À propos des Chasseurs du Nil et du Sahara. La pensée des chasseurs archaïques - article ; n°1 ; vol.7, pg 41-52
13 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

À propos des Chasseurs du Nil et du Sahara. La pensée des chasseurs archaïques - article ; n°1 ; vol.7, pg 41-52

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
13 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Dialogues d'histoire ancienne - Année 1981 - Volume 7 - Numéro 1 - Pages 41-52
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 19
Langue Français

Extrait

Pierre Lévêque
À propos des Chasseurs du Nil et du Sahara. La pensée des
chasseurs archaïques
In: Dialogues d'histoire ancienne. Vol. 7, 1981. pp. 41-52.
Citer ce document / Cite this document :
Lévêque Pierre. À propos des Chasseurs du Nil et du Sahara. La pensée des chasseurs archaïques. In: Dialogues d'histoire
ancienne. Vol. 7, 1981. pp. 41-52.
doi : 10.3406/dha.1981.1421
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/dha_0755-7256_1981_num_7_1_14217 1981 41 - 52 DHA
A propos des Chasseurs du Nil et du Sahara *
LA PENSÉE DES CHASSEURS ARCHAÏQUES
Fruit de plusieurs décennies de travail, ce livre fournit une étude exemp
laire de la culture des Chasseurs archaï ques qui - pendant l'optimum clima
tique postglaciaire - couvre un territoire immense de la mer Rouge à l'océan
Atlantique, avec trois zones principales:
. la vallée du Nil;
. le Sahara central avec ses deux secteurs des ouadi Djerat et Mathendous,
et une double extension vers le Sud-Est (confins tchadiens et Tibesti) et vers
le Sud-Ouest (Hoggar, Adrar des Iforas);
. l'Atlas saharien.
Ces trois zones ont chacune une spécificité marquée et il existe même,
à l'intérieur de chacune d'elles, des différenciations régionales très notoires,
comme celle qu'on constate entre les deux grands secteurs du Sahara central,
en fait distants de seulement 350 km : discordance très nette des représenta
tions sexuelles (à Djerat, ithyphallisme debout, femmes ouvertes, accouple
ments, bestialité; à Mathendous, accroupi, absence de femmes);
surabondance à Djerat du motif de la spirale, absente à Mathendous... Il n'en
reste pas moins que cette étude d'une rigoureuse acribie montre bien qu'il y a
une unité culturelle puissante 0) dans cette très vaste zone (pourtant caractér
isée, dès l'époque de l'optimum climatique, par des conditions écologiques
fort différenciées) qui semble alors habitée par une population dénuée de ca
ractère négroïdes.
Cette homogénéité s'explique (2) d'abord par des développements pa
rallèles à partir d'un substrat commun (c'est-à-dire par des réponses homolog
ues aux mêmes questionnements posés par les nécessités vitales de la survie) :
c'est le cas de la queue postiche, des spirales et de certains signes, des per
sonnages touchant les fauves, des fauves entrecroisés. D'autre part, on peut
aussi repérer des transmissions dans les deux sens entre vallée du Nil et Sahara
central (par exemple les masques et les attributs céphaliques semblent avoir
eu leur premier centre au Tassili, les chiens de chasse, le lasso, les pièges sur
le Nil); quant à l'Atlas saharien, il est, avec un net décalage dans le temps,
sous la dépendance du Tassili. Malgré tant de spécificités, sur lesquelles les
auteurs insistent à bon droit, il reste donc dans la culture des chasseurs une
notable «unité établie dans le temps» (p. 15).
*P. HUARD et J. LECLANT, La culture des chasseurs du Nil et du Sahara (Mémoires du
centre de recherches anthropologiques, préhistoriques et ethnographiques, XXIX), Alger
1980, 569 pages, 202 figures et 37 planches, en 2 volumes. 42 Pierre LÉVÊQUE
Ces communautés de chasseurs vivent de la traque d'un gibier en
pleine expansion et dont la chair est d'une haute teneur en protéines (n
otamment girafes, antilopes, bovidés sauvages pour les espèces les moins dan
gereuses) et accessoirement de la pêche et de la cueillette. Ce sont de petites
hordes de quelques familles, à la fois semi-sédentarisées et poursuivant le gi
bier sur son territoire dans ses migrations cycliques, mais qui peuvent péri
odiquement se réunir en une concentration plus importante, comme on le voit
sans doute sur la parade de Bardaï où seize danseurs brandissent leur arme
courte (planche 1 1) : cette scène commémore une cérémonie cultuelle en
rapport avec la chasse, à l'occasion peut-être des battues de gros gibier vivant
en troupeaux. On constate un partage des activités entre les deux sexes, mais
il n'est pas absolu (notamment sur le Nil) et femmes et enfants participent à
des chasses mineures. On croit pouvoir distinguer deux types de chasse : une
chasse individuelle ou collective de gibier timide (antilope notamment) et une très spécialisée, s'en prenant aux espèces les plus dangereuses, sans
doute le fait de petits groupes d'hommes aux techniques éprouvées, qui doi
vent en tirer une autorité sociale et religieuse particulière : c'est comme une
première division du travail dans une société par ailleurs égalitaire et clair
ement sans classes. Les techniques artisanales (travail du bois, du cuir, de la
pierre et de l'os) sont très peu évoluées et ne sont pas maniées par des spécial
istes : ce bas niveau technologique résulte de la polarisation quasi absolue sur
la chasse, activité vitale qui nécessite une grande mobilité. En revanche, l'ex
cellente étude des chasseurs (accoutrement, armes, procédés) à laquelle est
consacrée toute la seconde partie de l'ouvrage montre qu'ils sont en posses
sion d'un armement complexe et de pièges divers et opératoires et qu'ils maît
risent des techniques sophistiquées pour traquer et tuer le gibier. En outre,
surtout dans la vallée du Nil, ils peuvent compter sur la collaboration du chien
domestiqué, intégré à la communauté dans une intimité profonde.
La source essentielle de nos connaissances sur la culture des Chasseurs
est dans les rupestres - sans doute précédées de tâtonnements sur des matières
fragiles : bois, ivoire, os, cuir, coquilles d'oeuf - qui -constituent un art gravé
de plein air, donc différent de celui de l'Europe paléolithique du Sud-Ouest
(3). Le relevé de ces rupestres, dont beaucoup sont en voie d'effacement, est
délicat et une difficulté, que les auteurs soulignent bien, est qu'on ne peut él
iminer complètement le coefficient personnel du chercheur (sans parler de
faux subtils introduits par la malice de certains releveurs !).
Cet art affectionne certains groupements d'animaux : frises, superposi
tions de dates différentes (avec, comme cas particulier, un animal inscrit dans
un plus grand), «bouquets» (de girafes en particulier), femelle avec son petit,
fauves affrontés (motif très rare en Egypte, par opposition à ce qu'on constat
e au Moyen-Orient mais fréquent dans l'Atlas saharien). П y a donc ce que D'HISTOIRE ANCIENNE 43 DIALOGUES
j'appellerais une syntaxe de la représentation, qui me paraît connoter des ar
ticulations mentales relatives au gibier, soit générales, soit spécifiques à telle
zone.
Le tome II est particulièrement intéressant pour l'historien, soucieux de
mesurer le degré de développement mental et idéologique de ces sociétés
archaï ques. Il comporte en effet toute une partie vouée aux «traits culturels
de valeur psychique» qui va très loin dans une analyse qui reste toutefois
d'une extréme prudence scientifique.
1. Une certain nombre de représentations permettent d'appréhender
le vécu mental des chasseurs :
- la spirale s'affirme, dès la plus haute époque des Chasseurs dans les
deux zones - apparemment indépendantes en l'occurrence - du Nil et du
Sahara central, en liaison éventuelle avec des pièges circulaires, des motifs
serpentiformes autour d'animaux sauvages. La documentation est particuli
èrement riche à Djerat, où la spirale est dotée de nombreuses «significations
réalistes ou symboliques, d'entrailles, de lasso, de piège, d'élément utilisé
dans la magie de la chasse, d'emblème de chasseurs ..., d'attribut rituel dans
une composition qui associe l'hippopotame à un culte des fauves ou dont les
fauves sont le support» (p. 315), et où on peut donc analyser un très riche
champ sémantique (4)
- des signes abstraits (arceau, chevron, arc concentrique, Y à deux ou
trois branches, croissant à indentation, globule ... (5) ) paraissent avoir leur
berceau d'origine sur le Nil, mais sont largement diffusés : ce sont des pièges,
des éléments de pièges, ou bien ils sont associés à des engins de chasse;
- des humains touchant par devant ou par derrière des animaux (envi
ron 1/3 d'éléphants, 1/3 de girafes, et pour le reste des félins, des rhinocéros,
des buffles) (6), avec deux secteurs très anci

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents