Culture architecturale et projet urbain dans les années 30 - article ; n°4 ; vol.32, pg 609-626
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Description

Cahiers du monde russe et soviétique - Année 1991 - Volume 32 - Numéro 4 - Pages 609-626
Alessandro De Magistris, Architectural culture and urban strategies during the I930's.
The years between the end of the twenties and the mid- thirties were marked by a high urban population growth and a worsening of living conditions in the cities. This period saw radical changes in Soviet urban strategies and policies of which Moscow offers a clear example. The processes which had started in the 1920's aimed at the creation of a diversified urban economy; they were replaced with the growing role of the state in town planning and management. At the beginning of the first piatiletka an initial phase of radical egalitarianism was followed by a firm anti-egalitarian practice. This in the context in which there was an intense (albeit brief) theoretical debate and a drastic change of orientation in Soviet architectural and town planning culture. These factors may explain in part the intense link between the approach of urban planners and architects and the social and political objectives of the regime.
Alessandro De Magistris, Culture architecturale et projet urbain dans les années 30.
Au cours des années de mise en route de l'industrialisation forcée, période marquée par une très forte hausse démographique et par une détérioration des conditions de vie dans les villes, de profonds changements eurent lieu sur le plan des stratégies et des politiques urbaines du régime soviétique dont Moscou représentait le laboratoire principal.
A partir des années 40, les processus engagés au cours de la NEP et qui visaient à la création d'une économie urbaine diversifiée, encore en 1929, sont remplacés par un cadre ď « étatisation » croissante des formes d'intervention et de gestion des villes qui accompagne les choix anti-égalilaristes pratiqués par le régime, après une phase d'égalitarisme radical au début du premier plan quinquennal. C'est sur ce fond que s'articulent le débat théorique et le revirement draconien des orientations de la culture architecturale et urbanistique soviétique, axés sur les opérations de reconstruction urbaine des premiers plans quinquennaux. L'ensemble de ces éléments fait apparaître une forte convergence entre culture technique et pouvoir politique, entre le projet de transformation physique et les formes de contrôle social de la ville soviétique.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 26
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Alessandro DeMagistris
Culture architecturale et projet urbain dans les années 30
In: Cahiers du monde russe et soviétique. Vol. 32 N°4. Octobre-Décembre 1991. pp. 609-626.
Citer ce document / Cite this document :
DeMagistris Alessandro. Culture architecturale et projet urbain dans les années 30. In: Cahiers du monde russe et soviétique.
Vol. 32 N°4. Octobre-Décembre 1991. pp. 609-626.
doi : 10.3406/cmr.1991.2300
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cmr_0008-0160_1991_num_32_4_2300Abstract
Alessandro De Magistris, Architectural culture and urban strategies during the I930's.
The years between the end of the twenties and the mid- thirties were marked by a high urban population
growth and a worsening of living conditions in the cities. This period saw radical changes in Soviet
urban strategies and policies of which Moscow offers a clear example. The processes which had started
in the 1920's aimed at the creation of a diversified urban economy; they were replaced with the growing
role of the state in town "planning" and "management". At the beginning of the first piatiletka an initial
phase of radical egalitarianism was followed by a firm anti-egalitarian practice. This in the context in
which there was an intense (albeit brief) theoretical debate and a drastic change of orientation in Soviet
architectural and town planning culture. These factors may explain in part the intense link between the
approach of urban planners and architects and the social and political objectives of the regime.
Résumé
Alessandro De Magistris, Culture architecturale et projet urbain dans les années 30.
Au cours des années de mise en route de l'industrialisation forcée, période marquée par une très forte
hausse démographique et par une détérioration des conditions de vie dans les villes, de profonds
changements eurent lieu sur le plan des stratégies et des politiques urbaines du régime soviétique dont
Moscou représentait le laboratoire principal.
A partir des années 40, les processus engagés au cours de la NEP et qui visaient à la création d'une
économie urbaine diversifiée, encore en 1929, sont remplacés par un cadre ď « étatisation » croissante
des formes d'intervention et de gestion des villes qui accompagne les choix anti-égalilaristes pratiqués
par le régime, après une phase d'égalitarisme radical au début du premier plan quinquennal. C'est sur
ce fond que s'articulent le débat théorique et le revirement draconien des orientations de la culture
architecturale et urbanistique soviétique, axés sur les opérations de reconstruction urbaine des
premiers plans quinquennaux. L'ensemble de ces éléments fait apparaître une forte convergence entre
culture technique et pouvoir politique, entre le projet de transformation physique et les formes de
contrôle social de la ville soviétique.ALESSANDRO DE MAGISTRIS
CULTURE ARCHITECTURALE
ET PROJET URBAIN DANS LES ANNÉES 30
Les années du premier et du deuxième plan quinquennal ont représenté sans doute
l'une des périodes les plus intenses de l'histoire russe et soviétique, ayant peu d'équi
valents dans l'histoire contemporaine. On assistait à un changement qui, comme on
l'ajustement souligné, « s'est produit à des rythmes et avec une violence à couper le
souffle » et s'est traduit par des phénomènes d'une importance et d'une intensité
presque incroyables (et imprévisibles). Au cours d'une période extrêmement brève,
alors que d'immenses installations métallurgiques étaient créées à partir de rien et que
la carte de la géographie économique du pays était redessinée, une grande partie de
l'ancien tissu social - celui qui avait survécu à la vieille société comme celui qui s'était
formé pendant les années 20 dans le cadre de la Nouvelle Politique Économique -
fut détruite et dispersée aux quatre vents.
L'un des traits remarquables de ce phénomène - le plus important pour ce qui est
du territoire - fut l'impact des migrations humaines. Une manifestation typique des
périodes de crise se produisait à nouveau : la Russie devenait un pays de vagabonds,
la Rus' hrodjažnaja. Villes et usines se transformaient en « gares »'. Des millions de
personnes commençaient à errer dans le pays, en envahissant les villes submergées
par le flot incontrôlé des arrivants. C'était là la conséquence de la brutalité d'un pro
cessus de collectivisation et d'industrialisation tellement poussé et soudain qu'il échapp
ait à tout contrôle. La demande de force de travail monta en flèche. Le plein emploi,
prévu par les économistes pour la fin des années 30, fut en fait atteint bien avant et
fit place à une situation de pénurie endémique de main d'œuvre vers 1 930- 1 93 1 . Pen
dant la période qui s'écoule entre la fin des années 20 et la fin des années 30, les villes
connurent une augmentation de leur population de trente millions d'habitants envi
ron, alors que la part de la population urbaine par rapport à la population totale pas
sait de 8 à 33 %2. Les chiffres relatifs à l'évolution démographique d'une série de
centres et de villes, directement touchés par le choc de l'industrialisation forcée dans
la période 1926-1939, dont nous disposons, donnent, à cet égard, une idée encore plus
claire de la situation. Zaporoz'e passa par exemple de 56 000 à 282 000 habitants
(504 %) ; Kujbysev, de 1 76 000 à 390 000 habitants (222 %) ; Sverdlovsk de 140 000
à 423 000 habitants (302 %), etc.3
Cahiers du Monde russe et soviétique, XXXII (4), octobre-décembre 1991. pp. 609-626. 10 ALESS ANDRO DE MAGISTRIS 6
Population
% en milliers d'habitants Ville
1926-1939 1926 1939
273 460 59 Celjabinsk Kazan'
398 222 179
189 497 38 Krivoj Rog
390 222 KujbySev 176
200 1690 3 385 Leningrad
- - 146 Magnitogorsk
2 029 4 183 206 Moscou
120 404 337 Novosibirsk Perm'
120 306 255
302 Sverdlovsk 140 423
151 445 294 Stalingrad
282 504 Zaporoz'e 56
Rien qu'au cours du premier plan quinquennal, les centres urbains accrurent leur
teneur démographique de 44 %, ce qui représente un pourcentage à peu près égal à
celui de la période 1897-1926 ; notamment, les régions de Moscou et Leningrad
accueillirent à elles seules 3,5 millions de nouveaux habitants. Une masse de 4,1 mil
lions de paysans, pendant la seule année 193 1, vint s'agréger à la population urbaine4.
Dans les villes, cet afflux désordonné et incontrôlé provoqua l'effondrement des condi
tions qui s'étaient détériorées depuis longtemps, aboutissant à une situation bien
connue de logements surpeuplés et de carences matérielles en tout genre, car à tout
cela se superposait la débâcle générale des différents secteurs de l'économie municip
ale. Il suffit de rappeler ici le témoignage réaliste d'un observateur allemand, qui écri
vait en 1928, après son retour de l'Union Soviétique :
« En URSS l'administration des villes est incapable de gérer dans de bonnes conditions les
vastes domaines qui lui sont confiés [...] Les villes sont dans un état terrible de dégradat
ion et d'abandon. Les égouts et les conduites d'eau se trouvent dans un état déplorable [. . . J
créant des conditions d'inconfort et de manque d'hygiène total. »
En utilisant presque les mêmes mots, l'architecte E. May, qui avait coordonné l'u
rbanisme de la ville de Francfort pendant les années 20, décrivait son premier contact
brutal avec la soviétique où il arrivait, en 1930, pour contribuer à l'édification
du socialisme :
« Les villes donnaient une impression froide et triste. Les bâtiments étaient laissés dans
un mauvais état | . . . | La pauvreté générale devint encore plus manifeste lorsque nous com
mençâmes à travailler [ . . . J Des familles entières, avec toutes leurs affaires, donnaient par
terre, dans les gares. »5
Les caractères concrets et les implications spatiales, l'amorce d'une transformat
ion anarchique, l'intensité et la rapidité avec lesquelles les événements se succédè
rent dans les concentrations urbaines, ainsi que dans les campagnes, contribuent à
clarifier - en ce qui concerne notre sujet - une série de phénomènes particuliers de
cette période-là. Ils expliquent par exemple la place centrale que les problèmes d

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