Extrait de la publication réveille-Martin réveille-Martin Youri De Paz Roman Illustration de couverture de Barroux Extrait de la publication Martin vit vraiment dans une famille loufoque. Son père, plutôt farfelu, ne comprend rien à rien et s’improvise vétérinaire alors qu’il est oto-rhino, sa sœur Margot le suit partout du matin au soir, et leur mère est partie à l’autre bout du monde. Martin soigne tous les animaux qui croisent son chemin, et il y en a beaucoup : une fourmi dans le coma, une loutre paralysée, un requin sans aileron, un lion dépressif… Derrière cette histoire mouvementée et burlesque où il ne faut s’étonner de rien, l’imaginaire de Martin lui permet de s’évader d’une réalité moins drôle. Collection animée par Soazig Le Bail, assistée de Claire Beltier. Avec le soutien du C nl. Extrait de la publication À Raphaël, Benjamin et leur maman magicienne. Extrait de la publication Extrait de la publication La fourmi Une fourmi calme et dispo. Entièrement immobile. Les pattes rigides, les antennes co- if fées vers l’arrière. Elle a, semble-t-il, les yeux fermés et la bouche ouverte. Il n’y a plus rien à faire Martin, laisse tomber. N’insiste pas. Mais si, j’insiste. Je la saisis du bout des doigts, avec délicatesse, sans trembler, et la glisse dans une petite boîte d’allumettes. Mes copains m’attendent comme prévu devant la grille de l’école, à droite de la grande porte, c’est notre quartier général.
Martin vit vraiment dans une famille loufoque. Son père, plutôt farfelu, ne comprend rien à rien et s improvise vétérinaire alors qu il est oto-rhino, sa sœur Margot le suit partout du matin au soir, et leur mère est partie à l autre bout du monde. Martin soigne tous les animaux qui croisent son chemin, et il y en a beaucoup: une fourmi dans le coma, une loutre paralysée, un requin sans aileron, un lion dépressif… Derrière cette histoire mouvementée et burlesque où il ne faut s étonner de rien, l imaginaire de Martin lui permet de s évader d une réalité moins drôle.
Coectio aimée par Soazig Le Bai, assistée de Caire Betier.
Avec e soutie du Cnl.
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À Raphaë, Bejami et eur mama magiciee.
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La fourmi
Ue fourmi came et dispo. Etièremet immobie. Les pattes rigides, es atees coif fées vers ’arrière. Ee a, sembeti, es yeux fermés et a bouche ouverte. I ’y a pus rie à faire Marti, aisse tomber. N’isiste pas. Mais si, j’isiste. Je a saisis du bout des doigts, avec déicatesse, sas trember, et a gisse das ue petite boîte d’aumettes. Mes copais m’attedet comme prévu devat a grie de ’écoe, à droite de a grade porte, c’est otre uartier gééra. Eiott me saue d’u petit coup de piedbaayette ue j’esuive moemet, Ado crache par terre (es fies adoret ça!) tadis ue j’ouvre a b o î t ee e s p é r a t u et o u tva bie. Tout va ma. La fourmi ’a pasbougé d’u ci. Ee est toujours sur e dos, es pattes e ’air, es atees tombates. – O dirait u’ee bave. – Ça bave ue fourmi? fait Eiott. Moi es fourmis, je es écrase et es baace sur Irèe
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(ue joie grade bode ui pare u peu du ez – fosses asaes bouchées – et se pred pour ue star de ciéma). – Ee est morte ta fourmi, dit Ado d’ue voix eutre (Ado ’est jamais iuiet). Je e répods pas. Ça e sert à rie. Je sais u’ee ’est pas morte. Ee est maade, ee s’est peutêtre fait ma après ue chute de pu sieurs cetimètres, e gissat d’u bord de feuie, mais ee ’est pas morte. J’e ai ’ituitio. – Quee ituitio? demade ma sœur Margot ui me suit partout, u vrai pot de coe, et ui surtout sait ire das mes pesées. – Je e peux pas e dire. C’est difficie à expiuer. – Je t’écoute. Ee isiste, Margot, ee ’e fait u’à sa tête, c’est sa persoaité, têtue comme u âe. Depuis toujours. D’aieurs a première phrase u’ee a proocée à ’âge de trois as c’est:MOI FAIS QUOI MOI VEUX! Et mai teat, au ieu d’aer jouer à a poupée, ee est à à observer ce ui se passe das ma tête. Je regarde aieurs (surtout e pas a fixer das es yeux, c’est comme ça u’ee voe mes idées cofidetiees). Pour ’istat, je ’e ai paré u’à ’oto rhio (mo père). Qui e compred pas ce
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gere de choses. E dehors des oreies et des fosses asaes, papa est perdu: pouruoi a voi ture tombetee e pae? Mystère. Pour uoi Margot suitee e permaece so grad frère (e e regardat droit das es yeux) du mati au soir? Aucue idée. Pour uoi a téévisio e s’aumetee pas? Pas de répose (es pies, papa, es pies). Pouruoi mama e a eu vraimet marreau poit de partir à ’autre bout du mode? Ça c’est a uestio u’i e faut jamais ui poser et u’i se pose tout e temps, au mois deux à trois fois par jour e se grattat e haut du crâe, a bouche ouverte. La iste est ogue, i faudrait des cetaies de pages pour éumé rer tout ce ue e compred pas ’otorhio. – Qu’estce ue c’est ue ça Marti? Ue fourmi? Mo père tout craché. – No papa, u ééphat. – U ééphat! Mais i est mort to éé phat! Laissemoi ’examier. Expicatio: uad papa me pare, i pese à autre chose. Là par exempe, i pese u’i ’aura jamais e temps de faire es courses avat de m’emmeer à a piscie. – Drôe de trompe… o dirait des atees… – Ne t’iuiète pas papa. Je vais t’aider à
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faire es courses au ieu d’aer à a piscie. – C’est vrai? Tu es sûr? – De toute faço je suis trop fatigué… Je ui eève u grad poids, i se set beau coup mieux maiteat: so visageest décotracté, presue souriat, i sifflote gaiemet e cherchat es cés de a maiso (das ta poche, papa, das ta poche). Puisi s’empare de a boîte d’aumettes et dépose a petite fourmi sur ue vieie cotravetio (u’i e paie jamais, a voiture est au om de mama). – Voià. Ee sera mieux ici pour respirer. Comme ça, si ee se réveie pedat u’o fait es courses, ee pourra aer boire u coup das ’évier et grigoter du fromage. – O ’a pus de fromage. – Si. I reste du camembert, au fod à droite du frigo, audessus du bac à égumes, juste derrière es corichos. C’est du La uetot 2008, ee devrait aimer ça. Tu sais ue es kagourous adoret e camembert? – Aez vies papa. O va faire es courses. Le chat passe e siece, sas u regard pour ma fourmi comateuse. I e miaue même pas et s’e va das e jardi, a ueue droite et cassée au miieu.
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Extrait de la publication
Ee ’a pas bougé d’u cetimètre. Ue vraie statue. Mais égère, si égère. U coup de vet pourrait ’emporter. – Et pouruoi estee si importate pour toi cette fourmi? me demade Eiott d’ue voix grave, e froçat es sourcis. Le temps ue je trouve ue répose, i fait déjà uit. Eiott est parti depuis ogtemps, ma sœur fait ue partie de tarot astroogiue e réseau avec ses copies, papa regarde e joura téévisé de aBBCe agais (sas rie compredre, ’otorhio e pare pasu mot d’agais) et e chat traverse ma chambre avec ochaace, sas bie sûr jeter e moidre coup d’œi à ma fourmi maade. Questio d’hoeur. Mo matou a ue répu tatio à défedre das e uartier. Pas ues tio u’o e surpree e trai de gober ue fourmi das e coma. Je grigote u bout de pizza ue m’a aissé ma sœur, me brosse es dets et me mets au it. Au momet de fermer es yeux, i me viet soudai ue idée. Pas gradchose, rie d’ex traordiaire. Ue idée.
Les jours passet, o va bietôt chager d’aée et a fourmi ’a pas bougé d’u mii mètre. Toujours das a même positio, sur e dos, es pattes e ’air et es atees e arrière.