Le Synaxaire : Louez Dieu en ses saints
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Hiéromoine Macaire de Simonos Pétra
Mont Athos ; LE Synaxaire Vies des Saints de l’Eglise Orthodoxe Introduction : « Louez Dieu en ses saints »
Le Synaxaire dans la tradition de l’Église « Louez Dieu en ses saints ! » (Ps 150, 1) Lorsqu’il fut transporté en esprit devant le trône de Dieu préparé pour le jugement de toute chose à la fin des temps, l’Apôtre saint L Jean dit : Puis j’entendis comme la voix d’une foule nombreuse et comme la voix de grandes eaux, et comme la voix de puissants tonnerres qui disaient : Alléluia, car le Seigneur, notre Dieu le Tout-Puissant, a pris possession de la royauté. Réjouissons-nous, soyons dans l’allégresse et rendons-lui gloire, car les noces de l’Agneau sont venues, son Épouse est parée, et il lui a été donné de se vêtir de lin fin d’une blancheur éclatante – le lin fin, ce sont les œuvres des saints (Ap 19, 6-8). Cela n’arrivera pas seulement à l’aube de la Résurrection, mais aujourd’hui déjà, la sainte Église, l’Épouse du Christ, s’est revêtue, comme d’un habit de pourpre et de lin fin, du sang des martyrs, des larmes des ascètes, de la tempérance des vierges, de la proclamation des apôtres, des écrits des docteurs, de la miséricorde des justes... Elle est ornée de toutes les vertus et de toutes les grâces que le Saint-Esprit a fait éclore dans les saints, en tout temps et en tout lieu. Qui pourrait dénombrer cette nuée de témoins (Hbr 12, 1) qui nous entoure ?

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Publié le 03 janvier 2013
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Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

Hiéromoine Macaire de Simonos Pétra
Mont Athos
L E S y n a x a i r e
Vies des Saints de l’Eglise Orthodoxe
Introduction :
« Louez Dieu en ses saints »
Le Synaxaire dans la tradition de lÉglise
« Louez Dieu en ses saints ! »
(Ps 150, 1)
L Jo p er o as u qn r u  i l dl e i  tf j u u : t g  P e t u r m a is e n  n j s e t p  n o d t r e e t  n é t d  o i e u s n  t  c e e  o s c m p h r o m it s e  e  d  l à a e   v l v a a o n i t x  n  l  e d d  u t e n r s ô e t  n e f e o m  u d p le e s   , n D l’ o i A e m p u b  ô r t p e r r u e é  s p s e a  a i e r t n é   t comme la voix de grandes eaux, et comme la voix de puissants tonnerres qui disaient : Alléluia, car le Seigneur, notre Dieu le Tout-Puissant, a pris possession de la royauté. Réjouissons-nous, soyons dans lallégresse et rendons-lui gloire, car les noces de lAgneau sont venues, son Épouse est parée, et il lui a été donné de se vêtir de lin fin d’une blancheur éclatante – le lin fin, ce sont les œuvres des saints (Ap 19, 6-8). Cela n’arrivera pas seulement à l’aube de la Résur -rection, mais aujourd’hui déjà, la sainte Église, l’Épouse du Christ, s’est revêtue, comme d’un habit de pourpre et de lin fin, du sang des martyrs, des larmes des ascètes, de la tempérance des vierges, de la proclamation des apôtres, des écrits des docteurs, de la miséricorde des justes... Elle est ornée de toutes les vertus et de toutes les grâces que le Saint-Esprit a fait éclore dans les saints, en tout temps et en tout lieu. Qui pourrait dénom -brer cette nuée de témoins (Hbr 12, 1) qui nous entoure ? Qui pourrait nommer chacun de ces vivants qui, avec le Christ, par le Christ et dans le
Introduction au Synaxaire , Volume 1, pp. xiii -xxiv , Athènes 2008
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Christ ont triomphé de la mort, se sont approchés du trône de Dieu, eux en qui Dieu se réjouit (cf. Is 62, 5) et trouve son repos (ibid. 57, 15) ? Ils sont devenus conci -toyens des anges et frères du Christ. Et lui, tel le soleil se reflétant sur les eaux, apparaît en eux, multiple et unique à la fois. Les saints qui habitent aujourdhui la Jérusalem céles -te, la Terre des Vivants, la Cité du grand Roi, sont les astres innombrables d’un firmament spirituel qu’éclaire le Christ, Soleil de Justice  (Mal 4, 2). À mes yeux tes amis ont beau -coup de prix, ô Dieu – chante David le roi-prophète – je les compte et ils sont plus nombreux que le sable (Ps 138, 17). Les milliers de saints commémorés dans tous les Synaxaire s et martyrologes d’Orient et d’Occident ne représentent qu’une infime partie de cette grande assemblée ( Ps 39, 10). Ce sont les saints qui font l’objet d’un culte public. Mais com -bien plus nombreux sont ceux qui cachèrent Dieu dans le secret de leur cœur, restant humblement ignorés de tous et protégés de la vaine gloire des hommes. Il y en eut de toutes conditions, en tous temps et en tous lieux : patriarches, prophètes, apôtres, martyrs, confesseurs, évêques, prê -tres, diacres, moines et vierges, hommes et femmes, enfants et vieillards, riches et pauvres, princes, prostituées, brigands... Ils ont, par amour de Dieu et au prix de souffrances volontaires, fait éclore en notre nature humaine les fleurs variées de la grâce du Saint-Esprit. À l’un en effet, c’est le discours de sagesse qui est donné par l’Esprit, à un autre, le discours de science selon le même Esprit ; à un autre, la foi dans le même Esprit ; à un
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M ACAIRE DE S IMONOS P ETRA
autre les dons de guérison dans cet unique Esprit ; à un autre le pouvoir d’opérer des miracles ; à un autre la prophétie, à un autre le discernement des esprits ; à un autre diverses sortes de langues : à un autre l’interpréta -tion des langues. Mais tout cela, c’est l’œuvre de l’unique et même Esprit qui distribue ses dons à chacun en particulier selon son gré (1 Cor 12, 8-11).
En unissant en sa Personne, par son Incarnation, notre nature humai -ne, mortelle et pécheresse à sa nature divine, le Seigneur Jésus-Christ nous a ouvert les cieux et nous appelle à l’y suivre, lorsque nous aurons mani -festé la gloire de sa divinité dans notre vie, dans les conditions où il nous a placés. Tout chrétien est appelé à la sainteté, en Christ et par le Christ : Soyez saints, car Je suis saint, disait déjà le Seigneur dans la Loi ancienne (Lv 11, 44 ; 1 Pt 1, 16). Tout chrétien, né à la vie nouvelle de l’Esprit par le baptême, est appelé à l’accomplissement de la vocation d’Adam : faire régner ici-bas la gloire de Dieu. Voilà pourquoi il n’est pas un endroit du monde qui ne doive être aspergé du sang des martyrs, baigné des larmes des moines, ou qui ne doive résonner de la prédication de la Bonne Nou -velle. C’est en tout temps et en tout lieu que s’est élevée, que s’élève et que s’élèvera la prière des saints pour le salut du monde. Car, selon le témoi -gnage des premiers Pères, cest par la prière des chrétiens que le monde peut subsister 1  .
Le monde est sanctifié, sauvé, racheté par la présence des saints qui, comme le levain faisant lever la pâte (Mt 13, 33), préparent l’humanité à l’ultime révélation du Seigneur Jésus-Christ. Il viendra dans sa gloire, pour que la lumière de sa divinité resplendisse sans ombre aucune sur son Corps, l’Église. Alors, le nombre des saints devant apparaître sur la terre et dont Dieu seul connaît les noms, qu’il garde mystérieusement inscrits dans le livre de vie de l’Agneau (Ap 21, 27), sera complet. Le « monde d’en
1. « De même que lâme est enfermée dans le corps, et quelle tient tout le corps en vie, de même, les chrétiens se trouvent dans le monde comme dans une prison, mais ce sont eux qui gardent le monde dans lexistence » Épître à Diognète 6, 7, SC 33 bis .
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haut sera consommé » 2 et les saints de tous les temps seront réunis dans le Corps unique du Christ. Son union à l’Église-Épouse aura atteint sa pléni -tude, et lhumanité sera pour toujours la Demeure de Dieu, la Jérusalem céleste (Ap 22). Le Christ, qui se tient présentement caché dans ses saints, rayonnera en eux avec l’intensité de la gloire que, de toute éternité, il a en commun avec le Père et le Saint-Esprit : Afin que tous soient un, comme toi. Père tu es en moi et moi en toi, afin qu’eux aussi soient en nous (Jn 17, 21), dit-il, au moment de s’offrir en sacrifice pour notre salut.
Mais jusqu’à ce jour, la maison de Dieu est encore en cours d’édifi -cation. Le Seigneur patiente et temporise, attendant que tous les saints entrent dans la construction, telles des pierres vivantes (1 Pt 2, 4), adhérant, chacun à son tour, au Christ, la Pierre angulaire (ibid. et Is 28, 16), selon la grâce et les qualités qui lui ont été données. Les saints sont tout à la fois un et multiple, et chacun contribue de manière irremplaçable à la constitution du Corps du Christ, comme autant de membres. On pour -rait encore les comparer à l’or et aux pierreries ornant la robe de la Reine se tenant à la droite du Seigneur, en vêtements tissés dor, parée de couleurs variées (Ps 44, 10). Tels des diamants et des pierres précieuses, ils renvoient partout, en rayons multicolores, l’unique lumière du triple Soleil. Mais pour être ainsi pénétrés de lumière, il a fallu auparavant quils soient taillés, ciselés, dégagés de la matière et de ses lourdeurs par le ciseau et le marteau des souffrances, des persécutions, des afflictions de toutes sortes. Ils ont dû passer, comme lor encore grossier, dans la fournaise des tenta -tions, afin d’être affinés et de resplendir comme nobles joyaux sur la robe de l’Église-Épouse.
Les saints brillent de la lumière de Dieu, ils sont devenus dieux par la grâce du Saint-Esprit, dans la mesure même où, baptisés dans le Christ, ils ont revêtu le Christ (Gal 3, 27). Dans la mesure où, avec le Christ, ils se sont chargés de leur croix (Mt 16, 24) pour crucifier en eux le vieil homme plein de passions, de péchés et dimpuretés, ils peuvent participer aussi à
2. S. Grégoire de Nazianze , Discours 38 sur la Théophanie , 2, SC 358, 107.
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la gloire de sa Résurrection. En communiant à la Passion du Christ par le martyre, l’ascèse, les larmes et la pratique de toutes les vertus évangéli -ques, les saints ont vaincu la mort avec lui. Ils sont désormais vivants en Dieu, car le Christ a établi en eux sa demeure. Je suis crucifié avec le Christ, nous crient-ils ; ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi... (Gal 2, 20). Le Christ est monté au ciel, mais il n’a pas quitté l’Église terrestre. Le Christ est monté au ciel, mais il nous a envoyé le Saint-Esprit, qui fait de tous les saints autant de christs, de dieux par la grâce. L’œuvre de notre Seigneur Jésus-Christ et sa Personne elle-même, divine et humaine, sont à la fois répétées et prolongées par la vie des saints dans lÉglise, sous lac -tion du Saint-Esprit.
Des gens, dont le cœur et l’esprit sont insensibles à la vie spirituelle, trouvent les Vies des saints ennuyeuses. « C’est toujours la même histoire », disent-ils. Martyrs, confesseurs, ascètes, vierges et saints laïcs ; qu’ils aient vécu dans les premiers siècles ou hier, en Asie, en Palestine, en Égypte, en Italie, en Afrique ou en Amérique, c’est en effet toujours la même histoire. Tous ont eu un cœur brûlant d’amour pour le Seigneur et ont participé à son sacrifice, s’offrant volontairement à la mort pour avoir part à sa Résur -rection. Tous ont été baptisés dans sa mort par le baptême d’eau, par le baptême de sang, par le baptême des larmes, pour que la vie nouvelle de l’Esprit pénètre en eux et que la gloire de Dieu, qui resplendit sur le visage du Christ, demeure dans leur cœur et rejaillisse sur leur corps.
Les saints vivent dans le Christ Jésus et le Christ vit en eux. Dans les saints, Il répète inlassablement, jusqu’à la fin du monde, le mystère uni -que de sa mort et de sa résurrection, de lincarnation de Dieu et de la déi -fication de l’homme. Sur les fresques représentant les martyrs et les saints militaires – celles de certains réfectoires du Mont Athos notamment – on constate que si les saints ont des postures, des vêtements et des attributs différents, ils ont à peu près tous le même visage, et ce visage est celui du Christ. Tels sont en effet les saints : identiques en Christ, mais infiniment divers dans leurs caractères personnels et les conditions dans lesquelles ils
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ont reproduit l’œuvre du Sauveur, dans un lieu et à un moment donnés. Chez les saints toutefois cette reproduction de la Passion du Seigneur n’est pas morne répétition. Elle est toujours nouvelle, toujours originale, toujours unique et contribue de manière irremplaçable à l’édification de l’Église des premiers-nés. Le Seigneur Jésus a ouvert la voie, il a sauvé la nature humaine en mettant à mort dans son propre corps la mort, mais il faut maintenant que chaque personne participe librement à cette œuvre de salut. Ce qui manque aux tribulations du Christ , écrit saint Paul, je le com-plète dans ma chair au profit de son corps qui est l’Église (Col 1, 24). Ces paro -les de l’Apôtre ne signifient pas qu’il manque quoi que ce soit à l’œuvre du Christ et à notre Rédemption, mais seulement que chacun d’entre nous doit communier volontairement et de manière personnelle à sa Passion, pour avoir part à l’héritage des saints dans la lumière de Dieu (ibid.).
Unis au Christ par la foi et la grâce, les saints accomplissent les œuvres du Christ (Jn 14, 12). Habitant en eux par le Saint-Esprit, c’est le Christ lui-même qui accomplit par eux des miracles, convertit les païens, enseigne les secrets de la science spirituelle, réconcilie les ennemis et donne à leur corps la force d’affronter avec joie les plus horribles tortures ; de sorte que lÉvangile ne cesse dêtre écrit jusquaujourdhui par les uvres évangéli -ques des saints 3 . Voilà pourquoi les saints, proches et lointains, anciens et nouveaux, sont pour nous des guides sûrs nous conduisant au Christ qui habite en eux. Devenez mes imitateurs, tout comme je le suis moi-même du Christ (1 Cor 11, 1), nous disent-ils avec saint Paul. Si nous voulons faire resplendir en nous l’image du Christ, nous devons donc souvent tourner nos regards vers les saints pour avoir des exemples vécus et pratiques de la marche à suivre. Le peintre qui désire faire le portrait d’une personne quil ne voit pas devant lui, se sert de reproductions, les regarde attentive -ment, les compare pour s’en inspirer, de même nous faut-il regarder vers
3. S. Justin ( Popovitch) de Tchélié , «Avec tous les saints» (prologue de son Synaxai-re ) dans Lhomme et le Dieu-Homme , trad. J-L. Palierne, Lausanne 1989, p. 96 s.
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les saints, lire leurs Vies , les comparer, pour savoir comment progresser dans la vie en Christ.
Mais, dira-t-on, comment donc imiter ces martyrs qui ont souffert de si terribles tourments, alors qu’il n’y a plus de persécutions ? Comment suivre la voie de ces ascètes qui se sont retirés au fond des déserts pour soumettre leur corps à des privations que personne ne pourrait supporter aujourd’hui ? Cela n’est pas possible. Certes, les conditions géographiques, historiques, sociologiques, etc. qui sont les nôtres sont fort différentes de celles dans lesquelles vécurent nombre de saints dont nous lisons les Vies . Mais est-ce vraiment là une raison pour dire que la sainteté n’est plus pos -sible et succomber à la négligence ou réduire l’Évangile à un simple code moral ? Le Seigneur n’a-t-il pas dit que le Royaume des cieux est objet de violence et que ce sont les violents qui s’en emparent (Mt 11, 12) ? Le l angage de la Croix n’a-t-il pas rendu folle la sagesse du monde (1 Cor 1, 20) ? De tels arguments, si raisonnables qu’ils paraissent, ne reviennent-ils pas à réduire à néant la Croix du Christ (idem, 17) en justifiant notre paresse et nos pas -sions ? Les exploits des martyrs et des ascètes sont des réalités historiques, la gloire et l’ornement de l’Église ; et ils ne nous paraissent inaccessibles ou exagérés qu’à cause de notre manque de foi et d’amour de Dieu. Il nous est facile découter lenseignement de lÉvangile, dassister à la Divine Liturgie, de prier dans notre chambre, mais croyons-nous vraiment que le Royaume de Dieu ne consiste pas en paroles, mais en puissance (idem 4, 20), et que, par la grâce de Dieu, notre nature humaine peut être élevée au-dessus d’elle-même et accomplir des œuvres qui semblent impossibles à ceux qui sont prisonniers de ce monde ? La lecture des exploits des saints ne porte au découragement que les orgueilleux qui se confient en leurs propres forces ; tandis que, pour les humbles, elle est une occasion de voir leur propre faiblesse, de pleurer sur leur impuissance et d’implorer le secours de Dieu 4 . Lisons donc les Vies des saints en psalmodiant avec David : Dieu
4. « Il est tout à fait déraisonnable celui qui, entendant parler de vertus au-dessus de la nature chez les saints, désespère de lui même. Tout au contraire, elles tenseignent
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est admirable dans ses saints, lui le Dieu dIsraël (Ps 67, 35). Tout comme eux, nous n’avons que notre faiblesse à offrir au Seigneur (2 Cor 11, 30). C’est lui qui agit et nous donne la victoire. Ceux qui sont prisonniers de la vaine gloire de ce monde mettent tout leur soin, nous dit saint Jean Chrysostome 5, à orner leur demeure de fresques, de peintures et d’objets précieux; de même, en lisant les Vies des saints, nous faut-il, à nous les fils de la Résurrection, orner la maison de notre âme par le souvenir de leurs souffrances et de leurs exploits, pour la préparer à recevoir le Christ et à être à jamais la demeure du Roi du Ciel.
En lisant assidûment les Vies des saints, en vivant avec tous les saints (Eph 3, 18), en nous promenant chaque jour dans ce jardin spirituel qu’est le Synaxaire , nous trouverons peu à peu certains saints qui attirent davan -tage notre sympathie, notre émotion, notre affection. Ils deviendront pour nous comme des amis intimes à qui nous aimerions confier nos joies et nos peines, à qui nous demanderions plus spécialement le secours de leurs prières, dont nous aimerions souvent relire la Vie, chanter les tro -paires et vénérer l’icône. Ces amis intimes seront pour nous une puissante consolation et des guides privilégiés sur la route étroite qui nous mène au Christ (Mt 7, 14). Nous ne sommes pas seuls sur ce chemin et dans ce combat, nous avons avec nous notre Mère, la Toute-Sainte Mère de Dieu, notre Ange Gardien, le saint dont nous portons le nom et ces quelques amis que nous aurons choisis parmi la grande Assemblée des témoins de l’Agneau. Et si nous trébuchons sous l’effet du péché, ils nous relèveront ; lorsque nous serons tentés par le désespoir, ils nous rappelleront quavant nous, et plus que nous, ils ont souffert pour le Christ et goûtent désormais
 excellemment une de ces deux choses : ou bien elles éveillent en toi lémulation grâce à leur saint courage, ou bien elles te conduisent, au moyen de la trois fois sainte humi -lité, à un profond mépris de toi-même et à la conscience de ta faiblesse congénitale. » S. Jean Climaque , LÉchelle sainte 26, III (trad. P. Placide Deseille), « Spiritualité orien -tale 24 », Abbaye de Bellefontaine 1978, p. 253. Cf. aussi Barsanuphe et Jean de Gaza , Lettres 600 et 689 dans Correspondance , Abbaye de Solesmes 1971. 5. S. Jean Chrysostome, Homélie sur tous les saints martyrs 3, PG 50, 712.
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à la joie éternelle. Ainsi, sur le chemin rocailleux de cette vie, ces saints amis nous feront voir un peu de la lumière de la Résurrection. Cherchons donc dans les Vies des saints ces quelques amis intimes et, avec tous les saints, marchons vers le Christ. Un jour, un moine doux et simple de l’Athos – un de ceux à qui le Christ a promis la terre en héritage (Mt 5, 5) – se préparait, comme d’ha-bitude, à prier le saint du jour avec d’abondantes larmes et de nombreuses prosternations. Mais au moment de regarder son calendrier, il constata qu’il l’avait égaré et n’avait plus aucun moyen de savoir quel était le saint commémoré ce jour-là. Aussi commença-t-il sa prière en disant : « Saint du jour, intercède pour nous ! » Après quelques instants, le saint apparut devant lui et lui révéla son nom : Lucillien [3 juin]. Sans guère s’étonner, le bon vieillard compléta donc sa prière par le nom du saint, mais comme il était un peu sourd et qu’il n’avait pas bien compris le nom, il dit : « Saint Lucien, intercède pour nous ! » Le saint apparut alors de nouveau et lui dit sur un ton de reproche : « Je ne suis pas Lucien, mais Lucillien », et il disparut, laissant le moine continuer paisiblement sa prière 6 . Un frère demanda à un autre athonite, le Père Abrahamios de Néa-Skitie ( 1989) :  « Père, est-ce que tu ne te lasses pas de lire ainsi continuellement le Synaxaire du saint du jour ? » L’Ancien lui répondit en souriant : « Mon enfant, tous les saints, et spéciale -ment les martyrs, il nous faut les aimer et les honorer, car “l’honneur rendu aux saints, cest limitation des saints 7 . Puisque nous sommes incapables et pécheurs et que nous
6. . Cette anecdote était racontée de manière anonyme par le Père Païssios ( 1994), mais elle est autobiographique, voir Hiéromoine Isaac , Βίος τοῦ Γέροντος Παϊσίου τοῦ Ἁγιορείτου , Kapsla, Mont Athos 2004, p. 280 (à paraître prochainement en français). 7. S. Jean Chrysostome , Homélie sur les martyrs , PG 50, 663.
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ne pouvons pas les imiter, étudions donc au moins leur Vie , pour ne pas passer notre temps en bavardage. De plus, par la lecture de leur Vie , nous nous les concilions en quelque sorte, pour quils soient nos intercesseurs et nos aides, ici-bas comme lors de notre grand voyage vers les cieux. En outre, en étudiant les Vies des saints, nous voyons nos propres passions dans notre cur, et il nous est donné loccasion de lutter contre elles et d’utiliser pour cela les mêmes moyens qu’eux-mêmes ont utilisés » 8 .
Ces deux anecdotes illustrent la familiarité que nous devons avoir avec les saints et montrent combien ils sont proches de nous, intervien -nent dans notre vie quotidienne, nous écoutent dans nos prières, nous reprennent dans nos chutes et nous montrent par d’innombrables signes de leur présence, que notre vie nest pas vraiment de ce monde, que nous vivons comme des étrangers et des voyageurs entre ciel et terre.
8. Ce dialogue a été rapporté dans la notice nécrologique du P. Abrahamios, parue dans le périodique du monastère de Grégoriou, Hosios Grégorios 14 (1989) p. 86.
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