L impact des contraintes financières sur les performances à l exportation des entreprises françaises
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L'impact des contraintes financières sur les performances à l'exportation des entreprises françaises

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Au cours des quinze dernières années, une littérature importante s'est développée mettant en lumière les caractéristiques différenciées des entreprises exportatrices. Le présent article contribue à cette littérature en montrant que les entreprises exportatrices se distinguent de leurs concurrentes non exportatrices, non seulement au regard de leurs caractéristiques réelles taille, productivité mais également au regard de leurs caractéristiques financières. Il se propose alors d'analyser le rôle des contraintes financières en tant que variable déterminante des décisions d'exportation des entreprises. Plus spécifiquement, nous cherchons à savoir dans quelle mesure un accès contraint aux sources de financement externes retarde l'entrée d'une entreprise sur les marchés d'exportation. Nous étudions également dans quelle mesure la participation au commerce extérieur a des effets positifs ex post sur la santé financière des entreprises. Nous observons que l'accès aux ressources financières est un déterminant significatif de la probabilité d'exporter. Il apparaît, d'abord, que les entreprises qui entrent pour la première fois sur les marchés d'exportation présentent une meilleure santé financière que leurs concurrents non exportateurs avant même leur entrée sur les marchés d'exportation. Nous ne trouvons pas en revanche de bénéfices ex post en termes de santé financière liés à l'entrée sur les marchés d'exportation. À l'aide de modèles de durée, nous montrons que la santé financière de l'entreprise joue, au côté de sa productivité, positivement sur la décision initiale d'entrer sur un marché étranger et que les effets de ces deux variables sont quantitativement comparables. Ces effets demeurent néanmoins faibles, la plus large fraction du phénomène d'entrée restant, dans le cadre de notre modèle, attribuable à des facteurs d'hétérogénéité des firmes non observés.

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Langue Français

Extrait

ÉCONOMIE
L’impact des contraintes fnancières
sur les performances à l’exportation
des entreprises françaises
Flora Bellone, Patrick Musso, Lionel Nesta et Stefano Schiavo*
Au cours des quinze dernières années, une littérature importante s’est développée met-
tant en lumière les caractéristiques différenciées des entreprises exportatrices. Le pré-
sent article contribue à cette littérature en montrant que les entreprises exportatrices se
distinguent de leurs concurrentes non exportatrices, non seulement au regard de leurs
caractéristiques réelles - taille, productivité - mais également au regard de leurs carac-
téristiques fnancières. Il se propose alors d’analyser le rôle des contraintes fnancières
en tant que variable déterminante des décisions d’exportation des entreprises. Plus spé-
cifquement, nous cherchons à savoir dans quelle mesure un accès contraint aux sources
de fnancement externes retarde l’entrée d’une entreprise sur les marchés d’exportation.
Nous étudions également dans quelle mesure la participation au commerce extérieur a
des effets positifs ex post sur la santé fnancière des entreprises.
Nous observons que l’accès aux ressources fnancières est un déterminant signifcatif
de la probabilité d’exporter. Il apparaît, d’abord, que les entreprises qui entrent pour la
première fois sur les marchés d’exportation présentent une meilleure santé fnancière
que leurs concurrents non exportateurs avant même leur entrée sur les marchés d’ex-
portation. Nous ne trouvons pas en revanche de bénéfces ex post en termes de santé
fnancière liés à l’entrée sur les marchés d’exportation. À l’aide de modèles de durée,
nous montrons que la santé fnancière de l’entreprise joue, au côté de sa productivité,
positivement sur la décision initiale d’entrer sur un marché étranger et que les effets de
ces deux variables sont quantitativement comparables. Ces effets demeurent néanmoins
faibles, la plus large fraction du phénomène d’entrée restant, dans le cadre de notre
modèle, attribuable à des facteurs d’hétérogénéité des frmes non observés.
* Flora Bellone appartient à l’Université de Nice-Sophia-Antipolis et travaille au sein du Groupe de Recherche en Économie, Droit
Économique et Gestion (GREDEG, UMR n° 6227 du CNRS). Patrick Musso est affilié à l’Université de Savoie (IREGE, EA n° 2426) et à
SKEMA Business School. Lionel Nesta est chercheur au Département de Recherche Innovation et Concurrence de l’OFCE, Centre de
recherche en Économie de Sciences-Po Paris. Stefano Schiavo appartenait, lors de la rédaction de cet article, à l’OFCE. Il est aujourd’hui
à l’Université de Trento.
ièmeCette recherche a bénéficié du financement de la Communauté européenne dans le cadre du 7 PCRD (Contrat POLHIA n° 225408).
Les auteurs tiennent à remercier les participants aux séminaires de l’ISGEP (International Study Group on Export and Productivity) pour
leurs retours utiles et en particulier, Richard Kneller, Joachim Wagner et Allesandra Guariglia. Ils remercient également Matthieu Crozet
et le relecteur de la revue pour leurs remarques très utiles.
ÉCONOMIE ET STATISTIQUE N° 435-436, 2010 65our la cinquième année consécutive, les destination des exportations. La littérature éco-P chiffres du commerce extérieur français nomique commence à interroger la pertinence
font état de défcits conséquents (1), essentielle- empirique de ces effets en particulier dans les
ment causés par les soldes négatifs de la balance pays émergents où les imperfections de marché
commerciale des biens industriels. Ces chiffres sont réputées fortes (cf. Ganesh-Kumar et al.,
inquiètent avant tout parce qu’ils pourraient 2001 ; Tornell et Westermann, 2003 et Espanol,
1être le signe d’une perte de compétitivité propre 2006).
aux entreprises françaises (voir, en particulier,
Artus et Fontagné, 2006 et Fontagné et Gaulier, Dans le cas des pays industrialisés, la question
2008). de la causalité entre contraintes fnancières et
exportations de frmes a été explorée, en pre-
mier lieu, par Campa et Shaver (2002) sur un Plusieurs types de rigidités institutionnelles ont
panel d’entreprises manufacturières espagnoles. été évoqués pour expliquer les freins à l’expan-
Les auteurs montrent d’abord que la sensibilité sion des entreprises françaises sur les marchés
des investissements aux cash-fows est plus extérieurs. Les arguments vont des rigidités sur
forte pour le groupe des entreprises non expor-le marché du travail à des enjeux relatifs aux
tatrices que pour celui des entreprises exporta-modes de gouvernance des entreprises elles-
trices. Ils en concluent que le premier groupe mêmes (par exemple le faible recours à l’out-
de frmes est plus contraint fnancièrement que sourcing des entreprises françaises) en passant
le second. Les deux auteurs montrent également par l’insuffsance des mécanismes publics
que les entreprises qui entrent et/ou sortent des d’aide aux entreprises, en particulier en matière
marchés d’exportation durant la période d’ana-d’innovation. Pour autant, peu d’études quanti-
lyse ont une sensibilité plus forte des investisse-tatives sur données microéconomiques permet-
ments aux cash-fows durant les sous-périodes tent véritablement d’étayer ou d’infrmer ces
où elles n’exportent pas. Ils en concluent que hypothèses ni, a fortiori, d’évaluer le poids res-
la causalité va de l’exportation vers le desser-pectif des différents types de contraintes pesant
rement de la contrainte fnancière en vertu des sur les performances des entreprises.
effets de signalement et/ou de diversifcation
discutés précédemment. Cette interprétation Le travail proposé dans cet article vise à éclai-
est néanmoins contestée par Chaney (2005) qui rer ce débat en évaluant le poids spécifque
remarque que si l’interprétation était valide, des contraintes fnancières sur les comporte -
alors un lien négatif entre le degré de contrainte ments à l’exportation des entreprises françaises.
fnancière et l’intensité d’exportation devrait L’accent mis sur les contraintes fnancières se
également prévaloir. Or Campa et Shaver ne justife pour au moins deux raisons. D’abord,
trouvent aucun lien signifcatif entre ces deux l’hypothèse de barrières à la croissance des
variables.entreprises oriente de facto l’analyse vers ce
type de contraintes. En particulier, l’accès aux
Deux articles plus récents obtiennent des résul-ressources fnancières est susceptible de jouer
tats plus convaincants en faveur de l’idée selon un rôle important dans l’expansion à l’interna-
laquelle exporter améliore la santé fnancière tional des entreprises dans la mesure où cette
de l’entreprise. Tout d’abord, Greeneway et dernière requiert des investissements de capa-
al. (2007) (GGK par la suite) montrent, sur un cité et la couverture de coûts fxes spécifques
panel d’entreprises manufacturières anglaises, (voir en particulier, Chaney, 2005 et Manova
que les prima-exportateurs (i.e. les entreprises 2008).
qui entrent pour la première fois sur les marchés
d’exportation) ne se différencient pas signif-Ensuite, les entreprises qui exportent peuvent
cativement des non exportateurs en termes de avoir plus de facilités à accéder à certaines
santé fnancière. En revanche, lorsqu’ils compa -sources de fnancement. Ainsi, en présence
rent les prima-exportateurs avec les exportateurs d’asymétries d’information, le fait d’expor-
dits permanents, un avantage signifcatif de ces ter peut apparaître aux yeux des investisseurs
derniers en termes de santé fnancière apparaît. nationaux comme un signal positif de l’effca -
Bridges et Guariglia (2008) étudient pour leur cité de l’entreprise. De plus, les revenus d’ex-
part la relation entre l’internationalisation des portation autorisent la diversifcation des recet -
tes de l’entreprise, ce qui tend à la rendre moins
vulnérable aux chocs de demande. Enfn, le fait
1.  À  titr e  indicatif,  le  d

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