A l origine d une société catholique. Le rôle des congrégations mariales aux XVIème - XVIIIème siècles - article ; n°2 ; vol.3, pg 203-220
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A l'origine d'une société catholique. Le rôle des congrégations mariales aux XVIème - XVIIIème siècles - article ; n°2 ; vol.3, pg 203-220

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Description

Histoire, économie et société - Année 1984 - Volume 3 - Numéro 2 - Pages 203-220
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Louis Chatellier
A l'origine d'une société catholique. Le rôle des congrégations
mariales aux XVIème - XVIIIème siècles
In: Histoire, économie et société. 1984, 3e année, n°2. pp. 203-220.
Citer ce document / Cite this document :
Chatellier Louis. A l'origine d'une société catholique. Le rôle des congrégations mariales aux XVIème - XVIIIème siècles. In:
Histoire, économie et société. 1984, 3e année, n°2. pp. 203-220.
doi : 10.3406/hes.1984.1356
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1984_num_3_2_1356A L'ORIGINE D'UNE SOCIÉTÉ CATHOLIQUE
LE ROLE DES CONGRÉGATIONS MARIALES
AUX XVIe-XVIIIe SIECLES
par Louis CHATELLIER
Les études d'histoire religieuse — celles portant en particulier sur les XVIe-XVIIIe
siècles — ont connu, ces dernières années, un véritable renouveau. Ce ne sont plus seul
ement les institutions, la spiritualité, le clergé qui ont donné lieu à des travaux remar
quables, mais aussi le peuple chrétien dans sa complexité et ses différences à travers
l'Europe. Toutefois — est-ce dû à nos sources, à nos méthodes, à nos modèles ? — force
est de constater que, jusqu'à présent, la démarche suivie est plutôt celle d'une phéno
ménologie. Sans doute fallait-il en passer là. Mais des problèmes demeurent, et des
plus considérables. Comment les simples bourgeois de Strasbourg sont-ils devenus
luthériens (1) ? Et comment ceux d'Augsbourg sont-ils redevenus catholiques ? La
réponse, on s'en doute, n'est pas seulement dans tel ou tel acte législatif du Magistrat
ou de l'Empereur, dans le rôle de tel prédicateur ou de tel ordre religieux, si éminents
soient-ils. Elle doit être aussi cherchée dans le cheminement des idées à l'intérieur
des groupes sociaux, jusqu'à l'individu lui-même qui agit, décide et se transforme.
Bref, à la photographie précise d'un état à une époque donnée, il faut ajouter l'image
mouvante et floue du changement au ralenti opéré dans les groupes et dans les êtres.
Des chercheurs s'y emploient et il est apparu à plusieurs d'entre eux que les confrér
ies constituaient, en pays catholique, un champ d'expérience privilégié pour saisir
dans leur mobilité les comportements des fidèles (2). Or, parmi toutes les associations
pieuses qui couvrent les territoires catholiques au temps de la Contre-Réforme, les
congrégations mariales m'ont paru présenter un intérêt particulier (3). Créées par
l'ordre religieux le plus dynamique de l'époque, la Compagnie de Jésus, elles parti
cipent pleinement de son esprit et de ses enthousiasmes. Organisées avec soin par ses
missionnaires qui ne dissocient pas technique et apostolat, elles s'adaptent à la variété
des situations locales et à la subtilité des différentes hiérarchies sociales. Nées à la
grande époque de Saint-Ignace et de ses immédiats successeurs, elles portent en elles
1. Notre compte rendu de « Strasbourg au cœur religieux du XVIe siècle. Hommage à Lucien
Febvre. Actes du colloque international de Strasbourg », Strasbourg, 1977, paru dans Bulletin de la
Société de l'Histoire du Protestantisme français, t.CXXIV, 1978, pp. 1 50-1 53.
2. Équipe constituée à l'initiative de M. Vovelle au sein du Gréco n° 2 d'Histoire religieuse mo
derne et contemporaine du C.N.R.S.
3. Elles n'ont pas beaucoup retenu l'intérêt des historiens ces dernières années. L'ouvrage de base
reste toujours, en langue française, l'étude du P. Em. Villaret, Les congrégations mariales, t.I, Des ori
gines à la suppression de la Compagnie de Jésus (1540-1 773), Paris, 1947 (seul paru). 204 HISTOIRE ÉCONOMIE ET SOCIÉTÉ
le projet qui était celui que le Père fondateur assignait à la Compagnie en son entier :
« réformer le monde ». C'est donc bien d'une mutation complète de la société et,
plus profondément, de l'homme qu'il s'agit. Comment fut mis en œuvre ce projet ?
Et avec quels résultats ? Ce sont les questions que nous voudrions aborder dans ce
qui ne peut être qu'un premier bilan de recherches en cours.
I - LES PRINCIPES
A l'origine, une œuvre modeste. C'est le père Jean Leunis qui, selon la tradition,
aurait pris l'habitude de réunir, dès les années 1563-1564, l'élite de ses élèves du
collège romain pour des exercices de piété qui avaient lieu après les classes du soir (4).
Bientôt un règlement est établi. L'institution se répand à Rome (collège germanique)
et en France où Rouen et Paris sont les deux premières villes touchées. Au collège de
Clermont, François de Sales aurait été l'un des premiers congréganistes (5). Puis ce sont
les Pays-Bas et les pays rhénans qui s'ouvrent à leur tour. A Douai, à Cologne puis
dans toute la Belgique dont il est le provincial, le P. François Coster prend à cœur la
nouvelle œuvre. Il l'implante dans tous les collèges par lesquels il va passer, il lui donne
des règles élaborées, il la fait connaître, par l'écrit, dans toute l'Allemagne, la Flandre
et la France du Nord, il guide ses premiers pas et adapte l'institution, méditerranéenne
à son origine, aux besoins de ces pays du nord qui vivent la division confessionnelle.
Dès 1573, une congrégation est établie au collège de Douai. En 1575, c'est le tour de
Cologne. Puis viennent Mayence, Trêves, Fulda, Anvers. Pendant ce temps, le P. Jacob
Rem, autre grand fondateur, s'occupe de l'Allemagne du Sud (Dillingen, 1576, Ingol
stadt 1577, Munich 1578) (6). Et à Fribourg en Suisse, Saint-Pierre Canisius est tell
ement persuadé de l'importance de l'institution qu'il l'établit en 1581, avant même le
collège (7). Quelle est donc cette association dont les personnalités de premier plan
dans la Compagnie font si grand cas ? Les règles, en dix articles, rédigées par le P.
Coster et confirmées par le nonce de Cologne en 1575 nous le montrent clairement (8).
1. « Cette Sodalité, y lit-on, est instituée en l'honneur de la bienheureuse Vierge Marie pour que
les étudiants soient affectionnés d'une particulière dévotion à l'égard de la T. Ste Vierge Marie, qu'ils
la vénèrent et reçoivent d'elle une aide dans leurs études et leurs différentes activités.
2. Personne n'y sera admis avant d'avoir fait sa Profession de foi selon qu'il est prévu par le
Concile de Trente et d'avoir donné son nom à la confrérie du Rosaire érigée par les Dominicains,
confrérie dont nous souhaitons que cette sodalité soit un membre.
3. Tous les congréganistes (sodales) se confesseront chaque semaine et ils se présenteront à la
table du Seigneur tous les mois. En sus, ils communieront aux fêtes de la Vierge, c'est-à-dire, la
Purification, l'Annonciation, la Visitation, l'Assomption, la Nativité et la Conception de Marie, de
même qu'à Pâques, l'Ascension, la Pentecôte, la Fête Dieu, la Toussaint, la Nativité du Christ, à
moins que leur confesseur y voit quelque empêchement. Ils réciteront tous les jours le Rosaire et,
en outre, l'office de la Vierge les dimanches, aux grandes fêtes, à celles de la Vierge, des Apôtres et
de la naissance de Saint-Jean -Baptiste, hormis ceux qui sont tenus de dire le Bréviaire. Ils réciteront
chaque matin l'Ave Maria Stella et le soir l'antienne Salve Regina.
4. J. Wicki S.J., Le Père Jean Leunis S.J. (1532-1584) fondateur des congrégations mariales,
Rome (Inst. Hist. S.J.), 1951.
5. L. Delplace S.J., Histoire des congrégations de la Sainte Vierge, Lille, 1 884.
6. An. Hôss SJ.,P. Jakob Rem S.J., Munich, 1936.
7. L. S.J., ouvr. cité, p. 46.
8. Historisches Archiv der Stadt Kôln, Jesuiten, 51, pp. 1-5. CONGREGATIONS MARIALES 205
4. Chaque année tous les «sodales», où ils seront, réciteront les neuf vigiles des morts pour tous
les défunts de la Sodalité.
5. Tous doivent apprendre à servir la Sainte-Messe, de même qu'ils doivent prier leurs préfets et
confesseurs de leur enseigner la manière de se confesser, de communier et de prier.
6. fls éviteront les mauvaises compagnies, les serments (iuramenta), les conversations sales,
fausses et malhonnêtes. Par leur modestie et leur tenue qu'i

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