Les « chrétiens bosniaques » et le mouvement cathare au Moyen Age - article ; n°2 ; vol.182, pg 131-181
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Revue de l'histoire des religions - Année 1972 - Volume 182 - Numéro 2 - Pages 131-181
L'hérésie cathare s'introduit en Croatie peu après le milieu du douzième siècle. Les hérétiques, à l'exemple des croisés français, empruntent la doctrine des dualistes de Constantinople et s'organisent en Eglise de Dalmatie. Chassés du littoral croate, ils pénètrent (vers 1200) en Bosnie et Herzégovine. Leur organisation prend alors le nom de l'Eglise des « chrétiens bosniaques ». Toutes les tentatives des autorités ecclésiastiques et des pouvoirs laïcs de dissiper l'hérésie dite bosniaque et de ramener à l'unité ces dissidents de l'orthodoxie romaine demeurent sans succès. Les « chrétiens » gagnent peu à peu la confiance des populations de Bosnie et Herzégovine, qui, fort attachées à l'hérésie, abandonnent la pratique des sacrements et contestent les institutions de l'Eglise romaine. Les adhérents de l'Eglise bosniaque se divisent en « bons hommes » et « chrétiens ». Les premiers, tenant les rangs de la hiérarchie, sont dirigés par le djed, chef spirituel de tous les « chrétiens » de Bosnie et Herzégovine et l'évêque de leur Eglise. Dans son rôle de vicaire du Christ et successeur de Pierre dans l'Eglise bosniaque, le djed est assisté par les strojnici (clergé). Ceux-ci, divisés en gosti (hôtes) et starci (anciens), pourvoient aux besoins spirituels de leurs confrères « chrétiens » et prêtent leurs services aux maîtres féodaux dans les différentes affaires du pays. L'Eglise bosniaque avec ses auditeurs, croyants, parfaits et bons hommes entre dans le cadre du mouvement cathare. Les « chrétiens bosniaques » fraternisent, semble-t-il, avec les albigeois, s'assurent la sympathie des cathares lombards et leur djed a l'estime de tous les cathares occidentaux, de telle sorte que certaines sources latines le considèrent comme leur pape. Les « chrétiens » de Bosnie et des régions avoisinantes sont-ils dualistes ? Les écrits des controversistes et des polémistes latins affirment que les partisans de l'Eglise bosniaque professaient une sorte de dualisme mitigé. Au contraire, les sources propres aux « chrétiens bosniaques » laissent entendre que ceux-ci reconnaissaient la Trinité, admettaient Jésus comme le Fils de Dieu, croyaient que la grâce est indispensable pour le salut des hommes, pratiquaient l'aumône et priaient pour leurs défunts. Ils rejetaient toutefois les sacrements, le serment et se servaient d'un rituel analogue à celui des cathares occidentaux.
51 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 57
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Franjo Šanjek
Les « chrétiens bosniaques » et le mouvement cathare au
Moyen Age
In: Revue de l'histoire des religions, tome 182 n°2, 1972. pp. 131-181.
Citer ce document / Cite this document :
Šanjek Franjo. Les « chrétiens bosniaques » et le mouvement cathare au Moyen Age. In: Revue de l'histoire des religions, tome
182 n°2, 1972. pp. 131-181.
doi : 10.3406/rhr.1972.9910
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1972_num_182_2_9910Résumé
L'hérésie cathare s'introduit en Croatie peu après le milieu du douzième siècle. Les hérétiques, à
l'exemple des croisés français, empruntent la doctrine des dualistes de Constantinople et s'organisent
en Eglise de Dalmatie. Chassés du littoral croate, ils pénètrent (vers 1200) en Bosnie et Herzégovine.
Leur organisation prend alors le nom de l'Eglise des « chrétiens bosniaques ». Toutes les tentatives des
autorités ecclésiastiques et des pouvoirs laïcs de dissiper l'hérésie dite bosniaque et de ramener à
l'unité ces dissidents de l'orthodoxie romaine demeurent sans succès. Les « chrétiens » gagnent peu à
peu la confiance des populations de Bosnie et Herzégovine, qui, fort attachées à l'hérésie, abandonnent
la pratique des sacrements et contestent les institutions de l'Eglise romaine. Les adhérents de l'Eglise
bosniaque se divisent en « bons hommes » et « chrétiens ». Les premiers, tenant les rangs de la
hiérarchie, sont dirigés par le "djed", chef spirituel de tous les « chrétiens » de Bosnie et Herzégovine et
l'évêque de leur Eglise. Dans son rôle de vicaire du Christ et successeur de Pierre dans l'Eglise
bosniaque, le "djed" est assisté par les "strojnici" (clergé). Ceux-ci, divisés en "gosti" (hôtes) et "starci"
(anciens), pourvoient aux besoins spirituels de leurs confrères « chrétiens » et prêtent leurs services
aux maîtres féodaux dans les différentes affaires du pays. L'Eglise bosniaque avec ses auditeurs,
croyants, parfaits et bons hommes entre dans le cadre du mouvement cathare. Les « chrétiens
bosniaques » fraternisent, semble-t-il, avec les albigeois, s'assurent la sympathie des cathares
lombards et leur "djed" a l'estime de tous les cathares occidentaux, de telle sorte que certaines sources
latines le considèrent comme leur pape. Les « chrétiens » de Bosnie et des régions avoisinantes sont-
ils dualistes ? Les écrits des controversistes et des polémistes latins affirment que les partisans de
l'Eglise bosniaque professaient une sorte de dualisme mitigé. Au contraire, les sources propres aux «
chrétiens bosniaques » laissent entendre que ceux-ci reconnaissaient la Trinité, admettaient Jésus
comme le Fils de Dieu, croyaient que la grâce est indispensable pour le salut des hommes, pratiquaient
l'aumône et priaient pour leurs défunts. Ils rejetaient toutefois les sacrements, le serment et se servaient
d'un rituel analogue à celui des cathares occidentaux.■
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Les « chrétiens bosniaques »
et le mouvement cathare au Moyen Age
L'hérésie cathare s'introduit en Croatie peu après le milieu
du, douzième siècle. Les hérétiques, à l'exemple des croisés
français, empruntent la doctrine des dualistes de Constantinople
et s'organisent en Eglise de Dalmalie. Chassés du littoral croate,
ils pénètrent (vers 1200) en Bosnie et Herzégovine. Leur organi
sation prend alors le nom de l'Eglise des « chrétiens bosniaques ».
Toutes les tentatives des autorités ecclésiastiques et des pouv
oirs laïcs de dissiper l'hérésie dite bosniaque et de ramener à
l'unité ces dissidents de l'orthodoxie romaine demeurent sans
succès. Les « chrétiens » gagnent peu à peu \ la confiance des
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l'hérésie, abandonnent la pratique des sacrements et contestent
les institutions de l'Eglise romaine.
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hommes » et « chrétiens ». Les premiers, tenant les rangs de la
hiérarchie, sont dirigés par le djed, chef spirituel de tous les
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Dans son rôle de vicaire du Christ et successeur de Pierre dans
l'Eglise bosniaque, le djed est assisté par les stroj nici (clergé).
Ceux-ci, divisés en gosti (hôtes) et starci (anciens), pourvoient
aux besoins spirituels de leurs confrères « chrétiens » et prêtent
leurs services aux maîtres féodaux dans les différentes affaires
du pays:
L'Eglise bosniaque avec ses auditeurs, croyants, parfaits et
bons hommes entre dans le cadre du mouvement cathare. Les
« chrétiens bosniaques » fraternisent, semble-t-il, avec les albi
geois, s'assurent la sympathie des cathares lombards et leur
djed a l'estime de tous les cathares occidentaux, de telle sorte
que certaines sources latines le considèrent comme leur pape.
Les « chrétiens » de Bosnie et des régions avoisinanles sont-ils
dualistes ? Les écrits des controversistes et des polémistes latins ■
affirment que les partisans de V Eglise bosniaque professaient
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aux « chrétiens bosniaques » laissent entendre que ceux-ci
reconnaissaient la Trinité, admettaient Jésus comme le Fils' de-
Dieu,, croyaient que la grâce est indispensable pour le salut des i
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132 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
hommes, pratiquaient l'aumône et priaient ? pour leurs défunts.
Ils rejetaient toutefois les sacrements, le serment et se servaient
ďun rituel analogue à celui des cathares occidentaux.
Au xiie siècle, une vague de courants réformistes secoue
le christianisme occidental. Ces dissidents de l'orthodoxie
romaine contestent l'Eglise institutionalisée liée au pouvoir
féodal, souhaitant son retour vers l'Eglise des Apôtres et
visant l'adaptation des institutions ecclésiastiques à la- vie
évangélique dans sa simplicité primitive.
Par l'intermédiaire des croisés français et des marchands
dalmates, l'hérésie dualiste s'infiltre en Croatie, sur la pénin
sule italienne, en, France, dans les Flandres et en Rhénanie.
Vers l'an 1167, les bogomiles bulgares et les phoundagiagites
byzantins fraternisent avec les dualistes occidentaux. Les
cathares croates, italiens et languedociens, que les contro-
versistes et les hérésiologues latins appellent albigeois,
cathares, « chrétiens », manichéens et patarins, s'efforcent
de connaître les textes bibliques, notamment les livres du *
Nouveau Testament, et réclament la liberté de la prédication.
Si nous accordons foi aux sources- latines, les dualistes
appartenant aux « ordres »x de Dragovitsa (dualisme absolu),,
de Bulgarie (dualisme modéré) et de Slavonie (dualisme de*
tendance bulgare) dominent, sur le plan idéologique, le mou
vement cathare dans l'Occident médiéval; Les hérétiques de
l'ordre de Dragovitsa professent les deux seigneurs sans
commencement ni fin, l'un profondément bon, l'autre profon
dément mauvais2. Les Bulgares croient en un seul1 Dieu, bon?
et tout-puissant, sans commencement, qui a créé les anges
1) Dans les écrits des controversistes et des polémistes latins, le terme
« ordre » a le sens d'organisation, de structures d'un groupe particulier dans
le mouvement cathare. La division des cathares lombards en Albanenses,
Concorricenses et Bagnolenses est due à leur appartenance respective aux
« ordres » de Dragovitsa, de Bulgarie et de Slavonie. Cf. De heresi catharorum in.
Lombardia, éd. A. Dondaine, La hiérarchie cathare en Italie, I, dans Archivům
Fralrum Praedicatorum, t. XIX, 1949, p. 308-312.
2) Bibl. Nat. de Paris, ms. lat. 13151 (la Brevis Summula), f. 347 rv : « Heret
ici qui habent errorem suum de Brugutia (?) qui et dicuntur Albigenses...
habent dominos duos esse sine principio et sine fine, unum penitus bonum et
alterum penitus malum. » .
« CHRETIENS BOSNIAQUES » 133 LES
S L A V O N I E
BOLINO (1203) POtJE Puhovac Liubskovq (1407)
SARAJEVO Bradine Podborač Seonica (1418) j J423) (1466) __ Podbiograd
»^1466) TROGIR-ШХ- -Е?Л Bijela
(147Ó) \ oCrnice
H E R)Z E G

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