1830 et 1848. La Révolution de 1830 à Nîmes - article ; n°1 ; vol.258, pg 528-540
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

1830 et 1848. La Révolution de 1830 à Nîmes - article ; n°1 ; vol.258, pg 528-540

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1984 - Volume 258 - Numéro 1 - Pages 528-540
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Armand Cosson
1830 et 1848. La Révolution de 1830 à Nîmes
In: Annales historiques de la Révolution française. N°258, 1984. pp. 528-540.
Citer ce document / Cite this document :
Cosson Armand. 1830 et 1848. La Révolution de 1830 à Nîmes. In: Annales historiques de la Révolution française. N°258,
1984. pp. 528-540.
doi : 10.3406/ahrf.1984.1091
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1984_num_258_1_10911830 et 1848
LA RÉVOLUTION DE 1830 A NIMES
La Révolution de 1830 à Nîmes ne ressemble en rien aux Trois
Glorieuses parisiennes. Les traces qu'elle a laissées dans les esprits et
dans les archives sont assez minces. L'événement est loin d'atteindre
l'intensité dramatique des journées de 1815. Ce serait toutefois une
erreur de penser que le changement de régime s'est effectué en
douceur et dans l'unanimité des classes sociales. Il est évident qu'il
n'a paru modéré et relativement facile que comparé à la Terreur
Blanche qui reste ici, surtout en 1830, la référence fondamentale
pour tout le monde. Mais c'est précisément parce que les circons
tances se sont bien modifiées, et que tous les efforts ont été faits pour
éviter le retour des massacres, que la transition politique n'est pas
une rupture brutale. Il serait également erroné de croire que le
remplacement des équipes liées à la Restauration n'a pas entrafié
pour Nîmes de conséquences importantes. En fait, le nouveau régime
qui se met progressivement en place à partir d'août 1830, dans les
conditions qui seront expliquées, doit régler un double problème :
d'abord celui de sa légitimité historique aux yeux du peuple nîmois,
et ensuite celui de la crise économique qui coïncide avec l'installation
de la nouvelle monarchie, deux terrains, le politique et l'économique,
où l'affrontement entre les classes se révélera en définitive sérieux, et
cela tout au long de la monarchie de Juillet. Ainsi, les traits essentiels
de ce régime dans sa réalité nîmoise se lisent dès les premiers instants
de sa naissance. C'est pour essayer de les comprendre qu'il a paru
logique, à partir de la relation des faits marquants, d'étudier leur
signification avant d'évaluer les retombées pour l'avenir de la cité.
En ce qui concerne la périodisation des événements directement
liés à la Révolution de 1830, on peut distinguer trois phases d'inégale
durée entre le 27 juillet et le 4 septembre (1).
(1) Le seul récit de la Révolution de 1830 à Nîmes a été écrit par le pasteur Benoit
Daniel Émilien Frossard : « Événements de depuis le 27 juillet jusqu'au RÉVOLUTION DE 1830 A NÎMES 529 LA
Du 27 juillet au 3 août, c'est le moment crucial du renversement
du régime et donc de l'inévitable incertitude qui en résulte. En fait,
et contrairement à ce qui est redouté, tout se passe dans le calme. Les
Quatre Ordonnances sont connues le 27 juillet par des négociants
venus de Beaucaire où la foire est suspendue. Quand elles sont
affichées, le 29, les attroupements sont nombreux, et les partisans de
Charles X commencent à s'inquiéter. La Révolution parisienne est
apprise le lendemain. Des groupes de vingt personnes, parfois un peu
plus, parcourent les rues, mais la gendarmerie, l'armée et les gardes
suisses, présents dans la cité gardoise depuis la chute de l'Empire,
sont mobilisés. Les rumeurs les plus contradictoires circulent, soit à
cause de l'interception du courrier de Paris, soit par la publication
de lettres privées dans les cercles. Le 1er août, les libéraux laissent
éclater leur joie quand ils savent que Louis-Philippe est investi de la
lieutenance du royaume. Mais c'est une joie bien tempérée par la
crainte d'un soulèvement populaire, ce qui explique que ce n'est que
le 3 août qu'a lieu enfin la grande manifestation en vue de conjurer
ce dernier. Cette opération concertée de la bourgeoisie revêt un
double aspect. D'un côté, les bourgeois paient de leur personne : des
membres de cercles bourgeois, comme la maison Cabane, celui de
l'État-Major ou de la Comédie, se réunissent et surmontant leurs
divisions politiques et religieuses, envoient une deputation à la mairie
pour aider au maintien de l'ordre ; de plus, comme un protestant a
été blessé la nuit précédente, ces notables n'hésitent pas à se rendre
aux Bourgades, avec l'armée et des patrouilles civiques, pour y
prêcher le calme. De l'autre, et le même jour, un appel est lancé, le
premier, sous l'invocation symbolique de « Paix et Union », signé
par vingt personnalités éminentes de la ville : on y trouve les carlistes
Arcay fils aîné et Roux-Carbonnel, mais surtout des libéraux comme
A. Crémieux, le futur ministre du Gouvernement Provisoire
(Suite de la note l)
2 septembre 1830. » (Arch. Départ, du Gard, Fonds Légal n° 345). Fils, frère et père
de pasteur, il est nommé pasteur à Nîmes en octobre 1815. Il y reste vingt-deux ans.
Outre un livre qu'il écrit sur la ville (« Tableau pittoresque, scientifique et moral de
Nismes et de ses environs à vingt lieues à la ronde ») en 1835, il contribue à la
fondation de la Maison de Santé en 1842 (Dictionnaire de Biographie Française. Paris
1956, tome 14, col. 1391-1392). Malgré ses préventions, il n'échappe pas à la
partialité : sympathie pour les notables (« les opulents »), l'autorité, les protestants
évidemment, surtout les Vaunageols, hostilité envers les ouvriers, les carlistes (qu'il
appelle les « royalistes »). Mais il a vécu la révolution, en participant à des œuvres de
charité, comme la responsabilité qu'il eut de distribuer une modeste souscription de
643 F versée par des cercles bourgeois pour les victimes, le 11 septembre (Arch. Mun.
de Nîmes 1 1 17). Son récit est un discours à chaud, vivant et précis. 530 ARMAND COSSON
républicain de 1870, Parades de Daunant, Ferdinand Girard et Vidal
père, tous deux adjoints au maire de Chastellier, Gustave de
Clausonne, de la grande famille des Fornier et gendre de F. Girard,
Laboissière, Monnier des Taillades, A. Pelet. Ils invitent les citoyens
à rester soumis à l'autorité, ce qu'approuvent évidemment le maire
et le préfet Herman.
Ensuite, pendant pratiquement tout le mois d'août, du 3 au 28,
a lieu la difficile transition. Une fois le changement de régime opéré,
comment vont réagir les classes populaires dont on sait ici
l'attachement majoritaire aux Bourbons déchus ? Là encore, aucune
rupture importante ne se produit, mais les nuages s'amoncèlent après
le 15 du mois. Ainsi, le 15 août, un rassemblement est signalé aux
Bourgades, les quartiers ouvriers situés au nord de la ville. Les
pasteurs se démènent pour éviter l'explosion, mais l'Église catholique
est réticente (2). Toutefois, au milieu de l'après-midi, un immense
défilé descend des faubourgs du nord, groupant cinq à six mille
personnes, mené par Vidal père, et débouche sur la place de la
Maison Carrée que la foule remplit. Là, Monnier des Taillades
prononce un discours où il loue ce mouvement spontané, « exemple
de sagesse, de modération et de générosité, loyauté, sincérité, foi des
promesses » ; il invite à la concorde civile — « abjurons toutes
distinctions de cultes et d'opinions qui peuvent nous diviser », et
demande à tous de reprendre le travail. Son cri final, « Vive l'Union,
Vive la Paix ! », est acclamé par les manifestants qui se dispersent
ensuite tranquillement sur les boulevards. Le pasteur Frossard note
à ce sujet que « des personnes qui ne s'étaient pas adressé la parole
depuis quinze ans » se parlent.
Le 7 août, une étape importante a été franchie dans l'installation
du nouveau régime à Nîmes. Jusque là, en effet, les autorités mises
en place par la Restauration demeurent. Le préfet Herman et le
commandant des gardes suisses, le lieutenant-colonel Bontemps,
avaient clairement affirmé qu'ils cesseraient leur fonction dès que le
drapeau tricolore serait hissé, ce qui est précisément exécuté ce

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents