Les forêts du Jura lédonien et de son avant-pays - article ; n°2 ; vol.7, pg 141-192

Thomas A. Ravier

Description

Les Études rhodaniennes - Année 1931 - Volume 7 - Numéro 2 - Pages 141-192
52 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: LES_ETUDES_RHODANIENNES
• Publié le: 01 janvier 1931
• Nombre de lectures: 52
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Mlle Ravier
Les forêts du Jura lédonien et de son avant-pays
In: Les Études rhodaniennes. Vol. 7 n°2, 1931. pp. 141-192.
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Ravier . Les forêts du Jura lédonien et de son avant-pays. In: Les Études rhodaniennes. Vol. 7 n°2, 1931. pp. 141-192.
doi : 10.3406/geoca.1931.3863
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_1164-6268_1931_num_7_2_3863LES FORÊTS DU JURA LÉDONIEN
ET DE SON AVANT-PAYS
PAR Mlle RAVIER
SOMMAIRE
I. MORPHOLOGIE DE LA FORÊT.
Pages
A. Répartition . 142
B. Culture et administration 147
II. HISTORIQUE DE LA FORÊT.
A. Jusqu'au xvine siècle.
1. Les défrichements 156
2. Les droits sur la forêt 157
3. Les produits ruraux de la forêt 160
4. La forêt et l'industrie 162
B. Le xvine siècle.
1. L'industrie 164
2. Les salines 165
3. Mesures en faveur de la forêt 168
4. Attitude des particuliers 172
5. Le commerce des bois au xvine siècle 174
III. LA FORÊT DANS LA VIE ÉCONOMIQUE ACTUELLE.
A. Le xixe siècle.
1. Bois d'œuvre 176
2. Voies de communication 177
3. Travail du bois 182
10 MADEMOISELLE RAVIER 142
В. Le xxs siècle.
1. Richesse des communes 183
2. La guerre et ses suites 185
3. Les centres actuels de l'industrie du bois 187
Conclusion 191
Bibliographie 192
I. MORPHOLOGIE DE LA FORÊT
A. RÉPARTITION
Sauf les dernières alluvions modernes de la Bresse qui ne
nourrissent aucune forêt, tous les terrains, quel que soit leur
étage ou leur faciès, portent des bois. Mais le caractère essentiel
du Jura au point de vue de la nature des roches, c'est l'alte
rnance des marnes et des calcaires 1. Ce fait géologique guide
toute la répartition de la végétation jurassienne. Les sols ro
cheux, s'ils ne peuvent nourrir la forêt, se couvrent de formes
buissonnantes. Dès que les dalles calcaires sont fissurées de
« lézines », les arbres paraissent, car ils trouvent une nourriture
suffisante dans ces fentes où s'introduit un peu de terre arable.
En plaine, les terres qui ne sont pas boisées sont employées
à la culture riche. Au contraire, sur le premier plateau, les éten
dues sans bois sont arides et désertes. La forêt abandonne les
terres par trop maigres; lorsque le terrain est très riche, c'est
l'homme qui la chasse.
1. Ce travail a été entrepris en 1926-1927 sur les indications et sous le contrôle de
M. le Professeur André Cholley. Nous en devons la communication, grâce à la bienveil
lante autorisation de l'auteur, à l'amabilité de M. l'Abbé Martin, professeur de géogra
phie physique à la Faculté catholique de Lyon. Le mémoire a été revu en 1930 en vue
delà présente publication (N.D.L.R.). :
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LES FORETS DU JURA LÉDONIEN: 143
Les forêts se répartissent aussi en fonction de la structure du
•sol. Il est curieux: de voir,. sur la. carte, les bois s'allonger au-
dessus de l'escarpement calcaire qui limite à l'Ouest le premier
plateau et dessiner la rupture de pente.
De même, plus à l'Est, la forêt suit les lignes longitudinales:
des chaînons, et les forêts s'allongent parallèlement comme les
plis. La disposition de la Joux et de la Presse en est un exemple
frappant. Cette disposition : parallèle des massifs forestiers est
accusée d'avoir une conséquence fâcheuse sur le- climat. En
effet, elle laisse un champ ouvert aux vents du Nord et du Sud.
A maintes reprises, ona essayé de composer des abris trans
versaux. Salins a fait. dans cette voie une expérience en-1904.
Sur. un domaine du. plateau où l'on ne pouvait récolter que du
seigle, le froment mûrit depuis qu'une sapinière orientée Est-
Ouest l'abrite.
L'influence de la topographie s'exerce sur la densité, la répar
tition des essences et le mode de traitement de la; forêt (voir la
carte, fig. 1 ; les graphiques, fig;. 2 et 3) .
Montagne. — Au point de vue de la répartition des essences;,
la vallée d'Ain joue un rôle essentiel. A l'Est, ce sont les rés
ineux : à l'Ouest, les feuillus.
La montagne est le domaine des vastes massifs résineux. Ce
sont des forêts, domaniales pour la plupart, traitées en futaie.
Grandes étendues, gros . matériels, importants capitaux immo- ■
bilisés, telles sont ces forêts où croissent les épicéas, immenses
pessières des: hautes altitudes. .. Un . peu : plus bas, les sombres;
sapinières où règne un mystérieux silence apportent une valeur
pittoresque au paysage. Telles sont les forêts de la Fresse et de
la Joux de chaque côté de l'étroite vallée supérieure de l'An-
gillon. Là, les arbres de 30 mètres et plus de haut, de 60 centi
mètres à 1 mètre de diamètre ne sont pas rares: Au lieu de four
nir ces bois fins de résonance que donne l'épicéa, ils procurent
au monde entier les charpentes les plus solides et les sciages les
plus remarquables par leurs dimensions exceptionnelles.
Le premier plateau offre, du Nord au Sud,. de grandes diffé
rences.
Au - nord : de Lons, quelques grandes forêts communales : de MADEMOISELLE RAVIER 144
Poligny, d'Arbois, deux forêts domaniales des:Moidons (2.744
hectares) et de la Faye de Montrond couvrent de vastes éten-
Fig. 1. — Les forêts du Jura lédonien et de son avant-pays
Signes conventionnels : i, Limite approximative de la région étudiée.
2, Voies ferrées. — 3, Plis anticlinaux. — 4, Limite du premier plateau.,
Echelle 1 : 600.000e environ. .
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:
LES FORETS DU JURA LEDONIEN I45;
dues de leurs maigres taillis ou de leurs futaies de hêtres. Malgré
des améliorations sensibles, ces : taillis de divers feuillus sont
traités. en parents pauvres. Leur production moyenne est de
4 mètres cubes par hectare et par an, dont un seulement de bois
ď œuvre, et des petits bois qui ne laissent pas de bénéfice. C'est
bien peu à côté des 15 mètres cubes que peut fournir un hectare
de la Joux, uniquement en bois d'œuvre et combien estimé !
Pourtant, , il ne faut pas montrer trop de : dédain à l'égard de
ces pauvres forêts feuillues qui, après avoir rendu de si grands
services pendant . des siècles, sont sacrifiées aujourd'hui.
Au sud deLons, le plateau est rocailleux et n'est pas encore
aménagé à la forêt. Il sera susceptible de. donner des bois de-
tournerie lorsqu'il sera peuplé de taillis de feuillus; Aujourd'hui;
il ne présente que des formes buissonnantes (buis).
Vignoble. — Cette bande de terrain longitudinale s'étendant
de Salins à Saint- Amour est le théâtre d'une : transformation'
complète. Les vieux ceps si renommés : et goûtés : du bon roi ■
Henri IV font l place à des plantations d'acacias; La vigne est
usée. Le vigneron l'arrache. Il "cherche a la remplacer par, une
culture moins pénible, et, pour obtenir le: plus tôt possible un
revenu raisonnable, ilchoisit l'acacia pour sa croissance rapide
(II faut le planter aussitôt après l'arrachage de la vigne, car il
ne reprend pas dans le gazon, il lui faut le terrain nu). En plus,
l'acacia trouve sur place son utilisation. Il sert momentanément
à la confection des échalas.~
Le vigneron qui reboise sa vigne désespère son voisin qui voit
son domaine envahi de rejets d'acacia. Il n'est pas rare de voir,
un vigneron incendier la plantation voisine parce qu'il craint
pour son domaine. Soin superflu,, car le feu ne détruit pas les
rejets. .
Le Gouvernement, favorise l'abandon de la vigne au profit
du reboisement par des subventions et : des récompenses sous
forme de prix culturaux:
Plaine: — Elle contraste avec le premier, plateau. L'impres--
sion de richesse s'impose devant les taillis de chênes, de hêtres
et de feuillus divers qui composent ses forêts (Montholier, Co- 1
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Domaniaux Communaux Nonsoumis
Champagnole
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Domaniaux Communaux Non soumis
Fig. 2. — Peuplement et régime administratif des bois
dans quatre cantons choisis comme échantillons.
Les pourcentages indiquent le taux de boisement. LES FORET