Les Bénédictins, leurs libraires et le pouvoir. Notes sur le financement de la recherche au temps de Mabillon et de Montfaucon - article ; n°140 ; vol.43, pg 273-287
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Les Bénédictins, leurs libraires et le pouvoir. Notes sur le financement de la recherche au temps de Mabillon et de Montfaucon - article ; n°140 ; vol.43, pg 273-287

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1957 - Volume 43 - Numéro 140 - Pages 273-287
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Henri-Jean Martin
Les Bénédictins, leurs libraires et le pouvoir. Notes sur le
financement de la recherche au temps de Mabillon et de
Montfaucon
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 43. N°140, 1957. pp. 273-287.
Citer ce document / Cite this document :
Martin Henri-Jean. Les Bénédictins, leurs libraires et le pouvoir. Notes sur le financement de la recherche au temps de Mabillon
et de Montfaucon. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 43. N°140, 1957. pp. 273-287.
doi : 10.3406/rhef.1957.3222
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1957_num_43_140_3222LES BÉNÉDICTINS, LEURS LIBRAIRES
ET LE POUVOIR
NOTES SUR LE FINANCEMENT
DE LA RECHERCHE
AU TEMPS DE MABILLON ET DE MONTFAUCON
On sait que l'édition française connut, durant le règne de
Louis XIV, une crise sans cesse aggravée. A partir des années
1650-1660, les ouvrages religieux, qui avait connu un grand
succès au temps de la Contre-Réforme, se vendent moins bien;
les collections conciliaires et patristiques, les œuvres des
Pères, qui avaient fait dans la première partie du siècle, la
fortune de plus d'un libraire, cessent de trouver autant
d'acheteurs. D'où de véritables guerres de contrefaçons pro
voquées par une concurrence chaque jour plus âpre — et la
ruine, ou le repli sur elles-mêmes, d'entreprises jusque-là
actives. Puis, de 1680 à 1710, la crise atteint son maximum
d'intensité. Les libraires sont unanimes à se plaindre et les
documents d'archives confirment ces plaintes : les « grandes
entreprises » se vendent mal, et surtout les capitaux man
quent aux libraires pour s'y engager. Le public achète avant
tout les petits ouvrages peu coûteux; seuls les livres utili
taires — livres d'église et livres de classes — restent d'un
débit assuré. En même temps, pour abaisser le prix de re
vient, les éditeurs font imprimer les ouvrages sur mauvais
papier, avec des caractères souvent usés, et d'ordinaire sans
souci de la plus élémentaire correction des textes.
Or, l'époque où cette crise atteint son paroxysme est celle
où se multiplient les publications des Bénédictins, où les
Mauristes font sortir chaque année des presses parisiennes
des séries d'in-folio, d'une présentation souvent élégante,
d'une correction toujours impeccable. Comment purent-ils
réaliser une telle œuvre dans une époque aussi contraire ?
Comment, à partir de la décade 1710-1720 purent-ils enga
ger des publications monumentales ? Telles sont les ques
tions auxquelles nous voudrions répondre ici, en rappelant
quels furent les rapports des Mauristes avec leurs libraires,
en étudiant le financement de leurs entreprises, en tentant
18 274 HENRI-JEAN MARTIN
d'indiquer, chemin faisant, dans la mesure du possible,
quelle audience eut telle ou telle de leurs publications et à
quel public elle était adressée.
I
Tout d'abord, il est indispensable d'indiquer quels étaient
les éditeurs attitrés des Bénédictins de Saint-Maur au xvn6
siècle et de rappeler quelles furent leurs carrières; car celles-
ci, nous le verrons, sont significatives.
En premier lieu, il convient de citer parmi eux Jean Bil-
laine qui, en 1629, imprima, en association avec Ger-
mont, le Martyrologium Ordinis Sancti Benedicti de Dom
Ménard, puis en 1648 et en 1651, les œuvres de Lanfranc et
de Guibert de Nogent dont Dom Luc d'Achery avait préparé
l'édition. Plus tard, de 1668 à 1685, Louis Billaine donnait
les six volumes des Acta Sanctorum, puis, en 1675, l'édition
par Gerberon des œuvres de saint Anselme, de 1675 à 1685,
les Vetera Analecta de Mabillon, en 1681, le De Re diploma-
tica, ainsi que bon nombre d'autres ouvrages de moindre
réputation.
Le choix que les Bénédictins de Saint-Maur avaient fait
des Billaine, s'explique fort simplement : ceux-ci étaient, en
effet, les libraires attitrés de l'Ordre de Saint-Benoît. Les
Mauristes semblent au reste avoir été fort satisfaits des ser
vices rendus par ceux-ci; Dom Luc d'Achery en particulier,
entretenait avec eux des relations suivies et n'hésitait pas à
les recommander à des amis qui souhaitaient mettre un livre
sous presse2.
Il n'est pas sans intérêt de remarquer que si Jean Billaine
était établi rue Saint-Jacques, son fils ouvrit pour sa part
une boutique au Palais. Grâce, semble-t-il, aux bénéfices
réalisés par son père au service de l'ordre de saint Benoît,
il donna à ses affaires une importance considérable. Il pa
raît, en particulier, avoir entretenu dans toute l'Europe un
réseau d'affaires bien organisé et il pratiquait sur une échelle
exceptionnelle pour l'époque le commerce du livre étranger,
d'occasion3. D'autre part, suivant en cela les tendances de
2. Jeannine Milhaud-Folhen, La oie et l'œuvre de Dom Luc d'Acher
y, religieux bénédictin de la Congrégation de Saint-Maur (1609-1685)
(thèse manuscrite), p. 169 suiv., 179 suiv., 232 suiv.
3. Parmi les catalogues de l'officine de Louis Billaine on trouve en
effet : Catalogo de varios libros de historia y otras materias en lengua
espanola, Paris, L. Billaine, 1681 (Bibl. nat., Q. 8583). — Catalogus
librorum in Anglia impressorum, Paris, Louis Billaine, 1679 (Bibl.
nat., 8° Q. 8684). — Libri italiani legati..., Paris, Louis Billaine, 1661
(Bibl. nat., 8° Q. 8352), etc. LES BÉNÉDICTINS, LEURS LIBRAIRES ET LE POUVOIR 275
son temps, il s'orienta de plus en plus vers l'édition d'ouvra
ges littéraires en français : si bien que l'on pouvait trouver
dans sa boutique, comme dans ses catalogues, à côté des œu
vres de Luc d'Achery ou de Mabillon ou de la Bibliotheca
bibliothecarum du Père jésuite Labbe, les œuvres de La Mothe
Le Vayer, le Théâtre de Corneille, les Satires de Boileau.
le traité De l'Amour de La Mothe Le Vayer ... et les Contes
de La Fontaine4. Bornons-nous à enregistrer ce fait, qui in
cite à penser que les lecteurs qui recherchaient les œuvres
des grands classiques pouvaient être parfois susceptibles de
s'intéresser à de grands travaux d'érudition : heureux temps !
Cependant, Louis Billaine disparaissait en 1682. Les Mau-
ristes eurent assez rarement recours à Imbert de Bats qui
succéda à celui-ci comme libraire attitré de l'ordre de Saint-
Benoît : désormais, ils préférèrent s'adresser à un certain
nombre de libraires. Parmi ceux-ci, il convient de retenir
avant tout les noms de François Muguet, de Jean-Baptiste
Coignard et de Jean Anisson.
Fils d'un imprimeur lyonnais, François Muguet5 avait
réussi grâce à la protection de Fouquet, à se faire nommer
maître à Paris (1654), en dépit des réglementations corporat
ives. Dès 1661, il était nommé imprimeur du Roi, puis en
1664, imprimeur de l'archevêque de Paris. Vers 1683, le Par
lement l'avait également choisi pour imprimeur. En 1690, en
fin, il était nommé huissier et imprimeur du Clergé de
France. Et, chacun de ces titres lui procurant des mo
nopoles lucratifs, Muguet avait réussi à donner à ses affaires
une grande extension. Son atelier typographique était excep
tionnellement important pour l'époque : en 1679, il possé
dait neuf presses; en 1692, neuf presses desservies par dix
compagnons; en 1694, dix presses; en 1701, neuf presses,
onze compagnons et trois apprentis. En outre, il dirigeait
depuis 1683 un établissement typographique installé à Vers
ailles dans l'hôtel de Seignelay, où l'on imprimait spécial
ement les actes concernant l'armée et les bâtiments.
François Muguet n'aurait pu arriver à occuper une telle
place dans le monde de l'édition sans de puissants protec
teurs. Au premier rang de ceux-ci il convient, nous le ver
rons, de placer les Bénédictins, qui appréciaient la qualité
4. Par exemple, voir : Incompactum librorum quos Ludovicus Bil
laine 8° Q. 8582). vénales exponebat catalogus, Paris, L. Billaine, 1691 (Bibl. nat.,
5. G. Lépreux, Gallia typographica. Série parisienne, t. I : Livre d'or
des imprimeurs du roi, Paris, 191*, p. 443-455. £76> HENRI-JEAN
de son- travaïK Parmi les ouvrages; que Mugirai mii ainsi sous
presse, citons les onze vobimes- in-folio de l'édition des œu
vres êe saint Augustin (1S79-17(H£), celles de saint Hdlanre
dont réé

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