Communication et démocratie - article ; n°1 ; vol.107, pg 57-68
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Communication et langages - Année 1996 - Volume 107 - Numéro 1 - Pages 57-68
Communication et démocratie : devant l'apparente évidence de l'association des deux termes, on pourrait se demander pourquoi le sujet suscite encore et toujours tant de débats politiques et médiatiques. Quels rapports entretiennent les médias et la démocratie ? Quels rapports devraient-ils entretenir pour que la démocratie soit confortée ? L'auteur souligne l'ambiguïté des questions posées. La démocratie est plurielle, les médias sont pluriels. Formes de gouvernement et configurations médiatiques : autant de réponses à l'évolution des statuts de l'individu et de la société, avec ses inévitables conséquences politiques.
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Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Annie Gentès
Communication et démocratie
In: Communication et langages. N°107, 1er trimestre 1996. pp. 57-68.
Résumé
Communication et démocratie : devant l'apparente évidence de l'association des deux termes, on pourrait se demander pourquoi
le sujet suscite encore et toujours tant de débats politiques et médiatiques. Quels rapports entretiennent les médias et la
démocratie ? Quels rapports devraient-ils entretenir pour que la démocratie soit confortée ? L'auteur souligne l'ambiguïté des
questions posées. La démocratie est plurielle, les médias sont pluriels. Formes de gouvernement et configurations médiatiques :
autant de réponses à l'évolution des statuts de l'individu et de la société, avec ses inévitables conséquences politiques.
Citer ce document / Cite this document :
Gentès Annie. Communication et démocratie. In: Communication et langages. N°107, 1er trimestre 1996. pp. 57-68.
doi : 10.3406/colan.1996.2656
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_1996_num_107_1_2656Communication o
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Communication et démocratie : devant l'apparente confortée ? L'auteur souligne l'ambiguïté
des questions posées. La démocratie est évidence de l'association des deux
termes, on pourrait se demander pourquoi plurielle, les médias sont pluriels. Formes
de gouvernement et configurations médiale sujet suscite encore et toujours tant de
tiques : autant de réponses à l'évolution débats politiques et médiatiques. Quels
des statuts de l'individu et de la société, rapports entretiennent les médias et la
avec ses inévitables conséquences polidémocratie ? Quels rapports devraient-ils
tiques. entretenir pour que la démocratie soit
La libre communication des pensées et des opinions est l'un des
droits les plus précieux des citoyens ; tout citoyen peut donc parl
er, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette
liberté dans des cas déterminés par la loi. (Article 11,
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, 1 789.)
La liberté d'expression est au cœur de la démocratie, mais
aujourd'hui les médias sont accusés de bouleverser et de per
vertir les règles du jeu démocratique. Entre le rêve du village glo
bal et le cauchemar de la manipulation souterraine, la
communication est pesée à l'aune de la démocratie idéale.
Toute la difficulté consiste à définir cette aune en pratique.
Quelles sont les caractéristiques de la démocratie en termes de ? Quelles menaces pèsent sur l'interaction entre
citoyens et État ? La réponse à ces questions permettra de
mieux peser le pour et le contre des nouvelles pratiques de comm
unication, mais ne rendra pas compte de leur évolution. Or on
ne peut se contenter de constater la croissance exponentielle
des outils et techniques de communication et leur usage de plus
en plus fréquent en politique sans se demander quelles sont les
raisons d'une telle prolifération. La réponse tient à l'évolution de
la démocratie: gouverner aujourd'hui renvoie à plusieurs 58 Sociologie de la communication
conceptions des relations entre citoyens et État1. La démocratie
n'est pas une et indivisible, la communication non plus.
LES MÉDIAS AU BANC DES ACCUSÉS
La démocratie est fondée sur la liberté de communiquer, c'est-à-
dire sur la confrontation explicite des intérêts, sur l'argumentat
ion et la négociation, qui permettent de dépasser la violence et
de parvenir à un consensus (Claude Lefort). La démocratie peut
ainsi être définie en termes minimaux. Elle implique :
-des structures productrices d'informations divergentes permett
ant à chacun de se faire une opinion ;
— des de rencontre et de confrontation des individus et
non pas seulement d'expression unilatérale ;
-des structures de délégation de pouvoir auprès d'individus
ayant pour mission de reproduire cette confrontation («l'homme
moderne ne peut dédier sa vie à la cité2 ») et de trouver des solu
tions « rationnelles », c'est-à-dire négociées.
Les pratiques de communication doivent être considérées au
moins en ces termes pour juger si elles portent atteinte à l'exer
cice démocratique des citoyens. Les principaux acteurs concer
nés par l'exercice de cette communication aux enjeux
démocratiques sont l'État, traditionnellement détenteur de la
seule parole légitime au nom de Dieu, puis de la Volonté et de
l'Intérêt Généraux ; les citoyens devenus égaux et participant de
droit à la vie politique ; les médias, intermédiaires entre l'État et
les citoyens, considérés comme un contre-pouvoir face à un État
dont on se méfie.
La libération des médias :
n condition sine qua non de la démocratie
\ La légitimité de l'État démocratique repose sur le postulat de la
g, liberté d'expression. Mais s'il tire sa légitimité de cette liberté, il lui
8> revient aussi de la laisser s'exercer dans un espace public3 dont il
-i n'est qu'un acteur parmi d'autres. S'il garantit un certain nombre
*> de droits en matière d'information et de communication, l'histoire
.1 chaotique de ses relations avec les médias est là pour témoigner
1
O§S 2. Voir 3. 1 . Je Constant Dans Bernard tiens cet à article, (Benjamin), remercier Miège pour nous Brigitte une Liberté ne nous définition Krulic des intéressons pour modernes plus ses exhaustive conseils qu'à et des un anciens. en de aspect ce l'espace domaine. limité public. de l'espace public. Communication et démocratie 59
de la difficulté du Pouvoir à autoriser tout autre voix que la sienne.
Ainsi, on remarque la loi tardive du 29 juillet 1 881 : « L'imprimerie
et la librairie sont libres. . . tout journal ou écrit périodique peut être
publié, sans autorisation préalable et sans dépôt de cautionne
ment, après déclaration» et l'affranchissement plus ou moins
parfait des autres médias (radios libres, télévisions privées).
Sans médias pas de démocratie, mais la présence des médias
est-elle suffisante pour qualifier un État de démocratique ? Les
médias ne finissent-ils pas même par nuire à la démocratie? La
télévision est la principale accusée. En mai 1994, le Monde des
Débats titrait : « La Télévision contre la démocratie ? ». En Italie,
l'affaire Berlusconi, patron-propriétaire du plus grand groupe de
médias et devenu Premier ministre, cristallise les craintes de
l'union entre médias et politique. Paul Virilio parle d'« un coup
d'État médiatique». La critique porte essentiellement sur les
contraintes que les supports imposent aux contenus (la forme
prenant en quelque sorte le pas sur le fond), sur l'absence de
distinction claire entre les différents acteurs du jeu médiatico-
politique et l'absence d'autonomie réelle des médias, et plus
généralement sur le mélange des genres entre politique, publi
cité et information.
LES ACTES DE L'ACCUSATION
La critique des supports : le média est le message
Le discours politique médiatisé rencontre les mêmes critiques
que la vulgarisation scientifique : on l'accuse de ne pas aborder
les vrais problèmes, de ne pas être suffisamment précis ni perti
nent, en bref d'appauvrir le débat politique. Jean-Marie Cotteret
fait une analyse de l'influence des médias sur les discours pol
itiques4. Il rappelle qu'ils doivent s'adresser au plus grand
nombre, ce qui incite à utiliser les termes les plus généraux pour
permettre à chacun de s'y retrouver, mais aussi qu'ils sont sou
mis aux règles du spectacle audiovisuel, ce qui entraîne « un
goût accru pour la simplicité, l'émotion et la formule»5.
L'influence néfaste des médias sur le fond du débat est cepen
dant relativisée par d'autres auteurs6 : « Le pouvoir politique
■4. Cotteret (Jean-Marie), Gouverner c'est paraître. Réflexions sur la communication
politique, Paris, PUF, 1992.
5. Montavallon (Jean- Baptiste de), « Élections et petit écran : le règne de la confusion »,
Le Monde, 18-19 avril 1993.
6. Mis

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