Deux documents d archives relatifs au commerce de Djerba et de Sfax avec l Egypte au début du XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.39, pg 189-199
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Deux documents d'archives relatifs au commerce de Djerba et de Sfax avec l'Egypte au début du XIXe siècle - article ; n°1 ; vol.39, pg 189-199

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Description

Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée - Année 1985 - Volume 39 - Numéro 1 - Pages 189-199
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 40
Langue Français

Extrait

Ali Zouari
Deux documents d'archives relatifs au commerce de Djerba et
de Sfax avec l'Egypte au début du XIXe siècle
In: Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°39, 1985. pp. 189-199.
Citer ce document / Cite this document :
Zouari Ali. Deux documents d'archives relatifs au commerce de Djerba et de Sfax avec l'Egypte au début du XIXe siècle. In:
Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, N°39, 1985. pp. 189-199.
doi : 10.3406/remmm.1985.2074
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0035-1474_1985_num_39_1_207439, 1985-1 R.O.M.M.,
DEUX DOCUMENTS D'ARCHIVES
RELATIFS AU COMMERCE DE DJERBA ET DE SFAX
AVEC L'EGYPTE AU DÉBUT DU XIXÈME SIÈCLE (*)
par
Ali ZOUARI
La présente étude concerne deux documents d'archives complémentaires. Il
s'agit d'une lettre et d'un état de compte, tous deux liés à une association commercial
e groupant 'Alï b. Ta'zait al-Girbï et al-hâg Mahfùz Maqnî al-Safàqusï. Ces docu
ments sont tirés des archives de la famille al-Nûrï (1) de Sfax et sont conservés au
Musée des Arts et Traditions populaires de cette ville, sous les numéros d'inventaires
688 et 688 bis.
La lettre est écrite dans une langue populaire rudimentaire où termes des dialec
tes djerbiens, sfaxiens et égyptiens voisinent, ce qui témoigne de la mobilité géogra
phique de son auteur, de ses diverses fréquentations sociales et de sa faible culture.
Elle se compose de deux parties. Dans la première, l'auteur donne à son correspon
dant une série d'informations et formule une série de demandes. Dans l'autre, il pré
sente un relevé de comptes ; c'est pourquoi elle constitue un exemple parfait de la
correspondance commerciale musulmane des XVIIIe et XIXe siècles, établie selon un
procédé méditerranéen bien ancien. Goitein, dans ses études sur l'économie et la
société méditerranéennes au Moyen Age (2), nous en cite des prototypes indicatifs,
choisis dans les documents de la Geniza. Cette lettre est datée le 3 çafar 1221 H/23
avril 1806.
L'état de comptes appartenait à Al-hâ| Mahfûz Maqnî. Écrit d'une même main,
il était sans doute établi par un secrétaire (kàtilf) (3), puisque son propriétaire est
mort avant même la liquidation de l'association (£. § 17). Cet état s'étale de &umada 1°
1218 H/août 1803 à Gumâda 1° 1224 H/juin 1809. L'association de b. Ta'zait et de
al-hâg Mahfûz Maqnî se situait donc en plein dans le règne du bey Hammûda BàSa
(1782 - 1814) pendant lequel l'activité commerciale de la Tunisie et ses rapports avec
le Levant ont connu une envergure exceptionnelle (4).
L'expéditeur de la lettre, 'Alï B. Ta'zait, était un commerçant djerbien (5) actif
entre l'Egypte et la «Turquie». Tout semble indiquer que sa lettre fut expédiée
d'Egypte, d'Alexandrie peut-être, où les b. Ta'zait ont fini par faire souche.
Le destinataire, al-hâg Mahfûz Maqnî, était un commerçant sfaxien non moins
actif. Après de longues années passées en Egypte et en Turquie, il s'est fixé dans sa
ville natale où il a continué de pratiquer le commerce levantin, en association avec 190 A. ZOUARI
d'autres commerçants, encore capables de voyager ou en rapport d'affaires avec le
Levant. Il est mort avant la liquidation de son association avec 'Alï b. Ta'zait. Le
terme «feu al-ljâg Mahfûz Maqnï» (E. § 16) est suffisamment indicatif.
Les deux documents justifient d'une association qui a duré presque six ans.
Sans doute, la mort de H. M. Maqnï y a mis un terme et a entraîné sa liquidation entre
b. Ta'zait et les héritiers de H. M. Maqnï.
L'association conclue entre un Sfaxien et un Djerbien n'est pas due au hasard
et ne doit pas étonner, même si l'on pense que l'incompatibilité commerciale des
Djerbiens et des Sfaxiens dont on a beaucoup parlé ne date pas d'aujourd'hui (6).
D'ailleurs, l'association entre b. Ta'zait et Maqnï n'était pas le seul exemple du genre.
Même si les Sfaxiens étaient présents à Djerba et les Djerbiens peu actifs à Sfax, les
uns et les autres ont collaboré étroitement dans le commerce lointain, comme certai
nes conjonctures le nécessitaient. Pour les Sfaxiens, Djerba était indispensable à leur
commerce levantin pour sa position stratégique et pour sa production agricole et art
isanale. Les bateaux sfaxiens transitaient par l'île qui fournissait châles, tissages de
laine, huile, cire, miel etc.. Les Djerbiens, de surcroît, s'étaient rendus nécessaires au
commerce tunisien avec la «Turquie». Ils étaient très sollicités par les commanditair
es et les commerçants tunisiens, sfaxiens y compris, pour mener, en qualité de
commandités, d'associés, ou de subrécargues, des opérations commerciales au cœur
même de l'Empire ottoman, c'est-à-dire à Istanbul, à Smyrne où une colonie de Djer
biens, stable, opérait depuis le XVIe siècle (7).
Les deux documents complémentaires, comme nous l'avons précisé, donnent
de précieux renseignements sur le commerce levantin de la Tunisie aux XVIIIe et
XIXe siècles. Ils nous renseignent également sur l'organisation, les techniques et les
moyens commerciaux de l'époque : tels que l'association commerciale, la mobilisa
tion des capitaux, le transport, etc.
L'association entre b. Ta'zait et al-hâ| Mahfûz Maqnï est une association bilaté
rale. Elle est contractée par les deux partenaires en gumâda 1° 1218 H/août 1803, avec
un capital initial de 1600 piastres égyptiennes (L. lignes 46-47 et E § 3). Le capital,
quoique mentionné en (qirs), n'indique pas grand chose, puis
qu'on ignore son origine. Il était possible qu'il fût investi à partir de la Tunisie. En
effet, entre ce pays, l'Egypte et la «Turquie», il y avait circulation de monnaies, de
préférence fortes, il est vrai, mais les monnaies de compte prenaient parfois leur place
dans cette circulation (8). En outre, selon les usages de l'époque, ce capital initial
pouvait être tiré des bénéfices d'une ancienne association, ou bien fourni par les par
tenaires, soit en espèces convertibles, soit en marchandises. Les variantes sont très
nombreuses.
L'association a pris sa forme légale à la signature d'un contrat ('iqd). Il est spéci
fié que c'était hâ| Mahfûz Maqnï qui le détenait (L. ligne 47) (9).
Selon les procédés les plus rentables, les deux contractants allaient se partager
la tâche, en opérant directement ou par intermédiaires, selon les possibilités, l'un à
partir de l'Egypte, l'autre à partir de Sfax. Ils auront besoin, nécessairement, pour
l'expédition des marchandises, parfois même pour leur acquisition, et pour la tran
smission des capitaux, de commerçants associés, d'accompagnateurs, de subrécargues SFAX ET L'EGYPTE 191 DJERBA,
etc. bénévoles ou intéressés. 'Alï b. Ta'zait et H. M. Maqnï en font mention, l'un dans
sa lettre, l'autre dans son acte de comptes. C'étaient les neveux de hâ| Mahfûz
Maqnï, Ahmad et Muhammad (L. ligne 8), le neveu de b. Ta'zait, 'Umar (L. ligne 20),
de son frère Sa'bân (L. ligne 15) et d'autres personnes : al-hâg 'Utmân Baccâr (L. ligne
9 et E § 5), Ben Turgem (E. § 6), Husayn al-Sarfï (E. ligne 5), le raïs Ahmad Dâwid (E. §
8). L'on constate que les associés se sont beaucoup servis de parents, très proches,
encore jeunes. C'était une pratique très courante à l'époque, pour des raisons de con
fiance et d'intérêts. Les jeunes : frères, neveux, beau-frères, etc. faisaient générale
ment leurs stages auprès des aînés. Al hag Mahfûz Maqnï s'était formé ainsi au
Levant en servant son oncle Muhammad, avant de devenir à son tour un négociant
chevronné (10).
L'association entre b. Ta'zait et Maqnï était soutenue, entre autres, par des asso
ciations partielles. Dans sa lettre, b. Ta'zait exhortait son partenaire à engager une
association de ce genre, avec le bon partenaire qui se présentait le premier (L. ligne
26). Dans son état comptable, al-h

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