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Tchat. « L'Amérique reste le moteur de l'économie mondiale ». Par Rue89 | 27/11/2008 | 16H36. Lauréat du prix du livre d'économie 2008 (qui lui a été remis ce ...

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Tchat
« L'Amérique reste le moteur de l'économie
mondiale »
Par Rue89 | 27/11/2008 | 16H36
Lauréat du prix du livre d'économie 2008 (qui lui a été remis ce matin), l'économiste Jacques
Mistral, auteur de "La Troisième révolution américaine", a répondu à vos question ce vendredi
après-midi.
Aujourd'hui directeur des études économiques à l'IFRI, Jacques Mistral est
un homme curieux de tout, qui a vécu quelques années à l'ambassade de
France à Washington, avec le titre de conseiller économique, et une année à
Harvard. Il a observé le cauchemar général qui a marqué la présidence Bush,
entre terrorisme, guerre en Irak, catastrophe de Katrina, crise financière,
montée des inégalités. Ancien conseiller de Michel Rocard à Matignon et de
Laurent Fabius à Bercy, c'est un intellectuel au sens politique aiguisé.
Cet après-midi, avec les internautes, il a analysé, entre autres si, avec
Obama au pouvoir et la crise économique, les Etats-Unis sont en train de
prendre un virage idéologique comparable à ceux qu'ont incarné les présidents Roosevelt (avec
le welfare state) ou Reagan (avec la dérèglementation).
Ecrit avant l'élection de Barack Obama, son livre, d'une grande clarté, décrit par le menu la
"révolution" en cours aux Etats-Unis: la contestation du conservatisme, la fermeture de la
parenthèse ultralibérale ouverte avec Ronald Reagan, la prise de conscience écologique, mais
aussi les tentations protectionnistes. Jacques Mistral n'est pas un américanophile béat, loin de
là. Mais il a la conviction que les Etats-Unis sauront repartir de l'avant pour, une fois de plus,
"repousser la frontière".
Le tchat avec Jacques Mistral
Les réponses
retranscrites de
Jacques Mistral
sont des résumés
de sa pensée
exprimée en
vidéo.
Servais-Jean: Une évolution mondiale était rendue possible par la crise financière et par
l'élection d'Obama mais il semble à présent que le futur gouvernement des Etats-Unis va
tout faire pour remettre sur les mêmes rails son système économique et qu'en
conséquence rien ne changera. Qu'en pensez-vous?
Jacques Mistral:
On peut toujours penser que capitalisme restera le capitalisme, en particulier
aux Etats-Unis où il est moins contesté qu'en France. Mais si on regarde plus précisément, le
capitalisme a beaucoup varié au cours du temps, et avec Obama il peut changer de la même
façon qu'il a changé sous Rossevelt.
Jide: Que pensez-vous de la nomination d'ultralibéraux (très) proches de Wall Street
(Timothy Geithner, Larry Summers) et de la dérégulation aux postes stratégiques de
l'économie américaine, ainsi que de leur rôle dans le sauvetage-géant de Citigroup?
Jacques Mistral:
Caractériser Summers et Geithner d'ultralibéraux c'est approximatif. Larry
Summers est un libéral comme on dit là bas, c'est-à-dire qu'il fait confiance aux marchés; quant
à Geithner, il a été le premier responsable américain quand il a été nommé président de la Fed
de NY à demander plus aux banquiers sur leurs méthodes d'évaluation des risques.
Jaycib: Des sommes énormes ont été mises à disposition par le ministre du Trésor
américain et Obama prévoit un plan de relance de l'économie, auquel pourraient
éventuellement s'ajouter des plans de sauvegarde sectoriels décidés par le Congrès. Ce
surcroît d'endettement pourrait-il plomber définitivement le système économique
américain?
Peut-on s'attendre à ce que la Chine et des fonds souverains continuent indéfiniment
d'acheter des bons du Trésor et des obligations assimilables afin d'assurer la survie de ce
système?
Jacques Mistral:
C'est une question très préoccupante pour 2009, on commence à avoir
l'habitude de voir le secrétaire d'Etat au Trésor sortir des plans à 700 milliards de dollars et on se
demande parfois qui paie. Eh bien, ce sont les investisseurs internationaux qui paient, dont
beaucoup sont asiatiques, et parfois les banques centrales de ces pays. La question à laquelle
personne n'a de réponse pour le moment: le mouvement de défiance vis-à-vis du dollar va-t-il
s'accentuer? Il s'est interrompu pendant l'été pour des raisons techniques mais peut reprendre.
Le Yéti: Pensez-vous que le plan de relance à 800 milliards annoncé par Barack Obama
soit un pas décisif et suffisant dans la sortie de crise?
Jacques Mistral:
Pour savoir où iront les 800 milliards du plan Obama pour l'économie réelle, il
faut attendre sa prise de fonctions officielle le 20 janvier. On sait déjà que ce ne sera pas
suffisant: le premier plan Paulson avait beaucoup impressionné car c'était la première fois qu'un
gouvernement annonçait un tel montant. En septembre, en deux jours on a remis 800 milliards
de dollars, là on en est à 2200 milliards de dollars en tout.
Sécuriser le système financier était un préalable indispensable.
(La réponse vidéo est en deux
parties)
Tarpon: Que va-t-il se passer si certains fonds se mettent à racheter les entreprises
françaises asphyxiées par la chute de leurs actions et à les delocaliser en revendant au
mieux offrant ? L'Etat n'aurait-il pas intérêt à faire une OPA sur Renault, par exemple, ou à
renationaliser afin de protéger l'emploi, avec l'engagement de remettre son
investissement sur le marché dès que la situation normale sera rétablie dans quatre ou
cinq ans?
Jacques Mistral:
Pour le moment les manoeuvres offensives n'ont pas commencé, mais elles
risquent de se produire, même si on ne sait pas encore qui seraient les prédateurs. L'intervention
de l'Etat dans certains cas est bénéfique. Le dernier exemple en date, celui d'Alsthom, opération
coup de poing, temporaire, dans des circonstances précises, on pourrait s'en inspirer quand les
cas sont similaires.
Mais faire intervenir l'Etat à tout bout de champs serait dangereux, il ne faut pas céder aux
tentations protectionnistes. N'oublions pas oublier que nos emplois sont tournés vers
l'exportation, défaire cet écheveau de relations serait le début d'une catastrophe économique.
Lioe: Après cette troisième révolution américaine, l'économie mondiale restera-t-elle
toujours aussi dépendante de la santé économique des Etats-Unis?
Jacques Mistral:
Oui dans un avenir proche, car l'économie américaine, autant réelle que
financière, reste absolument prépondérante dans le fonctionnement de l'économie mondiale.
Depuis deux ans, certains économistes avaient imaginé la thèse du "découplage" entre les
zones économiques, où les zones économiques émergentes et l'Europe pourraient se substituer
au moteur de l'économie américaine. Cette théorie est fausse, on voit bien que tous les pays
sont touchés par la crise américaine. Il n'y a pas d'issue pour se séparer des vicissitudes de ce
qui se passe outre-atlantique.
Tarpon: Pourquoi l'Etat n'est-il pas rentré dans le capital des banques au lieu de leur
ouvrir des lignes de crédit?
Jacques Mistral:
Pour l'instant, c'est une question qui n'est pas à l'ordre du jour car le système
bancaire européen est dans un cas différent de celui des Etats-Unis. Là-bas, il y a un vrai risque
systémique. En France, il y a une différence entre certaines banques qui s'en tirent bien et
d'autres moins comme Dexia. L'idée n'est pas de se préparer à une faillite, mais de leur
permettre d'être en bonne position par rapport à leurs concurrentes étrangères, à un moment où
le système bancaire européen va connaître des regroupements.
flodemokeley: On entend dire qu'un rebond boursier serait possible en 2009. Selon vous,
est-il vraiment possible malgré la crainte des consommateurs et la volatilité sur les
marché? Si oui de quel(s) facteur(s) cela dépendra-t-il? Si non, quand pensez-vous qu'il
puisse avoir lieu?
Jacques Mistral:
N'étant pas expert, je suis bien incapable de répondre. Ce qu'on peut dire,
c'est qu'à un moment ou à un autre il y a des chances qu'il y ait un rebond. Il peut être fort si on
pense que le plancher est atteint. Il y a eu depuis septembre plusieurs situations où on a cru que
c'était le cas mais manifestement on n'en est pas encore là. La question est ouverte pour 2009.
Ce qui peut encourager cela, c'est un dégel sur le marché du crédit, qu'on y voie plus clair sur la
sécurité financière des banques, et puis les nouvelles de l'économie début 2009 notamment à la
faveur d'une baisse des prix du pétrole pourront donner l'impression que le pire est derrière
nous.
Xavier Denamur: Pensez-vous que Barack Obama a les moyens et une véritable volonté
de se lancer dans un vaste plan de refonte de la protection sociale aux Etats-Unis face
aux puissants lobbies qui sévissent dans ce domaine depuis de nombreuses années?
Jacques Mistral:
La puissance des lobbies est réelle, mais la réaction de la population
américaine joue aussi beaucoup dans cette affaire. Celle-ci est extrêmement hostile à un
système centralisé comme on l'a en France. Ce qui a fait échouer la tentative d'Hillary Clinton
d'imposer un tel système de santé, ce n'est pas les lobbies mais l'électorat opposé à une
socialisation trop poussée. Là, il y a une demande de la classe moyenne d'instaurer une
assurance maladie plus large, donc la volonté politique, il l'a, mais la question qui se pose est:
où Obama va-t-il trouver les ressources pour sauver l'automobile, relancer les infrastructures?
Jonathan-Pedron: J'aimerais savoir pourquoi, selon vous, l'Angleterre et probablement
l'Italie font le choix d'une baisse générale de la TVA. Alors que la France et l'Allemagne
n'en veulent pas. Les risques de fuites de capitaux paraissent important. Pensez-vous
qu'ils font un bon choix?
Jacques Mistral:
Je ne suis pas partisan de la baisse de la TVA car c'est mesure très couteuse
et pour une efficacité discutable. D'abord car on ne sait pas quelle proportion est répercutée sur
le prix de vente. Ensuite parce qu'une partie des sommes transférées aux consommateurs est
épargnée et ne va pas soutenir l'économie. Il est à mon avis préférable d'aller directement à la
dépense qui fait les chèques aux emplois dans des infrastructures, la construction...
Sophie Verney: Faut-il s'inquiéter pour les générations futures sur qui nous faisons peser
la charge de l'endettement public qui va croissant?
Jacques Mistral:
Depuis des années et des années, nous faisons payer non seulement le déficit
de l'Etat mais aussi les dépenses d'assurance maladie et de retraite aux générations futures,
c'est scandaleux. Je suis surpris que cette inéquité n'ait pas été évoquée depuis l'élection
présidentielle et qu'on laisse la situation se dégrader encore.
La Troisième révolution américaine
de Jacques Mistral - éd. Perrin - 236p. - 17€.
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Réaction de Servais-Jean | Psychanaliste orphelin | 27/11/2008 | 22H48
Avec l'élection d'Obama nous étions nombreux à penser que les USA prendraient un nouveau
chemin plus socialisant mais en constatant que les conseillés qu'il nomme sont déjà fortement
marqués par les politiques précédentes où le capitalisme faisait la loi, il est à craindre que cette
élection soit un coup pour rien pour le monde entier. Le complexe militaro-industriel n'a pas de
souci à se faire. Ma question est donc simple: Une évolution mondiale était rendue possible par
la crise financière et par l'élection d'Obama mais il semble à présent que le futur gouvernement
des Etats Unis va tout faire pour remettre sur les mêmes rails son système économique et qu'en
conséquence rien ne changera. Qu'en pensez-vous?
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Réaction de Jaycib | Hardball player | 27/11/2008 | 18H25
Question(s) pour Jacques Mistral: Etant donné les énormes sommes déjà mises à disposition
par le ministre du Trésor américain Hank Paulson (les 700 milliards de dollars annoncés fin
septembre pour "sauver" les banques, plus les 600 milliards de dollars de plus annoncés par le
même Paulson la semaine dernière afin de débloquer les circuits du crédit), et le plan de
sauvegarde et de relance de l'économie américaine d'Obama, qui se chiffrerait pour sa part à
500-700 milliards, sans compter certains plans de sauvegarde sectoriels (automobile, bâtiment,
machines-outils) éventuellement décidés par le Congrès des Etats-Unis dans le proche avenir,
n'est-il pas concevable que ce surcroît d'endettement puisse plomber définitivement le système
économique américain? Peut-on s'attendre à ce que la Chine et des fonds souverains continuent
indéfiniment d'acheter des bons du Trésor et des obligations assimilables afin d'assurer la survie
de ce système?
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Réaction de TARPON | chat de gouttiere | 27/11/2008 | 21H03
Ma question: Qu'est ce qui va se passer si certains fonds se mettent à racheter les entreprises
françaises asphyxiees par la chute de leurs actions,et à les delocaliser en revendant au mieux
offrant ?L'etat n'aurait il pas interet à opeer Renault ,par exemple ou le renationaliser afin de
proteger l'emploi avec l'engagement de remettre son investiissement sur le marché des que la
situation normale sera revenue dans 4 ou 5 ans? Pourquoi l'etat n'est il pas rentré dans le capital
des banques au lieu de leur ouvrir des lignes de credit?
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Réaction de Le Yéti | yetiblog.org | 28/11/2008 | 08H38
"Mistral n'est pas un américanophile béat, loin de là. Mais il a la conviction que les États-Unis
sauront repartir de l'avant pour, une fois de plus, "repousser la frontière""
Eh bé dis donc, qu'est-
ce qu'il faut dire, quelle
"conviction"
faut-il exprimer pour être qualifié d'
"américanophile béat"
?
Je ne sais pas si
"les États-Unis sauront repartir de l'avant"
et quand. Mais je sais qu'ils ont été
sacrément fortiches (avec leurs alliées occidentaux, c'est vrai), pour sacrément foutre la merde
sur la planète entière.
"Repousser les frontières"
, ça, sûr qu'ils savent le faire, en Afghanistan, en
Irak... Maintenant, le rêve Obama, moi je veux bien. Mais les premières annonces du futur
président US en matière d'économie laissent bien mal augurer de la suite des évènements par
leur total manque d'imagination. Et par leur extrême dangerosité. Un plan de relance à 800
milliards (encore des milliards !) ressemble fâcheusement à tout les précédents plans à milliards
lâchés comme s'il en pleuvait par ses prédécesseurs républicains. En pure perte. Et même à
supposer que notre sauveur parvienne à relancer un temps la machine hoquetante, on n'en
repartirait que mieux, ou plutôt pire dans ce cas-là, dans l'engrenage suicidaire précédent :
ponction à mort dans les réserves naturelles de la planète, pollution maximum, dégradations
climatiques... Investir dans la recherche pour des nouvelles énergies, des nouvelles technologies
propres (St Ob' en a parlé) ? Très bien. Mais alors le temps de cette mutation effectivement
nécessaire sera bien trop long pour empêcher la machine économique de couler une bielle
fatale. En vérité, le problème ne sera JAMAIS résolu tant que les dirigeants de tout poil
s'accrocheront à cette idée moisie de croissance. La croissance est une notion obsolète, pire,
destructrice. C'est d'une gestion des acquis planétaire auquel il faudrait s'employer. De leur
répartition équitable. Gérer au niveau de la planète le minimum vital et le confort nécessaire à
chacun ; dégraisser la machine économiques de ces superflus imbéciles et ravageurs pour notre
environnement naturel. Difficile de convaincre tous les pays du monde d'un coup, j'en conviens.
Suffit de voir la bouillie des rencontres internationales officielles. Mais au moins commencer par
son pays à soi. De cela nous sommes bien loin, je crains. Et Barack Obama, ce président
sponsorisé par les grandes multinationales américaines, ne me semble guère dans de plus
salvatrices dispositions. Mais bon, attendons le fameux 20 janvier 2009, date de son
intronisation...
Question
(eh oui, tout vient !) : pensez-vous que le plan de relance économique à
800 milliards annoncé récemment par Barack Obama, soit un pas décisif et suffisant dans la
sortie de crise actuelle ?
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Réaction de Bruno Rèbufie | Logisticien | 28/11/2008 | 14H53
Bonjour Monsieur Mistral. Avec le changement radical, des modes consommation et de
déplacements, qui semble se profiler, comment les lobbys industriels et ceux de la distribution
vont ils se comporter? Quelle marge de manoeuvre a le lobby de l'automobile par exemple? celui
de la distribution et ses centres commerciaux ? les deux face au risque de limitation des
déplacements particuliers? Ont-ils encore un avenir ou sont ils condamnés comme les
dinosaures ? Par quels types de lobby seront ils remplacés?
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Réaction de Xavier denamur | restaurateur | 28/11/2008 | 17H08
Question: Monsieur Mistral, pensez -vous que Barack Obama a les moyens et une véritable
volonté de se lancer dans un vaste plan de refonte de la protection sociale aux USA face aux
puissants lobbies qui sévissent dans ce domaine depuis de nombreuses années?
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