LE MIRAGE
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Description

-Le Mirage (Rolain Délinois) 1 -I 2 Montre-moi l’amour dans les vallées ! Montre moi l’amour dans la cité ! Montre-moi l’amour sous les ponts d’acier ! Montre-moi l’amour les jours d’été ! Montre-moi l’amour dans l’hiver glacé ! Mon cœur est un gouffre qui ne demande qu’à être comblé, Comblé d’amour,de caresses et de baisers. Montre-moi l’amour car je veux aimer ! « Arthur, éloigne-toi du four à micro-onde toute de suite ou je te fous une terrible raclée ! » L’enfant à cet avertissement, tressaillit aussitôt et apeuré, s’en vint à pas lents et hésitants retrouver sa mère qui avait presque crié de colère en le voyant s’approcher de l’appareil qui était branché. Magdeline jeta à son fils un regard mauvais auquel le gosse de six ans répondit en baissant la tête ; il se sentait pris en faute et redoutait la punition qui n’allait pas tarder à tomber ; sa mère ordonna : « Arthur, tend la main ! » Le gamin hésita, il suait déjà à grosses gouttes de peur. Magdeline insista : « Tend la main tout de suite ! » Le gamin obéit en tremblant ; aussitôt sa mère lui asséna une tape à toute volée : le gamin recula et de grosses larmes brillantes inondèrent bientôt sa joue, ce qui n’émut guère la jeune femme : 3 « Je te l’ai dit plusieurs fois !

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Publié le 06 août 2015
Nombre de lectures 5
Licence : Tous droits réservés
Langue Français

Extrait

 -Le Mirage- (Rolain Délinois)
1
 -I-
2
Montre-moi l’amour dans les vallées ! Montre moi l’amour dans la cité ! Montre-moi l’amour sous les ponts d’acier ! Montre-moi l’amour les jours d’été ! Montre-moi l’amour dans l’hiver glacé ! Mon cœur est un gouffre qui ne demande qu’à être comblé, Comblé d’amour,de caresses et de baisers. Montre-moi l’amour car je veux aimer ! « Arthur, éloigne-toi du four à micro-onde toute de suite ou je te fous une terrible raclée ! »  L’enfant à cet avertissement, tressaillit aussitôt et apeuré, s’en vint à pas lents et hésitants retrouver sa mère qui avait presque crié de colère en le voyant s’approcher de l’appareil qui était branché. Magdeline jeta à son fils un regard mauvais auquel le gosse de six ans répondit en baissant la tête ; il se sentait pris en faute et redoutait la punition qui n’allait pas tarder à tomber ; sa mère ordonna : « Arthur, tend la main ! »  Le gamin hésita, il suait déjà à grosses gouttes de peur. Magdeline insista : « Tend la main tout de suite ! »  Le gamin obéit en tremblant ; aussitôt sa mère lui asséna une tape à toute volée : le gamin recula et de grosses larmes brillantes inondèrent bientôt sa joue, ce qui n’émut guère la jeune femme :
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« Je te l’ai dit plusieurs fois ! Petit chenapan ! Maintenant, va t’asseoir sur le canapé pour manger pendant que tu regardes la télé ! Et que je ne t’entende pas pleurer ! »  Arthur s’en alla s’asseoir tristement sur le canapé devant le poste de télévision, se retenant pour ne pas pleurer ; il n’y réussit pas du reste car quelques minutes plus tard, des sanglots étouffés parvinrent à Magdeline. La mère, en fut retournée, mais préféra ne rien dire. Dieu qu’elle étouffait ! Elle se sentait débordée ces jours-ci. Arthur n’était pas des plus dociles, il était turbulent même et en dépit des corrections administrées à longueur de journée, l’enfant paraissait s’entêter à désobéir ! Et Magdeline n’avait pas que ça à gérer : les difficultés l’assaillaient de toutes parts et elle attendait les fins de mois avec appréhension.  Elle ouvrit le robinet et un mince filet d’eau cristalline coula sur les assiettes dans l’évier ; Magdeline frotta une soucoupe de faïence avec une éponge et la mousse monta bientôt, noyant ses mains dans une masse blanche et pétillante. Elle devait se hâter de terminer la vaisselle car l’école d’ Arthur commencerait à 7hres 30. « As-tu fini de manger, mon chéri ? » demanda-t-elle d’une voix radoucie.  L’enfant ne répondit pas mais porta une tranche de jambon à sa bouche. « Ne laisse rien surtout ! Dieu ne veut pas que l’on gaspille la nourriture ! »  Arthur avala sa tasse de chocolat entre deux sanglots, ce qui fit se retourner sa mère : leur regard se croisa et la jeune femme y lut une profonde tristesse ; elle soupira et haussa les épaules :
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« Mon Dieu ! Aidez-moi donc ! Ouf ! »  L’enfant, une fois son petit déjeuner terminé alla porter sa tasse et son assiette à sa mère.  « Maintenant, cours vite t’habiller mon petit oiseau ! »  Arthur s’exécuta et disparut en courant pendant que Magdeline plongeait l’assiette dans l’écume. Lorsqu’elle eut fini, elle jeta un coup d’œil à l’horloge : six heures cinquante. Elle s’essuya les mains sur sa jupe et quitta la cuisine pour se rendre dans la salle de bain. Magdeline se rendit alors compte que son fils avait oublié d’éteindre la télévision ; elle chercha la télécommande sur le canapé en maugréant et lorsqu’elle la trouva enfin, elle l’éteignit rageusement.  « Arthur, combien de fois faut-il que je te dise de ne pas laisser la télé allumée ? Enfin… »  Inutile de traîner, cependant ; elle prit une douche rapidement et s’habilla dans sa chambre. Son fils apparut, le pouce à la bouche ; ses lacets non noués. « Arthur mon chéri, lace tes baskets veux-tu ! »  Magdeline entre-temps ouvrit son armoire pour y chercher un ticket de bus ; elle le glissa dans sa valise en hâte et attrapant son fils par le bras, l’entraîna dehors sans perdre un instant de plus.  En sortant, elle heurta une poubelle sur le trottoir qui, renversée, répandit une pile de détritus sur l’asphalte, arrachant un cri de colère à la jeune femme : « Et merde ! Il ne manquait plus que ça, ce matin ! »  Un voisin, professeur d’école qui passait, lui jeta un regard réprobateur auquel elle répondit par un haussement d’épaule ; au diable ces messieurs comme il faut qui vous regardent de haut et s’empressent toujours
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de vous juger ! Magdeline lança un coup de pied contre la poubelle qui répondit par une plainte métallique puis, enjambant les détritus étalés sur le trottoir, elle poussa son fils en avant.  Ils arrivèrent à la station noire de monde au moment où trois bus arrivaient. La foule s’engouffra rapidement et les bus bondés démarrèrent aussitôt sous une fine pluie qui commençait à tomber. Dès qu’ils furent à l’intérieur, Magdeline s’assit et attira son fils sur ses genoux. Autour d’elle, les passagers semblaient tous perdus dans leurs pensées et ne laissaient percer à travers leur regard creux aucune parcelle de leur réalité ; des êtres sans histoires, sans relief, comme des pierres lisses sur lesquelles glissaient l’onde monotone d’un courant. Du sac de son fils, Magdeline tira un cahier de dessin, elle désignait du doigt des figures que son fils, tout heureux, identifiait à haute voix. La jeune femme l’encourageait et le complimentait à chaque bonne réponse. Un homme au visage sec les observait avec une moue déplaisante ; un journal en main, il essayait de se concentrer sur un article et manifestement ils le dérangeaient. Magdeline n’était pas du genre à se laisser démonter : elle soutint son regard jusqu’à ce que l’homme le détourne. « Pauvre type ! » murmura-t-elle.  Lorsqu’elle déposa Arthur à l’école, la pluie avait cessé et sur la cour une foule d’enfants aux sacs à dos de toutes les couleurs couraient dans tous les sens, bondissant, sautant de bonheur. Le gamin s’était déjà élancé vers ses camarades quand un brusque soupçon l’arrêta ; il se retourna vers sa mère qui l’œil humide le voyait s’éloigner sans la saluer. Arthur vint lui déposer un baiser sur la joue :
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« Bonne journée maman ! -Bonne journée mon chéri ! Je t’aime.»  Magdeline allait repartir quand elle s’entendit appeler : « Mme Grisard ! »  La directrice, Mme Vernier, se tenait droite et cynique dans son tailleur gris, sur l’escalier menant à la direction. « Voulez-vous bien me suivre Mme Grisard ! »  Des qu’elles furent entrées, la directrice attaqua : Arthur était un enfant triste et peu communicatif ! Ses camarades en profitaient pour le taquiner. Son professeur l’avait fait remarquer à la directrice ; ils se demandaient si le problème ne se trouvait pas chez l’enfant. Magdeline assise dans un fauteuil en face de Mme Vernier, se tordait les mains, protestait qu’à la maison tout allait pour le mieux et qu’elle ne voyait pas ce qui pouvait ainsi perturber son fils.  « Vous savez que l’équilibre mental d’un enfant est capital à cet âge ?  -Tout à fait Mme Vernier ! glapit-elle.  -De récentes études ont démontré que chez des enfants dont l’atmosphère familiale est déplorable ou tendue, les résultats scolaires sont souvent insuffisants, sans compter qu’ils présentent la plupart du temps des troubles comportementaux.  -Je vous assure que tout va bien de ce côté… »  -Voit-il son père souvent ? »  Magdeline se mordit la lèvre inferieure, elle sentit comme une bouffée de chaleur lui monter à la tête et se mit à transpirer malgré l’air conditionné qui régnait dans le bureau de la directrice. Mme Vernier la scruta longuement un instant puis demanda :
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« Ça va Mme Grisard ? Je trouve que vous avez mau-vaise mine.  -Vraiment ? fit-elle. Juste que je suis un peu surmenée ces temps-ci…rien de grave.  -Vous savez…nous avons à l’école un psychologue pour les enfants, il pourrait voir votre fils. Pour les honoraires, on verrait après…  -Je vais y penser Mme Vernier.  -Très bien, c’est juste que je voulais vous mettre au courant du comportement de votre fils ces derniers temps. Il nous inquiète un peu… Bon maintenant, je suppose que vous devez aller travailler, je ne vous retiens pas plus longtemps Mme Grisard. »  Dès qu’elle fut dans la rue, Magdeleine ne put s’empêcher de fulminer : « Non, mais elle se moque de moi, celle-là ? Que mon fils voit un psychologue ! Après, on verra pour les honoraires ! C’est elle qui va me les payer ? Je suis sans le sou, luttant pour joindre les deux bouts. Hollala ! Vous me faites rire, Mme Vernier. Suis une pauvrette moi et je ne fous rien comme travail à part danser dans un groupe de musique folklorique, un petit groupe de rara qui me donne juste à peine de quoi subsister en plus des allocations de l’état. ! »  Son portable sonna ; elle décrocha et la voix de Me Coque, son avocat grésilla : « Mme Grisard, où êtes-vous donc par l’enfer ? Cela fait un quart d’heure que je vous attends au tribunal. Le juge s’impatiente !  -Déjà ! J’avais oublié, pardon…  -Alors ça par exemple !  -Me Coque, j’arrive tout de suite.
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 -Faites vite ! »  Magdeline bondit dans le premier bus rencontré qui se rendait au centre ville. Ce matin, elle avait presque oublié qu’elle devait se rendre au tribunal ; André, son ex refusait de verser la pension alimentaire d’Arthur depuis plusieurs mois maintenant et elle avait décidé de le traduire en justice. Paraît que ce maudit , ce salaud s’était mis avec une nouvelle femme , une sangsue, qui lui faisait dépenser les yeux de la tête et le détournait de ses obligations vis-à-vis de son fils. Qu’importe, Magdeline n’allait pas se faire avoir, elle le ferait mettre en prison s’il le fallait. Le bus fila sur l’autoroute qui serpentait à travers les quartiers industriels aux immeubles gris striés de larges bandes de rouille rouge, enjambait les gratte-ciel du bois-verna puis fonçait vers le centre-ville ; une quinzaine de minutes plus tard, la jeune femme descendait devant le tribunal encadré de deux gigantesques buildings de verre récemment construits. Elle gravit une à une les marches de marbre et pénétra à l’intérieur du tribunal au moment où l’avocat d’ André, un homme d’âge mûr , s’appretait à demander triomphalement le report de la séance. Me Coque attrapa la jeune femme par le coude et l’attira à lui sans ménagement : « Vous êtes drôlement à l’heure, vous ?  -Veuillez m’excuser ! »  Me Coque, son avocat ; trop fauchée pour se payer les services d’un avocat compétent, elle s’était rabattue sur ce dernier, sur les conseils de Tammie, sa meilleure amie dont il était une vieille connaissance. L’homme de loi ne jouissait guère d’un palmarès prestigieux : il avait perdu la plupart de ses procès et ne semblait pas trop réussir
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dans sa profession au vu de sa veste sale et mal repassée et de sa vieille Mercedes qui traînait misérablement dans le parking du tribunal.  L’avocat d’André, sur ses entrefaites, se lança dans une plaidoirie véhémente que Magdeleine écouta en silence. Elle chercha des yeux André ; ce dernier, assis les bras croisés dans son box, semblait suivre avec attention et hochait la tête de satisfaction aux propos de son avocat. Lorsque ce dernier eut terminé, Me Coque prit la parole. Sa voix était grêle et manquait d’assurance, il paraissait plus réciter un texte plat, préparé à l’avance d’une voix monocorde que dérouler un argumentaire convainquant. Il ne réussit donc pas à convaincre le juge ; entre-temps une violente discussion s’éleva entre les deux avocats. Me Coque à court d’arguments , perdait pied et essayait vainement de dominer les débats en élevant la voix ; mais hélas, il n’avait pas l’organe assez puissant et sa voix se brisa en une multitude de notes aiguës tandis que son adversaire tonnait à qui voulait l’entendre que son client était victime d’une machination ourdie par une ex fauchée et aigrie. A la fin, le juge, exaspéré, après avoir vainement essayé de ramener l’ordre , mit fin à la séance qui fut reportée à la fin du prochain mois, au grand dam de Me Coque. « C’est inadmissible ! Inadmissible ! » vociférait l’homme de loi .  Il agitait le bras dans tous les sens, tapait du pied pour exprimer son désaccord mais la décision du juge était déjà tombée : la séance reprendrait dans un mois. André et son avocat, satisfaits, se félicitaient de ce report qui arrangeait bien les choses ; ils peaufineraient entre-temps
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leur défense. En sortant André croisa Magdeline. L’homme lui adressa un sourire narquois. Magdeline lui répondit avec rage : « Petit salaud, tu es content de toi ? »  Le jeune homme garda son sourire et haussa les épaules en signe d’indifférence tandis que son avocat lui tapotait chaleureusement l’épaule de satisfaction. Magdeline revint à la charge : « Tu dois payer la pension alimentaire de ton fils, je te signale… Et tu ne viens plus le voir ! »  Nouveau haussement d’épaule d’André qui manifestement se fichait pas mal de son fils : Magdeline n’avait qu’à se débrouiller pour subvenir à ses besoins, sans rien attendre de lui. Et le pire, c’est qu’André, souriant toujours, gardait le silence. Magdeline serra le poing de colère, sa gorge se noua de rage ; un peu et elle l’aurait giflé là, devant tout le monde, en plein tribunal. Me Coque intervint : « Mme Grisard, ne vous en faites pas, je vous garantis que nous aurons gain de cause. Allons, allons… »  L’avocat l’entraîna précipitamment à l’ écart tandis qu’André et son avocat disparaissaient sous le portique en se félicitant mutuellement.  « C’est injuste ! éclata la jeune femme.  -Ne vous en faites pas ! dit Me Coque. Nous aurons le dernier mot. Maintenant rentrez chez vous, prenez un bon bain…allez vous relaxer. »  Ce qui était plus facile à dire qu’à faire. Magdeline, lasse, se rendit au supermarché, sans but précis. Un agent de sécurité placée à l’entrée la fouilla sommairement ; il lui tapota les fesses au passage et lui adressa un sourire coquin qu’elle préféra ignorer ; qu’il aille au diable
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celui-là. Elle fila entre les rayonnages, furieuse tandis que l’homme la suivit longuement des yeux ; quelques mètres plus loin elle se retourna et se rendit compte que l’agent la regardait toujours : elle lui fit un doigt d’honneur. L’homme sourit et porta son regard ailleurs ; une superbe femme tout de même, devait-il penser.  Magdeline erra sas but quelques temps. La jeune femme fauchée, n’était venue là que pour se changer les idées, pour penser à autre chose et oublier les difficultés de la vie quotidienne. Elle s’arrêta devant un rayon de produits laitiers et regarda les prix : le fromage avait grimpé et le lait encore plus ; Magdeline poursuivit son chemin et vint jeter un coup d’œil au frigo.  Un jeune homme en t-shirt blanc, qui passait près d’elle la frotta légèrement ; elle s’écarta gênée. L’inconnu qui guettait sa réaction, crut déceler un signe d’assentiment et voulut entamer la conversation ; il s’approcha d’elle, exhibant d’énormes biceps noueux et des pectoraux bombés sous le t-shirt.  « Je peux vous aider mademoiselle…  -Absolument pas ! » fut la réponse.  Magdeline tourna les talons et s’éloigna presque en courant, énervée. Oui, toujours pareils ces petits salopards. Au fait, c’est ainsi qu’André l’avait abordée : dans un supermarché, un vendredi après-midi qu’elle était venue faires ses emplettes. Le jeune homme, en dépit de ses réticences avait insisté et fini par la forcer à engager la conversation ; après les choses étaient allées très vite, trop vite même : quelques semaines plus tard ils sortaient ensembles. Elle tombait enceinte quelques mois palu tard et sous la pression de la mère de la jeune fille qui déclarait que sa fille n’était pas une traînée, André
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