De Gaulle, l Amérique et l alliance atlantique. Une relecture de la crise de 1966 - article ; n°1 ; vol.43, pg 55-68
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De Gaulle, l'Amérique et l'alliance atlantique. Une relecture de la crise de 1966 - article ; n°1 ; vol.43, pg 55-68

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Description

Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 1994 - Volume 43 - Numéro 1 - Pages 55-68
De Gaulle, America and the Atlantic Alliance, Frédéric Bozo.
The American archives show that the 1966 crisis of the Atlantic Alliance did not have the effects too often presented. General de Gaulle's outburst was the end of a process wich clarified the relations between the two disunited allies, France and the United States, and paradoxically reinforced the cohesion of NATO.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Frédéric Bozo
De Gaulle, l'Amérique et l'alliance atlantique. Une relecture de la
crise de 1966
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°43, juillet-septembre 1994. pp. 55-68.
Abstract
De Gaulle, America and the Atlantic Alliance, Frédéric Bozo.
The American archives show that the 1966 crisis of the Atlantic Alliance did not have the effects too often presented. General de
Gaulle's outburst was the end of a process wich clarified the relations between the two disunited allies, France and the United
States, and paradoxically reinforced the cohesion of NATO.
Citer ce document / Cite this document :
Bozo Frédéric. De Gaulle, l'Amérique et l'alliance atlantique. Une relecture de la crise de 1966. In: Vingtième Siècle. Revue
d'histoire. N°43, juillet-septembre 1994. pp. 55-68.
doi : 10.3406/xxs.1994.3063
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_1994_num_43_1_3063DE GAULLE, L'AMERIQUE ET
L'ALLIANCE ATLANTIQUE
UNE RELECTURE DE LA CRISE DE 1966
Frédéric Bozo
Loin d'être «un coup de tonnerre Or, avec la fin de la guerre froide, le
dans un ciel serein», la crise franco- moment d'une relecture de cet épisode
américaine de 1966 révèle les concept important de l'histoire des relations
ions rivales que les deux alliés se font franco-américaines, et plus généralement
de leur place respective au sein de des relations transatlantiques, est arrivé:
l'Alliance atlantique. Mais au lieu d'abord, parce que les archives commenc
d'affaiblir l'OTAN, cette crise renforce ent à être disponibles ; et ensuite, parce
la solidité des liens Ouest-Ouest. Tels les enjeux politiques qui le sous-tendent
sont les enseignements paradoxaux que sont en train de s'estomper. Du coup, la
Frédéric Bozo tire de son examen perspective change: la politique gaul
attentif des archives américaines et lienne précipite la crise de l'Alliance plu
françaises. tôt qu'elle ne la provoque ; elle ne conduit
pas à une rupture entre la France et
l'Alliance mais permet une redéfinition Le 7 mars 1966, le général de Gaulle
nécessaire des rapports France-OTAN; annonce au président Johnson que
enfin, elle donne par contre-coup aux «la France se propose de recouvrer
États-Unis l'occasion de rétablir leur leasur son territoire l'entier exercice de sa
dership atlantique et de relancer l'Alliance. souveraineté ... de cesser sa participation
aux commandements intégrés et de ne
plus mettre de forces à la disposition de O LA CRISE DE L'ALLIANCE
l'OTAN». Ainsi se noue l'une des grandes ET LA POLITIQUE GAULLIENNE
crises de l'histoire de l'Alliance atlantique.
Depuis de nombreuses années déjà, Depuis lors, les interprétations «gaulliste»
l'Alliance atlantique est aux prises avec ou «atlantiste» de l'événement se rejo
des difficultés politiques et stratégiques ignent paradoxalement. Pour l'une, de
qui menacent sa cohésion. Et ces Gaulle restaure la souveraineté française,
«malentendus transatlantiques»1 forment pour l'autre, il mène une politique de gran
un contexte indissociable de la politique deur. Pour l'une, il rompt avec l'OTAN,
gaullienne. pour l'autre il compromet la défense occi
dentale. Pour l'une, enfin, l'Alliance n'était
1. Titre fiançais de l'ouvrage d'Henry Kissinger, The troubled pas réformable, pour l'autre, la vision partnership : a reappraisal of the Atlantic Alliance, New York,
McGraw HiU, 1965. gaullienne de celle-ci n'était pas acceptable.
55 Les malentendus transatlantiques Gaulle), crise dont l'impact est considér
able, se caractérise de plus en plus par Dès janvier 1958 (avant donc le retour
la recherche d'une certaine autonomie au de De Gaulle), l'un des meilleurs obser
sein de l'ensemble atlantique, particulivateurs français relève qu'il « est aujourd'hui
èrement grâce à l'effort nucléaire. Une courant de parler de crise atlantique»1.
orientation stimulée par les malentendus Une crise dont les origines profondes sont
franco-américains et par le redressement à rechercher dans la transformation des
économique du pays mais qui, à la fin de rapports de force qui sous-tendent le sy
la Quatrième République,demeure obérée stème international, et tout d'abord dans
par l'hypothèque algérienne et par l'insla dimension Est-Ouest. À la fin des
tabilité du régime2. années 1950, les États-Unis paraissent en
Avec les années I960, l'Alliance entre perte de vitesse par rapport à l'URSS. Le
dans une phase de remise en question lancement du Spoutnik, à l'automne 1957, laquelle la France joue un rôle actif est un coup dur pour l'Amérique. Au-delà
mais non exclusif. Une phase dont la prode l'exploit technologique, il suggère que
blématique tourne autour de la question l'Union soviétique dispose désormais de
du partage des responsabilités entre Eurol'avantage stratégique. Du même coup, il
péens et Américains. Les premiers souspose directement la question du leader
crivent pour l'essentiel au constat que fait ship américain aux yeux d'Européens
en 1962 l'un des meilleurs stratèges franinquiets quant à la capacité des Améri
çais, le général Beaufre : si «les États-Unis cains à les défendre.
demeurent, et de loin, la puissance miliParallèlement, les rapports de force Ouest-
taire principale», le relèvement du Vieux Ouest, autrement dit euro-américains, se
Continent « déplace nettement le centre de transforment également. La relance de la
gravité des potentiels», ce qui «pourrait construction européenne en 1957 consa
justifier un système plus équilibré entre cre le relèvement économique des Euro
l'Europe et les États-Unis pour l'élaborapéens de l'Ouest, particulièrement des
tion des décisions et la répartition des Six, tandis que leur réveil politique se des
commandements»3. Quant aux seconds, sine en filigrane. Or la prise de conscience
ils reconnaissent, comme Walt Rostow, de la nécessaire unité européenne va
l'un des cerveaux stratégiques de l'adminaturellement de pair avec les interroga
nistration Kennedy puis Johnson, que, à tions sur les relations transatlantiques et
long terme, «l'association entre l'Europe affecte par là même la logique de
et l'Amérique » pourrait devenir «une assol'Alliance.
ciation entre égaux, sans protecteur ni C'est dans ce contexte d'ensemble que
protégé» et que l'Amérique a «intérêt à prend place une évolution nationale, celle
faciliter cette évolution». Mais ils jugent de la France, qui participe également de
aussi que «dans la période de transition», cette modification des rapports de force
les États-Unis « doivent s'acquitter du rôle entre Occidentaux. Car la politique fran
çaise de sécurité, surtout après la crise de
Suez (et avant même le retour de De
2. Sur cet aspect, voir les travaux de Maurice Vaïsse et,
notamment (avec Jean Doise), Diplomatie et outil militaire,
1871-1969, Paris, Imprimerie nationale, 1987. Sur l'effort
1. Jacques Veinant, • Les deux aspects de la crise atlantique >, nudéaire de la Quatrième République, du même, -Le choix
Revue de Défense nationale, janvier 1958, p. 162-167. Sur l'évo atomique de la France (1945-1958)«, Vingtième siècle, Revue
lution d'ensemble de l'Alliance atlantique, cf. Pierre Mélandri, d'histoire, octobre-décembre 1992, p. 21-30; et Domini
L'Alliance atlantique, Paris, Gaflimard/Julliard, 1979 (coll. que Mongin, «La genèse de l'armement nucléaire français», • Archives •). Voir également la synthèse d'Alfred Grosser, Les thèse, Université Paris I, 1991.
Occidentaux. Les pays d'Europe et les États-Unis, Paris, Fayard, 3. Général Beaufre, -OTAN début 1962 ., Revue de Défense
1978. nationale, février 1962, p. 226-237.
56 Les dilemmes nucléaires nation guide que l'histoire leur a de
dévolu»1. Mais ces dernières sont également
À partir de 1964 environ, la crise mont menacées du point de vue stratégique.
ante au sein de l'Alliance devient pour Certes, les États-Unis sont, depuis l'origine,
ainsi dire existentielle. Deux éléments confrontés à un dilemme nucléaire4:
nouveaux dans le jeu international, l'un comment garantir la s

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