Les salaires du secteur privé en France, de 1994 à 2004

Michel Amar

Description

Entre 1994 et 2004, les salaires réels ont augmenté en moyenne de 0,7 % par an, comme durant la décennie précédente. Avec un chômage élevé, ils ont stagné en début et fin de période. Mais ils ont crû plus sensiblement durant la période 1996-2001, malgré la modération salariale qui a accompagné la mise en oeuvre des 35 heures. Cette croissance a été soutenue tout au long de la période par une hausse sensible du Smic. Le salaire moyen des ouvriers à temps complet et, dans une moindre mesure, celui des cadres, évolue plus favorablement que celui des autres catégories socioprofessionnelles. L'écart de salaire entre hommes et femmes se réduit lentement mais régulièrement. C'est souvent dans les secteurs d'activité où les réductions d'effectifs s'accompagnent d'une montée en qualification de l'emploi, notamment dans l'industrie, que la hausse moyenne des salaires est la plus forte. À l'opposé, dans le tertiaire, secteur créateur d'emplois, elle est plus modérée.

Sujets

• INSEE
• Revenu
• Salaire
• Secteur privé
• Femme
• Secteur d'activité
• Qualification
• Employabilité, métiers et formations

Informations

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Extrait

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Composite 150 lpp 45 degrØs
Revenus et patrimoine 5
Les salaires du secteur privé en France,
de 1994 à 2004
Michel Amar*
Entre 1994 et 2004, les salaires réels ont augmenté en moyenne de 0,7 %
par an, comme durant la décennie précédente. Avec un chômage élevé,
ils ont stagné en début et fin de période. Mais ils ont crû plus sensiblement
durant la période 1996-2001, malgré la modération salariale
qui a accompagné la mise en œuvre des 35 heures. Cette croissance a été
soutenue tout au long de la période par une hausse sensible du Smic.
Le salaire moyen des ouvriers à temps complet et, dans une moindre
mesure, celui des cadres, évolue plus favorablement que celui des autres
catégories socioprofessionnelles. L’écart de salaire entre hommes et femmes se
réduit lentement mais régulièrement. C’est souvent dans les secteurs d’activité où
les réductions d’effectifs s’accompagnent d’une montée en qualification de
l’emploi, notamment dans l’industrie, que la hausse moyenne des salaires est la plus
forte. À l’opposé, dans le tertiaire, secteur créateur d’emplois, elle est plus modérée.
e 1994 à 2004, le salaire stagne;puis,avec la reprisedela nomie (+ 1,4 % par an de 2002 à
moyen par tête dans le croissance du produit intérieur 2004), la hausse des salaires estD secteur privé (SMPT) brut (PIB) (+ 2,8 % par an contre plus modérée (+ 0,1 %) (figure 1).
s’est accru en moyenne de 0,7 % 1,3 % de 1994 à 1996), il aug-
par an en euros constants, au mente en moyenne de 1,1 % du- En dehors des évolutions du PIB,
même rythme qu’au cours des rant les six années suivantes. les principaux facteurs pouvant
dix années précédentes. En début Depuis 2002, avec le ralentisse- expliquer l’évolution du salaire
de période, de 1994 à 1996, il ment de la croissance de l’éco- sont le chômage et le Smic. En
* Michel Amar est responsable de la division Salaires et revenus d’activité à l’Insee.
Données sociales - La société française 415 édition 2006
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effet, le chômage pèse sur la né- Entre la mi-1997 et 2001, le chô- ce lien (figure 2). En effet, la
gociation entre employeurs et sa- mage baisse fortement : le taux mise en place des 35 heures in-
lariés et donc sur les salaires, de chômage passe de 12,2 % à duit une modération salariale ;
tandis que les évolutions du 8,6 %. Ce mouvement s’accom- son impact est estimé à 0,3 point
Smic agissent via les bas salaires pagned’une reprisedelapro- par an sur la période 1999-2002
(Desplatz et alii, 2004). On es- gression des salaires, dont (Desplatz et alii, 2004).
time généralement qu’une aug- l’ampleur est cependant moindre
mentationde1%duSmicélève quel’impactattenduencompa- Le Smic, quant à lui, augmente
d’environ 0,1 point le salaire raison des évolutions passées ou sur toute la période plus vite que
moyen (Desplatz et alii, 2004). des travaux de modélisation de le salaire moyen (écart de
0,9 point par an en moyenne).
Figure 1 - Taux de croissance annuel du PIB en volume et du L’écart est particulièrement mar-
salaire moyen par tête (SMPT) du secteur marchand non agricole qué en fin de période, ce qui
en euros constants s’explique par la mise en œuvre
en % du nouveau système de revalori-
4,5
sation des salaires minimaux
4,0 prévu par la loi « Fillon » (fi-
gure 3). Ce dispositif, entré en vi-3,5
gueur en juillet 2003, a remplacé
3,0
celui mis en place lors du pas-
2,5 sage aux 35 heures, qui avait
2,0 créé les garanties mensuelles de
rémunération (GMR). Celles-ci1,5
s’appliquent aux salariés rémuné-
1,0 résauniveauduSmiclorsde
0,5 leur passage aux 35 heures. Au-
paravant, coexistaient cinq ni-0,0
veaux de GMR, échelonnés selon
-0,5
1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 la date de mise en œuvre de la
RTT et qui s’appliquaient au ni-
PIB SMPT
veau du salaire mensuel, et un
Source : Insee, Comptes de la Nation. Smic horaire concernant les en-
treprises restées à 39 heures et
les salariés embauchés après laFigure 2 - Taux de chômage (au sens du BIT) et taux de croissance
mise en placedelaRTT.Lenou-annuel du salaire moyen par tête (SMPT) du secteur marchand
non agricole en euros constants veau système vise à faire conver-
ger progressivement les salaires
Taux de chômage en % Taux de croissance du salaire moyen en % horaires assurés par le Smic et
2,014 erles GMR au 1 juillet 2005.
Comme il s’agit d’un ajustement
12
1,5 par le haut, maintenant le pou-
voir d’achat de la garantie men-10
suelle la plus élevée, les
1,0
8 revalorisations qui en découlent
sont en moyenne supérieures aux
6
0,5 augmentations du salaire moyen.
erAinsi, le 1 juillet 2003, le Smic4
0,0 horaire a été revalorisé de 5,3 %,
2 et les différentes GMR de
er+1,6 %à+3,2 %. Au 1 juillet
0 -0,5
2004, la revalorisation du Smic1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
horaireaétéde5,8 %, et celle
des différentes GMR est allée deTaux de chômage SMPT
+2,1 %à+3,7 %. Cetteaug-
Source : Insee.
mentation du Smic par rapport
Données sociales - La société française 416 édition 2006
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au salaire moyen s’est accompa- dres bénéficient de gains sala- tégories socioprofessionnelles et
gnée, tout au long des ces dix riaux en euros constants les secteurs d’activité qui les em-
dernières années, de politiques (+ 0,5 % en moyenne par an ploient (figure 4). En début et fin
d’allégement des charges sur les pour les premiers et + 0,3 % de période, le chômage est élevé
bas salaires. Ces mesures ont eu pour les seconds). Pour celle des alors que la période 1997-2001
pour effet de réduire l’impact des employés, le salaire moyen est est au contraire beaucoup plus
hausses du Smic sur le coût du stable, tandis que pour celle des favorable. Les ouvriers ont mieux
travail. Elles ont donc facilité le professions intermédiaires, il re- traversé que les autres catégories
maintien de l’emploi non qualifié cule de 0,3 % l’an. Durant cette sociales cette période en termes
(Tanay et Audric-Lerenard, 2000). période, la conjoncture écono- de salaires mais pas en t
Ces revalorisations concernent mique a subi des fluctuations qui d’emploi. Leurs effectifs baissent
directement, selon les années, ont affecté différemment ces ca- en début et en fin de période et
entre10et15%des salariés, no-
Figure 3 - Évolution du Smic horaire et du salaire moyen par têtetamment parmi les temps par-
(SMPT) du secteur marchand non agricole, en euros constantstiels et au sein des toutes petites
(indice base 100 en 1993)entreprises. Les principaux sec-
teurs concernés sont les services
120
aux particuliers, le commerce et
les industries agroalimentaires
115(Seguin, 2005). Ces mesures ont
SMIC
aussi dopé le salaire moyen des
110ouvriers et des employés.
105
SMPT
Des évolutions plus
100
favorables pour
lescadresetlesouvriers 95
90Dans la suite, sont analysés les
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
salaires annualisés des seuls sala-
riés à temps complet issus des
déclarations annualisées de don-
nées sociales (DADS) (encadré 1). Source : Insee.
Pour chaque catégorie sociopro-
fessionnelle étudiée ici, c’est l’é-
volution du salaire moyen de la
catégorie qui est analysée. Ce Encadré 1
n’est pas celle des individus ap- Définitions et sources
partenant à cette catégorie en
Le salaire moyen par tête (SMPT, salariés, présents ou non toute1995, et qui huit ans plus tard
source Comptes nationaux) rap- l’année, sont concernés, à l’excep-sont encore dans la même caté-
porte la masse salariale à l’effectif tion des personnels des services
gorie, ont obtenu une promotion moyen d