Les énigmes de sainte Thècle - article ; n°1 ; vol.112, pg 52-63
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1968 - Volume 112 - Numéro 1 - Pages 52-63
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur André-Jean
Festugière
Les énigmes de sainte Thècle
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 112e année, N. 1, 1968. pp. 52-
63.
Citer ce document / Cite this document :
Festugière André-Jean. Les énigmes de sainte Thècle. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 112e année, N. 1, 1968. pp. 52-63.
doi : 10.3406/crai.1968.12209
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1968_num_112_1_12209COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 52
L'Académie décide d'adjoindre à la Commission des Travaux
littéraires les deux membres de la administrative de
l'Académie : MM. Charles-Edmond Perrin et Marcel Bataillon.
Le R. P. Festugière présente une communication sur « les
énigmes de sainte Thècle ».
COMMUNICATION
LES ÉNIGMES DE SAINTE THÈCLE,
PAR LE R. P. JEAN FESTUGIÈRE, MEMBRE DE L' ACADÉMIE.
1. Les Actes de Paul et Thècle.
Les Acta Pauli et Theclae1 sont un charmant récit de la seconde
moitié du 11e siècle dont le principal intérêt est d'être l'exacte contre
partie chrétienne du roman grec. Car il faut toujours se souvenir
que le goût du roman, des histoires d'amour, ne périt point et que
le public chrétien a réclamé à son tour ce qui faisait les délices des
païens. Mais, pour devenir chrétien, le schème ordinaire évidemment
se transforme. Au lieu d'une vierge éperdument aimée, éperdument
amoureuse, qui, dès les premiers temps de sa passion, se voit séparée
de l'amant, subit, comme l'amant lui-même, toute une série d'aven
tures qui peuvent se reproduire à l'infini — et plus il y en a, plus
le public est ravi — , et qui enfin retrouve l'amant, l'épouse et connaît
le bonheur, on aura une vierge éperdument aimée encore, mais qui,
en conséquence d'une prédication chrétienne fortement teintée
d'encratisme2, se refusera à l'amant. Ici apparaissent des variantes.
Ou bien, comme dans le Roman de Cyprien et Justine3, l'amant
1. Acta Apost. Apocrypha, I, 235-269 Lipsius = Henneke, II, 224 c et 243-251. Le
grand nombre des recensions (BHG*, 267-268) et des versions, notamment des versions
latines (BHL, 1161-1162, Gebhardt, TU, N.F. VII2, 1902), sans compter les Vies et
Miracles (en grec et en latin), les Éloges, etc., prouve l'immense popularité de l'ouvrage.
Pour la date, l'allusion à Thècle en Tertullien de baptismo 17 (c. 200-206) fournit le
t. post quem. Il faut que l'ouvrage soit de quelque temps antérieur. La 2e moitié du ne siè
cle convient bien à l'atmosphère encratite.
2. Xô-fog 8eoù îieqI èYXO,axelaç 238.11, iiaxâgioi ot &YV'*VV T'nv oàQxa XT]Qtf|«avxeç 238.13,
ficucdgioi ot èyxyaxeiç 238.14, piaxàQia xà acô^iaxa xrâv nagOévov 240.2, t,r\v àyvcôç 242.4,
ïvo yâfioi fit) yCvcovxai àXXà oCtcoç névwaiv 243.11, <nxQ,eî ôè véov>ç Yvvaixwv xal jtao,8évov;
àvôçcôv, Xéymv « Pas de résurrection pour vous èàv nf| àyvol (letvTjxe xal tryv oàçxa \ir)
HoXvvTjxe » 244.3 s., oim èà yafietoBai, xàç «og9évovç 246.3.
3. Ap. L. Radermacher, Griechische Quellen zur Faustsage (1927), texte p. 76-113.
Ce roman est d'ailleurs postérieur à et en partie imité des Acta Theclae. Cf. Cypr. Just. :
àxovoaoa oCttj ngav^îoi» tivôç ôiaxôvov àicô xfjç avv^*(•(\)ç BvqCôoç ctôxfjç xà (ieyoiXela xov
8eov 76.7 s. = Thecla xaBeaBetaa êsit xfjç avveyyvç QvQiboç xoO obcov ^kouev xbv hzqI
àyvslaç X6yov Xeyénevov àjiô xov ïlavXov 240.8-10, Cypr. Just. i\ ôè vefiviç... êa^ôaiov
aôxiv (l'amant) éail yf\ç (>L\paaa... xol nsQiQï]%aaa xotiç xi9<5vaç 6QÎa(j,pov oôxôv ànéXvaev,
&MÔXov8a TiQâÇaaa xfj ôiôaaxdX.w 0éxX(j 84.5-9 = Thecla xal Xaf3o(xévîi xov
'AA.sijàvôeo'u (l'amant d'Antioche) neeiéoxioev ovxov xi\v x^o^Oôa... xal ëoxi\oev ovxôv
8o.lanfîov 254.7 s. — Un autre roman imité des Acta Theclae est celui des Acta ÉNIGMES DE SAINTE THÊCLE 53 LES
s'adresse à un magicien qui fait agir les démons pour qu'ils lui
amènent la vierge. La vierge, naturellement, triomphe des démons,
le magicien se convertit, la vierge se consacre au Christ, on ne parle
plus de l'amant. Ou bien, comme dans les Acta Theclae, la vierge
se refusant, l'amant la dénonce comme chrétienne, elle est condamn
ée au supplice, un miracle la sauve. Il est clair que, comme dans
le roman grec les aventures des amants, cette histoire peut se renou
veler plusieurs fois, et le récit charme d'autant plus qu'on la répète
davantage, que par exemple, dans le cas de Thècle, le drame et le
miracle à Iconium se reproduisent à Antioche avec un nouvel amant.
Il est donc parfaitement vain, soit de chercher en ces Actes un noyau
historique, de considérer l'un des drames comme le doublet de
l'autre, et de tenir l'un des deux comme authentique — dans le
cas présent, celui d'Antioche — sous le prétexte qu'il montre moins
d'invraisemblance1, soit d'imaginer un rédacteur qui aurait compilé
deux récits indépendants2. La vérité est qu'il est de l'essence même
du roman ancien, païen ou chrétien, de renouveler beaucoup de fois
la même aventure, tout l'art consistant à introduire de la variatio
dans un schème identique3. L'étonnant, dans le cas de Thècle, est
Xanthippae et Polyxenae édité par J. Armitage Robinson dans Apocrypha Anecdota, I
(Texts and Studies, II, 3, Cambridge, 1893), 58-85. Là encore, dans la seconde partie
du roman (c. 23-42), nous avons l'histoire d'une jeune et jolie vierge espagnole, sœur
de Xanthippe, belle-sœur du gouverneur de l'Espagne, qui a entendu elle aussi la prédi
cation de Paul en Espagne, mais qui est enlevée une nuit (nayixfi téxvt) 74.23) par un
amant impétueux. On l'emmène au rivage et l'embarque sur un bateau qui fait voile
vers la Babylonie (!). Vent contraire, tempête, les passagers sont rejetés sur une côte de
Grèce. Après toutes sortes d'aventures — Polyxène est en particulier sauvée par une
lionne qui, à un moment donné, se mettra à parler (79.20) — , la vierge est de nouveau
enlevée par un amant, cette fois VëxaQxoz d'une ville grecque. Le soir venu, alors que
les serviteurs veulent l'emmener à la couche de VëmxQxoç, elle les supplie. Ils prennent
pitié et disent au gouverneur : « Elle a la fièvre ». On la laisse. Durant la nuit, le fils du
gouverneur vient la trouver et lui dit : « N'aie pas peur, il t'arrive la même chose qu'à
la vierge Thècle ». Ce garçon en effet, quelques années avant, s'est trouvé à Antioche et
a connu l'aventure de Thècle (c. 36, 83.8-12). Il est chrétien, et propose à Polyxène de
la ramener en Espagne. Ce qui arrive enfin, tout le monde est baptisé et tout finit bien.
Le roman peut être de la première partie du me siècle, Robinson, 53 s.
1. Ainsi W. M. Ramsay, The Church in the Roman Empire before A.D. 170 (1893),
375-428. Discuté par Radermacher, Hippolylus und Thekla (1916), 57-59.
2. Ainsi Radermacher lui-même, /.c, 55-57.
3. La varialio, dans les Acta Theclae, est par exemple dans les miracles. A Iconium,
elle est condamnée au feu. Tout le monde va au théâtre ; on dresse le bûcher, on amène
Thècle nue, elle fait un signe de croix (f| ôè xôv tûjiov xov axavQO'û xoir\aa\i.évr\ 250.8 s. :
dans Henneke II, 247, expliqué, à tort je crois, « indem sie die Gestalt des Kreuzesmachte,
d.h. die Arme ausbreitete »). On entend alors un grondement souterrain, un nuage noir
apparaît, il tombe une si forte grêle «&; jïoXXoùç xiv6vveiioai xal àjïo9aveîv (!) et que le
feu naturellement s'éteint. A Antioche, elle est condamnée aux bêtes. On amène Thècle
au stade simplement vêtue d'un caleçon (ôiaÇtôoxeav 259.1). On lance contre elle des
lions et des ourses, mais une brave lionne vient à elle et la défend, déchirant d'abord
une ourse, puis combattant avec un lion : les deux bêtes meurent.

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