De la sylve aux plantations d eucalyptus, 25 ans de gestion forestière en Indonésie (1967-1992) - article ; n°1 ; vol.46, pg 191-217
28 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

De la sylve aux plantations d'eucalyptus, 25 ans de gestion forestière en Indonésie (1967-1992) - article ; n°1 ; vol.46, pg 191-217

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
28 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Archipel - Année 1993 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 191-217
27 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Frédéric Durand
De la sylve aux plantations d'eucalyptus, 25 ans de gestion
forestière en Indonésie (1967-1992)
In: Archipel. Volume 46, 1993. pp. 191-217.
Citer ce document / Cite this document :
Durand Frédéric. De la sylve aux plantations d'eucalyptus, 25 ans de gestion forestière en Indonésie (1967-1992). In: Archipel.
Volume 46, 1993. pp. 191-217.
doi : 10.3406/arch.1993.2948
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1993_num_46_1_2948Frédéric DURAND
De la sylve aux plantations d'eucalyptus,
25 ans de gestion forestière en Indonésie
(1967-1992)
Les forêts occupent une place majeure en Indonésie. Tout d'abord sur le plan
administratif puisque 144 millions d'hectares, soit les trois quarts du pays, sont
placés sous la juridiction du ministère des Forêts; mais aussi économiquement,
puisque les produits forestiers ont permis la formation d'un secteur industriel
important et constituaient, en 1989, le deuxième poste d'exportation du pays
avec 3,4 milliards de dollars, derrière le pétrole (6 milliards de dollars).
Ces résultats sont les fruits d'une politique volontariste, dont on trouve les
prémices pendant la «Démocratie dirigée», au début des années 1960, mais qui a
pris toute son ampleur au cours des années qui ont suivi l'émergence de 1' «Ordre
nouveau». Ils constituent l'un des exemples les plus marquants de la politique de
développement économique et d'exploitation des ressources naturelles qui a été
menée sous les mandats successifs du président Suharto.
La mise en valeur de ces forêts n'a toutefois pas été réalisée sans heurt.
L'Archipel a certes réussi à devenir le premier exportateur de grumes puis de
contreplaqué de bois tropicaux avec 70% du marché mondial, mais cela au prix
de décisions dont les conséquences, parfois graves, risquent d'hypothéquer à
terme le «décollage» économique annoncé par le régime.
En effet, le ministère des Forêts, comme la majorité des forestiers internatio
naux, considère avant tout les espaces boisés comme une source de bois d' œuvre
et néglige le fait qu'ils constituent également une réserve foncière indispensable
pour dégager de nouvelles terres agricoles, une garantie de la protection des sols
et de l'équilibre hydrologique régional, des aires de conservation de la faune et
de la flore, sans oublier une source de produits non-ligneux et un habitat pour 192 Frédéric Durand
certaines populations. En Indonésie, comme dans la plupart des pays producteurs
de bois, l'ensemble de ces fonctions a été relégué au deuxième plan, et si le rôle
de réserve foncière des espaces forestiers continue à se manifester à travers des
programmes gouvernementaux ou des défrichements spontanés, c'est la plupart
du temps sans liaison rationnelle avec la politique d'exploitation du bois. De
cette absence de planification globale, dont les racines sont à chercher dans les
politiques coloniales, découle une part importante des problèmes que le pays
commence à rencontrer.
Quand la forêt était riche en essences précieuses
Bien avant l'arrivée des Européens en Asie du Sud-Est, les forêts de l'archi
pel indonésien étaient exploitées, mais les produits recherchés, notamment par
les marchands indiens, chinois ou arabes, étaient avant tout des bois durs ou pré
cieux comme le teck, les bois de fer, le camphre ou le bois de santal, ainsi que
des gommes, résines et produits aromatiques récoltés sur les arbres.
Les Hollandais ne prêtèrent guère plus d'attention à l'immense réserve de
bois que constituaient les forêts des milliers d'îles de leur colonie des Indes
orientales et s'occupèrent essentiellement de celles de Java, riches en teck.
Certes, une exploitation se développa à partir de 1850 dans les îles Riau/Bengka-
lis au large de Sumatra et, au début du XXe siècle, à Kalimantan, mais ce fut sur
tout à l'initiative d'entrepreneurs privés et souvent étrangers, notamment de Chi
nois de Singapour et de Japonais W. Le premier forestier hors Java ne fut nommé
qu'en 1910, alors que les services forestiers comptaient déjà plus de mille fonc
tionnaires, encore est-ce dans l'île de Muna (Sulawesi Sud-Est), où une format
ion de teck de quelques milliers d'hectares avait été découverte &\ L'exploita
tion de la forêt des «îles extérieures» ainsi amorcée resta déficitaire pour le gou
vernement, même si certains exploitants privés parvinrent à faire de substantiels
bénéfices en utilisant des méthodes relativement prédatrices (3\ II y eut jusqu'à
trente forestiers hors Java en 1930, mais le contre-coup de la crise de 1929
amena une réduction des activités.
En 1938, à la fin de la période coloniale, les forêts jouaient un rôle important
dans l'économie locale, mais elles contribuaient seulement à 1,4% des exporta
tions des Indes Néerlandaises, dont près de 58% provenaient de produits dits
«mineurs», tels le rotin, le benjoin, le copal ou le damar. Après quelques années
de guerre, entre 1942 et 1945, au cours desquelles les forêts furent brièvement
mais intensément sollicitées pour fournir la marine japonaise, la production de
bois allait stagner. En 1952, l'ensemble des produits forestiers correspondait à
0,85% des recettes d'exportation, dont un tiers seulement était issu du bois.
D'ailleurs, au milieu des années 1950, la valeur du bois des forêts indonésiennes
était encore un sujet controversé. Certains affirmaient qu'il y avait plus de 120
millions d'hectares exploitables hors de Java, dont 70 millions pour les seules
îles de Sumatra et Kalimantan, d'autres étaient nettement moins optimistes et
considéraient que seuls 5 millions d'hectares pouvaient réellement être exploités
sur l'ensemble des «îles extérieures» W. L'histoire allait montrer que les pre
miers étaient les plus près de la vérité.
Quelques tentatives de mise en valeur eurent lieu sous la présidence de ans de gestion forestière 193 25
Sukarno qui se traduisirent souvent par une réduction des droits des populations.
En 1957, par exemple, dans le cadre de l'instauration de l'état d'urgence, des
pouvoirs étendus furent confiés à l'armée, et la gestion des forêts des commun
autés locales fut confiée aux provinces (5). A partir de 1961, une exploitation du
bois était envisagée hors Java, avec la création d'entreprises forestières d'Etat (6)
mais seulement sur une superficie de 420 000 hectares, principalement à Kali
mantan Est. Preuve de l'intérêt qui commençait néanmoins à être porté à cette
ressource, la forêt, qui avait dépendu jusqu'en juillet 1964 du ministère de
l'Agriculture, devenait un ministère à part entière avec à sa tête Soedjarwo. Ce
dernier s'était fait remarquer pendant la guerre d'indépendance comme command
ant du Wanara (7) et comme chef du service forestier de la région de Yogyakar-
ta, où s'était installé le gouvernement républicain de Sukarno entre 1946 et 1949.
Dans son programme de travail défini en décembre 1964, il envisagea une
exploitation plus importante du bois (8\ mais les événements de 1965 portèrent
un coup d'arrêt momentané à ces projets.
Une prise de contrôle militaire
La première décision de 1' «Ordre nouveau» dans le domaine forestier survint
en juillet 1966, dix mois après le coup d'Etat du 30 septembre 1965 et quatre
mois après l'obtention de «Supersemar» par Suharto (9). Dans le cadre du cabinet
«Ampera», le général Suharto, qui avait pris la tête d'un praesidium, replaça les
forêts sous la tutelle du ministère de l'Agriculture, qu'il confia au major général
Sutjipto. Juriste de formation, Sutjipto avait servi dans la division Diponegoro
sous les ordres du nouvel homme fort du pays, avant de devenir chef de la sec
tion politique du KOTI (10\ puis créateur du «Front d'action pour mettre en
échec le mouvement contre-révolutionnaire du 30 septembre».
La première décision de ce militaire fut de demander que ne soit organisé ni
réunion, ni séminaire dans son ministè

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents