Prévention et traitement de l hypotension artérielle au cours de la  césarienne
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Prévention et traitement de l'hypotension artérielle au cours de la césarienne

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PREVENTION ET TRAITEMENT DEL'HYPOTENSION ARTERIELLEAU COURS DE LA CESARIENNEL. Simon, J. Hamza. Département d'Anesthésie Réanimation Chirurgicale. HôpitalSaint Vincent de Paul, 74-82 Avenue Denfert-Rochereau 75674 Paris Cedex 14,France.INTRODUCTIONL'hypotension artérielle (hypo-TA) est un phénomène très fréquent au cours dela césarienne sous anesthésie locorégionale [1]. Elle peut induire une morbiditématernelle [2] et influencer directement le pronostic de l'enfant [2, 3]. La nécessitéd'une prévention de l'hypotension associée au traitement précoce de celle-ci est doncadmise par tous. Pour cela, différents moyens mécaniques et pharmacologiques ontété utilisés afin de minimiser les répercussions hémodynamiques de l'anesthésiepour la césarienne. Néanmoins, en 1997, de nombreuses controverses persistentquant aux modalités de prévention et de prise en charge de cet accident iatrogène.Après un bref rappel sur la physiologie maternelle et les effets néfastes del'hypotension, nous allons examiner les différents moyens permettant de luttercontre l'hypotension artérielle maternelle au cours de la césarienne.MAPAR 19971. INCIDENCE ET CONSEQUENCES DE L'HYPOTENSION ARTERIELLE1.1. PHYSIOLOGIE MATERNELLEDe nombreuses modifications hémodynamiques existent chez les femmes en finde grossesse [4]. Parmi celles-ci, on note une augmentation de la fréquencecardiaque et du volume d'éjection systolique associée à une diminution desrésistances vasculaires pulmonaires ...

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PREVENTION ET TRAITEMENT DEL'HYPOTENSION ARTERIELLEAU COURS DE LA CESARIENNEL. Simon, J. Hamza. Département d'Anesthésie Réanimation Chirurgicale. HôpitalSaint Vincent de Paul, 74-82 Avenue Denfert-Rochereau 75674 Paris Cedex 14,France.INTRODUCTIONL'hypotension artérielle (hypo-TA) est un phénomène très fréquent au cours dela césarienne sous anesthésie locorégionale [1]. Elle peut induire une morbiditématernelle [2] et influencer directement le pronostic de l'enfant [2, 3]. La nécessitéd'une prévention de l'hypotension associée au traitement précoce de celle-ci est doncadmise par tous. Pour cela, différents moyens mécaniques et pharmacologiques ontété utilisés afin de minimiser les répercussions hémodynamiques de l'anesthésiepour la césarienne. Néanmoins, en 1997, de nombreuses controverses persistentquant aux modalités de prévention et de prise en charge de cet accident iatrogène.Après un bref rappel sur la physiologie maternelle et les effets néfastes del'hypotension, nous allons examiner les différents moyens permettant de luttercontre l'hypotension artérielle maternelle au cours de la césarienne.
MAPAR 19971.INCIDENCE ET CONSEQUENCES DE L'HYPOTENSION ARTERIELLE1.1.PHYSIOLOGIE MATERNELLEDe nombreuses modifications hémodynamiques existent chez les femmes en finde grossesse [4]. Parmi celles-ci, on note une augmentation de la fréquencecardiaque et du volume d'éjection systolique associée à une diminution desrésistances vasculaires pulmonaires et systémiques. Ces modifications induisent uneaugmentation du débit cardiaque de près de 40 % et une diminution modérée de lapression artérielle. Par ailleurs, l'utérus gravide induit, en décubitus dorsal, unecompression aortocave pouvant aboutir à une baisse brutale de débit cardiaque et/ouutéroplacentaire. Lors d'une anesthésie rachidienne, ce risque est fortement accru dufait de l'existence du bloc sympathique. En effet, les possibilités d'adaptation à lacompression aortocave sont encore diminuées par l'impossibilité de vasoconstrictiondes territoires bloqués. De plus, on note, durant la grossesse, une moindre sensibilitéde la femme aux propriétés vasoconstrictrices et chronotropes des catécholamines.La fréquence de l'hypotension artérielle varie ainsi au cours de la césarienne de50 à 90 % lors de rachianesthésies et de 30 à 60 % lors d'anesthésies péridurales [1].1.2.EFFETS MATERNELS DE L'HYPOTENSIONL'hypotension artérielle maternelle est corrélée avec l'apparition de nausées et/ouvomissements [2]. L'apparition de troubles de conscience, lors d'une hypotensionartérielle sévère, induit alors un risque d'inhalation du contenu gastrique.Différents auteurs ont montré une forte incidence de modifications du segmentST sur l'électrocardiogramme des patientes en cours de césarienne sous anesthésielocorégionale. Aucune corrélation n'a pu être établie entre la survenue d'hypotensionartérielle et ces modifications électriques de signification imprécise [5].1.3.EFFETS DE L'HYPOTENSION SUR L'ENFANTLes effets néfastes de l'hypotension artérielle sur le fœtus et le nouveau-né sontbien connus [2, 3, 6, 6b]. Par le biais d'une baisse du débit utéroplacentaire,l'hypotension artérielle conduit à une hypoxie fœtale pouvant se traduirebiologiquement par une augmentation du base déficit et une acidémie fœtale vraie.Ces anomalies «biochimiques» sont parfois associées à des effets cliniques : Ebneret al. ont montré que la survenue d'une hypotension artérielle maternelle prolongéesous rachianesthésie pouvait induire une bradycardie fœtale [7]. De même, d'autresétudes ont montré que les enfants nés de mères ayant eu une hypotension prolongéeont des scores d'Apgar moins élevés [2] et des scores neuro-comportementauxmoins bons [6] que les autres. Ces études, souvent anciennes, ne prenaient pastoujours en compte la prévention du syndrome de compression aortocave. Leurrésultats plaident néanmoins pour une prévention de l'hypotension artérielle. Depuis,de nombreux auteurs ont souligné l'importance de la durée de l'hypotensionmaternelle. Corke et al. ont pu montrer qu'une hypotension artérielle corrigée enmoins de deux minutes n'avait pas de conséquence cliniquement visible sur66
Obstétriquel'enfant [8]. Depuis, d'autres auteurs ont pu confirmer l'absence d'effet néonatald'une hypotension de courte durée immédiatement prise en charge [9, 10] et ceci,quel que soit le moyen employé pour la corriger [6b]. Ainsi, la survenue d'unehypotension maternelle sévère mais brève serait moins délétère pour l'enfant qu'unehypotension modérée mais prolongée car négligée [11].Nous allons donc examiner en quoi les techniques d'anesthésie locorégionale etleur risque hypotensif retentissent sur l'enfant.1.4.TECHNIQUE ANESTHESIQUE ET RISQUE HYPOTENSIFLa rachianesthésie est la technique induisant le bloc sympathique le plus brutalet donc, le plus grand risque d'hypotension artérielle. La rachianesthésie peut induireune diminution du débit cardiaque maternel et des modifications de l'index Dopplerde pulsatilité de l'artère utérine. Ce dernier indice, qui reflète les résistancesvasculaires utérines, est selon les études augmenté [11, 12] ou diminué [13] aprèsrachianesthésie. Les variations de l'index de pulsatilité de l'artère utérine [1, 14]semblent moins fréquentes avec l'anesthésie péridurale qu'avec la rachianesthésie.Néanmoins, l'hypotension artérielle maternelle est un facteur connu d'altération decet index sous anesthésie péridurale [6b]. Ainsi, dès que l'hypotension est contrôlée,il n'existe pas d'argument pour penser que le choix d'une technique anesthésiqueplutôt qu'une autre influe sur le devenir des enfants. Cette absence de différence surle pronostic ultérieur de l'enfant a été retrouvée entre la rachianesthésie et la péri-rachianesthésie séquentielle [15] puis entre la rachianesthésie et l'anesthésiegénérale [16].De même, des auteurs ont récemment comparé les effets de l'anesthésiepéridurale selon que l'anesthésique local (20 ml de bupivacaïne 0,5 %) était injectésous forme de bolus ou de manière fractionnée sur 25 minutes [17]. Ils n'observaientaucune différence entre les deux groupes dans la survenue d'hypotension artériellematernelle. Les index de pulsatilité utérine n'étaient perturbés ni dans un groupe nidans l'autre. Certaines études se sont intéressées aux effets de la techniqueanesthésique sur les fœtus de mères toxémiques et/ou en situation de souffrancefœtale [18, 19]. Leurs résultats doivent être analysés avec prudence. Les populationsétudiées ne sont pas toujours homogènes. Néanmoins, Karinen et al. ont étudié leseffets de la rachianesthésie pour césarienne chez douze femmes ayant une toxémiesévère [20]. Ils montrent que, chez ces patientes, le maintient d'une bonne stabilitéhémodynamique s'accompagne d'une absence d'altération de l'index de pulsatilitéutérine après rachianesthésie. Au contraire, une augmentation significative de cetindex était retrouvée chez les deux patientes de l'étude qui ont présenté unediminution brutale de leur pression artérielle.Il semble donc que le maintien d'une pression artérielle satisfaisante soitbeaucoup plus important pour le fœtus que la technique anesthésique elle même.Pour cela, la pression artérielle doit être surveillée de façon très rapprochée(£ 2 min) dès l’induction anesthésique jusqu’à l’extraction fœtale.76
MAPAR 19972.PREVENTION MECANIQUE DE L'HYPO-TA MATERNELLE2.1.PREVENTION DU SYNDROME DE COMPRESSION AORTO-CAVEC'est un élément majeur de la prophylaxie de l'hypotension artérielle chez lafemme enceinte. Clark et al ont démontré que le décubitus dorsal strict était associéà une chute de débit cardiaque chez les parturientes [21]. Environ 10 % despatientes sont spontanément hypotendues en décubitus dorsal strict. Le blocsympathique de la rachianesthésie et la compression aorto-cave agissent en synergiepour diminuer le débit cardiaque et la pression artérielle. Il est donc primordial deprévenir ce phénomène en favorisant le déplacement gauche de l'utérus. Pour cela, ilfaut interdire le décubitus dorsal strict aux patientes bénéficiant d'une anesthésielocorégionale (ou générale) pour césarienne. La solution la plus simple étant desurélever la fesse droite de la patiente d'environ 15° à l'aide d'un coussin laissé enplace durant l'intervention.2.2.EFFETS DU TRAVAILL'incidence de l'hypotension artérielle au cours des césariennes sousrachianesthésie [22] ou sous péridurale [9] est diminuée chez les patientes en coursde travail comparativement aux autres. Les effets du travail peuvent s'expliquer parune auto-transfusion de 300 ml de sang réalisée à chaque contraction utérine. Larupture de la poche des eaux, et la descente de la tête fœtale dans le pelviscontribuent également à diminuer la compression aorto-cave. Néanmoins, lacontraction favoriserait mécaniquement en elle-même un certain degré decompression aorto-cave. De ce fait, les effets bénéfiques du positionnement endécubitus latéral des patientes sont encore plus marqués chez les femmes entravail [22].2.3.COMPRESSION DES MEMBRES INFERIEURSCertains auteurs ont testé différents moyens de compression des membresinférieurs afin de diminuer l'incidence de l'hypotension artérielle sousrachianesthésie. Cette compression peut permettre une auto-transfusion allantjusqu'à 500 ml à partir du système veineux des membres inférieurs vers lacirculation centrale. Goudie et al ont étudié l'efficacité d'attelles gonflées à 5,3 kPaautour des membres inférieurs, immédiatement après la rachianesthésie [23]. Cetteétude menée chez 46 patients retrouvait 48 % d'hypotension chez les patientesdisposant des attelles et 83 % d'hypotension dans le groupe témoin. D'autres auteursont évalué l'intérêt de bandes d'Esmarch sur les membres inférieurs immédiatementaprès la rachianesthésie [24]. Cette étude réalisée chez 24 patientes retrouvait unediminution de l'incidence de l'hypotension (83,3 contre 13,7 %) chez les patientesayant eu les bandes d'Esmarch.L'élévation des membres inférieurs au décours de la rachianesthésie pourraitégalement avoir une certaine efficacité. L'intérêt de cette technique reste à évaluer.Néanmoins, il faut noter que l'emploi de solutions hyperbares d'anesthésique local86
Obstétriquedoit faire éviter la position tête basse qui pourrait majorer l'étendue du bloc etfavoriser l'hypotension.3.REMPLISSAGE VASCULAIRE3.1.LES CRISTALLOIDESVoilà trente années que le remplissage vasculaire est couramment utilisé pourprévenir l'hypotension artérielle au cours de la césarienne sous anesthésielocorégionale. Différentes études ont montré son efficacité [3, 6] et soninnocuité [25]. De plus, Caritis et al. ont montré que l'acidose fœtale était moinsfréquente lorsqu'une rachianesthésie pour césarienne était réalisée aprèsadministration de 1 000 à 1 500 ml de cristalloïdes qu'après l'administration d'uneplus faible quantité (500 à 999 ml) [26]. D'autres auteurs ont observé que le débitsanguin utérin semblait respecté en cas d'hypotension survenant sousrachianesthésie lorsque celle ci était précédée d'un remplissage vasculaireconséquent [27]. L'idée d'un remplissage vasculaire large et systématique avanttoute anesthésie locorégionale pour césarienne était donc admise par tous. Elle arécemment été controversée.Dans une première étude, Rout et al. ont étudié l'influence du protocoled'hydratation sur la survenue d'hypotension artérielle sous rachianesthésie pourcésarienne [28]. Ces auteurs ont évalué, chez vingt femmes, l'influence de la vitessede la perfusion de cristalloïdes sur la survenue d'hypotension après rachianesthésiepour césarienne. 20 ml/kg de cristalloïdes étaient perfusés sur une durée de 10 ou de20 minutes avant la rachianesthésie. L'administration rapide (en dix minutes) neréduisait ni l'incidence, ni la sévérité des épisodes d'hypotension observés chez cesparturientes.Dans une autre étude, la même équipe a voulu évaluer l'efficacité descristalloïdes pour prévenir l'hypotension chez 140 femmes césarisées sousrachianesthésie [29]. L'incidence de l'hypotension artérielle chez les patientesrecevant 20 ml/kg de cristalloïdes en 15 à 20 minutes avant rachianesthésie et chezcelles ne recevant pas de remplissage vasculaire étaient respectivement de 55 et71 %. Cette incidence très élevée de l'hypotension dans les deux groupes faisaitconclure aux auteurs à l'inutilité du remplissage par cristalloïdes. Une autre équipeparvient a des conclusions similaires en observant une incidence comparable del'hypotension (30 contre 33 %) chez des femmes recevant soit 200 ml soit 1 000 mlde cristalloïdes [30]. Dans cette dernière étude, les parturientes recevaientsystématiquement de l'éphédrine prophylactique. Enfin, Park et al. n'observent pasde diminution de l'incidence de l'hypotension lorsque le volume de cristalloïdesperfusés est augmenté de 10 à 20 ou 30 ml/kg [31]. Par contre, ils notent quel'augmentation du volume de cristalloïdes perfusé s'accompagne d'une diminution dela pression oncotique potentiellement délétère chez la mère et le fœtus.96
MAPAR 1997L'utilité des cristalloïdes pour préserver la pression artérielle à un niveausatisfaisant après rachianesthésie pour césarienne est donc controversée. Cependant,Rout et Rocke ne nient pas qu'un remplissage vasculaire d'environ 10 ml/kg decristalloïdes puisse être bénéfique pour le fœtus [32]. Cette nuance apportée dans unéditorial récent, repose sur différents éléments. Robson et al. ont étudié lesvariations du débit cardiaque maternel et de l'index de pulsatilité utérine chez32 patientes césarisées sous rachianesthésie ou sous anesthésie péridurale. A lanaissance des enfants, ces auteurs ont également étudié le pH de l'artère ombilicale.Ils ont montré que ce pH artériel ombilical était lié, non pas à la pression artérielle,mais au débit cardiaque maternel lors de la césarienne [11]. Une autre étude amontré l'absence de corrélation entre le débit sanguin placentaire et la pressionartérielle maternelle au cours de la césarienne sous anesthésie péridurale [33]. Or, encas d'hypotension artérielle sur un organisme vasodilaté, le maintien d'un débitcardiaque à une valeur satisfaisante nécessite une volémie adéquate [34]. Ainsi, tantque l'on ne peut monitorer en routine le débit cardiaque, il semble préférable d'éviterles situations d'hypovolémie avant une anesthésie locorégionale. Un remplissagepréalable par environ 10 ml/kg de cristalloïdes ne prévient peut être pasl'hypotension au décours de l'anesthésie. Mais, si celle-ci survient, il favoriseprobablement le maintien d'un débit cardiaque et utéroplacentaire satisfaisant. Ceremplissage vasculaire de 10 ml/kg reste donc conseillé, même s’il ne doit pasretarder une césarienne urgente.3.2.LES COLLOIDESLes colloïdes ont prouvé leur efficacité pour réduire l'incidence ou la sévérité del'hypotension au cours de la césarienne sous anesthésie locorégionale [35-39].L'albumine à 5 % [35], les dextrans [36], les gélatines [37, 38] et les hydroxy-éthylamidons à 6 % [39] peuvent même se montrer plus efficaces que lescristalloïdes dans cette indication. Dans ces différentes études, les doses de colloïdesemployées sont généralement modestes, de l'ordre de 7 à 15 ml/kg. Leur emploipourrait donc permettre de préserver la pression artérielle mieux que ne le font lescristalloïdes. De plus, les colloïdes pourraient induire une moindre diminution de lapression oncotique maternelle et fœtale ainsi qu'une moindre réduction del'hématocrite. Ces différences de variation de la pression oncotique sontcliniquement peu importantes [40]. L'importance de la dilution semble davantageliée au volume perfusé qu'au type de produit utilisé [31, 41].Un travail expérimental récent réalisé sur un modèle de brebis a évalué l'intérêtde l’hydroxyéthylamidon [42]. Les auteurs perfusaient sur 30 min soit 750 ml deRinger lactate, soit 500 ml d’hydroxyéthylamidon à 10 %. La perfusion del’hydroxyéthylamidon était la seule à augmenter de manière significative le débitsanguin utérin, le débit cardiaque, la DO2 totale et utérine. De plus, ces auteursnotaient que le passage transplacentaire d’hydroxyéthylamidon était insignifiant ounul. Par ailleurs, Murray et al. [43] ont montré que l'utilisation de 1 000 mld’hydroxyéthylamidon n'induit pas d'effets secondaires, ni chez la mère, ni chez le07
Obstétriquefœtus. Ces différents arguments ont été à l'origine de l'utilisation croissanted’hydroxyéthylamidon en obstétrique dans différent pays.3.3.CRISTALLOIDES OU COLLOIDES ?L'effet des cristalloïdes est transitoire puisque 75 % du volume perfusé diffusedans l'interstitium peu de temps après la perfusion et qu'environ trois fois plus devolume est nécessaire qu'avec les colloïdes pour assurer la même expansionvolémique [14, 28]. De nombreuses études ont comparé les effets des cristalloïdes etdes colloïdes sur l'hémodynamique utéro-placentaire et fœtale. Les résultats varienten fonction du protocole utilisé. Même lorsque des différences sont retrouvées surcertains paramètres échographiques [14] ou hémodynamiques [40], celles-ci n'ontpas de répercussion clinique. Les cristalloïdes ont été adoptés en obstétrique enraison de l'absence de risque allergique et de leur faible coût. Néanmoins, il estprobable qu'ils pèchent par un pouvoir d'expansion volémique et une durée d'actioninsuffisants [32]. L'augmentation du volume perfusé ne permet pas d'améliorer leurefficacité, et induit une chute de l'hématocrite et de la pression oncotiquepotentiellement délétères. Les colloïdes possèdent une plus grande efficacité maiss'accompagne d'un risque allergique et d'un coût plus élevés. Les hydroxy-éthylamidons semblent être des composés efficaces, comportant un passagetransplacentaire faible et un risque allergique réduit. Leur A.M.M. ne s'étendactuellement pas à l'utilisation en obstétrique.4.VASOPRESSEURS4.1.L'EPHEDRINEL'anesthésie locorégionale pour césarienne induit un risque d'hypotensionartérielle essentiellement liée au blocage sympathique. Il semble alors logiqued'utiliser des agonistes des récepteurs adrénergiques pour prévenir et/ou traiter cettehypotension artérielle. L'éphédrine est le premier vasopresseur utilisé à cet effet. Ils'agit d'un agoniste a et ß adrénergique. Son action est à la fois directe et indirecteen augmentant la libération de noradrénaline [44]. Elle augmente la fréquencecardiaque et le débit cardiaque, mais peu les résistances vasculaires systémiques.L'éphédrine n'affecte pas le débit utéro-placentaire, ce qui en fait l'agentvasopresseur de choix en obstétrique. L'administration d'éphédrine a été tour à tourproposée par voie intra-musculaire, intraveineuse en bolus, intraveineuse continue,de manière curatrice ou prophylactique. La pharmacodynamie de l'éphédrine intra-musculaire est imprévisible. Par cette voie, l'éphédrine peut agir trop tardivement,c'est-à-dire laisser une période de franche hypotension [2] et au contraire induire uneffet rebond avec une hypertension artérielle post-bloc-sympathique [44]. De plus,cette voie ne permet aucune titration, il faut donc lui préférer la voie intraveineuse,plus maniable.71
MAPAR 1997En cas de césarienne sous rachianesthésie, l'utilisation systématique d'uneperfusion intraveineuse d'éphédrine pour prévenir l'hypotension artérielle estsouvent recommandée [45]. Cette perfusion doit être débutée dès l'anesthésiquelocal injecté, et le débit d'éphédrine préconisé est de l'ordre de 2 mg/min [46], àadapter à l'évolution des chiffres tensionnels. Il est généralement recommandé de nepas utiliser des doses excessives d'éphédrine (> à 50 mg ?). En effet, l'éphédrinefranchit la barrière fœto-placentaire et le rapport des concentrations fœto-maternelles peut atteindre 0,7 [47]. De fortes doses peuvent induire une tachycardiefœtale ainsi que des modifications transitoires de l'E.E.G. chez le nouveau né [48].Récemment, les effets de l'éphédrine ont été étudiés in-vitro sur des préparationsd'artère utérine de brebis gravides et non gravides [49]. La vasoconstriction induitepar l'éphédrine sur les artères utérines est moindre chez les animaux durant lagrossesse. Cette moindre sensibilité serait liée à une stimulation de la NO synthasepar l'éphédrine.4.2.LA PHENYLEPHRINEIl s'agit d'un agoniste a1 adrénergique. Cette molécule est donc pourvue depropriétés vasoconstrictrices sans activité chronotrope ou inotrope positive. Laphényléphrine est efficace pour traiter l'hypotension maternelle sousrachianesthésie [50], ou sous péridurale [51]. L'administration de phenyléphrinepourrait améliorer le débit sanguin utéroplacentaire chez les patientes césariséessous rachianesthésie [52]. Elle n'induit pas d'acidose fœtale, et n'altère pas l'étatclinique des nouveau-nés [50, 51]. Mac Grath et al. ont comparé les effets sur ledébit utérin et l'oxygénation fœtale d'une perfusion continue d'éphédrine(2,5 mg/min) et d'une perfusion continue de phényléphrine (50 µg/min) [53]. Leurmodèle expérimental était constitué de brebis gravides sous ß-mimétiques(ritodrine) chez lesquelles une hypotension artérielle était provoquée par anesthésiepéridurale avec environ 20 ml de xylocaïne à 2 %. L'éphédrine et la phenyléphrineétaient toutes les deux aussi efficaces pour corriger l'hypotension artérielle desbrebis. Mais, le débit sanguin utérin, abaissé lors de l'hypotension artérielle, a étémieux restauré par l'éphédrine que par la phényléphrine. De plus, l'éphédrine apermis d'améliorer l'oxygénation fœtale. D'autres auteurs ont comparé l'efficacité deces deux vasopresseurs chez des femmes ayant une césarienne sousrachianesthésie [46]. Les parturientes recevaient 20 ml/kg de ringer lactate, puis unerachianesthésie avec 2,75 à 3 ml de bupivacaïne hyperbare était réalisée. Lesparturientes étaient alors installées en décubitus latéral gauche et recevaient soit unbolus d'éphédrine 6 mg (groupes E1 et E2) soit un bolus de phényléphrine 20 µg(groupe P). Une perfusion continue était alors immédiatement débutée, apportantéphédrine : 1 mg.min-1 (groupe E1), ou éphédrine : 2 mg.min-1 (groupe E2), ouphényléphrine : 10 µg.min-1 (groupe P). Des bolus complémentaires pouvaient êtreréalisés de 6 mg d'éphédrine dans les groupes E1 et E2, de 20 mg de phényléphrinedans le groupe P. La prévention des épisodes d'hypotension artérielle aprèsrachianesthésie était meilleure dans les groupes E1 et E2 que dans le groupe P. Il72
Obstétriquesemble donc que l'éphédrine reste le vasoconstricteur de choix en obstétrique, aussibien pour la prévention que pour le traitement de l'hypotension maternelle. L’usagede petites doses de phényléphrine (50 à 100 µg) pourrait néanmoins être utile dansles rares cas ou l’éphidrine seule est insuffisante pour corriger l’hypotensionartérielle maternelle.4.3.LA METHOXAMINEIl s'agit également d'un agoniste a1 adrénergique se comportant comme unvasoconstricteur pur. Toutefois, cette molécule est un puissant stimulant utérin etson utilisation s'accompagne d'un risque d'hypertonie utérine limitant son utilisationen obstétrique. D'autre part, l'interaction entre les ocytociques et la méthoxaminepeut induire des hypertensions artérielles majeures et délétères dans le post-partum [44]. Wright et al. ont montré que l'utilisation de méthoxamine induisait uneélévation brève des index de pulsatilité utéroplacentaire résolutive spontanément enmoins de deux minutes [6b]. Ces auteurs signalaient toutefois que les altérations desindex de pulsatilité utéroplacentaires observées dans leur étude étaient beaucoupmoins liées au choix de tel ou tel vasopresseur qu'à l'existence d'une hypotensionartérielle.5.ROLE DE LA TECHNIQUE ANESTHESIQUE5.1.RACHIANESTHESIELa rachianesthésie est sans doute la technique anesthésique pour césarienneexposant le plus au risque d'hypotension artérielle. En l'absence de prophylaxieadaptée, l'incidence de cet incident varie autour de 50 à 90 % dans la plupart desétudes. Le lien direct entre l'étendue du bloc sympathique et la survenue del'hypotension a favorisé de nombreuses tentatives visant à réduire la quantité et/ou laconcentration d'anesthésique local dans les rachianesthésies pour césarienne. Uneétude menée chez 40 patientes subissant une césarienne programmée sousrachianesthésie a ainsi permi de comparer deux concentrations différentes debupivacaïne [54]. Un premier groupe de vingt parturientes recevait 3 ml debupivacaïne 0,5 %, un deuxième groupe 12 ml de bupivacaïne 0,125 %. Lespatientes étaient laissées sur le coté droit pendant les trente minutes suivantl'injection. Huit patientes dans le groupe 12 ml et trois patientes dans le groupe 3 mleurent une hypotension artérielle inférieure à 30 % de la valeur de base. Les dosesd'éphédrine administrées furent discrètement supérieures dans le groupe 12 ml.Néanmoins, aucune de ces différences n'a atteint le seuil de significativité. Il sembledonc que la concentration de bupivacaïne ne soit pas déterminante dans la survenued'hypotension. D'autres auteurs se sont intéressés à la dose de bupivacaïneadministrée. Ils ont comparé l'incidence de l'hypotension artérielle dans deuxgroupes de 19 patientes césarisées sous rachianesthésie [55]. Les patientesrecevaient une perfusion IV de 1,5 à 2 litres de ringer lactate et une injection IM de37
MAPAR 199750 mg d'éphédrine dans les quinze minutes précédant la rachianesthésie. La dose debupivacaïne 0,5 % hyperbare injectée en intrathécal était adaptée au sein de chaquegroupe à la taille des patientes. Dans le groupe A les doses variaient de 7,5 à 10 mget dans le groupe B, de 10 à 12,5 mg. Une hypotension artérielle est survenue chez24 et 26 % des femmes appartenant respectivement au groupe A et au groupe B.Cependant, le taux de douleurs viscérales peropératoires était significativement plusimportant dans le groupe A que dans le groupe B. Une autre étude a comparé troisdoses de Bupivacaïne chez 60 parturientes ayant une césarienne sousrachianesthésie [56]. Un premier groupe de patientes recevait des doses debupivacaïne 0,25% hyperbare variant entre 3,2 et 3,6 ml (8 et 9 mg) en fonction dela taille. Un deuxième groupe de patientes recevait 3,6 à 4 ml de la même solution(9 et 10 mg), et un troisième groupe recevait 4 à 4,4 ml (10 et 11 mg). L'incidencede l'hypotension dans le groupe 3 fut significativement plus importante (75 %) quedans les groupes 1 et 2 (40 %). Mais l'incidence des analgésies insuffisantes étaitparticulièrement élevée dans le groupe 1 (70 %) contre 25 % (groupe 2) et 10 %(groupe 3). Ainsi, la réduction excessive des doses de bupivacaïne intrathécaleexpose à un risque d'analgésie insuffisante et elle n'apporte, au plus, qu'un gainmodeste dans la prophylaxie de l'hypotension artérielle. L'adjonction intrathécale demorphinomimétiques liposolubles comme le fentanyl [57] et/ou demorphine [58, 59] à l'anesthésique local pour la rachianesthésie améliore l'analgésieper et postopératoire. Mais l'effet bénéfique de ces adjuvants sur la réduction desdoses d'anesthésique local et/ou d'hypotension artérielle au cours de la césariennereste à évaluer. L'administration intrathécale de clonidine également proposée pouraméliorer l'analgésie per et postopératoire a des propriétés hypotensives. Cesdernières sont très variables avec la dose utilisée. L'utilisation de doses moyenne de150 µg de clonidine intra-thécale semble accroître le pourcentaged'hypotension [60]. Au contraire, l'emploi de doses plus faibles (de l'ordre de 30 µg)ou plus élevées (300 à 450 µg) de clonidine serait hémodynamiquement mieuxtolérée. Des travaux expérimentaux ont montré que l'administration de néostigmineintrathécale permettait de réduire l'intensité de l'hypotension artérielle induite par larachianesthésie [61]. l'intérêt de cette technique doit être confirmé en pratiqueclinique, et en particulier en anesthésie obstétricale. Les premiers travaux semblentindiquer que l'administration de 10 à 100 mg de néostigmine intrathécale permettraitde réduire l'hypotension lors de césariennes sous anesthésie péridurale [61].5.2.ANESTHESIE PERIDURALELe risque de survenue d'une hypotension artérielle sévère au cours d'unecésarienne est moindre sous anesthésie péridurale que sous rachianesthésie.L'administration de la Bupivacaïne sous forme de bolus unique administré sur5 minutes ou de manière fractionnée sur une période de 25 minutes n'influence nil'incidence ni la sévérité des épisodes hypotensifs [17]. L'adjonction d'adrénaline àla bupivacaïne pourrait favoriser la survenue d'hypotension artérielle en raison del'effet b adrénergique prédominant sur l'effet a adrénergique de l'adrénaline. Cet74
Obstétriqueécueil peut être aisément contourné en n'utilisant que des solutions faiblementadrénalinées à 1/200 000 (5 mg/ml) [62]. Celles ci n'influencent pas le débitcardiaque et respectent davantage la pression artérielle des parturientes. La clonidinepeut également favoriser la survenue d'hypotension artérielle lorsqu'elle estadministrée par voie péridurale. Sa résorption à partir de l'espace péridural est trèsimportante et les taux plasmatiques générés par cette voie sont proches de ceuxobservés après une voie intramusculaire [62]. Tout comme avec la rachianesthésie,l'intérêt d'adjuvants opiacés pour diminuer l'incidence de l'hypotension artériellereste à évaluer [63].5.3.TECHNIQUES COMBINEESDe nombreux auteurs ont étudié des associations combinant une anesthésieréalisée par voie intrathécale et par voie péridurale. Quatre associations différentesde bupivacaïne hyperbare à 0,5 % intrathécale et de lidocaïne 2 % péridurale ont étécomparées chez des femmes césarisées [64]. Les patientes recevaient des doses debupivacaïne intrathécale de 2,5 ; 5,0 ; 7,5 et 10 mg administrées respectivementdans les groupes A, B, C et D. Les doses de lidocaïne nécessaires pour atteindre unniveau sensitif D4 étaient rajoutées par voie péridurale. Ces doses variaient de 22 mldans le groupe A à 0 ml dans le groupe D. L'incidence de l'hypotension artériellematernelle et les doses d'éphédrine nécessaires étaient croissantes du groupe A augroupe D. C'était dans le groupe B (bupivacaïne 5 mg et lidocaïne 10,1 ± 2,0 ml)que le compromis entre la satisfaction de la patiente et de son chirurgien et le risqued'hypotension artérielle semblait le meilleur. D'autres auteurs ont comparé larachianesthésie pour césarienne avec 2,5 ml de bupivacaïne hyperbare à 0,5 % à unetechnique combinée utilisant 1,5 ml de bupivacaïne hyperbare à 0,5 % en intrathécalassocié à un complément péridural de bupivacaïne à 0,5 % pour atteindre D4 [15].Les deux techniques ont produit une analgésie satisfaisante avec une incidence del'hypotension maternelle identique dans les deux groupes (62 %). La survenue del'hypotension était plus précoce dans le groupe rachianesthésie seule (8,8 contre14,6 minutes).5.4.ANESTHESIE GENERALELa préoccupation de l'anesthésiste lors d'une césarienne sous anesthésie généraleest rarement l'hypotension artérielle maternelle. Au contraire, l'hypertensionartérielle est fréquente favorisée par l'absence d'utilisation de morphinomimétiquesjusqu'à l'extraction fœtale. Ceci reste vrai, même avec les nouveaux anesthésiquesvolatils halogénés type sevoflurane [16].Les situations d'hypovolémie aiguë préalable à l'induction anesthésique peuventinduire des difficultés à maintenir une hémodynamique satisfaisante. Ces situationsnécessitent la présence de voies d'abord veineux de bon calibre permettant unremplissage large, une diminution des doses d'induction anesthésique et unmaniement prudent des anesthésiques volatils halogénés.57
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