Délocalisations : où est le danger ?
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Paru dans Les Echos, le 17 octobre 2003. Délocalisations : où est le danger ? Frédérique Sachwald. Les fermetures de sites industriels en cascade contribuent ...

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Paru dansLes Echos, le 17 octobre 2003
Délocalisations : où est le danger ?
Frédérique Sachwald
Les fermetures de sites industriels en cascade contribuent à alimenter le débat sur le déclin français, qui bat son plein. La France serait en passe de devenir un désert industriel, un supermarché où serait vendu des produits fabriqués ailleurs. Le thème de la désindustrialisation, déjà ancien revient à la mode; estce un effet de la conjoncture morose et du cours élevé de l’euro, ou assiste ton à une réelle inflexion structurelle ? La France estelle plus menacée que d’autres pays riches ?
La mondialisation a fait son entrée dans le débat public français en 1993 à travers la question des délocalisations, popularisée par un rapport sénatorial qui établissait un lien entre la concurrence des pays à bas salaires et le chômage en France. Par la suite, plusieurs études ont souligné le rôle en fait limité de la concurrence des pays à bas salaires, notamment car la France commerce principalement avec d’autres pays riches. L’impact de la mondialisation sur l’emploi est passé par des canaux plus complexes. Comme dans d’autres pays riches, la pression de la concurrence internationale s’est combinée avec l’accélération de l’innovation pour modifier la structure de la production et accroître la demande de travail qualifié au détriment des travailleurs peu qualifiés.
Dix ans plus tard, quelle menace représentent les pays à bas salaires ? L’émergence de la Chine comme puissance manufacturière, qui inquiète de nombreux pays, est souvent mentionnée pour souligner l’ampleur de la menace. La part de la Chine dans les importations des EtatsUnis est passée de 4% en 1990 à 11% 2002 ; elle atteint 18% des importations du Japon, mais seulement 2,5% des importations de la France. Si la Chine s’avère un concurrent redoutable, elle représente aussi des opportunités. Le pays se spécialise dans les opérations d’assemblage et ses importations progressent aussi vite que ses exportations. Le dynamisme de l’économie chinoise a ainsi constitué l’une des rares sources de soutien de la croissance mondiale ces dernières années, même si les EtatsUnis et surtout Japon en ont plus profité que les pays européens.
L’accélération de la production industrielle dans certains pays pauvres se traduitelle néanmoins par une désindustrialisation inquiétante pour les pays riches ? Entre 1990 et 2002, la production industrielle des pays du G7 a augmenté de plus de 25%, et celle de la France de plus de 20%. Cette évolution s’explique par le renforcement de la spécialisation industrielle des pays riches sur certains secteurs et par un accroissement de la productivité. Ainsi, depuis 1990, la production automobile a telle augmenté de 50% en France, alors que l’emploi dans l’automobile baissait de 17%. Dans l’ensemble des pays du G7, l’augmentation de la production s’est accompagnée d’une réduction de l’emploi industriel de 20% depuis 1990.
La dynamique de l’évolution des économies les plus avancées n’a donc pas fondamentalement changé. Elles poursuivent leur spécialisation industrielle dans les biens d’équipement et la haute technologie, où les gains de productivité sont importants. Lespays riches accroissent aussi leur spécialisation dans les services,
dont les pays en développement sont plus importateurs qu’exportateurs. Depuis les années 1980, la mondialisation est un facteur d’accélération de ces évolutions structurelles. D’ailleurs, depuis les années 1990, la nouveauté ne vient pas essentiellement de l’industrie, mais plutôt de l’extension de la division internationale du travail aux services. Les progrès rapides des technologies de l’information et des télécommunications permettent ainsi de «délocaliser »une gamme croissante de fonctions administratives et de services, voire certains développements technologiques. Dans ce domaine, ce n’est pas la Chine, mais l’Inde ou certains pays esteuropéens qui ont le plus attiré l’attention.
L’enjeu pour les pays les plus riches est de réussir à conserver une longueur d’avance, dans certains secteurs industriels et technologiques, mais aussi dans l’offre de services sophistiqués. D’où l’importance d’être en mesure de soutenir la concurrence par l’innovation dans une large gamme d’activités. Dans cette perspective, la France ne devrait pas tant se préoccuper desdélocalisations par le basproductions banalisées ou faiblement rentables, mais plutôt des de délocalisations par le haut d’activitésde R&D aux EtatsUnis. La nécessité de renforcer les capacités d’innovation des pays européens est désormais largement reconnue, et devrait être plus sérieusement prise en compte par les politiques publiques. Il s’agit d’accroître substantiellement les investissements qui doivent permettre de construire des pôles d’excellence en matière de R&D et d’élever le niveau moyen de formation  deux domaines où l’Europe est en retard sur les Etats Unis, mais aussi sur le Japon. Les pays européens ont aussi souvent des réglementations des marchés des produits plus contraignantes, qui peuvent gêner les entreprises innovantes.
Les délocalisations, dues à l’émergence de nouveaux concurrents, ne devraient pas être interprétées comme un signe de déclin, mais inciter la France à accélérer l’évolution de sa structure productive pour accroître son potentiel de croissance.
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