Santé et services sociaux : Et si nous passions à côté de l’enjeu principal ? Madame, Messieurs, Montréal, le mercredi 28 février 2007 - La santé est au cœur des débats de la campagne électorale québécoise. Chaque parti politique indique dans sa plateforme électorale comment il entend réduire les listes d’attente, désengorger les urgences, favoriser l’accès à un médecin de famille ou encore développer les services pour les clientèles vulnérables. Toutefois, aucun parti ne fait mention du nécessaire renouvellement des ressources humaines. Cet enjeu est pourtant incontournable. Au cours des huit prochaines années, il faudra renouveler, dans un contexte de pénurie, la moitié du personnel du réseau. Cela, alors que croissent chaque année les besoins de soins et de services sociaux au Québec. Tous les engagements, toutes les promesses ne pourront se réaliser si les établissements ne peuvent compter sur une main-d’œuvre qualifiée, disponible là où on en a besoin. L’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) représente 140 établissements qui, à eux seuls, gèrent plus de 85 % du budget global des établissements du réseau. En ce début de campagne électorale, l’AQESSS estime essentiel d’exposer aux chefs de parti le véritable défi que le Québec doit relever dans le domaine de la santé : le renouvellement du personnel. Le prochain ministre de la santé et des services sociaux doit être prévenu : au cours ...
Santé et services sociaux : Et si nous passions à côté de l’enjeu principal ?
Madame, Messieurs,
Montréal, le mercredi 28 février 2007 - La santé est au cœur des débats de la
campagne électorale québécoise. Chaque parti politique indique dans sa
plateforme électorale comment il entend réduire les listes d’attente, désengorger
les urgences, favoriser l’accès à un médecin de famille ou encore développer les
services pour les clientèles vulnérables. Toutefois, aucun parti ne fait mention du
nécessaire renouvellement des ressources humaines. Cet enjeu est pourtant
incontournable. Au cours des huit prochaines années, il faudra renouveler, dans
un contexte de pénurie, la moitié du personnel du réseau. Cela, alors que
croissent chaque année les besoins de soins et de services sociaux au Québec.
Tous les engagements, toutes les promesses ne pourront se réaliser si les
établissements ne peuvent compter sur une main-d’œuvre qualifiée, disponible là
où on en a besoin.
L’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux
(AQESSS) représente 140 établissements qui, à eux seuls, gèrent plus de 85 %
du budget global des établissements du réseau. En ce début de campagne
électorale, l’AQESSS estime essentiel d’exposer aux chefs de parti le véritable
défi que le Québec doit relever dans le domaine de la santé : le renouvellement
du personnel.
Le prochain ministre de la santé et des services sociaux doit être prévenu : au
cours de son mandat, il devra s’attaquer avec vigueur au chantier des
ressources humaines. Selon une projection du MSSS réalisée en 2004, il
faudra, bon an mal an, recruter environ 13 000 personnes uniquement pour
assurer le remplacement du personnel qui quitte le réseau pour la retraite.
Toujours selon la projection du MSSS, dans l’ensemble du réseau, on aurait
besoin en ce moment de 2 800 infirmières supplémentaires, de 2 100 préposés
aux bénéficiaires, 500 professionnels en réadaptation physique, 450 techniciens
de la médecine et de laboratoires et d’une centaine de pharmaciens, notamment.
1Le prochain ministre devra aussi composer avec le fait que d’ici trois ans, près
de la moitié des 10 000 cadres du réseau auront acquis le droit de prendre leur
retraite. Sans actions vigoureuses, cela risque de priver le réseau de
l’expérience et de l’expertise nécessaires à l’organisation et à la coordination des
soins et des services.
110 000 recrues recherchées
On compte actuellement plus de 250 000 personnes qui œuvrent dans le réseau
de la santé et des services sociaux (personnels des établissements, médecins,
cadres). Ces femmes et ces hommes sont le cœur même de tout le système.
Sans eux, pas de garantie d’accès aux soins, pas de garantie d’accès aux
services.
En nous basant sur les prévisions ministérielles de 2004, il faudrait que d’ici
2015, les établissements aient embauché 40 000 infirmières, 26 000 préposés
aux bénéficiaires, 11 000 infirmières auxiliaires, 14 000 techniciens,
technologues, inhalothérapeutes, physiothérapeutes, ergothérapeutes et
orthophonistes, plus de 16 000 psychologues, éducateurs spécialisés et
travailleurs sociaux ainsi que 1 200 pharmaciens. C’est en fait près de la moitié
du personnel du réseau qui devra avoir été remplacée dans un contexte de
pénurie.
Des besoins immédiats et croissants
Les établissements du réseau de la santé et des services sociaux sont engagés,
depuis plusieurs années, dans le développement des soins de proximité, de
services spécialisés et ultra spécialisés et dans la réduction des délais d’attente
pour les chirurgies. Ce développement doit s’accentuer si nous souhaitons
maintenir l’accès aux soins et aux services. L’AQESSS évalue que ses
établissements devront desservir 300 000 personnes de plus aux cours des cinq
prochaines années (personnes âgées, jeunes, personnes vulnérables,
augmentation des chirurgies).
Des gestes pour contrer les effets des pénuries
Les établissements du réseau de la santé multiplient depuis un certain nombre
d’années les initiatives pour favoriser le recrutement et la rétention des
ressources humaines. On adapte les horaires de travail, on ouvre de nouveaux
postes, on réorganise le travail, recrute à l’étranger ou encore on profite des
négociations locales pour trouver avec les employés les façons de mieux adapter
le milieu aux besoins du personnel. Les efforts concertés du MSSS, du MELS,
des collèges, des universités, des établissements de santé et de services
sociaux et de leurs partenaires ont notamment permis de multiplier par quatre les
inscriptions dans les formations d’infirmières auxiliaires, de pratiquement tripler
celles dans les programmes de soins infirmiers et de doubler le nombre
d’étudiants inscrits dans les facultés de médecine.
2Un vaste chantier et des actions concertées
Le défi du renouvellement du personnel de la santé et des services sociaux est
d’une telle ampleur qu’il interpelle l’ensemble de la société. Remplacer la moitié
des effectifs consacrés aux soins et aux services au cours des prochaines
années nécessitera des efforts concertés de plusieurs ministères et organismes.
Prolonger la carrière des 5 000 cadres qui auront droit à la retraite d’ici trois ans
et favoriser le recrutement de la relève ne peut se réaliser avec les seuls moyens
dévolus aux administrateurs du réseau.
Faut-il le rappeler : plus de 80 % du budget de la santé et des services sociaux
du Québec est versé en salaire à plus de 250 000 femmes et hommes qui SONT
et FONT quotidiennement le réseau dont nous sommes si fiers. La qualité des
soins de santé et des services sociaux repose d’abord et avant tout sur leurs
connaissances, leurs savoirs et leurs expertises.
C’est pourquoi nous demandons aux chefs des partis politiques de nous indiquer
comment leur gouvernement participera à ce vaste chantier des ressources
humaines au cours du prochain mandat.
Notamment :
• Quelles propositions ils entendent mettre de l’avant pour valoriser les
carrières dans le monde de la santé et des services sociaux et recruter les
talents nécessaires pour assurer le maintien des soins et des services ?
• Quels moyens financiers additionnels ils entendent proposer aux
établissements pour permettre un transfert des connaissances et des
savoir-faire entre les générations alors que la moitié du personnel du
réseau sera renouvelée au cours des 10 prochaines années ?
• Quelles mesures ils entendent prendre pour maintenir plus longtemps au
travail les gens d’expérience ?
L’AQESSS considère que l’enjeu des ressources humaines est d’une telle
importance qu’il ne peut être passé sous silence.
Ce texte est signé par M. Alex G. Potter, président et Mme Lise Denis, directrice
générale de l’Association québécoise d’établissement de santé et de services
sociaux.
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