Approche du Mexique ancien - article ; n°3 ; vol.1, pg 331-341
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Description

Histoire, économie et société - Année 1982 - Volume 1 - Numéro 3 - Pages 331-341
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 33
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacqueline de Durand-forest
Approche du Mexique ancien
In: Histoire, économie et société. 1982, 1e année, n°3. pp. 331-341.
Citer ce document / Cite this document :
de Durand-forest Jacqueline. Approche du Mexique ancien. In: Histoire, économie et société. 1982, 1e année, n°3. pp. 331-341.
doi : 10.3406/hes.1982.1295
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1982_num_1_3_1295APPROCHE DU MEXIQUE ANCIEN
(Sources historiques)
par Jacqueline de DURAND-FOREST
L'on pourrait aborder l'étude du Mexique ancien en recourant aux données de l'a
rchéologie. Il y aurait aussi ample matière pour dresser un tableau des grandes civilisa
tions qui se sont succédées sur le vaste territoire connu en ethnologie sous le nom de
Mésoamérique et recouvrant les deux-tiers du Mexique lui-même, le Guatemala, le Hond
uras, le Costa Rica en passant par le lac de Nicaragua.
Par bonheur pour les historiens, le Mexique n'offre pas seulement une «histoire
sans textes» (1) ; de nombreux témoignages écrits contribuent aussi grandement à
notre connaissance du passé.
C'est à la présentation de ces documents que nous entendons nous attacher et, plus
précisément, de ceux concernant les Aztèques et autres populations du Haut-Plateau
central sur lesquels nous sommes le mieux renseignés.
Plus tard conquis et surtout de façon plus discontinue — près de quatre-vingts ans
s'écoulent entre l'expédition exploratoire de Grijalva en 1518 et la prise de la cité itza
de Tayasal en 1697 — le pays maya, par sa résistance comme par sa configuration, ne
pouvait nous délivrer une information écrite aussi riche.
Les Maya, en effet, connaissaient alors une extrême parcellisation du pouvoir. Ala
différence du Haut-Plateau central au gouvernement fortement centralisé et expansionn
iste, la péninsule du Yucatan, à la veille de la conquête, par exemple, était partagée
en seize petits Etats rivaux, tandis que les Hautes Terres du Guatemala étaient elles-
mêmes divisées en de nombreuses principautés.
La pénétration de ces territoires fut donc lente et difficile ; les Espagnols se heurtè
rent à une nature inhospitalière (basses plaines marécageuses aux forêts impénétrables
du Peten ou du Chiapas, végétation courte mais très dense du plateau karstique du
Yucatan, ... etc.) et une très vive résistance de la part des populations. La conquête
fut sans cesse à reprendre, à assurer, à consolider.
Il en alla tout autrement du Haut-Plateau. En avril 1519, Cortès débarque à Vera
cruz ; le 8 novembre de la même année, il entre à Mexico. Mettant à profit l'état de
division permanent qui régnait entre Aztèques et Tlaxcaltèques, les Espagnols conqui
rent définitivement Tenochtitlan le 13 août 1521 .
Nous connaissons par le détail les étapes de la conquête : par Cortès lui-même,
grâce à ses «Cartas de Relacion», par un de ses capitaines, Bernai Diaz del Castillo, par
le «Conquérant anonyme» et par bien d'autres chroniqueurs qu'il serait fastidieux
d'énumérer ici.
C'est à juste titre que le chapelain de Cortès, Lopez de Gomara, pouvait écrire :
1. Charles Samaran, Préface à L'Histoire et ses méthodes, Bibliothèque de La Pléiade, Gallimard,
1973, p. IX. Jacqueline de DURAND-FOREST 332
«La découverte des Indes est la plus grande chose depuis la création du monde, excepté
l'Incarnation de celui qui le créa» (2).
On s'explique sans peine les vocations suscitées et la richesse de notre document
ation dont à maintes reprises nous aurons toutefois à reconnaître le caractère lacu
naire et la nature diverse.
Diverse, car, outre les récits de la conquête, elle comprend aussi bien des œuvres
écrites par des laïques ou des missionnaires que des chroniques émanant des autochtones
eux-mêmes et des manuscrits pictographiques.
Diverse encore par ses dates de «rédaction», pour autant qu'on peut les établir,
puisqu'elle s'étend de la période précolombienne jusqu'au XVIIIème siècle. Une épo
que aussi tardive n'est pas en soi un vice rédhibitoire : nombre de documents aujourd'
hui disparus étaient alors accessibles (3). L'ancienneté d'un chroniqueur n'est d'ailleurs
pas une garantie de qualité dans ses informations. Témoin des événements, il peut les
décrire d'une sorte qui exclut toute compréhension en profondeur. La région dans l
aquelle s'est trouvé le chroniqueur n'est pas moins déterminante pour la richesse des i
nformations qu'il peut nous dispenser. S'il était aisé de disserter longuement sur la civil
isation aztèque, la plus prestigieuse de la Mésoamérique à ce moment-là, décrire des
populations «barbares», comme les «Chichimèques», populations éparses, insaisissa
bles, sans gouvernement centralisé, présentait des difficultés d'un tout autre ordre.
Il faut aussi tenir compte des centres d'intérêt des chroniqueurs, très divers selon
leurs fonctions et le but poursuivi : un juriste, par exemple, ne s'intéressait pas, au
départ, aux problèmes religieux. Les informations qu'il peut nous délivrer sur la mat
ière, sont le plus souvent incidentes.
Phénomène plus grave encore à prendre en compte : la tautologie : les auteurs se
sont bien souvent copiés les uns les autres (4). Il convient donc à tout moment de di
stinguer le déjà dit de l'observation originale. Aussi faut-il sans cesse faire une lecture
critique et très poussée de ces sources et de leur fiabilité. Leurs auteurs ne disposaient
pas encore, en effet, des outils conceptuels et du langage de l'anthropologie scientifi
que, tels que nous pouvons les concevoir aujourd'hui.
La plupart des chroniqueurs ont pour référence le monde classique gréco-latin et
accessoirement islamique, ils jugent des choses à cette aune et non pas en elles-mêmes.
Il y a comme une impossibilité intrinsèque de nombreux auteurs à décrire les phéno
mènes en eux-mêmes et pour eux-mêmes, ce qui valorise parla même occasion l'œuvre
de Sahagun ou celle des chroniqueurs indigènes.
L'examen des Sources
L'examen des sources peut donc se faire selon différents critères, qui, en fait, doi-
2. Francisco Lopez de Gomara a écrit, en effet, dans une lettre adressée à Charles Quint : «La
mayor cosa depués de la creacion del mundo, sacando la encarnacion y muerte del que lo crió es el
descubrimiento de Indias ; y asi, las llaman Mundo Nuevo...». La parte de la Histona General de las
Indias, Madrid, Biblioteca de Autores Espaňoles (BAE) (t. XXII, Historiadores Primitivos de Indias
I), Ediciones Atlas, 1946, p. 156. Et traduction française : Marianne Mahn-Lot, La découverte de
l'Amérique, Questions d'Histoire, Paris, Flammarion, 1970, p. 85.
3. Voir à ce propos : H. Ternaux-Compans, Voyages, Relations et Mémoires originaux pour ser
vir à l'histoire de la découverte de l'Amérique, Paris, 1837-1841 (et 1882), 23 vol.
4. C'est le cas des franciscains : Mendieta (XVIème siècle), Torquemada (XVIIème siècle), par
rapport à Motolinia ou d'Ixtlilxochitl par rapport à Sahagun. Cf. Fr. Geronimo de Mendieta, Historia
Eclesiastica Indiana (1ère éd., Mexico, 1870), nouvelle éd. Mexico : Salvador Chavez Hayhoe, 1954,
4 vol., (pour Torquemada, cf. infra). Codex Ixtlilxochitl, Facsimile du Ms. тех. n° 67-71 de la B.N.
de Paris. Commentaire de J.de Durand-Forest, Graz (Autriche) : Akademische Druckund Verlagsans-
talt(ADVA), 1976. DU MEXIQUE ANCIEN 333 APPROCHE
vent tous être retenus, car ils se recoupent tous : soit selon une perspective chronolo
gique, soit en fonction de la nature des Chroniqueurs et des centres d'intérêt qui ont
motivé leur démarche, comme nous l'avons déjà souligné.
Si l'on se place dans la perspective chronologique , on peut penser que les auteurs
les plus anciens seront de fidèles témoins du choc de la découverte, alors que les chroni
queurs de la génération suivante cherchent encore à s'informer, auprès des autochtones,
d'une civilisation dont la disparition rapide n'est que trop évidente.
Quant aux chroniqueurs tardifs, à défaut de témoignages directs, exceptionnels, ils
se trouvent dans la nécessité de prendre du recul et d'offrir une vision synthétique de
ces nouvelles civilis

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