Les répercussions des controverses théologiques des Ve et VIe siècles dans les Églises des Gaules - article ; n°102 ; vol.24, pg 23-46
25 pages
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1938 - Volume 24 - Numéro 102 - Pages 23-46
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1938
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gustave Bardy
Les répercussions des controverses théologiques des Ve et VIe
siècles dans les Églises des Gaules
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 24. N°102, 1938. pp. 23-46.
Citer ce document / Cite this document :
Bardy Gustave. Les répercussions des controverses théologiques des Ve et VIe siècles dans les Églises des Gaules. In: Revue
d'histoire de l'Église de France. Tome 24. N°102, 1938. pp. 23-46.
doi : 10.3406/rhef.1938.2848
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1938_num_24_102_2848LES RÉPERCUSSIONS
DES CONTROVERSES THÉOLOGIQUES
DES Ve ET VIe SIÈCLES
DANS LES ÉGLISES DE GAULE
•du Jean Léon Cassien le GTand. et Lèporiua. — Avdt de — Vienne. Le» discussions — La querelle christologiques des Trois an Chapittemps
res. — Conclusion.
Située aux extrémités de l'Occident, la Gaule chrétienne
n'a jamais pris une part active aux grandes controverses
doctrinales dont l'Orient était le centre. Au ive siècle, ses
évêques ont longtemps ignoré les dangers que l'arianisme
faisait courir à l'orthodoxie, à tel point que l'un des plus
instruits parmi eux, celui qui devait être, par la suite, le grand
défenseur de la toi, saint Hilaire de Poitiers, n'avait même pas
entendu parler du symbole de Nicée avant 353 et le concile
d'Arles. Au ve siècle, les débats passionnés auxquels donnèrent
lieu le nestorianisme et le monophysisme n'ont pas davantage
retenu l'attention des chrétientés gallicanes : il n'y eut pas
un évêque gaulois parmi les membres des conciles d'Ephèse
et de Chalcédoine, et saint Léon eut quelque peine à obtenir
l'adhésion expresse de l'épiscopat du sud-est de la Gaule au
« tome » à Flavien. Seule, au vi' siècle, la querelle des Trois
Chapitres réussit à émouvoir momentanément l'opinion :
d'ailleurs ce n'était pas à Théodore, à Théodoret et à Ibas que
s'intéressèrent alors les évêques de Gaule, mais bien à l'attitude
prise par la papauté en une délicate matière; et dès que
Pelage eut donné les explications voulues, le calme se rétablit
à l'instant.
Une telle insouciance nous surprend au premier abord. Nous
comprenons mal que les chefs mêmes des communautés
chrétiennes en Gaule n'aient pas été plus préoccupées des
grands intérêts de la foi qu'ils avaient charge d'enseigner et de
défendre. En réalité, rien n'est plus naturel, comme nous allons
nous en rendre compte en étudiant les répercussions des
controverses christologiques dans ces Églises. On peut faire
valoir, pour expliquer les faits, la difficulté des problèmes
soulevés et le rôle essentiel joué dans les discussions orien
tales par les différentes terminologies en usage : si, dès le
début de l'affaire nestorienne, tout le monde s'était entendu
sur le sens des mots <j>uctç et npôawito <, n'aurait-on pas épar- 24 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
gné bien des troubles à la chrétienté ? Les Occidentaux, le*
Gaulois en particulier, n'étaient pas capables de se passion
ner pour des querelles de mots; ils ne comprenaient pas les
subtilités des théologiens de langue grecque et les formules
traditionnelles leur suffisaient amplement pour exprimer
leur foi. Aussi ne pouvaient-ils pas s'empêcher de rester ca
lmes lorsqu'on essayait de les émouvoir sur le nombre des
personnes et des natures dans le Christ.
il faut ajouter que, dès les origines, les Églises de Gaule
avaient pris l'habitude de s'en remettre à Rome pour la solu
tion de tous les problèmes relatifs à la foi et à la discipline :
c'est à Rome qu'elles demandaient ce qu'il fallait croire aussi
bien que ce qu'il fallait faire. Lorsque l'autorité pontificale
avait fixé une ligne de conduite, on s'y tenait sans aucune
discussion. Il fut tout de suite entendu que les conciles
d'Éphèse et de Chalcédoine avaient défini la foi catholique,
que Nestoriius et Eutychès étaient des hérétiques, que la
Vierge Marie était Mère de Dieu, que le Christ, Dieu et
homme tout ensemble, était une seule personne. Les évêques
gaulois ne sentirent pas le besoin d'en savoir davantage. Fi
dèles à la communion du Siège apostolique, ils ne commenc
èrent à s'inquiéter que lorsque les papes Vigile et Pelage
leur semblèrent adopter, à propos des Trois Chapitres, des
attitudes apparemment contradictoires. Même alors, ils furent
loin de pratiquer la politique belliqueuse des Africains.
Enfin, on ne saurait oublier que le v9 et le vie siècle furent
pour la Gaule une époque particulièrement troublée. Pendant
que l'empire romain achevait d'y voir crouler les derniers
restes de son autorité, les royaumes barbares s'y établis
saient, à travers bien des vicissitudes. Plutôt que de prendre
parti en des controverses souvent subtiles, il fallait commenc
er par vivre. Maintenir et développer l'organisation ecclé
siastique; assurer les progrès de la moralité chrétienne parmi
les fidèles; s'entendre avec les nouveaux venus et les convert
ir à l'orthodoxie, c'étaient là des tâches bien suffisantes
pour occuper l'activité de nos évêques. Les seuls problèmes
doctrinaux dont se soucièrent les conciles du sud-est, la
région à la fois la moins troublée par les Barbares et la plus
fidèlement attachée aux traditions romaines, furent ceux de
la liberté et de la grâce : problèmes pratiques s'il en fut, et
dont la solution importait grandement aux prédicateurs ou
aux catéchistes; encore ne peut-on pas dire que ces questions
mêmes aient vraiment passionné l'opinion.
Malgré tout, les controverses christologiques du v* et du
vi* siècle se développèrent avec trop d'ampleur pour n'éveil- THÉOLOGIQUES DES Y* ET VI* SIÈCLES 25 CONTROVERSES
1er aucun écho dans les Églises de Gaule. Si affaiblis qu'ils
fussent en parvenant dans ces chrétientés lointaines, les
bruits des grandes querelles qui bouleversaient l'Orient s'y
firent encore entendre. Il est intéressant d'étudier les réper
cussions des hérésies nestorienne et monophysite dans nos.
pays : nous verrons en même temps l'indifférence des évê-
ques gaulois pour le détail des discussions et la force de
leur attachemenft aux doctrines enseignées par le Siège apos
tolique.
Jean Cassien et Léporius
Dès que parvinrent à Rome les premières nouvelles de
l'agitation créée à Constantinople par les discours de l'évê-
que Nestorius, le pape Célestin se préoccupa d'un enseigne
ment si manifestement contraire à la tradition et il eut à
cœur de le faire examiner de près par des théologiens. Le
diacre Léon communiqua à Jean Cassien, un des hommes les
plus savants de ce temps, bon connaisseur des choses de
l'Orient où il avait longtemps résidé, les sermons que Nesto-
rrus avait cru devoir envoyer à Rome et les traductions que
Marius Mercator, un Africain en résidence, à Constantinop
le, avait de son côté expédiées au pape; et il lui demanda
d'en composer au plus vite une réfutation.
Cassien ne crut pas pouvoir se dérober à la besogne qui
lui était confiée d'une manière aussi inattendue. Depuis qu'il
était venu se fixer à Marseille, aux environs de 410, il n'avait
guère eu d'autres préoccupations que celles de la formation
spirituelle des religieuses et des moines dont il dirigeait les
pieux exercices, et les seuls problèmes théologiques qui
avaient retenu son intérêt étaient relatifs à la grâce et au
libre arbitre : dans la Gaule méridionale, le pélagianisme
avait fait naguère de nombreuses recrues; et, même après
sa condamnation définitive, il avait conservé des partisans
plus ou moins avoués. Peut-être Cassden eût-il été assez em
barrassé en face de la tâche nouvelle que lui proposait saint
Léon; tout au moins se serait-il demandé comment il pourr
ait intéresser ses futurs lecteurs d'Occident à l'erreur de
Nestorius, s'il n'avait pas eu la bonne fortun

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