Temperance
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Description

TEMPERANCE Mon histoire commence le jour de mes neuf ans, alors qu’il y a sur cette terre des millions de familles qui déménagent d’une ville à une autre ville, d’un endroit à un autre, pour des raisons aussi différentes que mystérieuses et qui sont en fait ordinaires, moi ma famille, elle est une famille propre, ordinaire, une famille parmi les autres familles, moi aussi j’étais une petite fille ordinaire, qui se réjouissait d’arriver à destination pour avoir son gâteau et ses bougies à souffler, je pensais déjà à faire mon vœu, mais ne savais pas trop quoi choisir comme vœu, j’avais le bonheur d’être dans une bonne famille, avec des parents des sœurs et un frère que j’adorais. Mais mon destin va être scellé ce jour là ! Plus j’y pense plus je me dis qu’en fait c’est pas ma faute, si j’ai fait un pacte avec le diable, mais le jour de son anniversaire à neuf ans, est-on responsable de ses pensées et même de ses actes ??? J’ai juste voulu troquer la vie de ma grande sœur qui pouvait basculer, en une fraction de seconde, d’un claquement de doigts, clac… Aussi vite que ça ! Sous ce camion maudit ! En général, à cet âge on fait des vœux du genre, si je vois passer une étoile filante, je me marierais avec le prince charmant, bien sûr, on y croit puisque c’est écrit dans les livres de contes de fée ! Alors on y croit !

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Publié le 25 septembre 2012
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Langue Français

Extrait

TEMPERANCE Mon histoire commence le jour de mes neuf ans, alors qu’il y a sur cette terre des millions de familles qui déménagent d’une ville à une autre ville, d’un endroit à un autre, pour des raisons aussi différentes que mystérieuses et qui sont en fait ordinaires, moi ma famille,elle est une famille propre, ordinaire, une famille parmi les autres familles, moi aussi j’étais une petite fille ordinaire, qui se réjouissaitpour avoir son gâteau et ses bougies àd’arriver à destination souffler,je pensais déjà à faire mon vœu, mais ne savais pas trop quoi choisir comme vœu, j’avais le bonheur d’être dans une bonne famille, avec des parents dessœurs et un frère que j’adorais. Mais mon destin va être scellé ce jour là! Plus j’y pense plus je me dis qu’en fait c’est pas ma faute, si j’ai fait un pacte avec le diable, mais le jour de son anniversaire à neuf ans, est-on responsable de ses pensées et même de ses actes ??? J’ai juste voulu troqvie de ma grande sœur quiuer lapouvait basculer, en une fraction de seconde, d’un claquement de doigts,clac… Aussi vite que ça! Sous ce camion maudit ! En général, à cet âge onfait des vœux du genre, si je vois passer une étoile filante, je me marierais avec le prince charmant, bien sûr, on y croit puisque c’est écrit dans les livres de contes de fée ! Alors on y croit ! Malheureusement moi c’est pas une étoile filante que j’ai vu, c’est peut-être parce qu’il faisait jour et qu’il n’y a pas d’étoile le jour, ou parce que j’ai pas eu mon gâteaud’anniversaireun homme, un homme très grand, vêtu d’une? Mais grande cape noire, avec des yeux… Des yeux… Rouges, comme des boulets de charbon en fusion… Et des mains avec de longs doigts mince aux ongles acérés couleur de souffre, comme un aigle.!!! D’abord j’ai eu très peur, mais moins que la scène qui était en train de se dérouleren ce moment, au fond du ravin, et qui pouvait emporter la vie des miens plus vite qu’il nefaut pour le penser. Avec mon imagination, j’ai d’abord cru à une hallucination, mais je me suis vite laissée enivrer. Il paraissait tellement fort, alors que mon admiration passait toujours autour de mon père, qui était si beau, si grand et si fort, mais pourquoi ce jour là il paraissait si petit et si impuissant à côté de l’hommeen noir ? Peut-être parce qu’il essayait en vain et de toutes ses forces de dégager le moteur du camion qui écrasait les jambes de ma grande sœuret qu’il n’y arrivait pas, il piétinait le
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corps de l’aide chauffeur, à qui il ne risquait plus rien d’arriver, la moitié de son corps gisait sous les morceaux de ferrailledu moteur, de son dos je ne voyais que sa veste, qui paraissait être remplie de ouate, comme ces mânnies tout doux qu’on pressedans ses bras pour se rassurer, et son crâne chauve était bleu violet, cette couleur qu’ont les morts qui ont subi un choc si violent que le sang se fige et arrête son va et vient pour alimenter l’oxygène de la vie.Une épaisse fumée noire jaillit du moteur et cette petite musique ridicule qui sortait du petit transistor si con et si petit mais qui lui, avait échappé au massacre, et qui grésillait une merde du genre Capri c’est fini. C’est alors que mon père lève la main complètement ensanglantée et lui boucle sa gueule d’un seul coup de poing. Cette fois Capri c’est vraiment fini.L’homme en noir enserre ma main dans la sienne et me met à l’écart du charivari de l’accident, il ouvre la bouche, je me souviens encore de l’odeur fétide de son haleine et de cette rangée de dents limées et pointues, j’ai peur de lui, mais comme c’est la seule personne qui s’occupe de moi, je reste… Il me serre contre lui, je sens sa carcasse, il n’a pas de viande, ses os pénètrent dans ma chair tendre, plus son étreinte est forte, plus je me sens rassurée, vivante. Je choisis ce moment pour lui dire que si quelqu’un peu sauver ma grande sœur, je ferais n’importe quoi en échange…Avec ses longs doigts, il essuie mes larmes, mais ses serres griffentma joue, ce qui stoppe immédiatement mes pleurs. Ah… Cette odeur de… De poisson pourri, de déjection, j’arrête de respirer pendant qu’il parle, j’osepas le lui montrer que ça me fout la gerbe, pour la bonne et simple raison que j’ai peur, mais au fond de moi, quelque chose me dit qu’il ale pouvoir de m’aider! C’est ça qui me donne de la force! Même les petites filles connaissent le pouvoir de séduction, c’est dans le gène des filles, et j’ai décidé de m’en servir.Avec mes petits bras, j’entoure sa taille et le presse contre moi. J’entends un râle sortir de sa carcasse et l’odeusemble suinter de tous ses os.r fétide A partir de ce moment là, il n’a plus besoin de parler, il est… en moi! Ma sœur Rose, arrive péniblement à remonter la pente du talus ou gît, complètement éventrée, la déménageuse et tous nos meubles, la télévision, notre télé, cette boite à imagesmagique… Elle gît, là, au milieu des bouses de vaches, en deux morceaux ! Elle a littéralement explosé, un tube lui sort d’une moitié, et des ampoules de l’autre!!! Bousillée qu’elle est ma télé!!! Fini Zorro, Dartagnan et autres Thierry La Fronde ! Visiblement Rose est contente de me voir, elle crie et pleure en même temps, elle croyait que j’avais été éjectée du camion et elle cherchait mon corps aux alentours des champs, et qui sait peut-être comme la télé dans la merde de vache !
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D’abordelle me gronde,puis elle fond en larmes et m’embrasse de partout, elle remarque les griffures que j’ai sur les joues, et essaie de les tamponner avec le bord de sa jupe, elle bégaye en voulant me rassurer. C’est à ce moment précis, que mon innocence de petite fille m’a quittée !!! Au moment où j’ouvre la bouche je m’entends parler, d’une voix grave et rauque, qui n’est pas la mienne, comme celle de SylvesterStallone dans Rocky qui crie son amour à Adrienne. -Te casse pas l’bourichon, elle va s’en sortir la frangine, quelques choutes de Morphine, de quoi l’envoyer dans les nuages pour qu’y puissent la décarcasser de ce camion de merde… R’garde… Y’a une grue qu’arrive! Y’vont t’lenvoyer en l’airvia l’hosto!
Elle est restée la, la bouche pendante, estomaquée !!J’ai bien cru que ses yeux allaient sortir de leurs orbites, moi qui suis si timide et réservée, mais maintenant j’ai le bouclier magique!!! Le Charles nous aimmédiatement flanquéesà l’arrière de sa voiture, et ila démarré. Le trajet nous a paru sans fin à part le bruit du moteur, rien ne s’estdit!!! Dans les campagnes c’est comme ça… On ne dit rien. On pense…Une semaine après, ma sœur JJ est encore à l’hôpital, il va falloir greffer des morceaux de peau sur ses plaies, après avoir enlevé la gangrène qui lui ronge le mollet,mais elle va pouvoir garder sa jambe. J’ai changé, tout le monde voit bien que j’ai changé, je ne suis plus la petitefille de neuf ansque j’étais,je deviens boutonneuse et laide. Mes parents pensent que c’est les épreuves de la vie qui nous font grandir, mon cul ouais! Le chauffeur de la déménageuse est sorti de prison, il n’a pas été inculpé, le juge adit que c’était un accident, qu’il n’y était pour rien, que cela provenait de la chaussée et que la signalisationroutière aurait dû mentionner une interdiction de circuler à ce genre de long véhicule. Moi j’ai seulement pensé que j’avais plus de télé. Et qu’il méritait bien une punition ce con ! Deux mois plus tard la femme du chauffeur accouchait d’une jolie petite fille de trois kilos cinq, ils ont fêté la naissance en grande pompe, dans le journal il y avait un bel avis de naissance, mais les souffrances de ma sil n’y avaitœur, elles,qu’elle pour les subir. Et moi j’avais toujours pas de télé. Cela méritait bien une petite punition pour un tel acte ! Une année plus tard, un téléphone vient perturber notre partie de Schwartz Peter. C’était le chauffeur de camion qui pleurait… Les médecins ont détecté une paraplégie sur sa petite fille adorée ! Elle ne marchera jamais, avait dit mon père, une larme au coin de l’œil qui n’a jamais réussi à couler!
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Mon père n’a pas voulu finir la partie, il est sorti fumer une clope dans le jardin et ma mère lui a amené un verre de goutte, ils sont restés dehors un long moment, mes sœurs etmon frère sont allés se coucher, moi j’ai rangé le Schwartz Peter dans son étui et je suis allée dans l’écurie pour caresser Violette, notre jument, mais je ne sais pas pourquoi, elle m’a henni et m’a mordu l’omoplate. Une semaine plus tard, elle est partie pour l’abattoir, mon père adit qu’elle était vieille et qu’elleboitait de la patte gauche, en la faisant rentrer dans le van, il avait de nouveau ce moucheron qui lui chatouillait le coin de l’œil. Moi je regardais la scène par la fenêtre en attendant d’aller nettoyer sa stalle et de tout jeter sur le fumier, même sa plaque en bois que mon grand père avait gravée à son nom « VIOLETTE » En fait je me rendais compte qu’il me suffisait de penser, sans même vraiment y penser pourqu’ILarrive. Je voulais bien m’en débarrasser, mais comment faire? J’ai essayé de parler du diable et des choses qu’il pouvait faire, mais ma mère m’a dit: -C’est des foutaises Tempérance, le diable il existe que si on veut qu’il existe, et ici t’es en sécurité, il ne peut pas venir.
J’en ai plus jamais reparlé! Un jour, notre chien Yoky, enfin le chien de ma sœur, m’a morduau pied gauche, moi je l’aimaisbien ce chien, et ben le lendemain, en courant derrière la voiture de ma sœur, il s’est fait écraser, au carrefour une autre voiture a déboulé et crac… C’était horrible pour ma sœur, elle ena été malade pendant longtemps, mon grand-père l’a dépecé et avec la peau ilafait un tapis de lit pour ma sœur. Beurk, moi j’ai pas aimé ça! Et voila, toute ma vie aété comme ça… Je me suis retirée du monde, de ma famille, je n’ai pas d’ami, pas de copine, pas de chien, pas de chat, enfin rien de vivant autour de moi, j’ai troppeur qu’il leur arrive quelque chose, rien que le fait de penser me fait peur! La seule chose qui règle ma vie, c’est les courses, alors quand je vais au supermarché, je ne dis bonjour à personne, je ne regarde personne, je paie et je rentre, il suffirait que quelqu’un me marche sur un pied, qu’aussitôt un malheur s’abattrait sur lui ou un membre de sa famille ! Pour mes cinquante ans, j’ai décidé de me faire un petit plaisir, Un gâteau d’anniversaire, avec cinquante bougies, cinquante bougies et pas cinq grosses de dix ans l’une. J’ai décidé de faire un vœuen soufflant mes bougies !!! Comme chaque fois, je gare ma vieille caisse au dernier étage du parking sous-terrain, celui qui n’a presque pas de lumière, m’en fous, moi j’ai pas peur, vu qu’il ne peurien m’arrivermalheureusement. J’achète des œufs, du beurre, de la crème, même un tube de couleur rouge, cette couleur alimentaire pour pouvoir marquer « BON ANNIVERSAIRE
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TERMPERANCE»Sur mon gâteau, et comme d’hab, je paie les yeux rivés sur le sol, etje m’en vais.J’me grouille de rentrer, pour fabriquer mon gâteau et faire mes vœux!!! C’a m’apris des heures et des heures, mais il beau mon gâteau, j’allume les bougies et coupe la lumière. J’ai soufflé tellement fort, pour être sûre de pas me louper,que j’ai foutu de la chantilly plein la table.Le lendemain, je dois retourner au supermarché, je n’ai plus de pinard, j’ai trop bouffé de gâteau et j’ai vidé ma barrique de vin. J’ai la gueule enfarinée, mais je me sens bien! On verra bien si mon vœu vaêtre exhaussé ! Arrivée à la caisse avec mes dix flacons de pinard, je lorgne la caissière et elle me jette un regard étonné,je ne sais pas si c’est à cause du pinard, ou si c’est parce que c’est la première fois qu’elle voit mes mirettes? Je me dirigedu côté de la sortie. Mais en attendant l’ascenseur un cornet dans chaque main, je sens une odeur, cette même odeur qui ne m’a en fait jamais vraiment quittée, depuis quarante et un ans, plus précisément le jour de mes neuf ans… Mais cette fois elle sort de l’escalier de secours, la porte est entrouverte, et un air glacial y est mélangé à cette odeur fétide et immonde ! Je lâche mes cornets, et avant que la porte se referme, sans réfléchir, je décide d’aller voir qui précède cette odeur de mort…L’escaliern’est éclairé que par une toute petite lumière jaune, celle de secours, mais ça me permets d’entrevoir une silhouette vêtue d’une sorte de… cape et d’un chapeau, malgré mon âge, je dévale l’escalier quatre à quatre, c’est LUI, je suis sûre que c’est LUI!Plus je m’approche, plus l’odeur devient pestentielle! Je ne suis plus qu’à quelques mètres, quelques centimètres, je n’ose pas espérer qu’il ne m’aitpas entendueou même sentie, puisqu’il voit et sait tout de moi!!! Il ne se retourne même pas… Je ne réfléchis pas je compte, 1, 2. 3,20, 21,30, 35, il ne faut pas qu’il rentre dans ma pensée, alors je continue à compter, je le laisse avancer un peu, sans arrêter de compter, 150, 151,152…Je lui saute sur le dos, on se retrouve plaqué au sol, comme une grosse limace géante, je continue à compter je ne veux pas penser 160,161, de la main droite, je lui empoigne le menton et de la gauche lui maintien l’épaule, d’un coup sec et puissant je lui retourne la tronche ! 166, 167, le bruit de ses cervicales craque entre mes mains et remonte jusque dans mon crâne qui fait caisse de résonance ! Ses pieds tambourinent le sol. Une odeur de merde monte de sa carcasse mourante.175, 176, Mais pourquoi je continue à compter, il est raide mort !!! Je veux voir sa gueule, mais à part la cape noire et le chapeau et l’odeur de merde, il n’y arien, rien d’autre… Pfuuuiit! Evaporé, c’est quoi cette mascarade??? J’entends encore résonner le craquement de ses os dans ma tronche! Je regarde autour de moi, rien… Même cette odeur de merde adisparu…Je remonte les escaliers, encore plus vite que je les ai descendus, arrivée devant l’ascenseur, mes cornets sont encore là! J’appuie frénétiquement sur le bouton
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et m’engouffre à l’intérieur. Arrivée à la voiture, j’ouvre le coffre etbalance mon pinard à l’intérieur, une bouteille se pète!!! Tant pis, il faut dégager d’ici et vite! Enfin chez moi!!! J’ai envie de boire mais il me faut quelque chose de plus solide que du pinard !J’m’enfilela bouteille de Rhum presque cul sec ! Jem’allonge et tombe dans un sommeil profond. Je sens une main qui me secoue et qui crie mon nom. J’ai l’impression de sortir des limbes ou des abysses, j’y suis jamais allée, mais c’est sûrement moche, comme sensation. -Tempérance…TAMPERANCE!!! Réveille-toi !!! Bouge ton cul !!! Les parents vont descendre de la chambre, si ils voient que tu t’es enfisiquée la moitié de la bouteille, ça va chier pour ton matricule !
Je lève la tête, mais c’est mon frère!!!C’est mon frère DANY et il est petit, il a onze ans ! Le gâteau! J’ai vomisur mon gâteau !!! Je baisse la tête et je vois mon corps, il est petit aussi!!! Je compte les bougies, neuf… Il n’y a que neuf bougies!!! Sous l’œil stupéfait de mon frère, je fonce à la salle de bainje veux me regarder dans le miroir, je dois me mettre sur la pointe des pieds pour me voir, je suis pleine de dégueuli, mais,je suis vraiment petite! J’ai bien neuf ans !!! Toute cette histoire, ce n’était qu’un mauvais rêve, ou plutôt un mauvais cauchemar, d’une petite fille deneuf ans, qui ferait mieux de lire le club des cinq et de boire du lait, au lieu de lire en cachette les excellentes mais dégueulasses histoires du merveilleux« STEPHEN KING » J’me grouille de me laver, jesens la merde, ou le dégueulon, j’sais pas trop…Il faut vite se mettre propre, avant que les parents arrivent ! MAIS AUFAIT… J’AI FAIT QUOI COMME VŒU??? MANDRAGORA/08.2010
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