Actif et passif des manuels - article ; n°1 ; vol.33, pg 90-101
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Description

Langue française - Année 1977 - Volume 33 - Numéro 1 - Pages 90-101
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 16
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J.-P. Leduc-Adine
Actif et passif des manuels
In: Langue française. N°33, 1977. pp. 90-101.
Citer ce document / Cite this document :
Leduc-Adine J.-P. Actif et passif des manuels. In: Langue française. N°33, 1977. pp. 90-101.
doi : 10.3406/lfr.1977.4812
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_1977_num_33_1_4812Jean-Pierre Leduc-Adine, Université de Limoges
ACTIF ET PASSIF DES MANUELS
1. Linguistique et pédagogie.
1.1. « ...les rapports entre " linguistique " et " littérature " sont
" qui les aujourd'hui un lieu de malente'ndus ; tout est dans ce " et
confronte et ne peut pas ne pas les transformer ; c'est que ce lieu est
encore en voie d'exploration — alors que le rendement de la linguis
tique dans l'enseignement des langues (dans la rénovation de la pédagog
ie du français par exemple), ne rencontrant comme obstacle qu'une
ignorance dénuée de doctrine, est déjà assuré du succès, malgré les rési
stances de la routine ». Voilà ce qu'écrivait H. Meschonnic * en 1970.
La croyance dans une linguistique résolvant tous les problèmes d'enseigne
ment de la langue a un côté un peu rétro. Le « et » de « linguistique et
pédagogie » a, en effet, toujours une valeur bien plus conflictuelle que
coordinatrice : on n'en veut pour preuve que le nombre de numéros
consacrés aux rapports linguistique et pédagogie par différentes revues
depuis 1970 ; chacun des éléments, comme l'ensemble, loin d'être tot
alement explorés, laissent encore à découvrir bien des terres inconnues.
Leurs visées, leurs finalités sont différentes, même si elles peuvent être
complémentaires dans certains cas, et de ce fait, discours pédagogique et
discours scientifique ne peuvent pas toujours s'élaborer l'un par rapport
à l'autre.
1.2. Nous avons choisi pour cette brève étude de nous intéresser
au problème du « passif » pour deux raisons :
a) L'apport de la théorie linguistique à propos de la passivation est
important : à la suite des grammaires grecque et latine, la grammaire
traditionnelle envisageait le passif essentiellement comme un problème
morphologique du verbe ; j'aime vs je suis aimé constitue le même type
d'opposition que amo vs amor : il y a donc en français une conjugaison
active et une conjugaison passive. La linguistique, elle, considère qu'il
1. H. Meschonnic, Pour la poétique, Paris, Gallimard, 1970, p. 141.
90 s'agit d'un problème de transformation de la phrase, c'est-à-dire d'un pro
blème de syntaxe.
b) On peut considérer que l'enseignement de la langue a trois buts :
une grammaire reflexive qui permet de construire des modèles, de for
maliser la langue, une grammaire appliquée qui donne accès à la maîtrise
de la parole et de l'écriture, une grammaire discursive qui permet de com
prendre les différents fonctionnements de la langue (différents ordres/dif
férentes formes/différentes conditions de productions...). Or le « passif »
peut être étudié à plusieurs niveaux : celui du paradigme du verbe,
d'abord, celui de la phrase ensuite, celui de la modalisation, enfin. D'où
l'étude du « passif * dans les manuels nouveaux ou récemment parus2
peut montrer encore mieux que d'autres points si l'apport de la linguis
tique a véritablement transformé la pédagogie de la langue, comme le
disent les auteurs dans leurs avant-propos. Il n'est pas question pour
nous ici de porter des jugements de valeur sur les manuels, mais d'étu
dier le rapport théorie/pratique sur un problème précis.
2. Voix passive ou phrase passive?
2.1. Dans la plupart des manuels de référence, nous pouvons constat
er un progrès certain par rapport à la tradition pédagogique grammatic
ale : ils partent d'une étude globale des types et structures de phrases,
tenant effectivement compte ainsi de l'apport des écoles modernes de
linguistique et prétendant ainsi rejeter l'analyse qui part de l'étude du
mot envisagé hors de toute phrase (sa nature), puis envisagé dans Га
proposition (sa fonction). Ils renvoient, au moins intentionnellement, au
schéma bien connu de la phrase et de ses constituants qu'ont présenté
J. Dubois et F. Dubois-Charlier * :
Const. + (Nég.) + (Emph.) + (Passif)
où « Const. » est formé d'un élément obligatoire « Affirmatif, Interrogatif
ou Impératif », éléments qui ne peuvent se trouver conjointement dans
P., et de constituants facultatifs (Négation, Emphase et Passif), qui
peuvent, à la fois se combiner entre eux et avec un, et un seul, des
éléments obligatoires.
2.2. O. et D. (5e chap. 16 à 27) se réfèrent à cette théorie : il
semble toutefois assez surprenant de mettre sur le même pied (tant sur le
plan théorique que sur le plan pédagogique) la relativisation qui est une
transformation de pronominalisation et d'enchâssement avec la négation,
l'interrogation, la passivation et les présentatifs, d'autant plus que, dans
2. Nous avons retenu essentiellement : Obadia-Dascotte (O.D.), Les Chemins de
l'expression, 6', 5e, 4* (pour les élèves des classes I et II), Paris, Hachette, 1973/1974/1975.
— Grunenwald-Mitterand (G.M.), Itinéraire Grammatical, 6", 5', 4e, Paris, Fernand
Nathan, 1973/1974/1975.
3. Dubois (J.), Dubois-Charlier (F.), Eléments de linguistique française : Syntaxe,
Paris, Larousse, 1970, p. 133.
91 manuel précédent (classe de 6e), il n'a rien en rien été traité de la le
phrase et de ses structures.
La progression présentée dans G.M. nous semble de ce point de vue
beaucoup plus cohérente, c'est-à-dire en liaison plus étroite avec un
cadre théorique, puisqu'elle part des « modalités, de communication »,
pour aboutir à l'explication et à la hiérarchisation de ces types de phrases
dans et dès le manuel de 6e (le manuel n'aborde qu'ensuite l'étude du
groupe nominal et celle du groupe verbal, constituants de la phrase).
Aussi nous semble-t-il assez étonnant de ne pas voir traité ici (même
sommairement) le problème de la passivation : la phrase passive (présentée
comme modalité de phrase) n'est étudiée qu'à titre de manipulation, cri
tère du complément d'objet (classe de 6e pp. 179-180), et puis abordée
ensuite à propos de l'étude du verbe (classe de 5e pp. 56-61). Il y a là
par rapport au cadre théorique choisi et en partie respecté par ailleurs
une distorsion importante, qui a peut-être des raisons pédagogiques et
pratiques mais qui n'en constitue pas moins une distorsion, montrant
combien est difficile l'application d'une théorie à l'enseignement d'une
langue.
2.3. Le fait d'aborder l'étude de la langue par l'étude de la phrase
et de ses différents types et non plus par l'étude des parties du discours
constitue un progrès notable à signaler. Le passif n'est plus seulement
étudié comme forme verbale, dont il constitue un élément du paradigme,
mais un type de phrase qu'il convient d'étudier en tant que tel.
A cet égard, les premiers exercices proposés dans O.D. (classe de 5e
p. 131 § 22 et T.D. classe de 5e § 221 p. 105) nous semblent assez
trompeurs, puisque, s'ils parlent de phrases au passif ou à l'actif, ils pro
posent d'abord et uniquement l'identification, temps et mode, du verbe,
ce qui, même sous la forme d'un code, nous semble être un problème
secondaire par rapport aux différents problèmes syntaxiques, et ce qui
invite — dangereusement — les élèves à considérer que la phrase, c'est
d'abord et surtout le verbe. Le terme « phrase au passif » constitue
simplement un trompe-l'œil, puisque nous retrouvons à peu près les
consignes proposées par des grammaires traditionnelles : « Recherchez
les verbes au passif en indiquant le mode et le temps. » (Cf. Souche
— Griinenwald, classe de 3e, p. 19, Nathan, 1963. — Bonnard, classe
de 4e, 3e, p. 81, SUDEL, 1970.)
3. Structure profonde/Structure de surface/Relation de phrases.
3.1. Dans les manuels étudiés, la phrase passive est présentée
comme dérivée de la phrase déclarative active, celle-ci étant considérée phrase simple ou « phrase de base ». Il est certain que

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