Système éducatif et avenir socio­professionnel. L.E.S.T. d Aix-en-Provence - article ; n°1 ; vol.4, pg 11-21
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Système éducatif et avenir socio­professionnel. L.E.S.T. d'Aix-en-Provence - article ; n°1 ; vol.4, pg 11-21

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Description

Autres Temps. Les cahiers du christianisme social - Année 1984 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 11-21
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 8
Langue Français

Extrait

Gabrielle Göttelmann
Système éducatif et avenir socio­professionnel. L.E.S.T. d'Aix­
en­Provence
In: Autres Temps. Les cahiers du christianisme social. N°4, 1984. pp. 11­21.
Citer ce document / Cite this document :
Göttelmann Gabrielle. Système éducatif et avenir socio­professionnel. L.E.S.T. d'Aix­en­Provence. In: Autres Temps. Les
cahiers du christianisme social. N°4, 1984. pp. 11­21.
doi : 10.3406/chris.1984.966
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1984_num_4_1_966SYSTEME EDUCATIF ET
AVENIR
SOCIO-PROFESSIONNEL
L.E.S.T. d'Aix-en-Provence
Face à la véhémence des critiques à rencontre de l'enseignement public,
on est amené à se demander pourquoi l'enseignement devient ou, plus
précisément, redevient, à l'heure actuelle, le sujet de débats aussi passionn
és.
Le souci de voir assurer la qualité de que nombre de
parents d'élèves ont exprimé est, certes, réel et légitime.
Il n'est, cependant, pas erroné de penser, comme A. -M. Goguel dans le
présent numéro, qu'une autre préoccupation essentielle motive une partie
de la population à exprimer son mécontentement avec l'enseignement
public : le système d'enseignement existant pourra-t-il encore garantir
un avenir professionnel aisé à tous les jeunes qui accéderont à ses niveaux
supérieurs alors que le système se « démocratise » de plus en plus ?
Dans une société qui établit une liaison étroite entre le niveaau d'ins
truction formelle d'un individu et son statut socio-professionnel, et qui
n'offre, par ailleurs, que très peu de possibilités d'acquérir la reconnais
sance sociale et professionnelle sans parcourir la structure rigide et hiérar
chisée de la formation initiale, la réponse à cette question est assurément
négative.
L'accès aux niveaux supérieurs du système éducatif d'un nombre de
plus en plus élevé de jeunes soulève, en fait, le problème de savoir com
ment on pourra satisfaire à l'espoir de ces jeunes de voir valoriser leurs
connaissances et compétences. Plus que jamais nous sommes appelés à
remettre en cause non seulement les structures du système éducatif mais
aussi les rapports particuliers entre ce dernier et le monde du travail qui
s'opposent à la maîtrise de ce problème.
Pour mettre en lumière quelques particularités du système d'enseigne
ment français et de ses rapports avec le monde du travail, il nous semble
important de présenter ici des extraits de quelques travaux du Laboratoire
d'Economie et de Sociologie du Travail (L.E.S.T.) d'Aix-en-Provence.
11 travaux se servent en particulier de la comparaison entre la France Les
et l'Allemagne fédérale pour élucider la structuration et les diverses impli
cations des rapports qui se sont établis entre le système éducatif et le
monde du travail dans l'un et l'autre de ces pays.
Le premier extrait se réfère à la situation telle qu'elle se présente dans
les années soixante-dix; le deuxième est tiré d'une étude récente du
L.E.S. T. et montre comment la structuration de l'espace de qualification
dans un pays influe, à l'heure actuelle, sur les formes et les effets de
l'introduction de nouvelles technologies (en l'occurence, il s'agit de de machines-outils à commande numérique avec
calculateur-CNC).
Gabrielle Gôttelmann
La production de la hiérarchie dans l'entreprise
Stratification des systèmes éducatifs : rapports entre
formation générale et professionnelle
La première différence structurelle entre les deux pays réside dans la
façon dont s'articulent le système de formation générale et le système de
formation professionnelle ainsi que dans la nature des catégories de tra
vailleurs produites par la sélection scolaire et la sélection sociale à l'œuvre
dans les deux systèmes éducatifs. Les types d'articulation entre formation
générale et que l'on rencontre dans les deux pays prennent
racine dans la façon dont sont orientés les élèves à la sortie de l'enseign
ement primaire (aux environs de onze ans).
En Allemagne, on doit distinguer deux filières1 : un enseignement
secondaire général (Gymnasium : filière 1) orienté vers la préparation du
baccalauréat (Abitur) très sélectif de par la proportion d'une classe d'âge
qu'il accueille et l'origine sociale des élèves; un enseignement primaire
prolongé (Hauptschule : filière 2) centré sur l'orientation vers une format
ion professionnelle de base. Cette dernière filière est largement domi
nante dans l'orientation des élèves et accueille, de ce fait, une proportion
importante des élèves de toutes origines scolaires et sociales. Il existe cer
tes une filière intermédiaire (Realschule : filière 3) mais celle-ci est restée
— au moins jusqu'à la fin des années soixante — très minoritaire et très
cloisonnée par rapport à la filière orientée vers le baccalauréat (filière 1).
Dans le cas de la France, le partage entre les filières s'effectue larg
ement au profit d'un système de formation générale secondaire (filière 1)
ouvert à des élèves issus d'un large éventail d'origines scolaires et sociales
(avec une forte proportion d'élèves d'origine ouvrière). Certes, cette
filière secondaire est hétérogène (elle comprend au moins deux sous-
filières dont l'une pourrait être comparée à la filière 3 allemande) et très
sélective si on ne considère que son terme (obtention du baccalauréat;
12 type de baccalauréat); elle n'en constitue pas moins le pôle d'attraction
privilégié à partir duquel se structure le système éducatif et se définissent
les rapports de la société avec ce système éducatif. L'orientation que l'on
pourrait comparer à la filière primaire pré-professionnelle allemande
(filière 2) est beaucoup moins importante en France, les élèves y sont
d'origine sociale plus uniformément défavorisée et l'orientation vers une
formation professionnelle y est plus résiduelle que centrale2.
C'est à partir du type de formation qui prévaut en Allemagne que se
développe un système de professionnelle de masse, efficace,
autonome par rapport au système de formation générale, et dans lequel se
déroule une réelle compétition sociale. La base de cette formation profes
sionnelle est un système mixte d'apprentissage en entreprise et de format
ion scolaire3. Ce a, en tant qu'espace de sociali
sation, une double nature.
L'apprentissage constitue un espace compétitif hétérogène de par le
type d'entreprise où il se déroule, le type de métier appris et l'origine sco
laire et sociale des apprentis. L'apprentissage constitue en même temps un
champ d'homogénéisation à la fois de par la nature des qualifications qui
y sont acquises (quelques « métiers de base » regroupent la grande masse
des apprentis) et l'uniformité du rapport professionnel et social qui caract
érise leur processus d'acquisition dans les entreprises. Type de rapports
dont le caractère unificateur résulte notamment de l'importance quantitat
ive, sociale et professionnelle ainsi que de l'homogénéité du groupe des
contremaîtres qui assurent la direction de cet apprentissage4.
Ces deux aspects compétitif et homogénéisateur de l'apprentissage sont
importants dans la mesure où ils s'appliquent à une population d'adoles
cents où, certes, le groupe des enfants d'ouvriers est dominant mais où les
fils d'employés, de cadres moyens et de cadres supérieurs sont largement
représentés. C'est d'ailleurs à partir de là que se forment les deux princi
pales caractéristiques du système de formation professionnelle dans son
ensemble : sa forte intégration verticale et son pouvoir de sélection et de
contrôle social. On constate en effet que la majorité5 des travailleurs qui
accèdent aux diplômes professionnels de niveau moyen et élevé (diplôme
de contremaître, diplôme d'ingénieur gradué) le font dans le prolonge
ment d'un apprentissage.

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