Edouard Jaulmes, premier instituteur à Raiatea. Relation du voyage et du séjour. - article ; n°26 ; vol.26, pg 63-78
17 pages
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Description

Journal de la Société des océanistes - Année 1970 - Volume 26 - Numéro 26 - Pages 63-78
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1970
Nombre de lectures 30
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Edouard Jaulmes
Edouard Jaulmes, premier instituteur à Raiatea. Relation du
voyage et du séjour.
In: Journal de la Société des océanistes. N°26, Tome 26, 1970. pp. 63-78.
Citer ce document / Cite this document :
Jaulmes Edouard. Edouard Jaulmes, premier instituteur à Raiatea. Relation du voyage et du séjour. In: Journal de la Société
des océanistes. N°26, Tome 26, 1970. pp. 63-78.
doi : 10.3406/jso.1970.2285
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jso_0300-953X_1970_num_26_26_2285EDOUARD JAULMES PREMIER INSTITUTEUR FRANÇAIS À RAIATÉA
Relation du voyage
Relation 1886 après (Gard), pour Inoccupation du maître créer Voyage d aux 'école, par et îles du la envoyé France Sous-le-Vent Séjour en d'Edouard de mission cet la archipel. par première Jaulmes le Gouvernement, école de Congénies primaire, en
Au moment où le Lycée d'Uturoa va lancer sur le il' marché tahitien ses premiers bacheliers, peut être
intéressant, pour les amateurs de la petite histoire
de notre Polynésie, de connaître les débuts difficiles
de la culture française dans cet archipel.
Pasteur Henri Vernier.
Départ du Havre le samedi 11 décembre 1886 sur le Paquebot La Cham
pagne accompagné à bord par mon père et mon oncle Gédéon Jaulmes,
pasteur à Paris. Sortis du port à 9 h du matin. Temps sombre, mer houleuse.
Impression pénible en perdant de vue les côtes de France. Fait quelques con
naissances. Une vieille demoiselle va à Tahiti. Quelques jeunes gens vont en
Californie ; il y a trois comptables du Gard. Cabine intérieure de lre classe
pour moi seul. Nourriture excellente, mais je ne puis guère y toucher car le
mal de mer m'éprouve fortement. Deux jours se passent à végéter dans ma
cabine. Mais le troisième jour l'appétit revient. Je puis monter sur le pont
et assister à une terrible tempête qui brise une table de marbre du fumoir,
casse un énorme support de fanal, tue un matelot, en blesse deux, etc..
La mer était effrayante, elle passait en fureur par dessus le navire et l'eau
de mer suintait dans le salon des premières où je me trouvais. Le lendemain
jeudi, à 8 h 1/2 du matin, j'ai assisté à l'ensevelissement du marin. Les matel
ots de service étaient réunis sur le pont avant avec le capitaine et quelques
officiers. Le cadavre était attaché sur une planche avec une geuse de fonte
aux pieds. Quand le service funèbre eut été lu et qu'un prêtre eut prononcé
une allocution émouvante, le bateau stoppa quelques minutes, la planche
bascula et le corps disparut dans l'abîme. Le temps devient plus calme. Le
soleil se montre. Les passagers se montrent aussi sur le pont. Nous apercevons
les côtes de Long Island. Nous attendons le pilote assez longtemps ; enfin
vers 5 h du soir, le lundi 20 décembre, nous débarquons à New- York.
Hôtel Dubois. Nous sommes onze à descendre dans cet hôtel. On nous
a empilé dans trois chambres et deux dans un lit ! Prix 7,50 fr par jour. Le
soir nous avons commencé notre visite de la ville. Visité le pont de Brooklyn.
Mardi, suis allé au pauvre ! Consulat français. Visité Central Park et préparé
mon départ pour San Francisco. Visites à Mlle Philiky et à Mlle Gayet. Départ
le 22 décembre. Que d'argent à donner ! Hôtel, malles, billet pour San Franc
isco, 500 fr. Nourriture, etc ; Billet $ 80,50 Sleeping $, 22 Caisses $ 30.
63 SOCIETE DES OCEANISTES
A 5 h du soir nous partons en wagon-lit, très confortable. Nuit excellente.
J'ai cédé ma couchette du rez-de-chaussée à une charmante demoiselle ! Le
lendemain arrivé au Niagara. Visité les magnifiques chutes avec un jeune
Français rencontré dans le train. Spectacle splendide, admirable, terrifiant.
Vu les rapides et le tourbillon. Départ à 1 h pour Chicago à travers le Canada.
Le train est transporté sur un bateau pour traverser la rivière St-Clair. Brume,
neige. La voie est toujours sur une route sans barrières. Une cloche sonne
continuellement pour avertir les passants. A Chicago je change de gare avec
mes bagages, 300 kg. Je laisse au buffet mes petits colis et vais visiter la ville.
Rues sales, boueuses. Mon porte monnaie se vide. Je déjeune dans une gar-
gotte tenue par une jeune Allemande avec laquelle je puis échanger quelques
paroles. C'est aujourd'hui Christmas. J'ai passé la journée en bonnet de
voyage ayant oublié mon chapeau dans le sleeping et m'étant fait couper
les cheveux trop courts faute de pouvoir m'exprimer chez le coiffeur ! Vu
le lac Michigan couvert de brouillard et avec de la neige et de la glace sur
les bords. Rues encombrées de sacs de poulets, de dindons, d'oies, de plumes...
Balles de fruits frais et secs. Immense commerce. Départ à 10 h 1/2 du soir.
Traversé le Missouri de nuit. Le froid est piquant, ma moustache se gèle, la
neige tombe. Les contrôleurs demandent souvent les tickets. Du reste il faut
souvent les exhiber ces malheureux tickets, soit au contrôleur, au contrôleur
chef, au conducteur, au Nègre du sleeping, à l'arrivée, au départ, etc., etc..
Immenses plaines semées de blé et surtout de maïs. Vieilles souches d'arbres
dans les champs. Villages clairsemés, maisons en bois. Population d'All
emands, d'Anglais, d'Irlandais, d'Écossais. Beau soleil. On voit de nombreux
traînaux sillonner la neige, conduits par des hommes barbus, et transportant
de charmantes miss au teint frais et rose et aux cheveux blonds, coiffées
de bonnets de laine tricotés, très seyants. Pendant la nuit, nous sommes
transportés au sommet des Montagnes Rocheuses. Dans le sleeping un ingé
nieur constate avec son baromètre que nous sommes environ à 3.000 m.
d'altitude. Plusieurs personnes ont des saignements de nez. Immenses pla
teaux froids, désolés, neige épaisse. Pas de rochers, mais une succession
de mamelons comme l'Aigoual. La voie ferrée est posée à même la terre. Point
de barrières. Dans le lointain, de hautes montagnes couvertes de neiges
éternelles. Pas de pierres, terrain argileux, on dirait des fonds de lacs des
séchés. Peu ou pas d'êtres vivants. Quelques lapins ou marmotes regagnent
rapidement leur trou à notre passage. Le train siffle souvent et sa cloche
sonne presque continuellement. Ce sont des troupeaux de buffles qui nous
arrêtent. On stoppe et on attend que le dernier ait bien voulu traverser la
voie pour se remettre en marche. Quelques cavaliers, armés de carabines,
montés sur des chevaux blancs suivent la voie. Le terrain change d'aspect.
Nous longeons des paroies de rochers immenses et presque perpendiculaires.
Très rapprochées, elles portent le nom d'Échelles du Diable. La descente
sur le Pacifique se fait de huit. Nous arrivons à Sacramento. Le froid a dis
paru, la verdure reparaît. Nous traversons le Rio Sacramento aux eaux sales
et bourbeuses. Plaines, vignes, prairies, pays fertile et plat. La veille nous
avions vu de nombreux Indiens Peaux-Rouges dont plusieurs se mêlaient
aux Européens dans les gares. Troupeaux de chevaux sauvages. Huttes des
64 JAULMES PREMIER INSTITUTEUR FRANÇAIS A RAIATEA EDOUARD
Indiens en paille, pointues avec un panache au sommet. Nous débarquons
enfin à Oakland et là, un immense steam boat nous transporte à San Francisco.
Palace Hôtel. Chambre splendide avec WC et baignoire, mais elle ne ferme
pas à clef ! Terribles ces repas américains où le plat demandé est accompagné
de huit ou dix hors-d'œuvres et où vous êtes en butte aux moqueries des
garçons de couleur ! Visité San Francisco de jour et de nuit. Ai pris connais
sance avec le Tropic Bird, bateau à voile qui doit me transporter à Tahiti.
Vue féerique de la ville et de la baie. Le 31 décembre au soir, je me fais con
duire à bord avec mes bagages et y passe la nuit.
Premier janvier 1887. Suis réveillé par des passagers qui babillent dans
la salle à manger. Ce sont des dames qui viennent accompagner deux nou
veaux époux qui vont au Marquises. Remorqués par un vapeur nous avons
quitté les eaux calmes du Golden Gate et nous voilà en haute mer. La houle
se fait sentir. Nous sommes huit sans compter l'équipage : le capitaine et
Mme Burus, Mlle Mouglon, Française, M. et Mme Dunn, Américains, Mme Mac
Henry et son fils, et moi. Le Tropic Bird marche bien ; nous quittons bientôt
les régions tempérées pour les parties chaudes. La mer prend une teinte
bleue et le soir le sillage du bateau est illuminé par des phosphorescences

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