Coste et l Egypte, histoires de dessins (1817-1827) - article ; n°1 ; vol.73, pg 17-34
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Coste et l'Egypte, histoires de dessins (1817-1827) - article ; n°1 ; vol.73, pg 17-34

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Description

Revue du monde musulman et de la Méditerranée - Année 1994 - Volume 73 - Numéro 1 - Pages 17-34
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 22
Langue Français
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Extrait

Sylviane Leprun
Coste et l'Egypte, histoires de dessins (1817-1827)
In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, N°73-74, 1994. pp. 17-34.
Citer ce document / Cite this document :
Leprun Sylviane. Coste et l'Egypte, histoires de dessins (1817-1827). In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée,
N°73-74, 1994. pp. 17-34.
doi : 10.3406/remmm.1994.1665
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0997-1327_1994_num_73_1_1665Leprun* Sylviane
Coste et l'Egypte
Histoires de dessins (1817-1827)
Relire Coste
Pascal Coste n'est pas le premier des architectes français à se rendre en Egypte.
Avant lui, Balzac, Protain, Cécile. . . comptèrent parmi les savants de l'Expédition
de Bonaparte. Leurs relevés sont nombreux et divers, mais leur contribution est
particulièrement sensible dans les séries thématiques de l'Etat moderne : "Vases,
meubles et instruments" et "Costumes et portraits". Le Père s'intéresse en parti
culier aux gestes du chantier. L'ensemble alterne des relevés architecturaux et
technologiques, des détails d'attitudes, des analyses d'objets. La formation archi
tecturale facilite cette lecture scientifique et technique, mais cette compétence n'est
pas une exclusive de ces praticiens. Le partage des relevés est constant, car en ces
temps, le découpage des champs disciplinaires n'est pas aussi établi qu'on le pourr
ait croire. La connaissance parfaite du dessin lie tous ces hommes, qui sont
admis/acceptés pour leurs savoirs respectifs. Le croisement des domaines de spé
cialisation et du nombre des planches, met bien en évidence le décloisonnement
des domaines pour nous aujourd'hui très constitués. La spécificité du dessin d'ar
chitecture, pour être légitime, doit être nuancée et replacée dans le champ plus
global du dessin artistique et technique. Et pour ce qui est de ce dernier critère,
il s'agirait plus justement, de définir ce qui relève de l'expression technique pure
et du dessin artistique.
* Architecte, ethnologue, Université Michel Montaigne Bordeaux III, Département arts plastiques.
REMMM 73-74, 1994/3-4 18 1 Sylviane Leprun
Certaines planches de confrères qui figurent dans La Description ont peut-
être inspiré des sujets "costiens". Par exemple, Protain (1769-1837), membre de
l'Institut d'Egypte, assure les relevés des mosquées du Caire, en particulier de la
mosquée "Ibn Tulun Akim". Il s'intéresse à la construction de Bab el-Nasr, que
Jomard estime être le premier monument de la ville. Cette filiation n'est pas à écart
er, même si Coste est bien le premier à rassembler un corpus aussi important et
détaillé sur ces monuments.
Ce détour par La Description et les prédécesseurs de Coste, place Le voyage
dans une perspective fortement orientée par la forme même de ce voyage, puis
qu'il s'agit, dans l'un et l'autre cas, d'une mission technique et architecturale, au
dessein fortement teinté d'idéal scientifique. Examiner le voyage-mission de
Coste, et dans celui-ci le caractère anthropologique des dessins, repose sur un
double questionnement esthétique et technique qui nécessite d'une part de
déterminer, compte tenu du poids de la formation académique, ce qui fait l'or
iginalité du dessin de Coste, et d'autre part de comprendre le cadre sémiolo-
gique de cette œuvre. En particulier ce qui dans ce cadre peut éclairer les formes
d'une complémentarité et/ou rupture sémantique susceptible d'exister entre les
matériaux graphiques et le texte écrit. Enfin, il s'agit de dire en quoi le dessin de
Coste, et plus encore le dessin ethnographique, annonce de futures monographies
architecturales1.
"Premier voyage"2
Chapitre premier des Notes et souvenirs de voyages de Pascal-Xavier Coste, archi
tecte marseillais (1787-1879), le voyage en Egypte inaugure le versant oriental de
cette longue carrière3. L'architecte séjourne dix années auprès de Mehemet Aly
Pacha. Ce voyage n'est pas à proprement parler un voyage touristique. Coste part
pour construire. Exercer son métier ailleurs, dans un pays en grande mutation.
Peut-être pense-t-il trouver là-bas une commande plus ouverte ? Ce que laisse
entendre cette fervente introduction :
« Après la conquête de l'Egypte et l'évacuation de l'armée française, Mehemet-Aly
était parvenu de simple officier de l'armée turque, pacha et vice-roi d'Egypte, par son
intelligence naturelle et une habileté native qui formait le caractère saillant de son
génie. Mehemet-Aly, voulant régénérer cette contrée si riche par ses produits agri
coles, accueillait avec bienveillance les Européens pour l'aider dans ses projets4. »
Un réseau d'alliances conduit Coste en Egypte. Baffi, chimiste à Rome, arrivé
au Caire, propose la construction d'une fabrique de salpêtre qui nécessite les
compétences d'un architecte. Son correspondant Jomard, joint à Paris, recommande
Coste, qu'il avait connu élève de Vaudoyer à l'Ecole des Beaux-Arts. Coste part
en mission dès 1817. Il entraîne avec lui son maître maçon Barielle, chargé de fo
rmer les ouvriers {ibid, p. 10) et s'embarque le 6 octobre 1817 sur la corvette la
Belle-Nina appartenant à Mehemet. Le 7 novembre 1827, Pascal Coste malade,
quitte l'Egypte définitivement5, sur le brick l'Alcestre. Coste et l'Egypte, histoires de dessins (1817-1827) 1 19
La relation de Coste nous apparaît, dans sa forme, très structurée autour du
projet et de la/sa mission. Le voyage n'est qu'un moyen pour se rendre sur
place, atteindre son but. Nulle visée exploratrice dans cette courte présentation.
impressionne" c'est au cours d'une visite des Et si Alexandrie véritablement "(1)
ruines :
« L'aspect de cette ville et de sa population arabe, au langage guttural, me fit une vive
impression. »
Le verbe voir est souvent repris. Voir pour rendre compte.
« L'on voit encore, parmi les ruines, quelques colonnes isolées, en granit, une ancienne
basilique dont il ne reste que quelques tronçons de colonnes, des chapiteaux, des bases
et des piédestaux en marbre blanc. » {Ibid., p. 1 1.)
Ici, le dessin et le regard associés sont les meilleurs garants de la mémoire.
« Pendant mon séjour, je fis plusieurs dessins-croquis de cette première ville d'Egypte ;
car c'est toujours le crayon à la main que je fixe sur le papier mes impressions de
chaque localité que je visite. » {Ibid., p. 12.)
Enfin Coste "se met en route", "embarque sur une germe"6 et déjà se différencie
des voyageurs européens. Il fait aussi "plusieurs courses dans le Caire", accompagné
par Huyot7.
Il faut aller aux carnets pour trouver le terme de "voyage" joint au relevé d'une
bouteille en cuir ouvragé8. De fait, ce cadre sémantique souligne le caractère spé
cialisé, averti, de la relation que Coste établit ou souhaite établir avec le pays
qu'il découvre. Le terme "excursion" revient aussi fréquemment sous sa plume9.
Mais l'on sait qu'à cette époque, l'excursion est à la fois une promenade d'agr
ément et de recherche, et qu'elle permet également de parcourir un pays. Très tôt,
ses/ces excursions lui feront découvrir des sites, avec lesquels il établira dans/par
et avec le dessin une relation plus approfondie. C'est le cas de la ville de Menouf10,
dans la province de Menoufie {ibid., p, 13). Plusieurs dessins seront ensuite réper
toriés entre 1821 et 1822 provenant de cette contrée.
L'Egypte de Coste tient, dans cette relation, en 47 pages, bien vite explorées11.
Fort heureusement Coste, peu bavard, a remis à la ville de Marseille des albums
qui abritent des milliers de dessins. Il compose lui-même ses ensembles et le
mentionne :
« En septembre 1831, pendant mes vacances, je fis une excursion dans le département
du Var [. . .] le résultat de cette excursion m'a permis de faire 90 croquis, pour former
l'album de mon itinéraire dans le Var. » {Ibid, p. 48-52.)
Et puis en 1832 :
« En même temps je me mis à passer à l'encre tous mes croquis faits pendant mes excur
sions au nord de l'Italie et j'en remplis deux albums. » {Ibid., p. 65.)
Le texte des Mémoires résume dix années d'une expérience riche de grands et
de petits faits. On comprend la difficulté du pari. 20 1 Sylviane Leprun

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