De la révolution à la restauration, Boissy D Anglas, itinéraire d un grand notable libéral en phase de transition  - article ; n°1 ; vol.298, pg 733-743
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De la révolution à la restauration, Boissy D'Anglas, itinéraire d'un grand notable libéral en phase de transition - article ; n°1 ; vol.298, pg 733-743

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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1994 - Volume 298 - Numéro 1 - Pages 733-743
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 36
Langue Français

Extrait

Christine Le Bozec
De la révolution à la restauration, Boissy D'Anglas, itinéraire
d'un grand notable libéral en phase de transition
In: Annales historiques de la Révolution française. N°298, 1994. pp. 733-743.
Citer ce document / Cite this document :
Le Bozec Christine. De la révolution à la restauration, Boissy D'Anglas, itinéraire d'un grand notable libéral en phase de
transition . In: Annales historiques de la Révolution française. N°298, 1994. pp. 733-743.
doi : 10.3406/ahrf.1994.3411
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1994_num_298_1_3411CHRISTINE LE BOZEC
DE LA RÉVOLUTION À LA RESTAURATION,
BOISSY D'ANGLAS,
ITINÉRAIRE D'UN GRAND NOTABLE LIBÉRAL
EN PHASE DE TRANSITION
Lorsque, en accord avec M. Mazauric, notre directeur de travaux,
le choix du thème de cette recherche fut définitivement arrêté, notre surprise,
notre étonnement vinrent d'une première constatation : F. -A. Boissy
d'Anglas, politiquement présent pendant toutes les riches années qui
s'étendent de 1788 à 1826 n'avait que très peu retenu l'attention des histo
riens. De courtes monographies, quelques brefs articles très pointus et tous
majoritairement antérieurs à 1930 constituaient l'essentiel des travaux sur
le personnage. Aucune biographie, même modeste, ne lui avait été consacrée
alors qu'il en existe des centaines, voire des milliers sur tel et tel de ses
contemporains, bien moins présents que lui dans notre histoire. Au surplus,
ces courtes études, parfois accompagnées de quelques données biographiques
originales, se recopient les unes les autres. Enfin, elles se résument en subs
tance au topos suivant : « Boissy d'Anglas (F. -A.), né en 1756, avocat
ardéchois, constituant, conventionnel et thermidorien, propose le décret
de ventôse an II, participe à la rédaction de la Constitution de l'an III,
proscrit en fructidor an V, se rallie après brumaire puis, pendant la restau
ration des Bourbons, fait une brillante carrière jusqu'à sa mort en 1826. »
Au fil des études, y est décrit un Boissy-poète, un Boissy-historien, un
Boissy-protestant, un Boissy-politicien, enfin le Boissy-plume au vent ! Mais
le personnage Boissy demeure, dans son épaisseur d'homme politique, dans
le flou historique, un homme sans continuité.
En revanche, Boissy faisait de fréquentes apparitions quoique toujours
furtives dans tous les ouvrages généraux sur la Révolution française. Que
nous livrait donc l'historiographie? Une image négative tellement prégnante
et répétitive qu'elle finit par devenir un cliché. Nous avons pu constater SOUTENANCE DE THÈSE 734
que sur cent quatre ouvrages de référence incontestés, soixante-dix, soit
les deux tiers, nous livrent une image totalement dépréciative. Lorsque
le nom de Boissy est cité, parfois accompagné d'un court extrait de discours
ou d'intervention dans une assemblée, de lettre ou de l'un de ses ouvrages,
l'image renvoyée est toujours celle d'un homme calculateur, antipathique,
un cynique opportuniste, réacteur ou contre-révolutionnaire, ici royaliste
masqué, là carriériste et intéressé, rallié perpétuel et véritable girouette
politique, selon les besoins d'une démonstration à géométrie variable. Depuis
la Vulgate des Pères fondateurs que furent Thiers et Mignet, en passant
par des travaux à thématique romantique, des histoires d'inspiration néo-
babouviste ou communiste, les études de sensibilité républicaine, robes-
pierriste, montagnarde ou catholique militante, enfin dans des ouvrages
plus conformes aux règles de l'histoire méthodique ou positiviste, la même
hostilité transparaît. Quant à universitaire dont Aulard fut
l'initiateur dès la fin du XIXe siècle, elle a continué à ne guère l'épargner.
Malgré de rares citations positives qui, pour la majorité d'entre elles
viennent sous des plumes contemporaines et des amis politiques comme
Lacretelle ou Montgaillard, le cliché est solide. Signalons enfin la manière
choisie par quelques historiens : Boissy n'est pas jugé, il est constaté. Ainsi
de Guizot dans son ouvrage qui appartient à l'histoire savante du
XIXe siècle. Mais c'est aussi le cas d'historiens universitaires du XXe siècle
qui ont voulu se montrer prudents comme Jaurès, Thiry, Ponteil et plus
récemment Claude Mazauric et Michel Vovelle. Mais ces jugements positifs
ou cette simple constatation d'un personnage n'effacent guère les traits
dominants de l'image négative historiographique.
Nous avons constaté ensuite, et ce fut notre deuxième étonnement,
que proportionnellement, les mémorialistes contemporains qui le citaient
l'ont moins maltraité que les historiens : la moitié de ces écrits était plutôt
flatteuse, une part égale de ces textes est réellement louangeuse, tendant
souvent à l'encensement, l'autre partie parfois plus réservée ; le ton adopté
est alors celui d'une comprehensive bienveillance qui se réduit souvent
d'ailleurs à évoquer l'homme de prairial et lui seulement. Mais la bien
veillance, voire la neutralité, de ces quelques auteurs parmi ses contempor
ains, n'entament guère l'image impressionniste antipathique du personnage
que projette donc massivement l'historiographie. Je me suis interrogée sur
ce fait : Boissy ne serait-il qu'un faire-valoir négatif? Nous avons ensuite
remarqué, et ce fut notre troisième surprise, une contradiction totale
apportée à ce cliché par les rares études locales dont le contenu est généra
lement favorable à Boissy. Alors, sympathie d'Ardéchois pour le héros
local, apologie du protestant Boissy par des coreligionnaires? Même si
cette image ici positive nuance celle présentée par l'historiographie nationale,
elle demeure quantativement trop peu développée pour tempérer réellement
les reproches dont est chargé Boissy. Une vie qui fleure la trahison, l'intérêt SOUTENANCE DE THÈSE 735
personnel, un être bien souvent méprisé dont le nom est régulièrement associé
aux grands opportunistes de l'histoire : Talleyrand, Barras, Fouché et
Tallien, un être peu recommandable qui ne recule devant rien, un fourbe
qui renie les engagements généraux de sa jeunesse de constituant pour
toujours se maintenir proche du pouvoir.
En résumé, l'historiographie nous a fourni un cliché qui, comme l'a
expliqué M. Reinhard dans ses travaux sur Carnot, souvent figé dans des
images et ceci par accumulation linéaire des actes de la carrière, des
honneurs, des réussites, voire des échecs sans nous conduire à l'individu,
à l'acteur lui-même.
C'est la raison pour laquelle nous avons pris le parti assez austère
de nous en tenir à une reconstitution fondée sur des sources et sur elles
strictement. Elles nous ont étonnée, soit parce qu'elles entraient en contra
diction avec l'historiographie, soit par leur mutisme ou leur mutité sur
certains événements évoqués dans les livres. Et, ce sont ces silences, ces
sauts, ces discontinuités, ces béances, ces contradictions que nous avons
voulu interroger pour construire notre personnage pour le retourner sous
tous les angles, je cite ici Michel Vovelle dans « De la biographie à l'étude
de cas ». Dès ce moment le projet central de ce travail devint celui d'une
rectification de l'image par une confrontation du récit concret avec les
sources découvertes. Ce n'est pas d'une autre manière que nous avons pensé
pouvoir découvrir le rapport au monde de notre homme puisque la quoti
dienneté de sa vie nous échappait ainsi que l'être de chair et de sang qu'il
fut pendant soixante-dix ans. De fait, en raison des sources dont nous
disposions, nous ne risquions pas de choir dans le piège que dénonça Paul
Valéry, nous n'avons pas eu à décompter, je cite, les chaussettes, les
maîtresses, les niaiseries de notre sujet car les sources se sont très vite mont
rées plus que lacunaires, indigentes en ce qui concernait la sphère du privé.
Et, quant à notre recherche, les moyens d'approche qu'elles nous ont autor
isés, résidaient essentiellement dans les discours de Boissy, que ces derniers
soient parlementaires, politiques ou de circonsta

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