Notre-Dame de Paris pendant la Révolution - article ; n°147 ; vol.50, pg 109-124
17 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Notre-Dame de Paris pendant la Révolution - article ; n°147 ; vol.50, pg 109-124

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
17 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1964 - Volume 50 - Numéro 147 - Pages 109-124
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1964
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean Leflon
Notre-Dame de Paris pendant la Révolution
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 50. N°147, 1964. pp. 109-124.
Citer ce document / Cite this document :
Leflon Jean. Notre-Dame de Paris pendant la Révolution. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 50. N°147, 1964. pp.
109-124.
doi : 10.3406/rhef.1964.1732
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1964_num_50_147_1732NOTRE-DAME DE PARIS
PENDANT LA RÉVOLUTION
10 4 avril mai 1789, 1802, Veni Te Deum Creator pour la l'ouverture proclamation des États du Concordat Généraux ; :
c'est entre ces deux dates que s'inscrit l'histoire de Notre-Dame
pendant la Révolution. Treize années à étudier en trois quarts
d'heure. Et quelle années ! Il s'agit donc de se limiter à l'essent
iel sans se noyer dans le détail, sans perdre de vue tout l'ensemble.
Ce qui importe en effet, c'est d'atteindre le drame de fond qui
se vit sous ces voûtes ogivales plus encore que dans d'autres
cathédrales de France. Sans doute celles-ci connurent-elles
plus ou moins les mêmes contrastes ; mais à Notre-Dame ces
contrastes furent plus accusés qu'ailleurs, car, entre le Veni
Creator initial et le Te Deum final, au vénérable chapitre supprimé
en 1790 succédèrent l'évêque constitutionnel Gobel, le culte de
la Liberté et de la Raison, un entrepôt des vins de la République,
puis, après Thermidor, le simultaneum des cultes constitutionnel,
théophilantrope, décadaire et deux conciles de l'Église consti
tutionnelle en 1797 et 1801. Pourquoi ces antithèses ont-elles
à Notre-Dame plus de relief que dans les cathédrales de pro
vinces ? pourquoi se révèlent- elles plus significatives ? Parce
qu'elle est la cathédrale de Paris moteur de tout le mouvement
social, politique, religieux de la Révolution. Plus encore qu'aux
autres époques de sa longue histoire, Notre-Dame reflète ainsi
de façon particulièrement suggestive les vicissitudes de notre
histoire nationale. Ces antithèses y correspondent à l'anti
thèse de principe qu'on essaie de résoudre, celle de la Révolution
et de l'Église. Comment dans les cinq nefs de Maurice de Sully
l'une et l'autre s'affrontent ; comment des tentatives de rappro
chement, tantôt hésitantes et inquiètes, tantôt résolues et con
vaincues, y alternent avec des ruptures tragiques : voilà ce que
je voudrais tenter de mettre en lumière, pour aboutir à la fête
de Pâques 1802, où le bourdon, muet depuis dix ans, annonce
l'accord enfin conclu entre le Premier Consul Bonaparte, fils
de la Révolution, et le pape-moine Pie VII, qu'on a pu appeler
le pape des temps nouveaux. 110 J. LEFLON
I
Durant une première période, 1789-1790, on doit relever que
Mgr de Juigné et même le chapitre donnèrent, non sans mérite,
des preuves évidentes de bonne volonté. Le second pourtant
commença par de véhémentes protestations contre le règlement
royal du 24 janvier 1789 qui, pour l'élection des députés du
clergé aux États Généraux, violait ses droits traditionnels et
méconnaissait son insigne dignité. Le susdit règlement en effet
n'accordait aux vénérables chanoines qu'un représentant sur
dix, tandis que les bénéfîciers — le bas-chœur — en obtenaient
un sur vingt ; par surcroît on ne tenait aucun compte des titres :
les simples chapelains étaient plus considérés que les doyens,
archidiacres, chanceliers, théologals, etc. Or, ces protestations
n'eurent pour effet que de déchaîner la verve des pamphlét
aires, la plupart presbytériens. On compare « aux canons mili
taires qui ont la poudre et une lumière » leurs canons canoniaux
« sans lumière, mais non sans poudre qu'on jette aux yeux ».
On invoque Boileau, le poème du Lutrin, pour conclure : « Si
un curé est peu de chose en le mesurant à son territoire, qu'est-ce
qu'un chanoine mesuré à sa stalle ? »
La chapitre n'accueillit pas moins et fort cérémonieusement
dans sa cathédrale le 23 avril l'assemblée électorale des trois
ordres de Paris intra muros pour la messe du Saint-Esprit, le
24 celle de extra muros. Le lundi 4 mai, jour de l'ouverture
des États Généraux, Veni Creator des plus solennels. Tout
en effet est à l'esppir. Notre-Dame elle même paraît symboliser
l'accord qui règne dans un grand élan de sensibilité, comme on
disait alors. Les assemblées du district de la Cité y alternent
avec les offices des chanoines. Le 14 juillet, jour de la prise de
la Bastille, au nom de ceux-ci, « Monsieur le chantre vient assurer
la susdite assemblée qu'ils sont dans la résolution de contribuer
en ce qui dépend d'eux à ramener le calme et la tranquillité
publique » et on note que ses paroles « furent applaudies par tous
les assistants ». Le 15, après avoir couronné de fleurs à l'Hôtel
de Ville le nouveau maire de Paris, Bailly, qui remplaçait le
prévôt des marchands Flesselle, massacré la veille, Mgr de Juigné
entraîne les délégués de l'Assemblée Nationale à Notre-Dame
chanter un Te Deum pour « le rétablissement de la paix ». Un
don personnel de vingt mille livres pour les ouvriers sans travail -
du Faubourg Saint-Antoine témoigne par surcroît de son zèle
civique, tandis que les chanoines, se piquant d'honneur, allouent
à ceux-ci douze mille livres. Un Te Deum fut encore célébré NOTRE-DAME DE PARIS PENDANT LA RÉVOLUTION 111
à la cathédrale le 16 août à l'occasion des sacrifices consentis
pendant la nuit du 4 par les Ordres privilégiés sur l'autel
de la patrie, mais avec un empressement beaucoup moindre.
Ce sera d'ailleurs le dernier d'une série d'actions de grâces, plus
résignées que joyeuses, ordonnées par l'archevêque ou le corps
capitulaire.
Le 15 septembre l'archevêque et le chapitre donnent encore
une nouvelle preuve de civisme en bénissant avec solennité les
soixante drapeaux de la Garde nationale parisienne. Mais les
journées d'octobre, qui ramènent le roi à Paris, tendent la situa
tion. Le 15, l'Assemblée nationale s'installe à l'archevêché et
dans les locaux du chapitre ; la commission des finances siège la salle capitulaire. La paix du cloître ne pâtit pas seul
ement de la cohabitation avec les députés, de l'afflux des voitures ;
l'agitation populaire devient menaçante. Odieusement accusé
d'affamer la capitale, le très charitable M. de Juigné prend ses
passeports et donne le signal de l'émigration du haut-clergé
aristocratique. Le chapitre, lui, demeure et donne un autre
exemple, celui des dons patriotiques en envoyant à la Monnaie
413 marcs 3 onces 10 deniers d'argent et son grand lampadaire.
Cette contribution volontaire n'était que le prélude à un dépouil
lement total, que lui impose, le 2 novembre, la nationalisation
des biens d'Église ; la perte de ses revenus, qui s'élevaient à
621.172 livres annuelles, annonçait sa fin. Il l'avait si bien comp
ris que dès le jour de la Toussaint, il décida de supprimer les
chœurs et les instruments de musique. On lui accorde toutefois
quelques mois de survie.
Avant de disparaître, il dut encore recevoir en cérémonie les
66 drapeaux de la ci-devant Garde française, car la Municipal
ité avait décidé que les susdits drapeaux « ne pouvaient être
déposés dans un lieu plus convenable que près du sanctuaire de
l'Église Notre-Dame ». Ce geste si pieux n'en visait pas moins
à célébrer la victoire du peuple sur la royauté, privée de sa garde
et réduite à la protection de la garde nationale. Une visite de
Louis XVI et de Marie- Antoinette à la cathédrale, le 10 février 1790,
souligna par surcroît le déclin de cette royauté, car Leurs Majestés
avaient fait savoir qu'elles ne voulaient pas de réception. Tout
se borna à une messe basse dans une chapelle ; le bourdon resta
muet ; on ne sonna que la cloche du chapitre ; aucun chant,
sauf après la messe, celui du Domine salvum exécuté par les
enfants de chœur. Les jours du chapitre étaient alors comptés.
Après le vote de la Constitution civile du C

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents