Chefs-d'oeuvre des auteurs comique

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^**
ît^is^CHEFS-D'ŒUVRE
COMIQUKSAUÏEUKS
lTOMB—TYPOGRAPHIE DK II HRMIiN IHDOÏ. MKSML ( EIKI )CHEFS-D'ŒUVRE
DKS
COMIOl'BSAUTEURS
\Vûl.
FOiNTAINEMONTFLEURY , LASGARKON,
BARONBOURSAULT,
le Valel. U Fille capiUine.Jodelel ou le Miilre el
Le Florentin.Don Japhet d'Arménie.
' Le Mercure gilanl.La Femme juge el partie.
L'Homme à bonnes fortunes.
PARIS
CUBRAIRIE DE FIRMIN UlUOT FRÈRES, FILS ET
L'I^STn^IT, JACOK jf»IMI'UIMKLUS DE RIE ,
1859il
>*•£SCARRON.
JODELET
OU
MAITRE VALETLE
1646.
I
T. I.ICÀBRON.,
NOTICE SUR SCARRON.
Scarron naquit en ^610. Son père était conseiller au parlement et fort
riche; il se remaria, ce qui dépouilla le jeune Scarron de son héritage.
Après avoir fait de très-bonnes études, il prit le petit collet
; mais sa gaieté
et la légèretéde sa conduite peu en rapport avec l'état ecclésiastique qu'il
,
n'exerçajamais, lui fitéprouver à vingt quatre ans les infirmités de la vieil-
lesse.On raconte qu'étant à son canonicatdu Mans , au temps de carnaval,
lise déguisaenoiseau, au moyen de plumes attachées avec de la glu; pour-
suivi par le peuple, il se réfugia dans une mare, où il fut forcé de rester
longtemps, et d'où il sortit presque entièrement perclus. Une partie
<le plaisirachevade le priver, dit-il, de cesjambes qui avaient bien dansé,
et de ces mains gui avaient su peindre etjouer du luth. Le portrait de
sa personne, qu'il nous a laissé, prouve la gaieté de son espi-it et la forcede
son caractère. Nous le reproduisons , car il donne en même temps une
idée g'u genre et du style de l'auteur.
« J'ai trente ans passés; si je vais jusqu'à quarante, j'ajouterai bien
des maux à ceux que j'ai déjà soufferts depuis huit ou neuf. J'ai eu la taille
l)ien faite, quoique petite. Une maladie l'a raccourcie d'un bon pied. Ma
tète est un peu grosse pourma taille. J'ai le visage assez plein pour avoir
le corps très-décharné des cheveux assez pour ne porter point perru-
; de
(jue; j'en ai beaucoup de blancs, en dépit du proverbe; j'ai la vue assez
bonne, quoique les yeux gros; je les ai bleus; j'en ai un plus enfoncé que
l'autre du côté que penche la tète j'ai le nez d'assez bonne
, je ; prise.
Mes dents, autrefois perles carrées, sont de couleur de bois, et seront
bientôt de couleur d'ardoise; j'en ai perdu une et demie, du côté gauche,
et demie du côté droit : j'en aideux un peu égrignécs. Mes jambeset deux
et mes cuisses ont fait, premièrement, un angle obtus, et puis un angle
égal , et enfin un aigu ; mes cuisses etmon corps en font un autre et ma
;
tête se penchant surmon estomac je ne représente pas mal un z. J'ai
,
que les jambes , et les doigts aussi bien queles bras raccourcis aussi bien
peules bras ; enfin, je suis un raccourci de la misère humaine. Voilà à près
fait. suis si beau chemin, je vais dire quelquecomme je suis Puisque je en
gourmandchose de mon humeur. J'ai toujours été un peu colère, un peu
et un peu paresseux. J'appelle souvent mon valet sot , et un peu après
monsieur. Je ne hais personne. Dieu veuille qu'on me traite de même. Je
suis bien aise quand j'ai de l'argent, et serais encore plus aise si j'avais la
santé. Je me réjouis assez en compagnie je suis assez content quand je suis
;
seul. Je supporte mes maux assez patiemment.
« Voilà ce que j'ai cru devoir apprendre à ceux qui ne m'ont jamais vu
parce qu'il a des esprits facétieux qui s'amusent aux dépens d'un misé-y
rable, etme dépeignent que ne suis fait. Les uns disentd'une autre façon je
suis que l'onque je cul-de-jatte ; les autres que je n'ai point de cuisses , et
me met sur une tible dans un étui, je cause comme une pie borgne;où