Flexibilité des horaires de travail et inégalités sociales
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La journée de travail classique (9 h-17 h) ne représente en 1999 qu'une petite majorité des journées travaillées. Depuis 15 ans, trois autres formes d'horaires se développent : les horaires décalés, les longues journées de travail et les horaires émiettés. Ces horaires atypiques vont souvent de pair avec une situation sociale désavantagée. Les salariés qui disposent d'une marge de liberté préfèrent nettement les horaires standard : les horaires atypiques sont par conséquent le plus souvent subis.

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Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique
Composite 150 lpp 45 degrØs
Conditions de travail et relations professionnelles 4
Flexibilité des horaires de travail
et inégalités sociales
Laurent Lesnard*
La journée de travail classique (9 h-17 h) ne représente en 1999 qu’une
petite majorité des journées travaillées. Depuis 15 ans, trois autres formes
d’horaires se développent : les horaires décalés, les longues journées de
travail et les horaires émiettés. Ces horaires atypiques vont souvent de pair
avec une situation sociale désavantagée. Les salariés qui disposent d’une
marge de liberté préfèrent nettement les horaires standard : les horaires
atypiques sont par conséquent le plus souvent subis.
enombred’heuresde trente-cinq heures semblerait nature du nouveau rythme ins-
travail et leur répartition avoir accru la variabilité de la ré- tauré, varient selon la positionL dans la journée décrivent partition du travail dans la se- hiérarchique du salarié, son sec-
la dimension temporelle du tra- maineetlemois, selonAfsaet teur d’activité et la taille de son
vail. Jusqu’à présent, ces deux Biscourp (2005) : « Environ 5 % entreprise ».
critères étaient considérés séparé- des salariés des entreprises [du
ment. Depuis les années soixante, secteur privé] qui auparavant tra- Les enquêtes sur l’emploi du
la durée du travail a diminué vaillaient le même nombre de temps, menées en 1985/1986 puis
pour les ouvriers et les employés, jours par semaine avec les mêmes en 1998/1999 par l’Insee permet-
alors qu’elle a augmenté pour les horaires,sontpassésàdesryth- tent de collecter des récits de vie
cadres (Gershuny, 2000 ; Chenu, mes réguliers organisés sur des quotidienne grâce aux carnets
2001). En vingt ans, la flexibilité périodes plus longues que la se- d’emploi du temps (encadré 1). Il
des horaires s’est accrue ainsi que maine, ou ont vu leurs jours ou devient alors possible d’examiner
la fréquence des horaires de tra- leurs horaires de travail varier de l’évolution conjointe de la durée
vail atypiques (Bué et al., 2002). façon erratique […] De plus, l’am- et de la répartition du travail
Plus récemment, le passage aux pleur de cet impact, tout comme la dans la journée.
* Laurent Lesnard fait partie de l’Observatoire sociologique du changement (Sciences-Po, Cnrs) et du Laboratoire de sociologie
quantitative (Crest, Insee).
Données sociales - La société française 371 édition 2006
002imp.ps
N:\H256\STE\Gprnqg\DS2006\002\002 partie 2.vp
mardi 21 mars 2006 11:13:57Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique
Composite 150 lpp 45 degrØs
4 Conditions de travail et relations professionnelles
Horaires de travail Encadré 1
standard et horaires
Les enquêtes emploi du temps
atypiques
Les enquêtes emploi du temps,me- à telle ou telle activité, le carnet
nées par l’Insee, permettent de re- propose la reconstitution d’une
cueillir les activités et interactions journée (fixée par les enquêteurs).La prise en compte conjointe de
des personnes interrogées pendant Bien que leur précision soit diffé-la durée moyenne du travail et
une journée, grâce au carnet d’em- rente entre les deux enquêtes, les
de sa répartition dans la journée ploi du temps qu’elles remplissent. carnets sont tout à fait compa-
amène à construire quatre gran- rables, du fait des déclarations
Dans l’enquête de 1985-1986, les d’horaires arrondis. Ces reconstitu-descatégoriesd’horaires:lesho-
carnets ont été remplis par une tions fournissent une descriptionraires standard, les horaires
personne de 15 ans ou plus et de simplifiée des structures tempo-
décalés, les horaires extensifs et
son éventuel conjoint par ménage relles de la société française : elles
enfin les horaires irréguliers tiré au sort, entre septembre 1985 permettent d’identifier les activi-
(encadré 2). Cescatégoriespeu- et septembre 1986, et collectés sur tés les plus importantes, de repé-
l’ensemble de la France. La der- rer leurs enchaînements, leursvent elles-mêmes être affinées
nière enquête disponible à ce jour inscriptions dans les contextes fa-pour aboutir à une description
s’est déroulée entre février 1998 et miliaux et plus largement dans les
encore plus précise de la journée février 1999. Cette fois-ci, toutes rythmes sociaux. Les carnets
de travail (figure 1). les personnes de 15 ans ou plus d’emploi du temps ne sont donc
ont été interrogées. pas des décalques de la vie quoti-
dienne mais au contraire de véri-Les horaires standard se carac-
Au lieu de demander directement tables récits de vie quotidienne
térisent par une durée moyenne
des autoestimations de durées, exprimés par les enquêtés dans
proche de 8 heures et par une toujours approximatives, consacrées leurs propres mots.
journée de travail centrée sur
13 heures. Ils sont souvent perçus
comme la référence. Les horaires
atypiques s’éloignent de cette
norme. Par exemple, les journées Encadré 2
de travail décalées ont une durée
La construction
moyenne moindre mais les horai-
d’une typologie d’emplois du temps
res se trouvent déplacés le matin,
Toutes les journées avec au moins semblance des séquences. Ensuite,l’après-midi, le soir ou bien la
un épisode de dix minutes de tra- un algorithme spécifique de classi-nuit. Les journées de travail ex-
vail professionnel ont été considé- fication ascendante hiérarchique
tensives s’étalent sur 11 heures rées comme travaillées. Au lieu de permet de regrouper les horaires
mais sont en revanche plus régu- réduire les horaires de travail à de de travail proches et ainsi d’élabo-
simples durées (budgets-temps), rer une typologie. Pour plus de dé-lières que les journées décalées.
une méthode de comparaison de tails sur cette méthodeEnfin, les journées de travail ir-
séquences permet de construire en d’appariement, voir Lesnard
régulières cumulent souvent ho-
deux étapes une typologie de jour- (2004) et Lesnard et Saint Pol
raires réduits et fragmentés (fi- nées de travail prenant en compte (2004).
gure 1). le nombre d’heures travaillées, ain-
si que leur répartition dans la Deux indicateurs permettent de
journée. décrire une telle typologie : outre
la durée travaillée, la mi-journée
Une journée travaillée La technique utilisée ici est un cas de travail – soit l’heure de la
particulier des Méthodes d’Appa- journéetellequelamoitiédelasur deux avec des
riement Optimal (Optimal Mat- journée de travail a été effectuée –
horaires atypiques ching Analysis) qui permettent permet de repérer les éventuels dé-
d’évaluer le degré de ressemblan- calages avec la mi-journée solaire.
ces de séquences (ici la place du Par exemple, cet indicateur permet
Associé à un tiers des journées travail dans la journée). L’hypo- de voir que la de travail
travaillées en 1999, le « 9 à 5 » thèse principale est qu’il est pos- de « 9 à 5 » est très proche de la
sibledequantifier cette mi-journée solaire. La mi-journéeest l’horaire le plus courant. Cen-
ressemblance par le nombre de de travail ne peut être calculéetré sur 13 heures, il correspond
transformations nécessaires pour pour le travail de nuit puisque la
bien à la journée normale de tra- rendre identique chaque couple de fenêtre d’observation (0 h-24 h)
vail du sens commun (figure 1). séquences. Chaque transformation par définition ne permet d’obser-
a un coût et c’est le coût total mini- ver au mieux qu’une partie du tra-La journée « 8 à 4 », qui corres-
mum qui sert de mesure de la res- vail de nuit.pond à un léger décalage le ma-
tin de cette journée de travail,
Données sociales - La société française 372 édition 2006
002imp.ps
N:\H256\STE\Gprnqg\DS2006\002\002 partie 2.vp
mardi 21 mars 2006 11:13:58Profil couleur : Profil d’imprimante CMJN gØnØrique
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Conditions de travail et relations professionnelles 4
représente 7 % des journées tra- tamment l’accès aux services pu- Centrée autour de 15

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