Outres enflées de rire. A propos de la fête du dieu Risus dans les « Métamorphoses » d Apulée - article ; n°2 ; vol.209, pg 125-147
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Outres enflées de rire. A propos de la fête du dieu Risus dans les « Métamorphoses » d'Apulée - article ; n°2 ; vol.209, pg 125-147

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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1992 - Volume 209 - Numéro 2 - Pages 125-147
Goatskins filled with laughter. The feast of the god Risus in Apuleius' « Metamorphoses ».
In the Metamorphoses Apuleius based the feast of the god Risus on Greek and Roman models, though Risus cannot be completely assimilated with any specific Greek or Roman deity. What is original about this episode, as several specialists have confirmed, is its role in the economy of the narrative. In this essay the author puts forward a new hypothesis for interpretation : at Hypata, the Thessalonian city of magic, Risus was undoubtedly a great god, a probaskanion god. Moreover, the goatskin episode, the nucleus of the feast of the god Risus, would appear to originate from a Greek source : in Aristophanes' Thesmorphorazusae goatskins are sacrificed for the first time in comic theatre.
La fête du dieu Risus dans les Métamorphoses a été créée par Apulée d'après des modèles rituels gréco-romains. Cependant Risus ne peut être assimilé entièrement à aucune divinité grecque ou romaine. L'originalité de cet épisode réside — plusieurs spécialistes l'ont démontré — dans sa fonctionnalité pour l'économie du récit. Une nouvelle hypothèse de lecture est proposée ici par l'auteur : à Hypata, ville thessalienne de la magie, Risus est sans aucun doute un grand dieu, un dieu probaskanion. Par ailleurs, l'épisode des outres, le noyau de la fête du dieu Risus, semble naître d'une source grecque : les Thesmophories d'Aristophane où, pour la première fois, des outres ont été sacrifiées sur la scène comique.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Silvia Milanezi
Outres enflées de rire. A propos de la fête du dieu Risus dans
les « Métamorphoses » d'Apulée
In: Revue de l'histoire des religions, tome 209 n°2, 1992. pp. 125-147.
Abstract
Goatskins filled with laughter. The feast of the god Risus in Apuleius' « Metamorphoses ».
In the Metamorphoses Apuleius based the feast of the god Risus on Greek and Roman models, though Risus cannot be
completely assimilated with any specific Greek or Roman deity. What is original about this episode, as several specialists have
confirmed, is its role in the economy of the narrative. In this essay the author puts forward a new hypothesis for interpretation : at
Hypata, the Thessalonian city of magic, Risus was undoubtedly a great god, a "probaskanion" god. Moreover, the goatskin
episode, the nucleus of the feast of the god Risus, would appear to originate from a Greek source : in Aristophanes'
"Thesmorphorazusae" goatskins are sacrificed for the first time in comic theatre.
Résumé
La fête du dieu Risus dans les Métamorphoses a été créée par Apulée d'après des modèles rituels gréco-romains. Cependant
Risus ne peut être assimilé entièrement à aucune divinité grecque ou romaine. L'originalité de cet épisode réside — plusieurs
spécialistes l'ont démontré — dans sa fonctionnalité pour l'économie du récit. Une nouvelle hypothèse de lecture est proposée ici
par l'auteur : à Hypata, ville thessalienne de la magie, Risus est sans aucun doute un grand dieu, un dieu "probaskanion". Par
ailleurs, l'épisode des outres, le noyau de la fête du dieu Risus, semble naître d'une source grecque : les "Thesmophories"
d'Aristophane où, pour la première fois, des outres ont été sacrifiées sur la scène comique.
Citer ce document / Cite this document :
Milanezi Silvia. Outres enflées de rire. A propos de la fête du dieu Risus dans les « Métamorphoses » d'Apulée. In: Revue de
l'histoire des religions, tome 209 n°2, 1992. pp. 125-147.
doi : 10.3406/rhr.1992.1606
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1992_num_209_2_1606SILVIA MILANEZI
OUTRES ENFLÉES DE RIRE
A propos de la fête du dieu Risus
dans les « Métamorphoses » d'Apulée
La fête du dieu Risus dans les Métamorphoses a été créée
par Apulée d'après des modèles rituels gréco-romains. Cependant
Risus ne peut être assimilé entièrement à aucune divinité grecque
ou romaine. L'originalité de cet épisode réside — plusieurs
spécialistes Vont démontré — dans sa fonctionnalité pour l'éc
onomie du récit. Une nouvelle hypothèse de lecture est proposée
ici par l'auteur : à Hypata, ville thessalienne de la magie, Risus
est sans aucun doute un grand dieu, un dieu probaskanion. Par
ailleurs, l'épisode des outres, le noyau de la fête du dieu Risus,
semble naître d'une source grecque : les Thesmophories d'Aris
tophane où, pour la première fois, des outres ont été sacrifiées
sur la scène comique.
Goatskins filled with laughter.
The feast of the god Risus in Apuleius' « Metamorphoses »
In the Metamorphoses Apuleius based the feast of the god
Risus on Greek and Roman models, though Risus cannot be
completely assimilated with any specific Greek or Roman deity.
What is original about this episode, as several specialists have
confirmed, is its role in the economy of the narrative. In this
essay the author puts forward a new hypothesis for interpre
tation : at Hypata, the Thessalonian city of magic, Risus was
undoubtedly a great god, a probaskanion god. Moreover, the
goatskin episode, the nucleus of the feast of the god Risus, would
appear to originate from a Greek source : in Aristophanes'
Thesmorphorazusae goatskins are sacrificed for the first time
in comic theatre.
Revue de l'Histoire des Religions, ccix-2/1992, p. 125 à 147 Les Métamorphoses d'Apulée s'ouvrent sous le signe de
l'aventure, de l'amour et de la magie. Ces éléments qui mettent
en marche le récit ont pour dénominateur commun la curio-
siias de Lucius, protagoniste et catalyseur de l'action. En
effet, Lucius éprouve une soif immodérée de connaissances
— «non quidem curiosum sed qui velim scire uel cuncia uel cerie
plurima»1 — surtout pour ce qui a traita la magie. Afin que le
public-lecteur participe mieux à ses aventures picaresques
Lucius choisit, pour tisser ses fabulae, d'utiliser le sermo mile-
sius2. Riche en couleurs, ce discours fait du public un allié
inconditionnel du protagoniste : c'est un murmure ensorceleur
qui transforme un simple récit en spectacle plaisant, comique.
Il n'est donc pas étonnant que la joie et le rire occupent
une place privilégiée dans les Métamorphoses. En effet, les
récits qui se multiplient à l'intérieur du récit principal en le
développant ou en l'éclairant débutent et se clôturent presque
toujours, du moins dans cette première partie, par le rire. Il
faut souligner l'originalité de cet emploi fonctionnel du rire,
qui culmine par l'introduction de la fête du dieu Risus à
Hypata. Cet épisode est d'autant plus remarquable qu'il est le
premier où Lucius soit confronté à la magie, du moins en tant
que protagoniste, actor de son récit. De plus, la fête du dieu
Risus ouvre en quelque sorte la voie à ses aventures — la méta
morphose en âne, puis la réintégration dans sa vraie nature.
1. Met., I, 2, 6. Sur la curiositas de Lucius, voir A. Labhardt, Curiositas :
notes sur l'histoire d'un mot et d'une notion, MH, 17, 1960, p. 206-224; J. G. Defï-
lippo, Curiosilas and the Platonism of Apuleius Golden Ass, AJPh, 111, 1990,
p. 471-492.
2. Sermo milesius, genre littéraire introduit à Rome par Sisenna, traducteur
des Milesiaka d'Aristide et son imitateur : ce genre littéraire est caractérisé par
la diversité « des incidents et l'absence de rigueur dans le développement »
(P. Vallette, Introduction aux «Métamorphoses », p. ххш), et aussi, semble-t-il,
par la licence, voire le libertinage (cf. Plut., Crassus, 32, 3). Cf. aussi A. Mazza-
rino, La Milesia e Apuleio, Torino, 1950 ; G. Walsh, The Roman Novel : The
Salyricon of Petronius and the Metamorphoses of Apuleius, Cambridge, 1970,
p. 10-18. Outres enflées de rire 127
Fête singulière que celle du dieu Risus, d'autant plus
qu'Apulée la présente comme un hapax dans la civilisation
gréco-romaine en faisant dire à Byrrhena : « Quo die soli
morlalium sanciissimum deum Risum hilaro atque gaudiali
ritu propiiiamus »3 (Ce jour, seuls entre tous les mortels nous
propitions le très saint dieu Risus par un rite rieur et joyeux).
Mais cette fête, est-elle vraiment un hapax ? Risus a-t-il
fait l'objet d'un culte en Grèce ou à Rome ? Ici se pose
d'emblée le problème des sources.
Les sources anciennes sont très pauvres en ce qui concerne
ce dieu. Plutarque, citant Sosibios, affirme qu'à Sparte il y
avait un áyaXjxáTiov, « petite statue », et un íepóv, « sanc
tuaire » dédiés à FéXtoç4. Selon Plutarque Vagalmation de ce
dieu avait été consacré par Lycurgue. Mais l'auteur ne se
soucie pas de donner d'autres précisions : Gelôs recevait-il
des offrandes ? Lesquelles ? Avait-il droit à une fête ?
Certes à Sparte — toujours selon les écrits de Plutarque —
il est à maintes reprises question du rire, les plaisanteries
jouant un rôle très important dans la vie de la communauté.
Le rire trouve sa place dans l'éducation (agôgê) des semblables
ou égaux (homoioi), les citoyens guerriers, aussi bien que
dans leurs banquets et passe-temps. Plutarque tient à pré
ciser la nature fonctionnelle du rire — les plaisanteries et le
rire sont associés aux discussions des citoyens et surtout au
blâme qui frappe les discours et les actions non conformes à
l'esprit de la cité :
'AXXà то 7rXeb<jTOv ^v t?jç TOiaUTYjç оЧатрь6т)с êpyov ETiaivsZv ti t<5v
xaX&v yj twv саохр&ч «péyeiv {Aexà TcatSiaç xal уеХсатос, èXaçpéoç
U7rocpépovToç eîç vou8eo4av xal o46p6co<uv. OùSè yàp ocÛtoç 3jv àxpaxcoç
aùarrçpoç 'о Auxoupyoç* 'aXXà xal то тои ГеХсатос ayaXfJuxTiov èxetvov
3. Met., H, 31, 2.
4. Cf. L

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