Rapport d information déposé par la Commission des affaires étrangères sur le rôle des compagnies pétrolières dans la politique internationale et son impact social et environnemental. Tomes 1 et 2
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Rapport d'information déposé par la Commission des affaires étrangères sur le rôle des compagnies pétrolières dans la politique internationale et son impact social et environnemental. Tomes 1 et 2

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Analyse du rôle des compagnies pétrolières à l'étranger et en France pour en tirer des enseignements sur l'application des normes internationales (droits de l'Homme, droits sociaux, environnementaux) par les grands groupes, sur le rôle des Etats notamment la France et sur le développement économique durable.

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Publié le 01 décembre 1999
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Langue Français

Extrait

N1859 ______
ASSEMBLEE   NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958
ONZIME LGIS LATURE
Enregistr  la Prsidence de l'Assemble nationale le 13 octobre 1999.
R A P P O R T D ' I N F O R M A T I O N
DPOS
en application de l'article 145 du Rglement
PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES TRANGRES(1)
sur le rle descompagnies ptroliresdans la politique internationaleet son impactsocial et environnemental
ETPRSENTPAR
Mme MARIE-HLNEAUBERT,
et
MM. PIERREBRANA etROLANDBLUM,
Rapporteurs

RAPPORT TOME I
(1) La composition de cette commission figure au verso de la prsente page.
Affaires trangres
- 2 -La Commission des Affaires trangres est compose de :M. Jack Lang,prsident; MM. Georges Hage, Jean-Bernard Raimond, Roger-Grard Schwartzenberg,vice-prsidents; M. Roland Blum, Mme Monique Collange, Franois Loncle,secrtaires; Mmes Michle Alliot-Marie, Nicole Ameline, M. Ren Andr, Mmes Marie-Hlne Aubert, Martine Aurillac, MM. Edouard Balladur, Raymond Barre, Dominique Baudis, Franois Bayrou, Henri Bertholet, Jean-Louis Bianco, Andr Billardon, Andr Borel, Bernard Bosson, Pierre Brana, Jean-Christophe Cambadlis, Herv de Charette, Yves Cochet, Yves Dauge, Patrick Delnatte, Jean-Marie Demange, Xavier Deniau, Paul Dhaille, Mme Laurence Dumont, MM. Jean-Paul Dupr, Charles Ehrmann, Laurent Fabius, Jean-Michel Ferrand, Georges Frche, Jean-Yves Gateaud, Jean Gaubert, Valry Giscard d'Estaing, Jacques Godfrain, Pierre Goldberg, Franois Guillaume, Robert Hue, Mme Bernadette Isaac-Sibille, MM. Didier Julia, Alain Jupp, Andr Labarrre, Gilbert Le Bris, Jean-Claude Lefort, Franois Lotard, Pierre Lequiller, Bernard Madrelle, Ren Mangin, Jean-Paul Mariot, Gilbert Maurer, Charles Millon, Mme Louise Moreau, M. Jacques Myard, Mme Franoise de Panafieu, MM. Etienne Pinte, Marc Reymann, Gilbert Roseau, Mme Yvette Roudy, MM. Ren Rouquet, Georges Sarre, Henri Sicre, Mme Christiane Taubira-Delannon, M. Michel Terrot, Mme Odette Trupin, MM. Joseph Tyrode, Michel Vauzelle, Philippe de Villiers
- 3 - 
SOMMAIRE
INTRODUCTION.......................................................................................................
7
I  UN RESPECT ALATOIRE DES NORMES THIQUES PAR LES COMPAGNIES PTROLIRES........................................................... 15 A DES CONVENTIONS INTERNATIONALES PEU EFFICACES........................ 17 1) La protection internationale des droits de l'Homme et des droits sociaux17 a) Les droits de l'Homme dans les conventions internationales....................... 17 b) L'Organisation internationale du travail (OIT) et la protection des travailleurs18 2) L'avnement de conventions internationales anti-corruption.................. 20 a) Des lgislations nationales aux effets limits............................................... 21 b) L'introduction de nouvelles normes internationales.................................... 22 3) Les conventions antipollution...................................................................... 25 4) Les codes de conduite : engagement unilatral des multinationales ou norme juridique ?....................................................... 29 a) Des codes de conduite disparates................................................................ 30 b) Une valeur juridique relative....................................................................... 33 c) L'absence de contrle indpendant.............................................................. 34
B  L'MERGENCE DE NOUVEAUX ACTEURS : LE CONTRE POUVOIR DES ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES.......................................... 36 1) Le militantisme des ONG face aux compagnies ptrolires aux Etats-Unis37 a) La recrudescence des mises en causes des compagnies ptrolires amricaines.38 b) L'utilisation judicieuse de l'arsenal juridique amricain............................. 39 c) La dnonciation de l'action d'Occidental Petroleum et de BP en Colombie par les ONG...................................................................... 43 d) Les ractions des compagnies ptrolires amricaines............................... 45 e) Le rle ambigu de l'Etat fdral................................................................... 46 2) Le face  face des compagnies ptrolires et des ONG en Europe du Nord : du combat au dialogue .............................................48 a) Les dboires de la Shell et l'efficacit des campagnes de boycott dans l'opinion publique................................................................... 48 b) L'appel au boycott de TotalFina en Belgique.............................................. 53
II  LE CAS FRANAIS........................................................................................... A  LES SPCIFICITS DU MODLE FRANAIS................................................. 1) L'Etat dirigeant des compagnies ptrolires : pantouflages et consanguinits.................................................................. a) Aux origines d'Elf et de Total....................................................................... b) Des liens ambigus entre l'Etat et Elf............................................................ 2) L'Etat garant de la scurit des approvisionnements.............................. a) L'action spcifique de l'Etat dans le capital d'Elf........................................ b) Une action spcifique conteste par la Commission europenne................ c) Un dclin du rle de l'Etat ?........................................................................ 3) L'Etat dfenseur des intrts conomiques des compagnies ptrolires franaises.................................................................. a) Un systme fiscal avantageux pour les compagnies ptrolires.................. b) Un soutien des intrts des compagnies ptrolires franaises  l'tranger................................................................... c) Une conception frileuse de l'intervention de l'Etat dans l'application par les compagnies franaises des normes internationales.............................
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4 - -
B - L'OPACIT DU SYSTME DE PRISE DE DCISION....................................... 1) L'implantation controverse de Total en Birmanie : la construction du gazoduc de Yadana et le travail forc............................ a) L'argumentation de Total............................................................................. b) La complaisance des autorits franaises  l'gard du projet Yadana........ c) Le combat des ONG contre le gazoduc de Yadana...................................... d) Total et les investisseurs trangers : une prsence nfaste selon Mme Aung San Suu Kyi et l'opposition birmane..................................... e) La question des sanctions commerciales et du boycott de la Bimanie......... 2) L'entre d'Elf dans le Consortium cr pour la construction du projet d'oloduc Tchad-Cameroun ................................... 3) L'ombre d'Elf sur la tragdie congolaise.................................................... a) Un pays dchir par une guerre contre les civils......................................... b) Le jeu trouble d'Elf...................................................................................... c) Les accusations du prsident Lissouba........................................................ d) Le rle obscur des rseaux..........................................................................
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83 86 89 94
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110 113 113 117 119 122
C - LES FACTEURS DE MODERNISATION............................................................ 126 1) L'intervention de la justice : les affaires Elf-Aquitaine.............................. 126 2) Les effets de la privatisation d'Elf-Aquitaine et sa future fusion avec TotalFina........................................................................ 127 a) Les effets de la privatisation d'Elf : un dsengagement de l'Etat ?.............. 127 b) Les effets d'une future fusion Elf TotalFina : une visibilit accrue du groupe sur la scne internationale............................. 128 3) Organiser des contrepoids  la puissance des grands groupes ptroliers et des multinationales en gnral...................... 129 a) Encourager le dialogue entre multinationales et associations de dfense des droits de l'Homme et de l'environnement................................. 129 b) Limiter les condamnations pour recours au boycott.................................... 132 c) Etendre le droit d'agir en justice des associations de dfense des droits de l'Homme et de l'environnement...................................... 135 d) Encourager l'engagement de la responsabilit des personnes morales devant les tribunaux.......................................................... 136
III. LES COMPAGNIES PTROLIRES ET LE DVELOPPEMENT DURABLE139
A - LES RAPPORTS PARADOXAUX ENTRE RENTE PTROLIRE ET DVELOPPEMENT........................................................ 1) Rente ptrolire, guerres, destructions : quel est le lien entre rente ptrolire et guerre ? ....................................... a) Une guerre pour le ptrole : la guerre du Golfe.......................................... b) Ptrole et conflits dans la zone caspienne : des guerres relles pour du ptrole encore virtuel........................................... c) La guerre civile en Angola et au Congo-Brazzaville : les prfinancements ptroliers  l'uvre.......................................................... 2) Rente ptrolire et inscurit : le rle des forces de scurit................ a) L'inscurit chronique dans le delta du Niger : la rponse des populations locales................................................................... b) Rente ptrolire et dlitement des Etats....................................................... 3) La rente ptrolire, facteur d'immobilisme et frein  la bonne gouvernance................................................................................... a) Les effets pervers de la rente ptrolire en Afrique du Nord et au Moyen-Orient : le maintien du rgime en place...................................... b) Rente ptrolire et mauvaise gouvernance..................................................
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5 --
B - CONDITIONNALIT DES AIDES ET EXPLOITATION PTROLIRE.............. 1) Un projet controvers : l'oloduc Tchad-Cameroun .............................. a) La situation intrieure au Tchad et au Cameroun....................................... b) L'information et l'indemnisation des populations........................................ c) L'impact environnemental............................................................................ 2) Les possibilits de rgulation par la Banque mondiale et les institutions financires internationales................................................. a) Le contrle de l'utilisation de la rente ptrolire......................................... b) La souverainet des Etats et les compagnies ptrolires : une limite  la pression des institutions financires internationales................ 3) L'application des rgles de conditionnalit au niveau bilatral............... a) Une approche conomique des rgles de conditionnalit aux effets dcevants.......................................................................................... b) Les rponses possibles.................................................................................
C - DVELOPPEMENT DURABLE ET EXPLOITATION PTROLIRE SONT-ILS CONCILIABLES ?.................................................................................. 1) Les carences en nergie de certains pays producteurs ou potentiellement producteurs de ptrole..................................................... 2) Respect de l'environnement et utilisation d'nergies alternatives......... a) Changement climatique et hydrocarbures................................................... b) Les compagnies ptrolires, la protection de l'environnement et les nergies alternatives et renouvelables....................................................
CONCLUSION...........................................................................................................
EXAMEN EN COMMISSION...................................................................................
ANNEXES...................................................................................................................
167 167 170 175 177
182 183
186 187
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193 194 194
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Mesdames, Messieurs,
- 7 -
"L'industrie ptrolire n'offre pas l'exemple d'une activit s'ouvrant spontanment aux investigations. C'est toujours avec une grande amabilit que les compagnies communiquent les renseignements demands, mais l'on s'aperoit trs vite que le contexte permettant de juger ces informations, ou bien est tronqu, ou bien est fauss, ou bien fait dfaut. Votre Rapporteur a t bien souvent fascin par des dclarations prsentes comme des vidences, des raisonnements donnant tout  fait l'impression d'tre l'expression du pur bon sens, des affirmations la main sur le cur branlant le plus sceptique des auditeurs, et qui se rvlent en fin de compte autant de fausses pistes, autant de traquenards intellectuels, autant d'inexactitudes. Avanant dans un labyrinthe dont il ne peut jamais avoir une vue d'ensemble, l'enquteur ne sort de l'enlisement que pour se retrouver  son point de dpart. On pourrait dresser une sorte d'itinraire initiatique de l'industrie du ptrole au cours duquel il s'agirait d'chapper au lac des ides reues, viter de tomber dans la fosse du prix Rotterdam, matriser le dragon des degrs API, tenter de sortir intact de la Villa des rabais ; aprs avoir donn la bonne rponse au sphinx interrogeant tous les passants sur le montant du prix de transfert, parviendrait-on enfin  la Salle de vrit ? Rien n'est moins sr."
Tel tait le sentiment exprim au nom de la commission d'enqute sur les socits ptrolires oprant en France par Julien Schvartz dans un rapport clbre dpos le 6 novembre 1974. Vingt-cinq ans plus tard, qu'en est-il ? La nature de leurs relations avec les Etats a-t-elle volu ? Comment les grands groupes ptroliers influencent-ils les relations internationales ? Quelle est leur stratgie face  la mondialisation de l'conomie et de l'information ? Peroivent-ils de la mme faon les exigences toujours plus fortes de leurs clients quant au respect de l'environnement ? Sont-ils plus sensibles  la situation des droits de l'Homme dans les pays o ils oprent ?
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Malgr les volutions conomiques et politiques, certaines caractristiques du ptrole sont demeures inchanges. Denre stratgique, indispensable  la vie quotidienne des pays industrialiss, il constitue une des bases fondamentales de toute politique trangre. Aucun Etat responsable ne se risquerait  ngliger la scurit des approvisionnements en ptrole. Mme si chaque pays conjugue  sa faon le concept d'indpendance stratgique, tous ont pris des mesures particulires pour juguler les menaces de rupture des stocks. C'est dire si l'industrie ptrolire est implique dans la politique intrieure et extrieure des Etats.
Matire premire hautement stratgique, le ptrole jaillit en abondance le plus souvent dans des zones instables politiquement et conomiquement. La prsence d'une telle richesse ne contribue pas forcment  stabiliser ces zones. Les investissements ncessaires  l'exploitation des gisements de ptrole sont extrmement levs, leur rentabilit est calcule  trs longue chance, en gnral entre dix et trente ans. Aussi, les compagnies ptrolires sont-elles tenues de nouer des relations suivies avec les Etats producteurs propritaires du domaine minier. Aucune autre matire premire ne ncessite une telle dmarche.
Par leur taille, leur chiffre d'affaires, la diversit de leur activit, ces groupes multinationaux ont une puissance surdimensionne par rapport  certains Etats producteurs avec lesquels ils traitent. Le chiffre d'affaires des premiers groupes ptroliers mondiaux reprsente l'quivalent voire trois  quatre fois le PIB de certains Etats exportateurs. Le chiffre d'affaires d'Exxon, premier producteur mondial s'levait en 1998  115,6 milliards de dollars, le PIB du Nigeria  108 milliards de dollars, celui du Cameroun  26,4 milliards de dollars, celui de l'Angola  16,7 milliards de dollars, celui du Gabon  8,7 milliards de dollars et celui du Tchad  6,9 milliards de dollars. Quoi que fassent les compagnies ptrolires, leur implantation dans un pays a forcment un impact considrable.
Les chocs et contrechocs ptroliers ont accentu la mondialisation du march du ptrole. Quand en novembre 1998 la mission a tenu ses premires runions, les cours du ptrole taient en chute libre pour tomber  un niveau infrieur  celui du premier choc ptrolier de 1973 : 10 dollars le baril. Depuis, les cours ont remont  20 dollars le baril, djouant les prvisons pessimistes que la mission a entendues.
Les processus de fusion ont transform les grands groupes ptroliers, accentuant leurs caractres multinationaux. A la fusion d'Exxon et de Mobil ont rpondu celles de BP-Amoco avec Arco, de Total avec Fina et plus rcemment le projet de fusion TotalFina Elf-Aquitaine. Ce projet aura un impact certain en France.
- 9 -
M. Francis Perrin, Vice-Prsident de la section franaise d'Amnesty International partage cette analyse. Selon lui, l'industrie des hydrocarbures "est dpendante des contraintes gologiques et les zones dans lesquelles on trouve des hydrocarbures sont dans beaucoup de cas peu respectueuses des droits de l'Homme. Les compagnies exploitent une matire premire stratgique qui ncessite de lourds investissements. Les fusions en cours accrotront le dsquilibre entre les compagnies ptrolires et certains Etats qui sont placs les uns et les autres dans une situation d'interdpendance".
Ces caractristiques ont gnr des comportements trs particuliers aux grands groupes ptroliers. Ils ont en commun d'avoir d exercer pour des raisons de scurit certains des attributs de la puissance tatique.
C'est pourquoi une certaine culture du secret et une forme de solidarit entre les grands groupes ptroliers persiste face  ceux qui s'efforcent d'en savoir plus comme le rappelait M. Jean-Franois Bayart : "Il est incontestable que la spcificit du ptrole existe, par l'ampleur des enjeux financiers qu'il gnre et par le rle stratgique qu'il joue dans les conomies industrielles et donc la vie quotidienne des citoyens de ces pays. L'histoire du ptrole est lie aux pripties des deux guerres mondiales, plus que les autres matires premires. Pendant la deuxime guerre mondiale, tout l'Occident avait besoin de ptrole pour combattre. Cette spcificit historique a engendr une culture du secret. Les ptroliers sont gnralement peu bavards. Il existe incontestablement une tradition de "covered action", d'interventions secrtes. L'exploitation du ptrole gnre un alliage curieux de pratiques assez machiavliques (complots, constitution de rseaux) et de haute technicit, (forages en eaux profondes). En outre, le ptrole est au cur de l'histoire rcente."
Au XXmesicle, aucune autre matire premire, ft-elle trs prcieuse, n'a suscit autant de tensions, voire de guerres (la Guerre du Golfe en est la parfaite illustration), d'interventions secrtes, de flux financiers occultes, de vraies fausses socits Une certaine opacit caractrise dans certains pays l'utilisation de la rente ptrolire. Malgr les redevances verses, les populations ne bnficient d'aucune retombe en terme de dveloppement, bien au contraire.
La Commission des Affaires trangres a constat que les mises en cause des compagnies ptrolires franaises et trangres, pour leur rle jug nfaste dans certaines rgions du monde o elles oprent, se sont multiplies ces dernires annes en France comme  l'tranger. Considres
10 - -
par certains comme de vritables Etats dans l'Etat, elles sont accuses d'tre les allis objectifs de rgimes dictatoriaux peu soucieux de respecter les droits de l'Homme, d'accrotre l'instabilit de certains pays et de contribuer largement  la dgradation de l'environnement.
C'est pourquoi, le 8 octobre 1998 la Commission des Affaires trangres dcidait de crer une mission d'information sur le rle des compagnies ptrolires dans la politique internationale et son impact social et environnemental. Les circonstances de la cration de cette mission d'information clairent son mandat.
Lors de sa runion du 21 janvier 1998, la Commission des Affaires trangres a examin une proposition de rsolution visant  la cration d'une commission d'enqute relative au bilan de l'action de l'entreprise Elf-Aquitaine et de ses filiales dans les Etats africains et  ses consquences sur les rapports de la France avec ces Etats, proposition qui recueillait l'approbation de nombreux parlementaires.
Mais, selon l'article 6 de l'ordonnance n 58-1100 du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assembles et les articles 140 et 141 du Rglement de l'Assemble nationale, la cration d'une commission d'enqute est subordonne  la runion de deux conditions cumulatives. Premirement, la proposition doit dterminer avec prcision soit les faits qui donnent lieu  enqute soit les services publics ou les entreprises nationales dont la Commission doit examiner la gestion. Deuximement, les faits ayant motiv le dpt de la proposition ne doivent pas donner lieu  des poursuites judiciaires. Or, interroge sur l'existence de poursuites judiciaires sur les faits ayant motiv le dpt de la proposition de rsolution le 24 novembre 1997 par le Prsident Laurent Fabius, Mme Elisabeth Guigou, garde des Sceaux, ministre de la Justice, a rpondu par lettre du 26 dcembre 1997 "qu'une information judiciaire des chefs d'abus de biens sociaux, recel et complicit, prsentation de comptes inexacts, publication d'informations fausses, abus de confiance et recel, faux et usage de faux, est actuellement en cours  Paris sur la gestion d'Elf-Aquitaine et de ses filiales africaines" .
Faute de pouvoir crer cette commission d'enqute, la Commission des Affaires trangres dcidait de crer une mission d'information sur le rle des compagnies ptrolires dans la politique internationale et son impact social et environnemental.
Auparavant, en avril 1998, l'attention de la Commission des Affaires trangres avait t attire par M. Pierre San, secrtaire gnral d'Amnesty International qui, proccup par le sort des prisonniers d'opinion
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