Akihito en Chine. Les limites de la diplomatie expiatoire - article ; n°1 ; vol.39, pg 55-71
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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1993 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 55-71
Akihito in China. The limits of atonement diplomacy, Eric Seizelet.
Returning to Emperor Akihito's visit to China in October 1992, the author de-
Akihito in China. The limits of atonement diplomacy, Eric Seizelet.
Returning to Emperor Akihito's visit to China in October 1992, the author de- scribes ail the factors which can explain why it took so long for Japan to start examining its conscience about its Second World War deeds, a process which it has not y et completed. These contradictions, which were symbolized by the very person of Hirohito, continue to affect his successor. They account for the still ambiguous character of the regrets expressed by Akihito to the Chinese people.
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Éric Seizelet
Akihito en Chine. Les limites de la diplomatie expiatoire
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°39, juillet-septembre 1993. pp. 55-71.
Résumé
Akihito in China. The limits of atonement diplomacy, Eric Seizelet.
Returning to Emperor Akihito's visit to China in October 1992, the author de-
Abstract
Returning to Emperor Akihito's visit to China in October 1992, the author de- scribes ail the factors which can explain why it took
so long for Japan to start examining its conscience about its Second World War deeds, a process which it has not y et completed.
These contradictions, which were symbolized by the very person of Hirohito, continue to affect his successor. They account for
the still ambiguous character of the "regrets" expressed by Akihito to the Chinese people.
Citer ce document / Cite this document :
Seizelet Éric. Akihito en Chine. Les limites de la diplomatie expiatoire. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°39, juillet-
septembre 1993. pp. 55-71.
doi : 10.3406/xxs.1993.2717
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1993_num_39_1_2717AKIHITO EN CHINE
LES LIMITES DE LA DIPLOMATIE EXPIATOIRE
Éric Seizelet
Et si le tennô, l'empereur du Japon, La portée symbolique de ce geste
n'échappe bien évidemment à personne, devenait le vecteur privilégié du redé
ploiement actif de la diplomatie nip alors que le passé tumultueux des rela
ponne? Depuis 1989, année du chan tions entre les deux pays entretient pério
gement de règne, de nombreuses diquement, de part et d'autre, un sent
conditions paraissent favorables. Elles iment mélangé de méfiance et de
vont de la personnalité du nouvel fascination réciproques. Ce n'est naturel
empereur Akihito à la place acquise par lement pas la première fois qu'un emper
le Japon dans le nouveau contexte asia eur japonais rencontre un dirigeant chi
tique et notamment vis-à-vis de la nois: le 23 octobre 1978, quatorze ans
Chine. À cela près, nous dit Éric Seizelet, jour pour jour avant l'actuelle visite à
que ce retour, s'il ne s'accompagne pas Pékin, Deng Xiaoping, alors vice-Premier
d'un vrai travail collectif sur la mémoire ministre, avait été reçu à Tôkyô par
de la guerre, risque bien d'entraîner l'empereur Shôwa, à l'occasion de l'échange
des effets contraires de nippophobie et des instruments de ratification du traité
de suspicion. Dans le monde, en Chine de paix sino-japonais conclu à Pékin le
et à l'intérieur même du Japon. 12 août précédent. Si le calendrier diplo
matique ne doit rien au hasard, la symétrie
des visites est frappante: celle de 1978 Le 23 octobre 1992, Akihito a entamé
scelle la réconciliation officielle entre les une « visite d'amitié » à Pékin, à l'occa
deux pays et marque le début d'une vérision du vingtième anniversaire de la
table lune de miel entre les deux capitareprise des relations sino-japonaises.
les; celle de 1992 est appelée à donner L'événement est à la fois modeste et consi
une nouvelle impulsion aux relations dérable. Modeste, car l'empereur du
sino-japonaises dans un environnement Japon n'est pas porteur d'un message
international et régional en évolution politique du gouvernement nippon - la
rapide. Symétrie également parce que la Constitution ne l'y autorise pas - qui
visite d'Akihito intervient au début d'un viendrait dénaturer une visite dont les
règne nouveau, alors que s'achève l'ère deux parties tiennent à préserver le carac
Deng Xiaoping. Cette visite ne manquera tère formel et protocolaire. Considérable,
pas sans doute d'être interprétée comme car c'est la première fois qu'un monarque
la caution morale et politique indirecte du japonais foule le sol chinois.
55 ERIC SEIZELET
Japon à la politique de réforme et d'ouver du Japon se déplace hors des frontières
de l'archipel. Jusqu'à l'avènement d'Akiture économiques, confirmée et ratifiée quel
ques jours auparavant par le XIVe congrès hito en février 1989, s'il était d'usage que
le tennô reçoive les chefs d'État et de goudu PC chinois.
vernement en visite officielle au Japon, Mais le monarque n'aura pas rencontré
conformément aux règles de courtoisie Deng Xiaoping. L'étiquette très étroite qui
internationale, la «diplomatie impériale» a encadré sa visite est peut-être un
avait toujours répugné - sauf exception commencement d'explication: le patriar
rarissime, dont le voyage de Hirohito en che chinois n'a plus de fonctions officiel
Europe à l'automne 1971 et la visite offiles et il aurait été protocolairement délicat
cielle aux États-Unis quatre ans plus tard - d'en faire le seul dirigeant chinois à avoir
à des initiatives contraires à la tradition rencontré deux fois un empereur japo
nationale, éprouvantes pour le couple nais. Ajoutons que, du côté chinois, on a
impérial vieillissant et posant d'importants voulu conserver à cette visite une tonalité
problèmes de sécurité, le «passé militadélibérément neutre et réservée, et éviter
riste » du défunt souverain pouvant réveilainsi des initiatives, certes spectaculaires, ler de douloureux souvenirs dans les pays mais qui auraient conduit à un excès de
victimes de la politique expansionniste personnalisation qui ne correspondait pas nippone d'avant guerre. Tous ces obsta
à l'esprit de la visite et qui était susceptible cles sont en apparence levés avec Akihito.
de provoquer des interprétations polit La diplomatie japonaise, jusque-là quel
iques multiples. On peut néanmoins avan que peu évanescente et souffrant du défi
cer que la direction réformiste chinoise, cit de leadership du personnel politique,
à travers cette rencontre avec le rejeton semble avoir trouvé, avec le changement
d'une lignée bimillénaire, et au-delà de de règne, une institution mieux adaptée
l'aspiration commune d'inscrire le couple et plus disposée au rôle qu'entend jouer
sino-japonais dans la durée, pourrait tirer le Japon sur la scène internationale. Le
exemple d'une institution qui a su s'adapt séjour officiel d'Akihito à Pékin, venant
er à l'évolution des temps, sans abdiquer après une tournée en Asie du Sud-Est en
de son identité profonde. Ainsi, en septembre 1991, illustre ce nouveau cours
accueillant le symbole vivant de 1'« unité de la politique extérieure nippone, même
de l'État et du peuple japonais », l'équipe si, par ailleurs, le gouvernement répugne
au pouvoir à Pékin pourrait-elle emprunt à considérer que cette «diplomatie» revêt
er au trône impérial nippon l'expression un caractère étatique, pour éviter de
d'une légitimité rémanente et d'une « trace relancer la controverse sur la position de
nationale» survivant aux aléas et viciss chef d'État du tennô1. La géographie de
ces premiers voyages impériaux, le Sud- itudes de l'histoire...
Est asiatique puis la Chine qui figurent Du côté japonais, les connotations
parmi les principaux champs de bataille affectives du séjour d'Akihito en Chine
de la guerre du Pacifique, n'est pas indifpopulaire, sans avoir tout à fait la même
férente à la tonalité nouvelle qu'entend résonance, ont une double implication
imprimer le Japon dans ses rapports avec externe et interne. Tôkyô confirme ainsi
ses voisins, tout en cherchant à imprimer solennellement le prix attaché aux rela
tions de bon voisinage avec Pékin, à la sa présence dans la zone comme puis
sance pacifique et responsable en parti- fois dans un souci de stabilité régionale
et dans le but de consolider ses positions
économiques sur le continent. On mesure 1. Pour une analyse du rôle et de la portée de la diplomatie
impériale, voir notre étude, ■ La dimension internationale de la cette importance au fait qu'il est en effet monarchie-symbole », Nichi Futsu Bunka, Publication de la Mai
tout à fait exceptionnel que l'empereur son franco-japonaise de Tôkyô, 57 (3), 1993, p. 53 et suiv.
56 AKIHITO EN CHINE
cipant aux opérations de maintien de la outre, la disparition de l'affrontement
paix (PKO) de l'ONU au Cambodge. Il entre les blocs a indiscutablement permis
à la diplomatie de retrouver une liberté n&#

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