Religion indo-européenne. Examen de quelques critiques récentes (John Brough, I ; Angelo Brelich) - article ; n°1 ; vol.152, pg 8-30
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Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1957 - Volume 152 - Numéro 1 - Pages 8-30
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Dumézil
Religion indo-européenne. Examen de quelques critiques
récentes (John Brough, I ; Angelo Brelich)
In: Revue de l'histoire des religions, tome 152 n°1, 1957. pp. 8-30.
Citer ce document / Cite this document :
Dumézil Georges. Religion indo-européenne. Examen de quelques critiques récentes (John Brough, I ; Angelo Brelich). In:
Revue de l'histoire des religions, tome 152 n°1, 1957. pp. 8-30.
doi : 10.3406/rhr.1957.8716
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1957_num_152_1_8716Religion indo=européenne
Examen de quelques critiques récentes
(JOHN BROUQH, I ; ANQELO BRELICH)
Le Troisième Programme de la В. В. С a récemment
comporté une série d'intéressantes conférences sur les Indo-
Européens. Dans la première (31 mars 1957) — « La décou
verte des Indo-Européens » — , le professeur L. R. Palmer, le
comparatiste d'Oxford, a bien voulu mentionner favorable
ment mon travail1. Dans la seconde (10 avril) — « Les Indo-
Iraniens » — , le professeur J. Brough, l'indianiste de Londres,
m'a au contraire attaqué avec vivacité. Après quelques indica
tions sur les principaux peuples du groupe et hypo
thèses légères sur les temps et modalités de leurs migrations,
il a oublié son sujet et entrepris de ruiner trois de mes propos
itions, non pas indo-iraniennes, mais indo-européennes, prises
comme exemples typiques (l'une étant même qualifiée, ce
qu'elle n'est pas, « the central dogma of the Dumézil rel
igion »), et il a ainsi gagné sa conclusion : « From the Indo-
Iranian point of view, I should hesitate to say that Dumézil's
studies have done much to increase our knowledge of the
religion and social structure of the Indo-Iranians. » Voici les
raisons pour lesquelles cette condamnation ne m'inquiète pas.
Parlant from the I ndo- Iranian point of view, Brough
devait — c'est la condition d'une critique qui se veut déci
sive — m'attaquer sur ce qui, si j'ai raison, est mon principal
1) Je signale, en cette occasion, qu'un essai de synthèse et de mise au point
générales paraîtra bientôt, en allemand, dans la Rowohlts deutsche enzyklopàdie,
sous le titre : Die dreiteilige Gedankenwelt der Indo-Germanen. INDO-EUROPÉENNE 9 RELIGION
apport aux études indo-iraniennes, à savoir, en trois points
solidaires1 : 1° l'explication de la liste des dieux arya de
Mitani par la référence à des rituels et à des passages d'hymnes
védiques qui la contiennent aussi et auxquels ni Sten Konow
ni ses successeurs n'avaient pris garde ; 2° l'explication du
groupement hiérarchisé de dieux védiques ainsi reconnu
(Mitra-Varuna ; Indra ; les deux jumeaux Nâsatya) par trois
divisions de la structure idéologique (ce que j'appelle « fonc
tions », pour faire court), clairement indiquées dans plusieurs
des contextes ; 3° l'explication de la liste hiérarchisée des
six Entités zoroastriennes comme la sublimation systéma
tique de la liste de ces mêmes cinq dieux, complétée par une
déesse. Voilà ce qu'il fallait abattre ou reconnaître : si cela
tient, quelque erreur que je puisse commettre par ailleurs,
l'interprétation de la théologie védique et celle de la théologie
zoroastrienne prennent un tour nouveau2. Brough n'en parle
pas.
Un des trois exemples de mes erreurs de méthode concerne
l'interprétation de Mitra et de Varuna.
On the basis of the Vedic divine pair, Mitra and Varuna, Dumézil
has evolved the concept of dual divine sovereignty. as he
says, represents the aspect which is inspired, unforeseable, frenzied,
swift, magique, terrible, sombre, tyrannical and so forth ; while Mitra
symbolizes that which is regulated, exact, majestic, slow, juridical,
benevolent, liberal. Varuna is the divine magician, Mitra the divine
jurist. I don't think anyone could have guessed this from reading
1) 1° Naissance d'Archanges, 1945, chap. Ier; 2° « Mitra-Varuna, Indra, les
Nâsatya comme patrons des trois fonctions cosmiques et sociales », Studia Lin-
guistica (Lund), I, 1947, p. 121-129 ; développé dans Jupiter Mars Quirinus IV,
1948, p. 13-35 ; 3° Naissance d'Archanges, chap. II-V, complété, pour la déesse,
par Tarpeia, 1947, p. 38-65 ; et synthèse dans Les dieux des Indo-Européens,
1952, p. 14-22.
2) En second lieu, Brough devra s'attaquer à l'explication des souverains
mineurs indo-iraniens Aryaman et Bhaga et généralement à la mise en place
des dieux souverains, Les dieux des Indo-Européens, chap. II ; en troisième lieu,
à l'article fondamental de S. Wikander sur « Le fond mythique du Mahâbhâ-
rata », Religion och Bibel, VI, 1947, p. 27-39, et aux prolongements qui en ont
été proposés. Voilà l'essentiel de notre bilan indo-iranien. 10 REVUE DE L'HISTOIRE DES RELIGIONS
the hymns of the whole Rigveda addressed to these deities. In
these Mitra's personality is almost completely overshadowed
by that of Varuna ; and though Varuna punishes the sinner terribly,
he is above all the great moral divinity of the Rigveda, and equally
with Mitra is the preserver of the divine law and order of the Uni
verse. Some of the hymns to Varuna are in fact strongly remi
niscent of the Hebrew penitential psalms, and in his majesty and
dignity Varuna is much more like Yahwe of the Old Testament than
the Germanic Othinn, with whom Dumézil compares Varuna.
Il arrive, dans le cours d'un livre, qu'on ait à ramasser
brièvement, presque grossièrement, de longues analyses
détaillées et nuancées qu'on a données ailleurs. Est-il loyal de
la part du critique de saisir au passage, isolée, une de ces
formules de rappel et de taire les analyses fondamentales ?
Mais Brough devait d'autant moins s'emparer ici de la formule
particulière qu'il cite, que cette formule ne s'applique pas,
dans mon livre, au couple védique ; elle résume Y ensemble des
oppositions, de même sens et de nuances différentes, qui
s'observent dans les couples homologues des diverses religions
indo-européennes. Elle se trouve dans la conclusion du livre
Mitra-Varuna (qui est un livre comparatif !), 2e éd., p. 207,
et voici dans quel contexte :
... De même l'analogie du yâng et du yïn nous décharge de l'em
barras de définir exactement, par sa matière, notre couple indo-
européen : il échappe à la définition parce que, lui aussi, il est essen
tiellement un mode de pensée, un principe formel de classification.
Tout au plus peut-on Г échantillonner, dire par exemple que l'un des
deux termes (Varuna, etc.) recouvre ce qui est inspiré, imprévisible,
frénétique, rapide, magique, terrible, sombre, exigeant, totalitaire,
iunior, etc., tandis que l'autre (Mitra, etc.) recouvre ce qui est réglé,
exact, majestueux, lent, juridique, bienveillant, clair, libéral, distri-
butif, senior, etc. Mais il est vain de prétendre partir d'un élément
de ces « contenus » pour en déduire les autres.
Les lecteurs du livre n'ont pas de peine à reconnaître, par
exemple, que « inspiré » fait allusion à Ódinn, « frénétique »
aux Luperques, iunior et senior à Romulus et à Numa, « tota
litaire » et « distributif » aux faits germaniques étudiés dans
le chapitre VIII, et ainsi de suite. Comment Brough peut-il
détourner ce texte de sa signification évidente, soulignée par INDO-EUROPÉENNE 11 RELIGION
les deux « etc. », qui suivent dans les parenthèses les noms
de Varuna et de Mitra ? Et pourquoi, s'agissant uniquement
de ces dieux védiques, ne m'attaque-t-il pas sur la page 42
des Dieux des Indo-Européens qui donne un résumé circons
tancié de leur statut ? Chaque proposition de ce résumé fait
allusion à un ou plusieurs textes védiques bien connus, qui se
lisent soit dans les hymnes, soit dans les livres liturgiques,
— car (c'est là un point préalable sur lequel Brough aurait
dû justifier sa position contraire) je suis de ceux qui ne
pensent pas, malgré la différence des dates d'attestation,
qu'on puisse couper les hymnaires des Brâhmana : rajeunis,
compliqués, mais non défigurés, beaucoup de rituels décrits
dans les Brâhmana prolongent certainement des rituels qui
se pratiquaient au temps de la rédaction des hymnes1. Voici
donc ce que j'écrivais en 1952 :
L'opposition et la composition de

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