Apprentissage institutionnel d une troisième langue par les apprenants sourds. Discussion autour d une approche bilingue dans l enseignement d une langue vivante - article ; n°1 ; vol.137, pg 86-104
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Apprentissage institutionnel d'une troisième langue par les apprenants sourds. Discussion autour d'une approche bilingue dans l'enseignement d'une langue vivante - article ; n°1 ; vol.137, pg 86-104

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Langue française - Année 2003 - Volume 137 - Numéro 1 - Pages 86-104
Ivani FUSELLIER-SOUZA : Academie learning of a third language by young deaf students. Discussion around a bilingual approach in teaching oral languages to deaf people In this article, we support the idea that the teaching of oral and written languages to young deaf students affected by profound hearing loss should be inspired by educational strategies and by methodological techniques akin to the pedagogy of second language teaching. Sign languages are deaf people's natural way of communicating; consequently we presume that the more sign languages are mastered, the more teaching of written modality of oral languages is successful. Our assumption is founded on the fact that a third written language (in this particular case: English) taught to young deaf students as a foreign language is assimilated more easily than a second language (French) taught as if it was a mother language. We remind, nevertheless, that this hypothesis is best applied to children who have reached the stage of the abstract reasoning.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2003
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. IvaniI Fusellier-Souza
Apprentissage institutionnel d'une troisième langue par les
apprenants sourds. Discussion autour d'une approche bilingue
dans l'enseignement d'une langue vivante
In: Langue française. N°137, 2003. pp. 86-104.
Abstract
Ivani Fusellier-Souza : Academic learning of a third language by young deaf students. Discussion around a bilingual approach in
teaching oral languages to deaf people
In this article, we support the idea that the teaching of oral and written languages to young deaf students affected by profound
hearing loss should be inspired by educational strategies and by methodological techniques akin to the pedagogy of second
language teaching.
Sign languages are deaf people's natural way of communicating; consequently we presume that the more sign languages are
mastered, the more teaching of written modality of oral languages is successful.
Our assumption is founded on the fact that a third written language (in this particular case: English) taught to young deaf students
as a foreign language is assimilated more easily than a second language (French) taught as if it was a mother language. We
remind, nevertheless, that this hypothesis is best applied to children who have reached the stage of the abstract reasoning.
Citer ce document / Cite this document :
Fusellier-Souza IvaniI. Apprentissage institutionnel d'une troisième langue par les apprenants sourds. Discussion autour d'une
approche bilingue dans l'enseignement d'une langue vivante. In: Langue française. N°137, 2003. pp. 86-104.
doi : 10.3406/lfr.2003.1058
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lfr_0023-8368_2003_num_137_1_1058FUSELLIER-SOUZA1 Ivani
Université Paris 8
APPRENTISSAGE INSTITUTIONNEL D'UNE
TROISIÈME LANGUE PAR LES APPRENANTS SOURDS.
DISCUSSION AUTOUR D'UNE APPROCHE BILINGUE
DANS L'ENSEIGNEMENT LANGUE VIVANTE
Introduction
Depuis quelques années le système éducatif français mène une réflexion sur
l'enseignement des langues vivantes étrangères et propose de nouvelles orientations
pédagogiques 2. Dans ce contexte récent, il convient de s'interroger sur l'enseignement
des langues étrangères pour les apprenants sourds. Les langues étrangères sont-elles
enseignées ? Existe-t-il une pédagogie spécifique adaptée ? Et même est-il pertinent
d'enseigner à partir de la classe de sixième une troisième langue, en l'occurrence
l'anglais, sachant que, dans la majorité des cas, le français est loin d'être maîtrisé ?
Cet article propose de réfléchir à ces questions en s'appuyant sur une expérience
d'enseignement de l'anglais à l'INJS (Institut national de jeunes sourds de Paris) aux
élèves de collège et de lycée. Ce sera l'occasion d'entamer une discussion sur l'oppor
tunité d'une pédagogie bilingue où la langue des signes française tient toute sa place
dans l'enseignement des langues vivantes aux jeunes sourds.
1 . L'individu sourd, le langage et la communication
II faut savoir que le handicap lié à la surdité est partagé aussi bien par la personne
sourde que par son environnement entendant. Devant un individu sourd, nous
perdons, d'une certaine façon, notre faculté de comprendre et de nous faire
comprendre : « L'enfant atteint de surdité n'est pas comme l'aveugle qui est vu bien
qu'il ne voie pas ; le sourd, lui, non seulement n'entend pas mais n'est pas entendu. »
(Ajuriaguerra, 1972, p. 237). Ainsi, l'acte primordial de la communication humaine se
trouve entièrement perturbé, mettant les deux interlocuteurs - sourd et entendant -
dans une entrave réciproque.
Dans la grande majorité des cas, cette situation peut s'étendre tout au long de la
vie de l'individu sourd, provoquant ainsi de sérieuses répercussions sur ses compét
ences communicatives et linguistiques. Bien souvent, lorsque la société est confrontée
1. Université Paris 8. SAT - Sciences du Langage, 02, rue de la Liberté, 93526 - Saint Denis -
Cedex. E-Mail : ivani.fusellier@wanadoo.fr
2. Pour les différentes circulaires voir le site : http://www.education.gouv.fr/thema/langue/
laneue.htm
86 à des formes d'humanité échappant à la « normalité » sociale, la première réaction qui
survient est celle d'un déni (Gruson & Dulong, 1999). La surdité, considérée comme
une calamité, doit être coûte que coûte sujette à réparation. Dans cette optique, tout
un système de réhabilitation de l'individu sourd est déclenché dans le but de le faire
approcher le plus possible de la « norme » sociale des entendants, comme le dit
B. Mottez (1993) : « L'idée d'une vie sourde apparaît a priori si insupportable que des
efforts considérables ont été toujours mis en œuvre pour tenter d'en venir à bout.
Malheureusement, la surdité n'est pas une maladie qu'on soigne et qui guérit. C'est
un état. »
Reconnaître et accepter la surdité comme un « état » et non plus comme une défi
cience lourdement handicapante peut amener à entrer dans l'univers fascinant et
gratifiant de la différence. On remarque alors que ces personnes sourdes utilisent une
langue originale, la langue des signes, qui leur permet de se comporter dans tous les
domaines de la vie privée et sociale comme toute autre personne. Et, allant plus loin,
lorsqu'on s'engage dans un réel échange avec des personnes sourdes en les considé
rant comme des interlocuteurs à part entière, notre sentiment de frustration et d'échec
à communiquer fait progressivement place à un étonnement teinté d'admiration
devant tout ce que l'on découvre peu à peu sur eux-mêmes, soi-même et sur l'être
humain en général. La surdité se dévoile alors comme un puissant analyseur de la
faculté de langage pouvant apporter de nouveaux éclairages sur la cognition humaine
(Cuxac, 2001).
C'est en suivant cette démarche que s'est déroulée mon expérience d'enseigne
ment d'une troisième langue à de jeunes élèves sourds. En prenant le parti d'un posi
tionnement sociolinguistique vis-à-vis de la surdité, les individus sourds sont alors
considérés comme des êtres de « parole », disposant d'une langue visuelle avec
laquelle ils ont accès à la connaissance. De plus, étant donné la diversité des surdités
et le parcours personnel de chaque personne sourde, nous estimons qu'il est imposs
ible de parler de la surdité comme d'un tout, mais qu'il est préférable de parler des
surdités, de même qu'une pluralité d'individus sourds doit être envisagée. Dans cette
optique, on verra dans la suite de cet article que ces individus sont nécessairement des
êtres de langage amenés à vivre, dès leur petite enfance, avec plusieurs systèmes
linguistiques.
2. Rapport d'une expérience d'enseignement de l'anglais
à l'INJS de Paris auprès de jeunes sourds
2.1. Présentation personnelle
Ma rencontre avec les sourds remonte au début des années 1990, lorsque j'ai eu
l'occasion de développer un travail, durant cinq années, dans le cadre d'une classe de
soutien scolaire (langue portugaise et langue anglaise) auprès de collégiens et lycéens
sourds. Cette première expérience a eu lieu dans mon pays d'origine, le Brésil.
Plus tard, venue vivre en France, j'ai suivi une formation destinée aux enseignants
spécialisés chargés de l'éducation des enfants et des adolescents sourds, ce qui m'a
permis de mieux appréhender le système d'éducation français dans le domaine de la
surdité. En parallèle, un cursus universitaire spécialisé en linguistique appliquée aux
langues des signes m'a permis d'approfondir mes connaissances.
87 Pendant l'année scolaire 1999/2000, je suis intervenue en tant que professeur
d'anglais à l'INJS auprès d'élèves sourds en classes spécialisées 3 au collège et auprès
des élèves intégrés dans des lycées professionnels. Ma pratique de la LSF et mes
connaissances linguistiques sur son fonctionnement m'ont permis de me lancer dans
une expérience d'enseignement bilingue auprès de ces élèves sourds. Deux fonctions
m'avaient été confiées : d'une part j'enseignais l'anglais en milieu spécialisé dans des
classes d'élèves sourds et d'autr

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