comprises ont besoin
une mystique propre une sorte de métaphysique qui les explique et les
justifie et en outre les rende légitimes devant le pays et le reste du monde La
formulation un concept qui précise cette mystique est due Jean-Jacques Rous
seau Dans le dernier chapitre de Du Contrat Social ce penseur politique examine
les caractéristiques de la religion individuelle de homme du citoyen et du prêtre
et conclut dans esprit de humanisme des Lumières et de Etat Laïque
naissant en affirmant
Or il importe Etat que chaque citoyen ait une religion qui lui fasse
aimer ses devoirs mais les dogmes de cette religion intéressent ni Etat ni ses
membres autant que ces se rapportent la morale et aux devoirs que
celui qui la professe est tenu de remplir envers autrui
Supposant que cette religiosité individuelle est pas suffisante pour les
objectifs civiques de la nation et se trouve être parfois même un obstacle
cause de son absence engagement politique et de sa fidélité partagée entre
Eglise et la Nation il suggère la nécessité u