Culture et histoire. Les signes de la romanité nîmoise à l époque de la Révolution française. - article ; n°1 ; vol.292, pg 237-258
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Culture et histoire. Les signes de la romanité nîmoise à l'époque de la Révolution française. - article ; n°1 ; vol.292, pg 237-258

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Annales historiques de la Révolution française - Année 1993 - Volume 292 - Numéro 1 - Pages 237-258
Michel Naudin, Culture et histoire. Le signes de la romanité nîmoise à l'époque de la Révolution française.
Pour des motifs utilitaires, les autorités municipales et provinciales furent conduites au xvme siècle à réaménager les innombrables constructions romaines de Nîmes et de ses environs. Il s'ensuivit un considérable intérêt érudit et artistique pour le passé romain de la ville. Des notables fondèrent une académie qui consacra l'essentiel de ses activités à la romanité nîmoise. Celle-ci devint un enjeu idéologique et politique. La Révolution fait pénétrer celle-ci dans les mentalités populaires. L'idée que Nîmes est la Rome française s'épanouit de l'an V à la proclamation de l'Empire.
Michel Naudin, Culture and History. Roman signs from Nîmes during the period of the french revolution.
For utilitarian reasons, the provincial and municipal authorities were lead during the 18th century to reconvert the numerous roman constructions of Nîmes and its surroun- dings. There was then a great erudite and artistic interest for the roman history of the town. An academy was founded by the local worthy to be devoted to the study of roman past of the town. It soon became an ideological and political stake. The revolution allowed the popular mentality to penetrate the Academy. The idea that Nîmes is the french Rome rised from the year V to the proclamation of the Empire.
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Naudin
Culture et histoire. Les signes de la romanité nîmoise à l'époque
de la Révolution française.
In: Annales historiques de la Révolution française. N°292, 1993. pp. 237-258.
Résumé
Michel Naudin, Culture et histoire. Le signes de la romanité nîmoise à l'époque de la Révolution française.
Pour des motifs utilitaires, les autorités municipales et provinciales furent conduites au xvme siècle à réaménager les
innombrables constructions romaines de Nîmes et de ses environs. Il s'ensuivit un considérable intérêt érudit et artistique pour le
passé romain de la ville. Des notables fondèrent une académie qui consacra l'essentiel de ses activités à la romanité nîmoise.
Celle-ci devint un enjeu idéologique et politique. La Révolution fait pénétrer celle-ci dans les mentalités populaires. L'idée que
Nîmes est la Rome française s'épanouit de l'an V à la proclamation de l'Empire.
Abstract
Michel Naudin, Culture and History. Roman signs from Nîmes during the period of the french revolution.
For utilitarian reasons, the provincial and municipal authorities were lead during the 18th century to reconvert the numerous
roman constructions of Nîmes and its surroun- dings. There was then a great erudite and artistic interest for the roman history of
the town. An academy was founded by the local worthy to be devoted to the study of roman past of the town. It soon became an
ideological and political stake. The revolution allowed the popular mentality to penetrate the Academy. The idea that Nîmes is the
french Rome rised from the year V to the proclamation of the Empire.
Citer ce document / Cite this document :
Naudin Michel. Culture et histoire. Les signes de la romanité nîmoise à l'époque de la Révolution française. In: Annales
historiques de la Révolution française. N°292, 1993. pp. 237-258.
doi : 10.3406/ahrf.1993.1562
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1993_num_292_1_1562CULTURE ET HISTOIRE
LES SIGNES DE LA ROMANITÉ NÎMOISE
A L'ÉPOQUE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE
En hommage à Albert Soboul
Albert Soboul intégrait les phénomènes culturels au domaine social.
Cette communication sur la ville qu'il m'avait conseillé d'étudier peu avant
sa disparition lui est dédiée.
Entre les mises au jour des antiques du bassin de la Fontaine et la
seconde édition, en 1804, des Monuments antiques de Clérisseau, le
sentiment de la romanité à Nîmes évolue en profondeur. La romanité est
un ensemble de signes de cette civilisation et leur interprétation par les
habitants. Ces ne sont pas perçus par l'ensemble de la population.
Cette romanité latente, ne devient-elle pas la chose des dominants, leur
façon de se distinguer des dominés ? Nîmes est une grande ville du royaume :
40000 habitants en 1790. Cependant, elle n'est ni capitale administrative,
ni siège de juridiction du premier ordre. Elle est encore moins la ville intel
lectuelle qu'elle prétendait être au XVIIe siècle avec son collège et son
académie. Simple ville manufacturière, elle est le siège d'un présidial. Comme
tout le Sud, elle est régie par le droit romain. Cette Antiquissima Civitas
garde l'empreinte de l'Antiquité : « Les Romains cherchaient des abris,
la vue et les expositions salubres sur le penchant des collines ; la ville moderne
s'est étendue au pied des coteaux et dans une gorge... aussi mal disposée
pour la salubrité que pour la commodité » écrivent Baume et Vincens en
1790 (1).
Les auteurs de la Topographie de la ville de Nîmes posent ici une
problématique originale. Il faut chercher à ressembler aux Romains. C'est
en voulant améliorer l'ordinaire, le prosaïque, que les dirigeants de cette
(1) J.-B. Baumes et J.-C. Vincens, Topographie de la ville de Nîmes et de sa banlieue, Nîmes, 1802,
p. 19. Cet ouvrage a été rédigé à partir de 1790.
Annales Historiques de la Révolution Française — 1993 — N° 2 238 MICHEL NAUDIN
ville du négoce rencontrent le culturel, laissant au second plan les préoccu
pations juridiques. Un dialogue ne s'établit-il pas entre « embellissements »
et culture romaine ? Après une première approche de romanité latente que
Léon Menard révèle à ses compatriotes, succède une période de romanité
rayonnante autour de l'académie et de J.-F. Séguier, qui enfantera une
romanité flamboyante, ébauche de la romanité du XIXe siècle.
I. — Une romanité latente (1740-1758) :
LE RÉVÉLATEUR LÉON MÉNARD
Au milieu du XVIIIe siècle, un juriste de formation Léon Ménard est
le premier à balayer d'un regard authentique historien le passé de la ville.
Il naît en 1703 à Tarascon, fils d'un conseiller au présidial, lui-même auteur
d'un traité sur les antiquités. Léon fait ses études au collège des jésuites
de Lyon ; gradué en droit à l'université de Toulouse, il succède à son père
dans sa charge ; les études de droit et l'héritage paternel le renforcent dans
sa démarche d'antiquisant. S'il ne se distingue pas des autres romanistes
de l'époque comme l'architecte Gauthier, il est cependant le premier dont
on peut qualifier la méthode d'historienne. Il élabore entre 1750 et 1758
une Histoire... de la ville de Nîmes, en six volumes. Après avoir hésité
entre un plan thématique et un plan chronologique, il écarte le premier
— pourtant plus logique — au bénéfice du second, calqué sur celui des
bénédictins Don Devic et Vayssette, historiens du Languedoc. Cependant,
en 1761, il ajoute un septième volume, thématique celui-ci « Dissertations
historiques et critiques sur les antiquités de la ville de Nîmes » (2). Sa
recherche, critiquée par Voltaire pour sa prolixité, est cependant très
complète et pertinente. Dans le septième volume, il laisse apparaître l'exac
titude et la précision de sa réflexion mais aussi son esprit critique, surtout
envers les historiens locaux, ses prédécesseurs. « De toutes les parties que
je traite dans cet ouvrage, celle des Antiques est la moins négligée », écrit-il
modestement, « mais pour donner plus d'ordre à cette partie qui est une
des plus importantes de cet ouvrage, j'en ai séparé les inscriptions qui
forment le sixième et dernier livre » (3). Ainsi apparaît la technique du
choix en fonction de l'importance, la classification, qui est le propre de
l'esprit encyclopédique : les thèmes sont sériés. L'épigraphie, riche des inven
tions des siècles précédents auxquelles s'ajoutent celles de la Fontaine se
détache des autres antiques, déjà étudiés par la littérature. L'histoire se
(2) L. Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nismes, 7 vol., Paris, 1750-
1761, rééd. Lafitte, Marseille, 1975, 7 vol.
(3) Ibid., vol. VII, avertissement; il est nuancé envers Poldo d'ALBENAS, Discours historial..., 1557,
mais qualifie Grasser de superficiel, et Rhulhman de « source de lieux communs », Guiran « d'estimable »
(sans plus), Deyron de « méprisable », les travaux de Gauthier, Fléchier et Maffei « ne sont qu'ébauchés ». CULTURE ET HISTOIRE : SIGNES DE LA ROMANITÉ NÎMOISE 239
dégage de la simple chronique, et Ménard est l'un des précurseurs en la
matière.
« Nîmes est semblable à l'ancienne Rome renfermant dans son enceinte
les plus magnifiques édifices... la barbarie et le trouble des siècles qui ont
précédé le nôtre nous ont privés de ces précieux monuments. » Rome se
définit comme « monumentale », « magnifique », vouée à l'« immort
alité », tandis que s'opposent à elle les siècles obscurs. Or, ceux-ci recou
vrent toute la période qui sépare la cité antique du xvine siècle. En effet,
une véritable renaissance apparaît avec la découverte de la Vénus d'Arles,
fin XVIIe siècle, puis des traces de villes importantes en 1722 à Herculanum
et en 1748 à Pompéi. Entre-temps, les installations romaines de la Fontaine
de Nîmes révèlent la romanité de la ville. Pour éviter aux érudits un fatigant
voyage en Languedoc, Ménard

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