Doura-Europos, Microcosme grec ou rouage de l administration arsacide ?  - article ; n°1 ; vol.63, pg 135-155
22 pages
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Doura-Europos, Microcosme grec ou rouage de l'administration arsacide ? - article ; n°1 ; vol.63, pg 135-155

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Description

Syria - Année 1986 - Volume 63 - Numéro 1 - Pages 135-155
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1986
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pascal Arnaud
Doura-Europos, Microcosme grec ou rouage de l'administration
arsacide ?
In: Syria. Tome 63 fascicule 1-2, 1986. pp. 135-155.
Citer ce document / Cite this document :
Arnaud Pascal. Doura-Europos, Microcosme grec ou rouage de l'administration arsacide ? . In: Syria. Tome 63 fascicule 1-2,
1986. pp. 135-155.
doi : 10.3406/syria.1986.6924
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/syria_0039-7946_1986_num_63_1_6924MICROCOSME GREC DOURA-EUROPOS,
OU ROUAGE DE L'ADMINISTRATION ARSACIDE?
Modes de maîtrise du territoire et intégration des notables locaux
dans la pratique administrative des rois arsacides
PAR
Pascal Arnaud
Depuis le début de ce siècle, plus d'un auteur a tenté de décrire les rouages de
l'administration arsacide en Mésopotamie1. Nous n'entendons pas décrire une nouvelle
fois dans le détail les fonctions administratives mises en évidence par le parchemin n° 10
et par l'épigraphie de Doura-Europos, pièces maîtresse de l'argumentation des
chercheurs qui se sont penchés sur la question. Dans l'attente de nouveaux documents,
nous voudrions apporter quelques indices rarement portés au dossier pour mettre en
question les deux points de vue qui se partagent l'interprétation générale du schéma
administratif de la Mésopotamie : le premier, bien illustré par Jones voit dans la
monarchie arsacide un pouvoir atteint d'une incapacité chronique à maîtriser les
1. F. Altheim, Geschichle Mittelasiens in Aliertum, nomie and Social History of the Hellenistic World,
Oxford, 1959, t. 2f p. 856 sq. ; M.I. Rostovtzeff Berlin, 1970, p. 528 sq. ; H. Bengston, Die Stratégie in
der hellenistischen Zeit, Munich, 1964, t. 2, p. 284 sq. ; et C.B. Welles, «A Parchment Contract from Dura»,
R.N. Frye et alii, «Inscriptions from Doura-Europos», Y.C.S. 2 (1931), p. 41 sq.; C.B. Welles, Royal Corre
Y.C.S., 14 (1955), p. 127-213; C.-B. Welles, «Dura - spondance in the Hellenistic Period, Rome 1966, p. 363 sq. ;
Pergament 21 : Hypothek und Exekution am Euphratu- B. Courbin, Les cités hellénistiques d'Orient, maîtrise
fer im I. Jhdt. n. Chr.», Z.R.G., 56 (1936), p. 99-135; dactylographiée, histoire, Université de Bordeaux III,
N. Pigulevskaja, Les villes de l'état iranien aux époques 1984. G. Widengren : «Iran, des grojîe Gegner Roms :
Kônigsgewalt Feudalismus, Militârwesen », ARNW, II. parthe et sassanide, Paris, 1963; M.A.R. Colledge, The
Parthians, cité dans la traduction italienne, L'impero dei 9.1. (1976), p. 220 sq.
Parthi, Rome, 1979, p. 49 sq. ; M. I. Rostovtzeff, 136 SYRIA [LXIII
territoires qui lui étaient soumis2; l'autre, largement alimenté par l'école russe, met
simultanément l'accent sur l'autonomie des cités et sur la parenté hellénistique de
rouages administratifs — dont bon nombre pourraient eux-mêmes provenir d'origines
achéménides. En un mot, les Arsacides n'auraient jamais réussi à venir à bout de la «cité
grecque» dont ils auraient dû en un certain sens subir la loi — ou les lois3. Sous ces deux
schémas d'interprétation, on voit se dessiner en filigrane tout l'héritage de l'histori
ographie gréco-romaine : la domination naturelle de la civilisation sur la barbarie, de
l'èXeoGepfa sur la tyrannie, avec en frontispice l'image à jamais flétrie des Arsacides,
déchus par Rome comme par les Sassanides, et taxés du plus honteux des crimes :
l'aboulie politique; il a fallu toute l'énergie de J. Wolski pour démontrer l'existence
d'une politique extérieure et intérieure parthes4. Plus récemment, le thème de l'état
féodal est venu injecter un sang nouveau à ces thèses anciennes. Pourtant, s'il existe bien
des royaumes vassaux, une lecture attentive des sources ne nous laisse pas clairement
entrevoir dans le menu les structures d'un état féodal, à savoir l'existence de charges
héréditaires liées à des fiefs et l'ensemble des bouleversements politiques, sociaux et
économiques qu'impose la propriété privée d'un espace et de ses occupants.
Il nous a donc semblé tentant d'examiner les rouages de l'administration parthe
telle qu'elle se révèle à travers les documents de Doura, en partant de l'échelle
provinciale pour arriver à la situation de la gestion municipale dans ses rapports au
pouvoir central, et en recherchant si le respect des traditions et des particularismes
locaux n'était pas, comme sous les Achéménides, le moyen de rendre plus acceptable la
présence à tous les niveaux de l'administration centrale. On distinguera donc les
fonctions dépendant des pouvoirs locaux de celles qui dépendent directement de
l'autorité du Roi des Rois.
Les villes grecques, comme Doura, la mieux connue d'entre toutes, nous
montreront-elles alors le visage d'îlots de résistance politique et culturelle à une
domination de plus en plus pesante des Rois arsacides, comme le suggèrent quelques
textes d'auteurs grecs et latins, ou s'intégreront-elles à un mode général de domination
sans lequel ni la durée, ni l'existence même de la dynastie arsacide n'auraient été
possibles ?
2. A. H. M. Jones, The Cities of the Roman Orient2, 3. Rep. VII/VIII, p. 437, parchemin n° 101.
Oxford, 1971, p. 218 : «Parthian Rule was nowhere very 4. J. Wolski, «De Arsacidis Achaemenidorum herdi-
efficient, and in Mesopotamia its normal inefficiency was bus», Eos, 55 (1965), p. 152 sq.; «Les Parthes et les
accentuated by frequent foreign invasions». On en est à Achéménides», Syria, 43 (1966), p. 65 sq. ; «Les Parthes
se demander si les presque cinq siècles de durée de la et la Syrie», Ada Iranica, 12, 3e sér., vol. 5 (1976),
dynastie arsacide ne relèvent pas du pur miracle... Téhéran-Liège, 1977, p. 395 sq. MICROCOSME GREC OU ROUAGE DE L'ADMINISTRATION ARSACIDE? 137 1986]
1. — LE GOUVERNORAT GÉNÉRAL DE MÉSOPOTAMIE ET PARAPOTAMIE
Le parchemin n° 10 de Doura-Europos nous apprend qu'en 121 de notre ère, la
Mésopotamie, la Parapotamie et les tribus arabes étaient confiées à l'administration d'un
Gouverneur général, stratège, ou Batèsa5, pourvu de titres auliques importants, puisqu'il
appartenait à la catégorie des «hommes libres»6. Dès l'origine, on se trouve ainsi confront
é à une ambiguïté, dans la mesure où le titulaire de ce poste important, d'origine parthe
certaine7 et de très haute extraction, porte simultanément, pour désigner la même
fonction, un titre grec et un titre parthe : n'était-il que l'héritier d'une administration
grecque transposée au monde arsacide et dépourvue des moyens qui avaient fait sa force
ou apparaissait-elle comme la marque du pouvoir exercé par l'élément ethnique iranien
sur les autres ethnies de l'empire, à commencer par les cités grecques de Mésopotamie ?
Sans doute ni l'un ni l'autre, comme nous allons le voir.
Il est très délicat de déterminer avec précision l'étendue et la nature des pouvoirs
qu'exerçait ce personnage de très haut rang, choisi semble-t-il au sein des plus grandes
familles de l'empire8. L'étendue même des territoires soumis à sa juridiction pourrait
bien avoir varié dans le temps : en 88 avant notre ère, nous savons par Flavius Josèphe9
que la Mésopotamie était confiée à un certain Mithridate Sinnacès. Cette région devait
bientôt tomber entre les mains de Tigrane d'Arménie, pour n'être récupérée qu'à
l'occasion de la victoire définitive de Pompée10. On pourrait inférer du témoignage de
l'historien juif l'hypothèse que la Mésopotamie était seule confiée à l'administration du
stratège-Batèsa, et que la Parapotamie et les tribus arabes relevaient d'un autre mandat.
Cette hypothèse serait assez fragile si le plus ancien «stratège et èpistate» de la ville de
Doura, fonction sur laquelle nous nous étendrons plus loin, ne portait le titre de
généarque11, dans lequel la plupart des commentateurs s'accordent à reconnaître un
5. Le texte de l'inscription, «tôv (Ja-njaa xal tôv 10. Cf. sur ce point notre article «Les guerres des
èXeuOépcav, TrapocX^TCTou xai «TTpaT/jyoG Meao7coTa(x(aç xal Parthes et de l'Arménie au Ier siècle de notre ère», à
IlapaTTOTafAÉaç...» semble assimiler le titre de (&

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