Les forêts du département du Rhône - article ; n°3 ; vol.10, pg 113-161
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Description

Les Études rhodaniennes - Année 1934 - Volume 10 - Numéro 3 - Pages 113-161
49 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1934
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

J. Sornay
Les forêts du département du Rhône
In: Les Études rhodaniennes. Vol. 10 n°3-4, 1934. pp. 113-161.
Citer ce document / Cite this document :
Sornay J. Les forêts du département du Rhône. In: Les Études rhodaniennes. Vol. 10 n°3-4, 1934. pp. 113-161.
doi : 10.3406/geoca.1934.1533
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1934_num_10_3_1533LES FORETS
DU DÉPARTEMENT DU RHONE
PAR J. SORNAY
Une étude du département du Rhône au point de vue fores
tier doit évidemment, en toute première ligne, contenir une
description exacte et détaillée de la situation actuelle ; mais
il est essentiel également d'y trouver des renseignements aussi
précis et complets que possible sur les modifications qu'ont
subies, au cours des siècles, l'étendue, la nature et la qualité
des boisements. Discerner et apprécier l'évolution qui s'est
produite, établir des comparaisons entre le présent et le passé,
offre un intérêt de tout premier ordre, en effet.
Nous avons tenté de le faire. Malheureusement, les docu
ments qu'il nous a été possible de découvrir sur les temps
écoulés sont peu nombreux et manquent à l'ordinaire tout à fait
de précision. La statistique est science moderne, et, dans les
ouvrages anciens, on trouve bien plutôt des appréciations
générales et vagues que des exposés précis appuyés de colonnes
de chiffres.
SITUATION FORESTIÈRE DANS LE PASSÉ
Le département du Rhône, dont l'importance actuelle, au
point de vue forestier, demeure assez limitée, passe pour avoir J- SORNAY 114
été beaucoup plus boisé autrefois. Puis, comme toujours, les
conditions économiques et démographiques exercèrent leur
influence. Les premiers déboisements se produisirent en vue
de la construction des villes ainsi que de la mise en culture des
terres qui les avoisinaient. De nombreuses forêts auraient été
également détruites pendant les guerres qui eurent lieu du
IIIe au ve siècle. Un retour à la forêt se produisit après l'occupa
tion de la Gaule par les Barbares. Enfin, l'établissement du
régime féodal, avec la reconnaissance des droits de forêt et
de garenne, fut très favorable au maintien et même à l'extension
des massifs boisés.
Par contre, le développement de l'esprit religieux et la créa
tion de très nombreux couvents sur tout le territoire exercèrent
une influence en sens inverse, car les moines, pour l'établiss
ement de leurs communautés et la création de domaines agricoles
à l'entour, peuvent avoir fait disparaître des étendues considé
rables de forêts. C'est ainsi que, dans le département du Rhône,
les Bénédictins auraient défriché les coteaux de Fontanières et
de Sainte-Foy, autrefois très boisés, qui sont aux portes de
l'ancien Lugdunum. L'Abbaye du Miroir, fondée en 1131 dans
le diocèse de Lyon, fut installée en un point où, d'après les
chartes du temps, existait une vaste forêt, dénommée Nemus
Bilcium, aujourd'hui totalement disparue, à l'exception de
quelques bouquets de bois qui subsistent du côté de Saint-
Amour 1.
Aux xnie et xive siècles, les dévastations commises devinrent
telles que Louis II, duc de Bourbonnais et seigneur de Beaujeu,
voulant mettre fin aux abus qui se commettaient journell
ement dans ses forêts, rendit à leur sujet, en 1407, une ordon
nance qui révèle des vues assez justes déjà en ce qui concerne
le traitement des bois et qui, notamment, supprime les dél
ivrances en nature de bois de service, auxquelles on procédait
fréquemment à l'époque, en faveur d'individus dans le besoin
ou de tous autres.
Lorsque furent créées les Maîtrises des Eaux et Forêts, сеДе
de Lyon comprenait : d'une part la Généralité de Lyon, consti-
1. Matjry, les Forêts de la Gaule et de l'ancienne France; 1867. FORETS DU DÉPARTEMENT DU RHONE 115
tuée par les provinces du Lyonnais, du Forez et du Beaujolais ;
d'autre part, l'Auvergne et le Dauphine. Il y avait un maître
particulier à Lyon et un autre à Villefranche-en-Beaujolais.
Les premiers actes, émanant de ce dernier, que l'on possède
datent de 1453 et 1454 l.
Bien rares sont les écrits anciens qui donnent des indications
touchant la situation forestière dans la Généralité de Lyon
On peut citer pourtant les quelques lignes suivantes extraites
d'un mémoire dressé pour la Généralité de Lyon, à l'occasion
d'une enquête sur l'état de la France en 1698, ordonnée par
Monseigneur le duc de Bourgogne : « II n'y a presque point de
forêts dans ces provinces (Lyonnais, Beaujolais et Forez) si
l'on excepte celles de Pramenou dans le qui produit
environ 4.000 livres de revenu à son propriétaire en planches
de sapin et bois à bâtir ; il y a aussi des sapins sur le Mont Pila
(département de la Loire) dont on s'est servi quelquefois pour
la marine ; mais, dans le Forez, le Roy n'a pas assez de bois
pour les mettre en coupes réglées ».
Un écrivain régional, Alléon Dulac, exprime déjà en 1765 la
crainte de voir la région lyonnaise manquer de bois : « Notre
consommation de bois est aujourd'hui si excessive, dit-il, que,
avant qu'il se soit écoulé un siècle, toutes les forêts seront
épuisées si l'on ne prend pas d'autres mesures. Le prix dont
est déjà le bois dans nos provinces prouve que je n'avance pas
un paradoxe. Il reste peu de bois dans le Lyonnais, si l'on peut
donner ce nom à quelques taillis d'une très petite étendue.
Les seuls qui méritent quelque considération sont ceux qui
s'étendent depuis Pommiers jusqu'à Chessy et occupent un
espace de deux lieues » 2.
Les dévastations commises au xvine siècle dans les forêts,
ainsi que l'inobservation des prescriptions édictées par l'O
rdonnance Royale de 1669 à leur sujet, préoccupaient fort les
Autorités administratives de l'époque. Aussi voyons-nous le
Maître Particulier des Eaux et Forêts de la province du Beau-
1. Le Maître des Eaux et Forêts en Beaujolais au XVe siècle, par de Fréminville ;i8<)6.
2. Mémoires pour servir à Г histoire naturelle des provinces du Lyonnais, Forez et
Beaujolais, par Alléon Dulac, t. I : 1765. J. SORNAY IIÓ
jolais prendre, à la dáte du 14 mars 1741, un arrêté destiné à
rappeler les dispositions de la dite Ordonnance de 1669 e~t à
prescrire qu'elles soient exécutées selon leur forme et teneur,
ainsi que celles des édits, arrêts et déclarations de Sa Majesté
rendus en conséquence.
Fig. i. - Bois de la Corcelle, à Claveisolles. — Futaie de sapin pectine.
Les obligations imposées aux propriétaires de forêts par
l'Ordonnance de 1669 étaient d'ailleurs, fort strictes et d'une
sévérité qui nous surprend quelque peu aujourd'hui :
Aux termes de l'article premier, les particuliers, de quelque
qualité et condition qu'ils soient, devaient régler la coupe de
leurs bois taillis au moins à dix années, avec réserve de 16 bali- FORETS DU DEPARTEMENT DU RHONE II7
veaux par arpent, outre les anciens et les modernes, et réserver
dans les ventes ordinaires de futaie 10 baliveaux par arpent,
enfin observer au surplus, pour l'exploitation de leurs bois,
l'usage prescrit pour ceux de Sa Majesté, à peine d'être con
damnés suivant la rigueur des Ordonnances.
Fig. 2. - Bois de la Corcelle à Claveisolles. — Sapins de Douglas, âgés de
70 à 80 ans ; les plus gros mesurent 2 m 50 de tour à 1 m. 50 de hauteur.
L'article 2 obligeait les propriétaires de bois de haute futaie
et de baliveaux sur taillis, chêne, sapin, hêtre et tous autres,
qui voulaient les exploiter, d'en faire leur déclaration six mois
auparavant au greffe de la Maîtrise, pour ensuite obtenir une
permission de Sa Majesté, a peine de 3.000 livres d'amende et
de confiscation des bois coupés. 1 1 8 J. SORNAY
Suivaient des recommandations détaillées et précises sur le
mode et l'époque d'abatage des futaies et des taillis.
L'Ordonnance interdisait formellement à toute personne de
mener ou envoyer paître dans les bois aucune bête à

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