Remarques critiques sur une liste des saints de France - article ; n°119 ; vol.31, pg 219-236
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1945 - Volume 31 - Numéro 119 - Pages 219-236
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1945
Nombre de lectures 22
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Gustave Bardy
Remarques critiques sur une liste des saints de France
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 31. N°119, 1945. pp. 219-236.
Citer ce document / Cite this document :
Bardy Gustave. Remarques critiques sur une liste des saints de France. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 31.
N°119, 1945. pp. 219-236.
doi : 10.3406/rhef.1945.2998
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1945_num_31_119_2998REMARQUES CRITIQUES
SUR UNE LISTE DES SAINTS DE FRANCE
I. qu'un Remarques saint de générales. France ? — Qu'est-ce Est-il possible qu'un de saint fixer, ? même Qu'est-ce approximatmême
ivement, une chronologie ? — Histoire et légende : comment les. dis
tinguer l'une de l'autre ? — Est-il possible de dresser actuellement
des listes tant soit peu complètes et exactes ? — Ce que pourrait être
un essai critique.
II. Remarques particulières sur quelques saints de Bourgogne et
de Franche-Comté. — La liste épiscopale de Besançon. — Les martyrs
bourguignons de la persécution d'Aurélien. — Le cycle de Chrocus.
M. Cristiani, doyen de la Faculté catholique des lettres de
Lyon, a publié, dans le précédent fascicule, une Liste chrono
logique des saints de France, des origines à l'avènement de&
Carolingiens. Il invite si cordialement les travailleurs à cor
riger ses imperfections, à signaler ses lacunes, à redresser
même ses erreurs, que je me sens encouragé à lui soumettre
un certain nombre de desiderata, avec l'espoir de ne pas être
jugé trop sévèrement à mon tour, si je m'engage sur un terrain
aussi difficile à explorer que celui de notre hagiographie
nationale.
A vrai dire, l'œuvre entreprise par M. Cristiani se présente
comme quelque chose de formidablement compliqué, voire
d'irréalisable, dès qu'on réfléchit à toutes les exigences qu'elle
implique. Une liste des saints de France doit être aussi comp
lète que possible, c'est-à-dire ne laisser tomber aucun nom
qui ait en sa faveur de sérieuses garanties. Elle doit être
critique et par suite faire table rase de tous les saints légen
daires, surtout de ceux dont on est sûr qu'ils n'ont jamais»
existé. Elle doit être brève, et donc supposer les problèmes
résolus, sous peine de se transformer en un monumental tra
vail d'érudition. Elle doit être utilisable, ce qui suppose qu'elle
fournisse au moins les éléments essentiels d'une bibliogra
phie et le relevé des principales sources. Faute de ces qualités. 220 REVUE D'HISTOIRE DE L'ÉGLISE DE FRANCE
et sans doute de beaucoup d'autres encore, elle risque de ne
pas rendre tous les services qu'on peut en attendre. Nous
possédons sous un format maniable, des recueils tels que le
Dictionnaire d'hagiographie de dom Baudot, qui est judicieu
sement composé et qui, malgré des lacunes et des erreurs
trop évidentes, est apte à rendre des services aux hommes
pressés. Il est évident a priori que M. Cristiani a voulu faire
quelque chose d'autre qu'une compilation, quelque chose de
mieux informé et de plus scientifique, et qu'il n'a pas dû se
contenter de ranger selon l'ordre chronologique ce que d'au
tres avaient rangé alphabétique. A-t-il réussi
dans la tâche à laquelle il s'était généreusement attelé ?
La première question qui se pose est naturellement celle-ci :
qu'est-ce qu'un saint ? Il est aujourd'hui facile d'y répondre,
car l'Église catholique interdit de donner le nom de saint aux
personnages qu'elle n'a pas canonisés d'une manière solen
nelle, tout au moins à ceux dont elle n'a pas autorisé
le culte liturgique. Personne n'ignore les longues enquêtes
auxquelles se livrent ses représentants, avant qu'elle se décide
à proclamer la sainteté d'un de ses fils. Personne n'ignore
surtout que la première des conditions requises des candidats
à la canonisation est l'héroïcité des vertus, si bien que pour
nous, un saint est essentiellement un homme qui se recom
mande à la vénération et à l'imitation par ses qualités mor
ales.
Toutes ces notions familières se brouillent lorsqu'il s'agit
des saints des premiers siècles; et la question la plus import
ante, il faut même dire la seule qui doive être posée, lors
qu'on veut savoir si un personnage donné a droit au titre de
saint est relative au culte dont il a ou n'a pas été honoré.
S'il y a eu un culte public, on peut et on doit regarder ledit
personnage comme un saint. Sinon, quelle qu'ait pu être sa
renommée, il faut lui refuser ce titre. Nul en son temps n'a
été plus illustre qu'Origène. Nul ne s'est montré plus héroï
que devant la souffrance. Nul n'a servi l'Église avec autant
de fidélité. Jamais pourtant on n'a célébré sa mémoire par des
cérémonies cultuelles : Origène n'est pas un saint. Il est inut
ile d'ailleurs d'insister sur ce point. Les beaux travaux du
R. P. Delehaye, en particulier son ouvrage intitulé Sanctus, REMARQUES CRITIQUES SUR UNE LISTE DE SAINTS 221
Essai sur le culte des saints dans l'antiquité1, sont entre tou
tes les mains; ils rappellent à la fois la multitude de ceux qui,
à un moment ou à un autre, ont été, soit dans l'Église univers
elle, soit surtout dans un diocèse ou un monastère,
l'objet d'un véritable culte et la difficulté qu'éprouvent les
historiens soit à légitimer ce culte, soit même à le distinguer
nettement de la simple commémoraison.
Aussi bien, M. Cristiani pourrait-il me faire observer qu'il
n'avait pas à se préoccuper de ce point. Il a pris le terme de
saint dans son acception la plus générale; il a retenu les
noms qui figurent dans les martyrologes, ou plus simplement
encore ceux qu'ont retenus avant lui les rédacteurs des Acta
Sanctorum. Cela suffit. Nous pouvons d'ailleurs nous content
er de cette réponse qui est bonne. Si j'ai soulevé le problème,
c'est seulement pour rappeler à quelques personnes mal i
nformées qu'il n'est pas commode de définir la sainteté quand
on parle des premiers siècles chrétiens et qu'on risquerait de
se fourvoyer en regardant comme des modèles de vertus des
personnages qui ont été vénérés après leur mort, surtout à
cause du rang social qu'ils avaient occupé de leur vivant.
Dans tous nos catalogues épiscopaux, les noms des premiers
titulaires sont uniformément accompagnés du titre de saint :
c'est là un hommage rendu à leur charge épiscopale. Les.
saints des temps mérovingiens, par exemple saint Sigismond,
saint Gontran, saint Léger lui-même, ont été de véritables bar
bares et se sont rendus coupables de toutes sortes de crimes^
Même s'ils ont expié leurs fautes par la pénitence, ils ne trou
veraient pas grâce aujourd'hui devant la Congrégation des
rites. Nos ancêtres étaient moins exigeants.
Après avoir défini les saints, il faut encore définir les saints
de France. Nous admettons sans peine que la France dont
parle M. Cristiani est, à peu de choses près, notre ac
tuelle et nous ne lui demandons pas de nous renseigner sur
les saints des provinces de Mayence, sauf Strasbourg, ou de
Cologne, bien que Duchesne leur ait fait une place dans ses
Fastes épiscopaux. Mais cela ne suffit pas. M. Cristiani ac
cepte dans sa liste le nom de saint Colomban, qui est né en
Irlande et qui est mort à Bobbio dans l'Italie du Nord : il est
vrai que saint Colomban a passé une grande partie de sa vie
à Luxeuil et que c'est à Luxeuil surtout qu'il a exercé son
influence. Mais il omet le nom de saint Gall, lui aussi origin
naire d'Irlande et mort en Suisse : pourtant, si je ne me
trompe, saint Gall est arrivé à Luxeuil en même temps que
1. Bruxelles» 1927, in-8°. 222 Revus d'histoire de i/éause. de francs
saint Colomban et il en est parti avec lui. Pourquoi cette dif~
férence de traitement ? Autre fait : M. Cristiani rejette les
trijumeaux de Langres : Speusippe, Méleusippe et Éleusippe,
qui» dit^il avec raison, ont souffert en Cappadoce, mais il ac
cepte saint Mitre d'Aix et saint Genès d'Arles, tout en recon
naissant qu'ils ont peut-être été martyrisé

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