RØduction du ch mage :les rØussites en EuropeRapportsJean-Paul Fitoussi et Olivier PassetJacques FreyssinetCommentairesOlivier BlanchardEdmond MalinvaudFiorella Padoa Schioppa KostorisComplØmentDenis FougŁreRØalisØ en PAO au Conseil d Analyse conomiquepar Christine Carl' La Documentation fran aise. Paris, 2000- ISBN : 2-11-004519-1« En application de la loi du 11 mars 1957 (article 41) et du Code de la propriØtØ intellectuelle du 1er juillet 1992, toutereproduction partielle ou totale usage collectif de la prØsente publication est strictement interdite sans l autorisationexpresse de l Øditeur.Il est rappelØ cet Øgard que l usage abusif de la photocopie met en danger l Øquilibre Øconomiquedes circuits du livre. »La crØation du Conseil d Analyse conomique « rØpond la nØcessitØpour un gouvernement trop souvent confrontØ l urgence, de pouvoir serØfØrer une structure de rØflexion qui lui permette d Øclairer ses choixdans le domaine Øconomique. J ai souhaitØ aussi crØer un lien entre deuxmondes qui trop souvent s ignorent, celui de la dØcision Øconomique publi-que et celui de la rØflexion Øconomique, universitaire ou non.J ai pris soin de composer ce Conseil de fa on tenir compte de toutesles sensibilitØs. Le Conseil d Analyse conomique est pluraliste. C est l un de ses atouts principaux, auquel je suis trŁs attachØ. Il doit Œtre un lieude confrontations sans a priori et les personnes qui le composent doiventpouvoir s exprimer en ...
RØduction du ch mage :
les rØussites en Europe
Rapports
Jean-Paul Fitoussi et Olivier Passet
Jacques Freyssinet
Commentaires
Olivier Blanchard
Edmond Malinvaud
Fiorella Padoa Schioppa Kostoris
ComplØment
Denis FougŁreRØalisØ en PAO au Conseil d Analyse conomique
par Christine Carl
' La Documentation fran aise. Paris, 2000- ISBN : 2-11-004519-1
« En application de la loi du 11 mars 1957 (article 41) et du Code de la propriØtØ intellectuelle du 1er juillet 1992, toute
reproduction partielle ou totale usage collectif de la prØsente publication est strictement interdite sans l autorisation
expresse de l Øditeur.
Il est rappelØ cet Øgard que l usage abusif de la photocopie met en danger l Øquilibre Øconomique
des circuits du livre. »La crØation du Conseil d Analyse conomique « rØpond la nØcessitØ
pour un gouvernement trop souvent confrontØ l urgence, de pouvoir se
rØfØrer une structure de rØflexion qui lui permette d Øclairer ses choix
dans le domaine Øconomique. J ai souhaitØ aussi crØer un lien entre deux
mondes qui trop souvent s ignorent, celui de la dØcision Øconomique publi-
que et celui de la rØflexion Øconomique, universitaire ou non.
J ai pris soin de composer ce Conseil de fa on tenir compte de toutes
les sensibilitØs. Le Conseil d Analyse conomique est pluraliste. C est l
un de ses atouts principaux, auquel je suis trŁs attachØ. Il doit Œtre un lieu
de confrontations sans a priori et les personnes qui le composent doivent
pouvoir s exprimer en toute indØpendance. Cette indØpendance je le sais
vous y tenez, mais surtout je la souhaite moi-mŒme.
Ces dØlibØrations n aboutiront pas toujours des conclusions parta-
gØes par tous les membres ; l essentiel mes yeux est que tous les avis
puissent s exprimer, sans qu il y ait nØcessairement consensus.
...
La mission de ce Conseil est essentielle : il s agit, par vos dØbats, d ana-
lyser les problŁmes Øconomiques du pays et d exposer les diffØrentes op-
tions envisageables. »
Lionel Jospin, Premier Ministre
Discours d ouverture de la sØance d installation du
Conseil d Analyse conomique, le 24 juillet 1997.
Salle du Conseil, H tel de Matignon.Sommaire
Introduction ............................................................................................... 7
Pierre-Alain Muet
RØformes structurelles et politiques macroØconomiques :
les enseignements des « modŁles » de pays ............................................ 11
Jean-Paul Fitoussi et Olivier Passet
La rØduction du taux de ch mage :
les enseignements des expØriences europØennes .....................................97
Jacques Freyssinet
Commentaires
Olivier Blanchard ..................................................................................213
Edmond Malinvaud ...............................................................................221
Fiorella Padoa Schioppa Kostoris ........................................................ 229
ComplØment
La durØe du ch mage en France ............................................................ 239
Denis FougŁre
RØsumØ ..................................................................................................261
Summary................................................................................................265
R DUCTION DU CH MAGE : LES R USSITES EN EUROPE 5Introduction
AprŁs deux dØcennies de ch mage de masse, la France s est engagØe,
comme d autres pays europØens, dans la voie d une forte rØduction du ch -
mage qui a rendu progressivement crØdible l objectif de reconquØrir le plein
emploi au cours de la dØcennie.
Dans cette perspective, l analyse des caractØristiques Øconomiques, ins-
titutionnelles et sociales des pays ayant rØussi rØduire significativement
leur ch mage, ou mŒme ne jamais conna tre de ch mage de masse, peut
Œtre riche d enseignements. Quelles sont, dans ces rØussites, les parts respec-
tives des politiques macroØconomiques, des politiques structurelles et des
facteurs institutionnels ? Telle est l une des questions auxquelles tentent de
rØpondre les deux rapports prØsentØs la sØance du 18 novembre 1999 du
Conseil d Analyse conomique, puis le 20 janvier 2000 en prØsence du
Premier ministre.
Le rapport de Jean-Paul Fitoussi et Olivier Passet distingue, en se rØfØ-
rant la pØriode 1983-1999, deux groupes de pays parmi ceux dont le taux
de ch mage conna t aujourd hui des niveaux faibles. Le premier groupe
modŁles de rØsistance est formØ des pays qui ont conservØ tout au long
de la pØriode de faibles taux de ch mage : Autriche, Japon, NorvŁge et
Suisse. Le second modŁles dynamiques regroupe les pays oø le ch -
mage a fortement reculØ aprŁs avoir connu des niveaux importants :
le Danemark, l Irlande, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni.
Les tats-Unis peuvent Œtre classØs dans l un ou l autre groupe, selon que
l on insiste sur la forte baisse du ch mage intervenue dans la dØcennie qua-
tre-vingt-dix ou sur le fait que le ch mage a connu d amples fluctuations
autour d une moyenne peu prŁs stable en longue pØriode.
Les auteurs montrent que les politiques macroØconomiques semblent
avoir jouØ un r le important dans la plupart des modŁles de rØussite. Ces
rØussites sont majoritairement caractØrisØes dans les annØes quatre-vingt-
R DUCTION DU CH MAGE : LES R USSITES EN EUROPE 7dix par un policy mix plus expansif que dans les autres pays, et plus encore
par des conditions monØtaires plus souples. Les variables institutionnelles
ne semblent pas en revanche, selon les auteurs, permettre de discriminer
entre les modŁles de rØussite et les autres.
Au sein des « modŁles de rØussite », les « modŁles de rØsistance » se
caractØrisent par une forte coordination et un degrØ de centralisation ØlevØ
des institutions du marchØ du travail. Ils connaissent aussi des systŁmes de
protection sociale relativement gØnØreux. Les « modŁles dynamiques » ont
bØnØficiØ d une croissance plus forte gr ce un policy mix plus expansif et
sont souvent caractØrisØs par une protection de l emploi plus faible.
Le rapport de Jacques Freyssinet Øtudie les cinq pays europØens (quali-
fiØs de Top 5) qui ont rØduit fortement leur ch mage entre 1990 et 1998 :
le Danemark, l Irlande, la NorvŁge, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. Il
souligne le contraste entre le Royaume-Uni oø la rØduction du ch mage
rØsulte de la contraction de la population en ge de travailler et de la baisse
des taux d activitØ, et les quatre autres pays (Top 4) qui ont connu une forte
croissance de l emploi. Ces quatre pays sont caractØrisØs par un consensus
social ØlevØ qui a permis d Øtablir et de faire Øvoluer des compromis sta-
bles, visant respecter des contraintes de compØtitivitØ et d Øquilibre des
finances publiques, tout en accordant des contreparties significatives aux
salariØs. Plus que la modØration salariale ex post, commune tous les pays
de l Union europØenne, c est l effet qu exercent sur les anticipations des
entreprises les engagements nØgociØs de modØration salariale qui semble
avoir contribuØ au succŁs de ces stratØgies. Toutefois, de telles stratØgies de
modØration salariale et de « dØsinflation compØtitive », consistant
reporter une part de leur ch mage sur leurs concurrents, ne sont pas
gØnØralisables des Øconomies de grande dimension.
La discussion a fait appara tre un large consensus sur l importance des
politiques macroØconomiques. Comme le remarque Edmond Malinvaud,
les auteurs des rapports « ont consacrØ la plupart de leurs efforts aux dØter-
minants institutionnels, car c est leur propos que nous avons peine
conclure. Il ne faudrait cependant pas oublier ce que nous avons appris
propos des dØterminants macroØconomiques au cours des deux derniŁres
dØcennies, car ces enseignements, plus sßrs, ne sont pas partout connus de
nos concitoyens ».
L importance des pactes sociaux dans les pays oø le ch mage a
fortement reculØ est Øgalement soulignØe par les trois discutants. Olivier
Blanchard note que la coordination des nØgociations salariales et la concer-
tation des partenaires sociaux semblent diminuer les effets des chocs macro-
Øconomiques sur le ch mage, comme l illustre notamment l Øvolution des
Pays-Bas depuis les Accords de Wassenaar de 1982.
Le dØbat sur l effet des institutions est plus ouvert, mŒme si les diffØ-
rents auteurs s accordent pour rejeter la vision quelque peu caricaturale
dØveloppØe notamment au milieu des annØes quatre-vingt-dix sur ce sujet
8 CONSEIL D ANALYSE CONOMIQUEpar l OCDE (aujourd hui beaucoup plus nuancØe). Olivier Blanchard
remarque que « les institutions du marchØ du travail Øtant sensiblement les
mŒmes que dans les annØes soixante oø le ch mage Øtait trŁs bas, il para t
difficile de leur attribuer la responsabilitØ principale du ch mage de masse ».
Ces institutions paraissent par contre largement dØterminer l effet des chocs
macroØconomiques notamment sur le ch mage. Certaines institutions
les ont amplifiØs, d autres les ont attØnuØs. Dans un registre voisin, Fiorella
Padoa Schioppa Kostoris remarque que l absence de relation statistique
entre variables institutionnelles et niveau du ch mage soulignØe par Jean-
Paul Fitoussi et Olivier Passet n est pas incompatible avec l existence d une
relation entre les mŒmes variables, en Øvolution. Edmond Malinvaud note,
de mŒme, que dans la plupart des pays, y compris le Royaume-Uni, les
politiques de l emploi n ont pas rØformØ fondamenta-lement, mais plut t
marginalement, les institutions du marchØ du travail.
Si l analyse ØconomØtrique a beaucoup de peine caractØriser les effets de
ces rØformes, c est sans doute en partie parce que ces effets ne se manifes-
tent qu long terme.
Au total, les stratØgies rØussies de rØduction du ch mage combinent la
fois des politiques macroØconomiques stimulant la croissance, des pactes
sociaux favorisant une adaptation plus consensuelle aux chocs extØrieurs et
des rØformes institutionnelles. Comme le note Fiorella Padoa Schioppa
Kostoris, ce n est pas en retenant chacune des meilleures pratique