Une image de l Église d après les « Nouvelles ecclésiastiques » (1728-1790) - article ; n°151 ; vol.53, pg 241-268
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Une image de l'Église d'après les « Nouvelles ecclésiastiques » (1728-1790) - article ; n°151 ; vol.53, pg 241-268

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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1967 - Volume 53 - Numéro 151 - Pages 241-268
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1967
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur l'Abbé Bernard
Plongeron
Une image de l'Église d'après les « Nouvelles ecclésiastiques »
(1728-1790)
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 53. N°151, 1967. pp. 241-268.
Citer ce document / Cite this document :
Plongeron Bernard. Une image de l'Église d'après les « Nouvelles ecclésiastiques » (1728-1790). In: Revue d'histoire de l'Église
de France. Tome 53. N°151, 1967. pp. 241-268.
doi : 10.3406/rhef.1967.1476
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1967_num_53_151_1476,
~
UNE IMAGE DE L'ÉGLISE
D'APRÈS
LES « NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES »
(1728-1790)
l'utilisent les contre ecclésial Depuis chercheurs la de Révolution, la encore, la thèse ne France trop se d'E. sont en souvent, d'Ancien Préclin puisant guère sur comme intéressés à Régime des le jansénisme sources cheval et à les ce hétérogènes de vaste historiens au bataille xvme mouvement pour siècle et pressés fragou *,
mentaires, ou, mieux, en s'ingéniant à retracer la vie et les thèses
du mouvement à partir de la littérature ultramontaine, au détr
iment d'une souhaitable objectivité. Mais qui nous dira ce que fut
ce jansénisme dans son mouvement intime, dans son évolution
en marge de son combat contre les Jésuites ? Quel idéal ecclésio-
logique voulaient défendre ses partisans dont beaucoup, clercs
et laïcs, ne manquaient ni de science, ni de mœurs ?
Les spécialistes s'accordent à reconnaître que le jansénisme
passe par un seuil critique en 1713, avec la constitution Uni-
genitus. Après cette date, le jansénisme de Port-Royal, celui qui
est désormais bien connu, grâce à d'admirables travaux suscités
par une école historique encore à l'œuvre, meurt ou agonise. De
ses cendres renaît un mouvement où l'action — sinon la pensée —
politique prend le pas sur les problèmes théologiques, et qui se
recrute dans tous les corps de l'État, suscitant même vers 1730
un jansénisme populaire qui débute à Saint-Médard à Paris ;
un mouvement, enfin, dont les groupuscules éclatent en « agences »,
couvertes par le drapeau janséniste, mais animées de tendances
divergentes qui vont du pur richérisme au mouvement convulsion-
naire en passant par le gallicanisme parlementaire et la mystique
millénariste, à Lyon, à Grenoble, à Toulouse, à Bordeaux, à Paris,
à Auxerre etc.. Bref, surtout vers 1760, le jansénisme représente
une bigarrure de systèmes théologiques et d'idées politico-
1. E. Préclin, Les Jansénistes du XVIIIe siècle et la Constitution Civile
du Clergé (Paris, 1929).
16 242 B. PLONGERON
religieuses propagées dans nombre de séminaires diocésains et de
noviciats.
D'où deux remarques essentielles pour notre propos. Il serait
temps, en premier lieu, de renoncer après 1715 au mythe du
jansénisme, de lui reconnaître son caractère multiforme et de le
suivre dans ses aspects régionaux. Ce qui, du même coup, revient
à abandonner l'idée que le jansénisme à la fin d'Ancien Régime
demeure principalement d'essence parisienne. L'histoire des idées,
de la spiritualité et de la théologie de cette période devra dépasser
les jugements de valeur, inlassablement répétés d'un manuel à
l'autre, lorsque sera enfin dessinée cette géographie des jansénismes
français au xvme siècle : géographie régionale des foyers et de
leurs prolongements européens, Pays-Bas, Autriche, Italie,
Espagne et Portugal ; géographie idéologique des courants théolo
giques et politico-philosophiques tels qu'ils s'affirment par exemple
dans le Lyonnais et en Champagne ; géographie sociale du jansé
nisme de la bourgeoisie et du haut clergé ou jansénisme des
élites, en corrélation avec celui du tiers-état des couvents, du bas-
clergé, du peuple.
La diversité des expressions colore et enrichit un fonds commun
qui se révèle tant dans l'entrecroisement des idées et la force
des grands thèmes que dans l'action concertée contre des advers
aires qui les englobent tous dans une même réprobation. Il
serait cependant bien difficile de démêler l'héritage commun
et ses variables affirmations, même au prix de patients recoupe
ments d'une littérature foisonnante, sans tenir compte de l'organe
doctrinal et social du mouvement qu'ont été les Nouvelles ecclé
siastiques.
« C'est dans leurs colonnes qu'on apprend à bien connaître
cette longue querelle (janséniste) qui agita si profondément la
France pendant une partie du xvme siècle... » 2. Le périodique,
d'abord clandestin, circula en feuilles manuscrites puis imprimées
à partir de 1728, chez Leclère à Paris. Une première série parut
de 1728 à 1793 ; elle comporte soixante-et-onze tomes in-quarto
dûs aux abbés Boucher, Berger, de la Roche, Troye, Crudé,
Rondet, Larrière, Guénin dit de Saint-Marc ou Saint-Mars. Les
biographies scientifiquement établies de ces principaux rédacteurs
indiqueraient déjà assez la diffraction du jansénisme de Port- Royal
et les options politiques des jansénismes postérieurs à la bulle
Unigenitus. A cette équipe, succéda un homme, l'abbé Mouton, qui
émigra en 1792 et imprima les Nouvelles ecclésiastiques à Utrecht
chez J. Schelling du 1er janvier 1794 au 10 mai 1803, date qui
marqua la fin du journal, si l'on ne tient pas compte de l'ul-
2. E. Hatin, Histoire de la presse en France, t. III (1859), p. 444-445; UNE IMAGE DE l'ÉGLISE 243
time tentative de l'abbé Rondeau, secrétaire de Grégoire, pour
ressusciter le péridique.
La consultation des Nouvelles ecclésiastiques est facilitée par des
tables. La première, publiée en 1734, embrasse les années 1728-
1731 ; elle est trop sommaire pour constituer un instrument de
travail sérieux. Autrement précieuse est la seconde table de 1767,
celle-ci raisonnée et alphabétique, qui comprend les années
1732-1766. Reliée avee l'année 1790, parut une troisième table
pour les années 1768-1790. Ajoutons que la Bibliothèque de la
Société de Port- Royal possède une table manuscrite pour les années
1790-1800, rédigée par Rondeau, sur le modèle des précédentes.
Chaque année des Nouvelles ecclésiastiques s'ouvrait par un dis
cours préliminaire ; ces discours, dont on ne peut mésestimer la
valeur doctrinale, ont été réunis en deux volumes in-octavo.
L'importance des Nouvelles ecclésiastiques pour l'histoire du
xvme siècle est depuis lontemps reconnue ; leur puissance de
diffusion leur a valu de subir une contre-offensive des Jésuites
qui publièrent de 1734 à 1748, sous la direction du P. Patouillet,
le Supplément des Nouvelles ecclésiastiques, seize tomes en quatre
volumes in-quarto, et d'avoir une filiale italienne sous l'impulsion
du prêtre Eustache Degola. Et pourtant, mis à part l'essai fort
suggestif de Mlle Bontoux8, ce périodique n'a jamais, à notre
connaissance, fait l'objet d'un dépouillement systématique, ni
même d'une étude d'ensemble.
Pour toutes ces raisons, le Centre de Recherches d'histoire
religieuse de l'Institut Catholique a inscrit dans son programme
de travail l'étude des thèmes de ce périodique. Un premier sémi
naire réunissant cinq candidats au doctorat de théologie fut
consacré au cours de l'année 1966-1967 à rechercher la vision de
l'Église, théorique et concrète, qui se dégage des Nouvelles
ecclésiastiques *. Une image, ou, si l'on préfère, une sorte de
portrait-robot de l'Église vue par les jansénistes du xviii6 siècle.
Une image dont les traits saillants prennent toute leur valeur au
cours d'une longue durée. Le terme d'image, nous y insistons,
doit être pris ici dans toute son acception sociologique : il s'agit
non seulement de théologiens et de laïcs exposant leur propre
doctrine et la dégageant de systèmes adverses, mais d'un groupe
soumis à des pressions sociales, qui, engagé dans un combat poli-
3. F. Bontoux, « Paris janséniste au xvme siècle : Les Nouve

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