Decumani. Note sur l organisation des sociétés publicaines sous la république - article ; n°1 ; vol.25, pg 401-442
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Description

Mélanges d'archéologie et d'histoire - Année 1905 - Volume 25 - Numéro 1 - Pages 401-442
42 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1905
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jérôme Carcopino
Decumani. Note sur l'organisation des sociétés publicaines sous
la république
In: Mélanges d'archéologie et d'histoire T. 25, 1905. pp. 401-442.
Citer ce document / Cite this document :
Carcopino Jérôme. Decumani. Note sur l'organisation des sociétés publicaines sous la république. In: Mélanges d'archéologie
et d'histoire T. 25, 1905. pp. 401-442.
doi : 10.3406/mefr.1905.6906
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-4874_1905_num_25_1_6906« DECUMANI »
NOTE SUR L'ORGANISATION DES SOCIÉTÉS PUBLICÀ1NES
SOUS LA RÉPUBLIQUE
Cicéron nous parle dans le discours de praetura Siciliensi
(Vcrrines, Action II, Livre II) d'une société publicaine qui avait
des intérêts en Sicile et à laquelle \rerrès eut affaire. Préteur
et financiers avaient commencé par se disputer les bénéfices de
l'exploitation des provinciaux ; puis ils s'étaient associés au lieu
de se combattre et avaient partagé un gain accru par leur col
laboration précise et méthodique. Au temps de la discorde les
publicains avaient re(;u des lettres compromettantes pour le pré
teur; au nom de l'entente Verres, qui redoutait l'éclat d'une
divulgation, et qui sentait tout ce qu'elle aurait eu de dange
" donna à un de ses reux pour lui à la veille de son procès,
amis, alors directeur de la société, la mission de soigneusement
veiller et pourvoir à ce qu'il n'y eût rien dans les lettres des
sociétaires, qu'on pût faire valoir contre sa tète ou sa reputa-
tion „ . Iste . . . dat amico suo ctiidani negotium qui turn magister
erat ejus societatis ut diligenter caverei atque prospiceret ne
quid esset in litteris sociorum quod contra caput suum aut exi-
stimationem valere posset (1). En conséquence, le directeur,
ayant éloigné la foule des sociétaires, convoque les decumani,
leur expose l'affaire. Ils délibèrent et décident que les lettres
dont la réputation de C. Verres pourrait souffrir seront mises
(1) Cic, Verr., II, II, 71, 173. « DECUMANI » 402
à l'écart et qu'on fera diligence pour empêcher cette affaire de
porter préjudice à C. Verres. It ague ille multitudine socionim
remota decumanos convocai, rem defert. Statuunt Uli atque de-
cernunt ut eae litterae quibus existimatio C. Verris laederetur
removerentur operaque daretur ne ea res C. Verri fraudi esse
posset. Ainsi, résume Cicéron, les decumani, c'est-à-dire les pre
miers et en quelque sorte les sénateurs des publicains, ont été
d'avis de soustraire la correspondance à la publicité. Decumani,
hoc est principes et quasi senatores publicanorum, removentfas
de medio litteras censuerunt (1). Ce passage nous fournit de
précieuses indications sur l'organisation intérieure des sociétés
publicaines. Mais encore est-il nécessaire, si l'on veut les en
dégager, de ne point se méprendre sur la valeur qu'y prend le
terme decumani, d'écarter les analogies superficielles qui ont
jusqu'ici faussé l'interprétation de ce mot, et de l'expliquer en
tenant compte non seulement de son contexte prochain, mais
de la réalité même que les autres livres des Verrines nous font
connaître. C'est ce que nous voudrions tenter ici.
I. En fait, ces decumani sont étrangers aux dîmes fru-
mentaires de Sicile.
Qu'on se réfère à des ouvrages d'ensemble comme le Man
uel de Marquardt (2), à des articles généraux celui de
M. Liebenam (3), ou à des études plus spéciales comme le livre de
(1) Cic, Verr., II, II, 71, 175. Le même fait est rappelé dans les
mômes termes. Cic, Yerr., II, JII, 71, 166: « Litter is eorum? Decreto
decumanorum remotae sunt».
(2) Marquardt, De l'organisation financière cfwz les Iiomains (trad.
Vigie) 1 vol. in-8°, Paris 1888, t. X du Manuel Mommsen Marquardt
(trad, franc.) p. 382.
(P>) Liebenam, v° Decvmae, dans la Heal F/aryclopääie de Paulj7-
Wissowa, IV, 2, 2310. « DECUMANI » 403
M. Deloume (1), on est toujours renvoyé au passage précité et les
decumani qu'il mentionne y sont invariablement assimilés aux
fermiers des dîmes frumentaires (2). Aussi bien une première lec
ture des Verrines semble-t-elle imposer l'identification. Si, en effet,
au livre II de la seconde action, il n'est question des decumani
qu'incidemment, presque tout le livre III est consacré aux fermiers
des dîmes du blé et de l'orge ; le discours de re frumentaria a pré
cisément pour but d'établir les exactions qu'ils ont commises, et à
chaque page (3) apparaissent des decumani, plus ou moins grotes
ques, plus ou moins odieux, à la fois complices et agents du préteur,
violant avec son assentiment les dispositions tutélaires de la lex
Hieronica, pressurant pour leur compte et pour le sien les mal
heureux cultivateurs de Sicile. En même temps que leur nom —
decumani — reviennent souvent les expressions d'ager decuma-
nus (4), territoire soumis aux dîmes frumentaires; de crimen decu-
manum (5), accusation pour le fait des dîmes ; de frumentum decu-
manurn (<>), grain des dîmes. Il était donc naturel qu'on admît,
de prime abord, et en présence de textes aussi clairs et aussi
nombreux, qu'il s'agissait également des dîmes frumentaires dans
le discours de praetura Sidliensi, et que les decumani du livre II
(1) Deloume, Les Manieurs d'Argent a Rome, 2òme éd., 1 vol. in-8û.
Paris, 1802, p. 264 et passim.
(2) Chose curieuse, les decumani ont échappé à l'attention de
M. Kniep (Societas Publicanorum, 1 vol. in -8°, Jena, 1896). Il a tiré
un excellent parti du chapitre 70 du livre II (p. 13 et 14), mais il a
entièrement passé sous silence le chapitre 71 (cf. le Stellen-Verzeichnis,
p. 497).
(3) Cf. la longue liste des références citées per Merguet, Lexicon
zu den Heden Cicevos, II, 36-37.
(4) Cic, Verr., II, III, 6, 13; 18, 45; 42, 100; 43, 103 etc.
(5) Cic, II, III, 62, 142; 66, 154 etc.
(6) Cic, Verr., II, III, 5, 12; 19, 48; 70, 163 etc. A noter aussi
l'expression de mulier decumana employée pour désigner Pipa, maî
tresse de Verres et femme légitime d'Aeschrio décimateur de la dîme
d'Herbita (Cic, Verr., II, III, 33, 77 et 81, 79).
ìléianyes d'Ardi, et Wllist. 1905. 27 « DECUMANI » 404
étaient, corame ceux du livre III, des fermiers de ces dîmes. Mais
à examiner ces textes de plus près, l'opinion nous a paru moins
probable, et au fur et à mesure qu'on avance dans l'étude du
régime fiscal de la Sicile sous la République Romaine, on com
prend mieux l'impossibilité de l'assimilation.
La société publicaine du livre TI, composée de membres de
l'ordre équestre (1), et fermière de la scriptura et du portorium
de Sicile (2), n'a fait valoir ni directement ni indirectement, ni
en totalité comme semble le vouloir M. Deloume (3), ni en partie
comme le suppose Belot dans son beau livre sur les chevaliers
romains (4), la ferme des dîmes frumentaires siciliennes. On peut
bien lire et relire les Verrines, annoter spécialement le livre ΙΠ
de la seconde action ; pas une fois on ne rencontrera la men-
(1) Cf. Cic, Verr., II, II, 71, 174: « At quorum, judicio condemna-
tum ! Nempe eorum , quos ii, qui severiora jvdicia desiderant, arbi-
irantur res judicare oportere » et ibid., 175 : « Habeo ex Us qui affue-
runt, quos producam,, homines honestissimos ac locupletissimos ipsos
principes equestris ordinis . . .».
(2) Cic, Verr., TI, II, 70, 171 : « Portum autem et scripturam
eadem, societas habebat ».
(3) C'est du moins ce qui semble résulter de son argumentation
singulièrement trouble et inconsistante. M. Deloume s'appuie unique
ment sur le passage du livre II et sur les explications erronées qu'il
en donne : a) il suppose que la scène racontée par Cicéron a eu lieu
en Sicile (cf. op. cit., p. 265: Rappelons-nous que nous sommes en
Sicile et non a Home) alors que de toute évidence elle s'est passée
à Rome, b) Après avoir consacré tout un chapitre à distinguer — très
heureusement du reste — les sodi des participes (ibid., p. 121 et 122)
il écrit (p. 264) : «Non assurément, redirons-nous, ces sodi ne sont
pas des associés ordinaires. Que sont-ils donc? Nous répondrons sans
hésiter que ce sont ces participes...», c) II recrute cette compagnie
publicaine parmi les provinciau

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