Emprise discursive et domination - article ; n°1 ; vol.28, pg 29-43
16 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Emprise discursive et domination - article ; n°1 ; vol.28, pg 29-43

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
16 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Communications - Année 1978 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 29-43
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 10
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Antoine Bouillon
Emprise discursive et domination
In: Communications, 28, 1978. pp. 29-43.
Citer ce document / Cite this document :
Bouillon Antoine. Emprise discursive et domination. In: Communications, 28, 1978. pp. 29-43.
doi : 10.3406/comm.1978.1418
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1978_num_28_1_1418Antoine Bouillon
Emprise discursive et domination
au Deux nom de écueils la critique dont ce des qui discours suit montrera, « scientifiques je" l'espère, » et des qu'ils platitudes n'en font bureaucraqu'un :
tiques en matière de communication de masse, les coiffer d'un méta-discours
savant promis à la circulation dont il voudrait faire la théorie, et au moyen de
subterfuges, soustraire son discours au rapport colonialiste et alimenter par ce
déni la domination impérialiste.
Soyons vulnérables à l'accusation : les risques, malheureusement, n'en seront
pas si grands qu'ils nous interdisent de parler. Et c'est de cela qu'il faudra
justement s'occuper.
Soit donc quelques réflexions dont l'évidente légitimité devrait être interrogée
pour nous conduire précisément en ce point : qu'en est-il du régime (système de
pouvoir / économie d'un procès / marche d'une machine) discursif aujourd'hui?
Poser la question politique aux mass media, quoi de plus banal en ces jours
de Watergate ou d'affaires Figaro-France-soir? Pourtant, les limites de ce
questionnement apparaissent aussi aisément que celui-ci, sa restriction aux
dimensions d'une question nationale répondant à sa dissolution dans un univer-
salisme béat qui a du mal à cacher son caractère exalté. S'interroger politiquement
sur leâ media exige certainement de le faire en ce point où le discours qui s'en
occupe et celui qui les occupe seront traités tout uniment. En quoi l'on se heurte
à ces deux butoirs : le pouvoir et le discours, dont l'absence simultanée de théor
ies, si ce n'est l'absence théorique, est précisément riche de sa simultanéité.
Car, sans parler du discours, la question est passée à la mode : avons-nous
seulement commencé de penser le pouvoir? L'articulation violente d'un rapport
de domination n'en est-elle pas qu'une saisie en négatif, qu'une saisie comme
négativité? Et si cette pensée se révélait anté-capitaliste? Si cette approche
s'avérait insuffisante, s'agissant particulièrement d'appréhender politiquement
cet « élément » de nos pratiques sociales, « mass media », « culture », « communic
ations » dites « de masse »? La dominance de l'idéologie dominante n'est-elle
pas d'abord d'être constitutive de nos pratiques sociales, d'être l'élément de nos
dire et faire? La penser comme domination n'implique-t-il pas de la penser autre
ment que sous un rapport d'extériorité répressive? de la penser comme discours?
Et, qu'est-ce à dire?
Ne serait-ce pas mettre la dialectique au panier? Mais le peut-on? Et si elle
ne servait qu'en nous asservissant? La prétendue nécessité (qui n'est pas de
pensée, mais de représentation, soit d'institution) de penser dialectiquement
29 Antoine Bouillon
est peut-être la clef de notre intégration supérieure~au « système"}) (on verra
lequel), la modalité la plus radicale de son emprise.
Ce à quoi il faut s'attaquer : au régime de la représentation, dont la dialec
tique n'est pas dissociable, non pas comme l'implique ladite « critique des
idéologies » (soit des « libertés » bourgeoises), mais comme y oblige la de
l'idéologique en lequel nous pensons — et ne faisons pas que penser.
On tentera donc de se placer ici en un point de vue où l'économie politique de
la représentation définira l'emprise du capital, et où son activation se trouvera
donc radicalement impuissante à atteindre l'économie générale en laquelle elle
fonctionne, et fictionne.
Le paradoxe surgit ici, l'affirmation politique de l'extériorité du rapport de
pouvoir n'étant pas de l'ordre des choses qui « se dépassent ». Mais, précisément,
s'est-on demandé pourquoi les coupures de classes doivent être l'objet d'une
intervention dénominative? Y aurait-il un continuum là où s'inscrit un clivage?
On rétorquera : fadaises bourgeoises! Vous prenez au mot la prétention à
l'universel qui caractérise le discours de l'idéologie dominante. Non, l'affirmation
du partage souligne la prétention de ce qui veut apparaître comme fait. Et vous,
vous êtes pris au fait.
Voire! L' « universalité » de l'idéologie dominante n'a rien à voir avec sa pré
tention à l'universel. Et s'il faut articuler la domination en renvoyant le pouvoir
au point d'extériorité où il peut et doit se prendre (c'est-à-dire être pris), sans
doute faut-il encore savoir si, le prenant, l'on y est encore pris. En d'autres
termes : là où nous participons au pouvoir, la question ne peut être posée comme
là où nous (nous) le représentons (dans les termes de l'État, de l'extériorité, de
la domination simple, de la répression, de la coercition, de la concurrence). La
question de sa prise pourrait bien être alors, dans son fond, celle de la déprise
de son emprise; la question de sa vision, se situer hors de la pratique du dévoil
ement et de la révélation ; la question de la libération, autrement que comme celle
de la diffusion de sa vérité rationnelle où la « prise de conscience » élucide les
« mystifications ».
Commençons par cette remarque : il n'est pas sûr qu'on sache ce qu'on avance
quand l'on se prend à parler des media et de leur pouvoir, ou du pouvoir en eux,
tant ces termes recouvrent de réalités différentes, ne serait-ce, par exemple,
qu'en raison du découpage des États-nations : qu'on prenne la mesure de la
disparité des modes d'incidence, et de l'incidence elle-même, du « national » dans
les media, et l'on sera renvoyé à ce que l'on recouvre du terme commode de
« tradition » pour désigner la spécificité d'un mode de fonctionnement institu
tionnel, au premier chef du fonctionnement discursif dans les institutions.
Je risquerai donc quelques réflexions au niveau d'une généralité qui ne peut
être que confondante, mais que je référerai, précisément, au phénomène de plus
en plus pregnant de la multinationalisation impérialiste des media et de l'info
rmation.
1. Premier temps, donc : restituer, contre l'universalisme et l'angélisme du
discours mass-mediatique, la provenance de ses flux, la sélection de ses contenus,
le modelage de ses produits, l'appropriation de ses appareils.
Prenons le domaine de l'information. Équipements, systèmes de communica-
30 Emprise discursive et domination
tion, messages : autant d' « appareils idéologiques de l'impérialisme1 » dont
l'efficace est indispensable au fonctionnement des mécanismes de domination,
économique et politique, de l'impérialisme. Les agences de presse transnationales,
soi-disant « internationales », ne sont que parties desdites « multinationales »
caractéristiques de la phase actuelle du capitalisme. L'UPI (United Press Inter
national), l'AP (Associated Press) et, dans une moindre mesure, la Reuter britan
nique et l'AFP française a présentent un flux d'informations dont le prélèvement
et la destination dessinent des faisceaux à l'organisation impérialiste 3. Sélection
et diffusion forment système, le tout régulé par la loi du marché. Le principe dit
du « libre flux de l'information », aisément reconnaissable, assure la domination
nord-américaine sur plus de 65 % du flux d'idées et d'informations circulant dans
le monde.
« Toute la révolution des communications a été provoquée par les États-Unis.
La technologie qui est l'essence de cette révolution a vu le jour dans ce pays.
Nous sommes les leaders mondiaux en ce qui concerne l'usage de cette technol
ogie pour répandre idées, informations et loisirs. Nous avons dominé pendant
longtemps le champ du cinéma et celui de la télévision et nous continuons à le
domin

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents