Travaux de la Maison de l'Orient méditerranéen - Année 2000 - Volume 31 - Numéro 1 - Pages 157-162Le thème du colloque « Chypre entre Orient et Occident » nous invite à considérer Chypre comme un entre-deux au regard d'une pratique de la traduction qui jette un pont entre des textes relevant de différentes cultures. En me basant sur les écrits de Walter Benjamin (et le penchant post-structuraliste pour l'historiographie critique de la théorie de la traduction de cet auteur), je proposerai ici de relire une sélection de poètes chypriotes contemporains et j'analyserai leur travail comme une pratique de traduction. J'explorerai les situations révélatrices de l'obsession et du désir de traduction dans des textes culturellement opposés. Mon souci sera de démontrer l'absence, l'insuffisance, le refoulement ou au contraire la conscience d'une asymétrie ou d'une différence culturelle à l'œuvre, dans l'intention du discours traduit par la poétique et dans celle du traducteur du poète. Je me concentrerai sur des poèmes de Andriana Terodiaconou, Niki Marangou et Nasa Patapiou et j'examinerai la manière dont la traductibilité (conjonction du passé et du présent, du soi et de l'autre) est déterminée par l'intention de postérité (d'une vie au-delà) ou par l'adjonction d'un supplément au signifiant. J'examinerai ensuite la manière dont ceci peut être envisagé comme un besoin d'intervention sur – ou de rupture avec – une histoire totalisante ou mortifiante. Enfin, je montrerai brièvement comment dans ma propre traduction de poèmes grecs en anglais (traduction s'exerçant sur une traduction), j'explore de nouvelles stratégies d'intervention pour transposer l'intention du texte grec dans un autre système culturel. 6 pages Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.