Origine et évolution du panthéon de Tyr - article ; n°2 ; vol.164, pg 133-163
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Revue de l'histoire des religions - Année 1963 - Volume 164 - Numéro 2 - Pages 133-163
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Comte Du Mesnil Du Buisson
Origine et évolution du panthéon de Tyr
In: Revue de l'histoire des religions, tome 164 n°2, 1963. pp. 133-163.
Citer ce document / Cite this document :
Du Mesnil Du Buisson . Origine et évolution du panthéon de Tyr. In: Revue de l'histoire des religions, tome 164 n°2, 1963. pp.
133-163.
doi : 10.3406/rhr.1963.7927
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1963_num_164_2_7927Origine et évolution
du panthéon de Tyr
Aux dires d'Hérodote (II, 44), la fondation du temple de
Tyr se situerait vers l'année 2750 ou 2740 avant J.-C.1. L'aspect
du haut lieu primitif nous est connu par des monnaies de la
ville de l'époque impériale romaine (fîg. 1). On y voyait deux
bétyles ou pierres dressées et, à côté, le tronc noueux d'un
olivier, qui jouait le rôle d'arbre sacré2. Un feu était entre
tenu à cet endroit sur un pyrée ou thymiatérion, aussi repré
senté, et l'on remarque une source qui jaillit au pied des
bétyles3. Les pierres dressées et l'arbre qui les ombrageait
sont caractéristiques des hauts lieux sémitiques auxquels
il est fait plusieurs fois allusion dans ГА.Т., « sur toute col
line, sous tout arbre vert »4.
Comme on le voit sur les monnaies, les deux bétyles du
haut lieu de Tyr placés l'un près de l'autre, avaient ici une
forme arrondie du sommet, et étaient posés sur une base
rectangulaire. L'inscription les nomme AMBPOZIE ПЕТРЕ,
« Pierres divines ».
1) G. Maspero, Hist. anc. des peuples de V Orient, 3e éd., 1878, p. 192.
2) E. Will, Au sanctuaire d'Héraclès à Tyr, Berylus, X, 1950-1953, p. 4, fig. 1.
3) Ibid., p. 4. n. 1. Cette source toutefois ne pouvait nullement alimenter la
ville, voir Ciiabas, Le voyage ď un Égyptien, p. 165-171, citant le Papyrus Anaslasie,
I, pi. XXI, 1. 1-2.
4) II Rois, XIV, 23; DeuL, XII, 2-3 ; Jér., II, 20. Sur ce type de haut lieu
sémitique, voyez É. Dhorme, L'évolution rel. d'Israël, I, 1907, p. 149 s. ; A. -G. Bar-
rois, Précis ďarch. ЫЫ., 1935, p. 160-166 ; L.-II. Vincent, La notion biblique
du haut lieu, Rev. ЫЫ., 1948, p. 245-278, 438-445. A Ras-Shamra, un ordre divin
peut être donné par « le message de l'arbre et le chuchotement de la pierre », sans
doute un oracle d'un haut lieu, joint à d'autres signes. Virolleaud, La déesse
'Anal, p. 35, 1. 19-20. Autre allusion à un haut lieu de ce type dans le poème de
La naissance des dieux gracieux et beaux, « là, tu seras un hôte pour les pierres et
pour les arbres, sept ans » (Virolleaud, Syria, 1933, p. 132, 1. 66). REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS KM
L'olivier est placé entre les deux pierres ou sur le côté.
Les arbres, objets de culte, peuvent être d'essences diverses :
chêne, peuplier, térébinthe1. Nous avons découvert à Mishrifé-
Qatna, sur la butte de l'église, un haut lieu de ce type2.
L'arbre sacré était un cèdre. L'olivier de Tyr perpétuait
« l'olivier embrasé » qui avait joué un rôle essentiel dans la
légende de la fondation de la ville3 ; le souvenir en était
rappelé lorsque la fumée du pyrée se mêlait aux branches.
Sur l'acropole d'Athènes, on trouvait un arbre sacré de même
essence. A Tyr, il devait exister dans d'autres sanctuaires
des arbres du même genre, mais d'espèces différentes. Sur une
monnaie de cette ville d'Alexandre-Sévère sont groupés un
palmier et une statue du silène Marsyas, symbole des libertés
coloniales4 ; ce sont évidemment deux sacra groupés dans un
temple apparemment différent de celui du haut lieu. Sur une
autre monnaie de Tyr, le palmier sacré se trouve auprès d'un
bétyle en forme d'œuf5, autour duquel s'enroule un ser
pent6. Sur un bronze provenant de Sidon, trois cyprès en
forme de fuseau avoisinant deux lions devaient avoir quelque
rapport avec un sanctuaire de la ville7. Dans les temples de
Palmyre, on trouvait un palmier et un cyprès, ce dernier,
symbole et demeure de Malakbêl8.
La création du temple de Tyr noté par Hérodote a consisté
i: Osée, IV, 13.
2) Du Mesnil du Buisson, Le sile arch. de Mishrifé-Qalna, 1935, p. 97-111 :
question de l'ashéra, p. 109 s.
3} Will, lue. cit., p. 3, avec reference à Achille T.vtius, Leucippê et Clilophôn,
II, 14, et à Nonnos, Dionys., en. XL, vers 442 s.
4) II. Hamburger, Israel Exploration Journal, IV, 1954, p. 223, n° 131, pi. 20.
Sur des monnaies de Damas, une statue semblable est à côté d'un cyprès.
5) A. B. Cook, Zeus, III, IIe partie, p. 9X2, fg. 791 ; Babelon, Les Perses
Achéménides, p. 328, ri° 2240, pi. 37, 5; p. 339, n° 2296, pi. 37, 29; Hill, Brit.
Mus., Phoenicia, pi. 33, H. On y reconnaîtra peut-être l'aérolithe qu'Astarté
« transporta à Tyr pour le consacrer dans l'île sainte », Philo n de Byih.cs,
Fratrm. II, 24.
6) Le serpent, souvent associé à l'aigle sur les monnaies de Tyr, paraît être
un symbole d'immortalité qui conviendrait à Fa'al Shamîm, cf. notre étude des
Mélanges H. Moulerde, II, p. 150. Il n'est pas exclu toutefois que le serpent soit
ici un symbole d'Eshmoun — - Asclépios.
7} II. Seyrig, Syria, 1937, p. 204, fîtrure 2 ; Du Mesnil du Buisson, 1rs
less, et les monn. de Palmyre, p. 197, Пц. 134, 2.
8) Les less, et les monn. de Palmtjre, p. 439. ORICxINE ET EVOLUTION DU PANTHEON DE TYR 135
sans doute à entourer d'une enceinte l'arbre sacré et les deux
bétyles1.
On se demandera quels dieux habitaient ces trois sacra.
La réponse est encore donnée par les monnaies romaines de
Fig. 1. — Monnaies romaines de Тут représentant le haut lieu de la ville, et
les divinités qui y étaient adorées au me siècle après .!.-(]. D'après A. В. Соок,
Zeus, IV, fitr. 783-789 fpour la dernière reproduction, voyez aussi, I, p. 530, iïg. 4024
Tyr (firr. 1, en bas)2. Sur l'une, on voit, à côté du haut lieu,
une déesse voilée, debout, avec son nom ЕТРППН, inscrit
à droite, et le taureau bondissant hors de la mer, évidem-
1) « L'emplacement sacré à l'intérieur d'un péribole », то 8z yapiov icpôv
èv терфоХф, Achille Taiius, Leucippê et (Hilophôn, II, 14 s., éd. (iasoln>.
1917, p. 80's.
2) Will. lor. cil., p. 4., fi p. I, n°« 787-789. 136 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
ment Zeus-taureau, à gauche1. Sur une autre, Océanos étendu,
avec son nom inscrit au-dessous : DKEANOS, montre de son
bras étendu la source sortant de sous les pierres dressées :
c'est peut-être l'ancien dieu de la mer des textes de Ras-
Shamra, Yam, devenu le protecteur et le dieu de la source.
[Jne autre monnaie encore2 désigne Héraclès-Melqart, le
ha ni de Tyr, comme le dieu du temple. En combinant ces
images, on pensera que les dieux principaux du haut lieu
étaient le couple Zeus et Europe et un dieu-fds, le ha al
de Tyr, triade familiale typiquement méditerranéenne ;
Océanos aurait eu un domaine un peu en marge : la source.
Il nous faut maintenant rechercher les noms sémitiques
de ces divinités. Pour le dieu-fils, il n'est jamais désigné
que sous les appellations de « Maître de Tyr » (ETL SWR) ou de
« Roi de la cité » (MLQRT). A partir du ve siècle avant J.-C,
il est devenu l'Héraclès tyrien. Son nom originel nous sera
sans doute toujours inconnu. Zeus-Taureau: dieu-père, cor
respond évidemment à Shor El, le Taureau-Él, le père des
dieux des textes de Ras-Shamra. On en conclura qu'Europe
devenue l'épouse de Zeus-Taureau s'identifie avec l'épouse
de Shor El, Ashérat Yam, dite aussi « la grande Ashérat de la
mer »3.
Mais cette identification ouvre une perspective. On sait
par ГА.Т.4 que la déesse nommée 'Ashêrâh ou 'Asheîràh en
hébreu, nom correspondant à 'Ashérat en phénicien, avait
dans les hauts lieux la forme d'un arbre sacré ou d'un tronc
d'arbre5 : arbre vert à l'origine, mais il est évident que.
1) Sur une monnaie du Cabinet des Médailles (Tyr, n° 2258,!, le taureau est
représenté dans une frise au-dessous du bétyle de gauche.
2) Cabinet des Médailles, Tyr, n° 2198.
3) VmoLLEAUD, La déesse 'Anal, p. 70 et 83.
4) Gesenius-Brown, Lex., 1929, p. 81

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