Ecoles de Cambridge et de Pennsylvanie : deux théories de la transformation - article ; n°29 ; vol.8, pg 98-117
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Description

Langages - Année 1973 - Volume 8 - Numéro 29 - Pages 98-117
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 13
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Claude Milner
Ecoles de Cambridge et de Pennsylvanie : deux théories de la
transformation
In: Langages, 8e année, n°29, 1973. pp. 98-117.
Citer ce document / Cite this document :
Milner Jean-Claude. Ecoles de Cambridge et de Pennsylvanie : deux théories de la transformation. In: Langages, 8e année,
n°29, 1973. pp. 98-117.
doi : 10.3406/lgge.1973.2224
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1973_num_8_29_2224JEAN-CLAUDE MILNER
Paris-X, Nanterre
ÉCOLES DE CAMBRIDGE ET DE PENNSYLVANIE :
DEUX THÉORIES DE LA TRANSFORMATION
La présente étude se propose de comparer deux théories importantes
des grammaires transformationnelles : d'une part la théorie avancée par
Harris et ses élèves que nous appellerons l'école transformationnelle de
Pennsylvanie; d'autre part, la théorie avancée par Chomsky et ses élèves,
que nous appellerons l'école transformationnelle de Cambridge. Le point
de départ sera pris dans la paraphrase et la place différente que lui accordent
les deux écoles — ce qui justifie la place de cette étude dans le présent
recueil — , mais il apparaîtra rapidement que ce problème ne peut être
traité que si l'on élargit le point de vue, en considérant l'ensemble des
deux théories.
A cette seconde étape, la méthode consistera à isoler une divergence
fondamentale portant sur l'interprétation même de la notion de « transfo
rmation », et à déduire de là, en forme de conséquences, les possibilités
différentes que s'accordent les deux théories. Dans la mesure où nous y
serons parvenu, un grand nombre de différences entre ces dernières se
trouveront ramenées à un principe commun — celui-ci se réduisant à son
tour à une différence d'interprétation de la même notion. Cela ne signifie
pas cependant que les deux théories soient équivalentes : bien que notre
objet ne soit pas de les hiérarchiser, nous noterons néanmoins à l'occasion
certaines différences empiriques qui les séparent et conduiraient le cas
échéant à choisir l'une plutôt que l'autre.
Enfin, une observation doit être faite à propos de l'état auquel nous
prendrons les théories comparées : les deux écoles ont en effet évolué au
cours des années et varié sensiblement sur plusieurs points. Pour l'école de
Pennsylvanie, nous nous en tiendrons à la synthèse proposée par Harris
dans Mathematical Structures of Language (sous la réserve suivante : pour
le problème particulier de la paraphrase, nous utiliserons les travaux de
Hiž); pour l'école de Cambridge, le problème est plus compliqué : en effet,
elle a connu des états fort distincts et, ces dernières années, les divergences
internes y sont devenues profondes; néanmoins, certaines constantes
demeurent et notamment l'interprétation générale de la notion de « trans
formation », qui nous intéresse ici; c'est pourquoi nous croyons pouvoir
nous référer à la version classique de la théorie (Standard Theory), telle
qu'elle est exposée dans Aspects et plus particulièrement encore dans l'article
plus ancien « La notion de ' Règle de Grammaire ' ».
1. A propos de la paraphrase.
Chez Hiž, qui appartient à l'école de Pennsylvanie (mais cf. plus bas),
la paraphrase est présentée comme un moyen permettant de construire des 99
ensembles de phrases (ensembles paraphrastiques); ceux-ci ont une propriété
importante : on peut définir entre les éléments de chacun d'eux une relation,
qu'on appelle « transformation ». Ainsi l'importance de la paraphrase est
mesurée par le fait qu'elle permet de répondre de manière univoque à la
question «Quelles structures sont en relation de transformation?» ou «Quand
peut-on parler de transformation? », c'est-à-dire la question fondamentale
de toute grammaire transformationnelle.
D'autre part, elle donne lieu à une procédure déterminée, en ce sens que,
étant donnée une définition de la paraphrase, l'ensemble paraphrastique
d'une phrase donnée est parfaitement déterminé; c'est enfin une procédure
finie, puisque l'ensemble paraphrastique est fini. En ce sens, la paraphrase
a la structure caractéristique d'un test opératoire, puisqu'on réserve
usuellement ce nom aux procédures finies, permettant de répondre par oui
ou non à une question linguistique déterminée. Sans doute, il faut immé
diatement ajouter que ce test n'est pas d'un usage général dans l'école de
Harris; Harris lui-même n'en fait pas mention \ Mais cette différence
n'est pas rédhibitoire : on verra en effet dans la suite de l'exposé (cf. n. 16)
que si le test de la paraphrase n'apparaît pas comme tel chez Harris, les
principes auxquels il répond en tant que test sont valides cet auteur
et la fonction qu'il assure l'est également (par un autre test). Nous sommes
donc en droit de le traiter comme une possibilité caractéristique de la
théorie pennsylvanienne — non pas en tant que paraphrase, mais en tant
que test.
Dans les analyses de l'école de Cambridge, la notion de paraphrase
peut être définie; elle est considérée comme importante et on la met le plus
souvent en relation avec la notion de transformation : dans la théorie
classique, la est même fort étroite puisque toutes les transformations
y sont « paraphrastiques » (ne change pas le sens). Il n'en est que plus
remarquable de constater qu'à aucun moment, dans l'école de Cambridge,
on n'utilise la paraphrase comme test opératoire pour établir une relation
transformationnelle.
La première raison de ce fait est simplement que dans la théorie de
Cambridge, de tels tests n'existent pas : la question évoquée plus haut
(« quand peut-on parler de transformation? ») a certainement un sens, mais
il n'est pas prévu que des tests simples et universels permettent d'y
répondre. En fait, il n'arrive même pas toujours que l'on s'attache à prouver
l'existence d'une relation transformationnelle entre des structures : dans
bien des études, il semble que le seul problème soit de formuler précisément
une règle exprimant la relation, cette relation elle-même étant admise sans
examen (par référence au sentiment linguistique). Mais, dans les cas mêmes
où l'objet de la démonstration est plutôt la relation que les règles (e . g. les
travaux de Lakoff sur les instrumentaux ou de Postal sur remind), il est
frappant de constater la diversité des preuves : il serait impossible de les
ramener à une structure commune.
Un principe commun de l'école de Cambridge semble être : deux
structures ayant les mêmes propriétés sont en relation transformationnelle.
L'investigation consiste alors à énumérer pour deux structures Sj et S2 une
série de propriétés Plf P2, ... Pn, dont on montrera qu'elles sont communes
à Sj et S2. La méthode est parfaitement intelligible et justifiable : elle ne
1. Le test ne peut valoir chez Harris puisque celui-ci admet des transformations
non paraphrastiques (qui changent le sens). Or celles-ci sont évidemment hors de
portée de la procédure de Hiž : pour ne pas compliquer l'exposé, nous ne tenons pas
compte des élargissements ultérieurement proposés par Hiž et que nous évoquons,
n. 2. 100
constitue pas un test ni une série de tests. En effet, il n'existe pas dans la
théorie grammaticale de procédure déterminée pour attribuer une propriété
à une structure : c'est l'affaire d'une constatation empirique qui ne peut
être ramenée à aucun principe général. D'autre part, le contenu de la
notion de « propriété » est lui-même indéterminé : en fait, toute observation
empirique sur une structure, permettant d'opérer une partition définie sur
l'ensemble des structures de la langue, entre celles pour qui l'observation
est vraie et celles pour qui elle est fausse, peut passer pour une propriété;
il est évident dans ces conditions que les propriétés d'une structure donnée
peuvent être d'une extrême diversité. Enfin, il n'y a pas de procédure déter
minée ď enumeration des propriété

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